Dernier jeu de Stuffed Wombat, studio habitué aux jeux en apparence simplistes mais qui s’avèrent en fait plutôt originaux, qomp détourne le concept du jeu Pong : on joue cette fois la fameuse petite balle du jeu d’arcade, qui doit déjouer différents pièges pour pouvoir s’échapper de cet univers un peu fou et dangereux.
Seulement mon deuxième papier sur ce si chouette site qu’est The Pixel Post (non ce n’est pas ironique, il est très chouette notre site, abonnez-vous les ptits potes) et on peut déjà dire que je sors de ma zone de confort : je suis en effet plutôt habituée aux jeux mignons et aux platformers plus ou moins difficiles (Celeste <3), mais certainement pas aux jeux en noir et blanc qui ont l’air de pouvoir te faire pleurer de douleur une seconde et demie après le lancement. qomp m’a attirée par son concept tout simple, grâce à sa seule et unique mécanique – tout aussi simple : le rebond, possible en appuyant tout simplement sur la touche espace de votre ordinateur. Dans qomp, on joue un petit carré blanc qui essaie de survivre tant bien que mal dans plusieurs tableaux peuplés de méchants pics et de petits monstres mignons (malgré eux) qui veulent notre mort. Certes, le jeu détourne tout bêtement le concept de Pong, et peut donc paraître très vite assez banal une fois ce concept éludé : il n’en est rien, qomp est mon premier coup de cœur (ou plutôt coup de carré) de 2021.
On laisse pas Carré dans un coin
Petit rappel pour les deux du fond qui n’ont pas bien suivi leurs cours d’histoire ancienne du jeu vidéo au lycée (si seulement…) : Pong est un des premiers jeux vidéo d’arcade, où deux joueurs, chacun maniant une raquette symbolisée par un gros trait, devaient faire rebondir une petite balle jusqu’à ce que l’autre ne la rattrape pas (hein de quoi mais que me dites-vous ça ressemble beaucoup au ping-pong ? et bien voilà vous avez le concept). qomp, c’est Pong. Mais on contrôle la balle au lieu de la raquette… tout en évoluant dans un univers bien plus complexe et travaillé.
Pourtant sobre, l’esthétique de qomp attire (notamment grâce à un générique entraînant et soigné) : le jeu se présente uniquement en noir et blanc, dans un vieil écran de télévision un peu déformé et arrondi, comme ceux sur lesquels on pouvait jouer à Pong (on me dit dans l’oreillette que Jok était déjà né). Un hommage aux tout premiers jeux vidéo, sympathique mais pas lourdingue : l’écran de télévision, quelques patterns un peu classiques – comme la recherche d’une clé pour une porte fermée à double tour -, on pourra même apercevoir une contrefaçon un peu plus méchante de Pac-Man ainsi qu’une version tout aussi sournoise de Snake, sans pour autant que cela ne dépasse l’hommage et le clin d’œil sympathique.
À cette esthétique, rajoutez un sound design – dommage pour la b.o qui, elle, est un peu trop générique – aux petits oignons et vous voilà partis pour lancer qomp dès que vous aurez terminé la lecture de cette critique.
Il était un petit cube…
(Pirouette, cacahuète… ça y est vous l’avez dans la tête ? parfait, revenons à nos moutons). qomp attire dès les premières minutes du jeu, puisqu’elles sont dédiées à un court tutoriel qui fonctionne extrêmement bien : on comprend vite ce qu’il faut faire et à quoi va ressembler le reste du jeu. Quoi de plus simple, me direz-vous, que de jouer quand tout ce que l’on a à faire, c’est appuyer sur la barre espace pour faire rebondir ce cube, que ça soit dans l’air ou sur les murs. Croyez-moi, vous aurez besoin d’entraînement. Et ça, qomp le sait puisque le jeu vous apprend dès le début à manier ce cube à la perfection : regardez on peut rebondir sur ce mur, puis sur celui-là ! Oh et là si on rebondit exactement à cet endroit on peut éviter la montagne de pics qui veut notre mort ! Astucieux ce petit qomp.
