Rugby 18 ! Je vais enfin pouvoir mettre des percu de bourrin et poser sur les fesses mes adversaires ! Me prendre enfin pour un entraîneur du Top 14, développer mon équipe et faire cohabiter les meilleurs joueurs du monde dans une équipe de champions qui aura commencé tout en bas de l’échelle. Alala, depuis le temps que je veux faire tout ça : faire des cadrages débordements, des maul, m’insérer dans les rucks, tenter des pénalités impossibles, marquer un essai après une superbe remontée de 100 mètres… Ah non, pardon, c’est pas Rugby 18 ça. C’est quoi alors Rugby 18 ? Déjà, c’est un jeu (pas fini mais sorti quand même) de sport développé par Eko Software et publié par Big Ben. Et puis c’est tout en fait, un jeu, que j’ai détesté et je m’en vais vous expliquer pourquoi.
On va passer un accord vous et moi. Vous allez oublier la preview que j’ai écrit de Rugby 18, et moi, je tente de vous expliquer calmement pourquoi ce jeu est une honte ou en tout cas, un énorme ratage. On fait ça ? Bien.
C’est l’histoire d’un type qui joue à un mauvais jeu
Il m’aura fallu un match pour être fixé sur ce Rugby 18. Un match ayant duré 20 minutes au lieu des 16 initialement prévues. 20 minutes de… je ne dirais pas souffrance, de désarrois plutôt, puis de résignation. Il fut évident, dès la fin de la première mi-temps, que je n’allais pas prendre de plaisir sur ce jeu. Qu’est-ce qui a raté alors ? Franchement, à peu prêt tout. J’ai longuement hésité à vous restituer mon avis sur Rugby 18 à travers une simple liste des points qui ne marchent pas dans le jeu, puis j’ai changé d’avis. Je voulais vous raconter cette histoire d’un gars fan de rugby, qui attend toujours le messie des jeux de l’ovalie mais qui ne le voit finalement nulle part. J’espère peut-être vous tirer une larme, ou alors pas du tout et vous allez juste vous foutre de moi.
On reprend depuis le début. Rugby 18 me demande, lors du premier lancement, de choisir mon équipe de cœur. Bien que lyonnais, mes chouchous, mes bichons, les plus beaux, c’est bien sûr les jaunards de Clermont Ferrand. Nous voici ensuite disputant un match qui servira de petit tutoriel pour apprendre le gameplay particulier de ce jeu. Bon déjà les instructions, lorsqu’elles apparaissent, mettent l’action sur pause, cassant notre jeu. Pas grave, aller on continue.
Mon joueur est plaqué, premier ruck de la partie, j’essaie d’amener les gros pour protéger le ballon. Mon pilier fait la causette avec mes adversaires dans leur camp, mon 2e ligne s’est foutu en dehors des limites du terrain, alors que mon 3e ligne aile a décidé que ce serait lui qui sortirait le ballon plutôt que mon 9 disponible. Allez bon, on oublie, les phases de rucks sont, même dans la vraie vie, un sacré foutoir…
Oula ! J’arrive à prendre le trou que les débiles d’en face ont laissé ! Il n’y a personne devant mon ailier et il reste 30 mètres à parcourir pour aller marquer l’essai ! Je me fait poursuivre, mais c’est un numéro 7 et il est au moins 5 mètres derrière moi. Easy ! Hein ? Le gars s’est téléporté dans mes pattes et m’a fichu par terre ? MAIS VENEZ AU SOUTIEN BANDE DE CO… Et voilà, ils m’ont piqué le ballon.
Je plaque à tour de bras dans les 5 mètres adverses en essayant de comprendre où est le ballon. Celui-ci change de camp toutes les 2 secondes. Là c’est moi qui l’ai. Pas de chance, je me fait plaquer, mais trop haut. Pénalité pour moi, les premiers points peut-être pour finir cette première mi-temps ? Oui. Plutôt facile si on tient bien compte du vent et de l’effet du ballon. Si on fait son job de botteur en fait. Fin de la mi-temps.
Sodomie arbitrale
J’opère quelques petits changements dans l’équipe et relance la partie. Allez, cette fois je balance du beau jeu, un jeu rapide, un jeu de passes, un… MAIS D’OÙ ILS SE TÉLÉPORTENT TOUT LE TEMPS DANS MES JAMBES !! Impossible d’avancer loin en optant pour un jeu rapide. Changement de stratégie, les gros vont au contact. Ça marche mieux. Ouch ! Je me suis pris un plaquage cathédrale ! Cool il vont se prendre un carton rouge et je vais les défoncer à 14 contre 15.
Euuuuh, mon joueur est blessé et le gars d’en face n’est même pas averti… Allez on désespère pas, j’ai droit à une pénalité. BIM, 6-0. Je recommence avec ma stratégie des gros d’abord. Et encore un plaquage haut ! L’arbitre ne dit toujours rien, ça commence à m’énerver. J’opte pour la pénaltouche (bizarrement tirée par un numéro 7, je comprends pas) car je ne suis pas loin de la ligne d’en but. J’ai pas tout compris, mais j’ai réussi à récupérer la touche et à créer le maul le plus mou de la terre. Mais j’avance. Le maul s’arrête, mon 9 va extraire la balle, la passe, mais se fait intercepter.
Mince, j’ai aucune couverture derrière, le gars va aller tout seul à l’essai, je vais perdre. Ah non, l’IA intelligente du jeu décide que le joueur adverse, qui a le champ libre sur 70 mètres, va faire une chandelle. Bon, moi ça me va, je me prends pas d’essai et je peux même récupérer la balle. Nouveau ruck, mes joueurs se foutent n’importe comment sur le terrain, sans profondeur et avec mon ailier gauche à 5 mètres du tas. Impossible donc d’écarter au large, puisqu’il n’y a personne. Et ça me fait toujours ça. En plus l’équipe d’en face reprend la possession.
Bon, ils font trois en avant d’affilés et partent tous hors-jeu mais l’arbitre devait prendre un thé à ce moment là. Je récupère la balle quand même et c’est Wesley Fofana qui l’a. Je décide de jouer rôle play et tente d’enfumer les joueurs adverses avec mes appuis de feu. Ok, ça marche. Je suis étonné là. Ah non c’est bon, un 8 s’est téléporté encore dans mes pieds. J’en ai marre, j’appelle mon 9 pour extraire le ballon du ruck et le taper en touche pour finir la partie. Je mets le joystick dans la direction de la touche mais le trait m’indiquant la direction du tir part dans l’autre sens, et je rends donc le ballon à l’adversaire, au milieu du terrain…
Je le mets par terre, lui reprends le ballon et l’écarte vers les extérieurs pour me rapprocher de la touche. J’essaie toujours d’appeler mes gros pour sécuriser le ruck mais ils font n’importe quoi, tournent dans tous les sens et restent hors-jeu. La partie se termine après un énième turnover. Le joueur de l’équipe d’en face a repris le ballon et a couru en touche…
L’ovale raté
J’ai l’impression d’avoir participé à une foire aux débiles digne des Silly Olympics des Monty Python. Et c’est toujours la même chose hein, pas que sur ce match là. Comme je suis téméraire (non, mais faisons comme si), j’ai décidé de lancer le mode carrière en me disant que, à défaut de pouvoir jouer au rugby, je pourrai au moins gérer mon équipe correctement. Non. Le machin est réduit à sa plus simple expression : on recrute des joueurs, on dispute des matchs, on essaie de monter de division et on touche un pécule, ou pas, à la fin de la saison. Excitant, vraiment…
Que retenir alors de ce Rugby 18, mis à part les 3 kg de sel que je viens de lui déverser à la tronche ? Vraiment pas grand chose. On sent que Eko Software a essayé de bien faire, d’incorporer des mécaniques nouvelles et le tout aurait pu donner un jeu très agréable à jouer. Mais rien n’est finit. Est-ce un problème de budget ? De temps ? D’effectif ? Il y a un peu de tout ça je pense, plus d’autres choses encore. Les joueurs ne ressemblent à rien et ont tous la même carrure, les commentateurs sont à la ramasse et on entend même les coupures entre deux lignes de texte, le nombre de stades s’élève à moins d’une dizaine, les bruitages sont tristes, notamment celui du public…
Je pourrais encore continuer comme ça longtemps, vraiment. Et ça me rend triste de taper sur un jeu de la sorte. Je suis simplement dégoûté du manque de qualité dans les jeux de rugby aujourd’hui. Il n’y a en fait aucune réelle volonté de la part des éditeurs de lancer la machine. On dirait presque que Big Ben, dans le cas présent, a misé sur Rugby 18 ( et ceux d’avant) en se disant : « Oh bah, on n’est pas à l’abri d’une surprise non plus. Sur un malentendu ça peut rapporter ». Certes le rugby est difficile à comprendre (si vous lisez ce texte et que vous n’y connaissez rien vous devez vous sentir comme moi devant une compétition de League of Legends), mais je pense sincèrement qu’il est possible d’en faire un jeu honnête qui attirera le public si les moyens et le temps sont mis. En attendant, on se retrouve avec un énième jeu du genre raté et que j’aurai déjà oublié le temps d’arriver à mon point final.
Ne jouez pas à Rugby 18, votre expérience ne sera que synonyme d’ennui, de frustration et parfois de colère.
Benjamin "Noodles"
Faire des jeux de mots c’est mon dada. J'aime bien tous les jeux aussi. Sauf les mauvais ou ceux qui nous prennent pour des glands.
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