Le jeu est divisé en trois parties assez différentes pour mener votre petit carré vers la liberté. Les deux premières parties sont progressives concernant la courbe de difficulté : le jeu nous apprend certaines mécaniques pour qu’elles puissent nous servir plus tard. Étonnement, la troisième partie peut paraître moins ardue, plus calme, plaçant le joueur dans un état d’esprit totalement différent. Cette dernière partie casse également les codes du jeu puisque c’est le décor autour de nous qui bouge désormais. Il est également acteur de cette partie de Pong qui a mal tourné. Ainsi, le cube reprend ses droits et devient roi.
Le rythme du jeu va d’abord crescendo : la musique est de plus en plus énervée, les mécanismes et les tableaux sont de plus en plus complexes. Rythme qui se calme un peu avec la troisième partie du jeu, plus épurée, plus calme. Il s’agit de calmer le joueur après avoir effectué un périple éprouvant. Jusqu’à proposer une fin extrêmement épurée et très jolie, avec une gravité complètement différente, toute en justesse et en délicatesse (et malheureusement plutôt difficile à prendre en main, contrairement au reste du jeu).
Un conseil : avoir le qompa dans l’œil
Dans qomp, la difficulté est certes bien présente, mais toujours justifiée et jamais injuste. Le jeu pousse le joueur à réfléchir sur le chemin le plus logique à prendre pour ne pas mourir. Il faut comprendre comment on peut y arriver, mais surtout pourquoi on n’y arrive pas. qomp pousse le joueur à se remettre constamment en question, tout en l’accompagnant à chaque tableau.
Je ne veux pas vous mentir : qomp est plutôt difficile. Mais c’est un jeu sur lequel on a envie de revenir, encore et encore, pour enfin réussir ce tableau sur lequel on a déjà passé plusieurs longues minutes (voire dizaines de minutes, je ne juge pas). Malgré sa difficulté, il brille par sa fluidité. Par ses mouvements d’abord, mais également par l’organisation de ses niveaux. qomp peut paraître d’abord très labyrinthique (plusieurs chemins nous sont proposés, par exemple), mais il n’en est rien : le jeu accompagne son joueur tout au long du niveau en proposant une orientation toujours cohérente, jamais hasardeuse. Il réussit à nous surprendre à chaque changement de tableau, tant il est intelligent dans les idées qu’il propose et dans sa diversité, et tout cela malgré sa forme de try and die avec des tableaux courts et thématisés (un monstre, des pics, un couloir à traverser).
Alors qu’il pourrait paraître injuste et très difficile, qomp se révèle très agréable à jouer notamment grâce à son système de sauvegarde : les checkpoints sont placés à des endroits astucieux, et si on doit recommencer un niveau, on pourra se concentrer sur un passage particulièrement ardu sans avoir à refaire tout le tableau. Autre chose très plaisante : les différentes options d’aide que le jeu propose. On peut ainsi s’équiper d’un viseur pour savoir où faire rebondir notre petit carré, ou carrément passer en mode « invincible » si la difficulté est trop importante.
qomp a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Beau, agréable et intelligent (oui je parle bien d’un jeu et certainement pas de mec), qomp a tout pour plaire au plus grand nombre, même à ceux qui ne sont, d’habitude, pas attirés par le genre. Sa diversité est juste bien dosée, et le jeu n’étire pas le concept à l’infini en proposant seulement trois grandes parties, dont on peut venir à bout en environ 3 heures. Venez regagner votre liberté en même temps que ce petit carré pour environ 6€ et votre vie sera meilleure. Et peut-être qomp deviendra-t-il, à vous aussi, votre premier coup de cœur de 2021.
Chloé
Gameuse padawan depuis que j'ai découvert Céleste, j'espère un jour avoir le titre de maître Jedi grâce à TPP.
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