BONJOUR ! Aujourd’hui n’est peut-être pas un grand jour pour le jeu vidéo, mais pour mon parcours de joueur et pour mon enfance, c’est une belle journée. Car Necromunda: Underhive Wars est un jeu que je n’osais pas imaginer sortir un jour. Néanmoins, Rogue Factor et Focus Home Interactive ont rendu ce rêve de gosse possible. Bon, même si je suis heureux, le bilan n’est franchement pas reluisant, cependant avant de commencer à déblatérer sur pourquoi je suis content tout en vous déconseillant de vous lancer dans Necromunda, il va falloir que je contextualise tout ça.
Se présentant comme un jeu tactique en 3D, Necromunda est une adaptation du jeu de figurine éponyme de chez Games Workshop. On y dirige un gang dans les entrailles d’une cité tentaculaire et cauchemardesque, et qui doit rendre des comptes à sa maison clanique. En résumé, ça veut dire qu’il va falloir récolter des ressources, des informations et tuer des rivaux au travers de longues missions si on ne veut pas se faire lâcher par les gens qui nous approvisionnent en armes et en recrues. Maintenant que les présentations sont faites, je vais vous expliquer pourquoi ce titre ne vaut clairement pas le coup, mais me fait passer du bon temps à flinguer des méchants avec des gros calibres.
Lovin’ you for life
Pour en venir aux sources de ma dissonance cognitive, il faut savoir d’où vient Necromunda. Il s’agit à la base d’un jeu de figurines créé par la société Games Workshop, et qui a pour toile de fond l’univers de Warhammer 40.000, qui lui-même fait partie des deux énormes univers de fiction conçus par la même compagnie pour donner un cadre à ses différents jeux. En deux mots, Warhammer 40.000 est un univers de science-fiction où l’humanité est un empire galactique fasciste et théocratique, qui passe son temps à faire la guerre contre des ennemis qu’il a en partie engendrés par son système autoritaire, et qui rate lamentablement son message anti-militariste et anti-clérical en s’enfermant dans une iconographie qui glorifie beaucoup trop l’esthétique militaire et violente. Un peu comme Kojima qui dit que la guerre c’est mal, mais qu’en même temps « lé bô mon flingue ».
Je suis un peu virulent envers cet univers, mais les membres de la rédaction de TPP sont témoins de mon amour inconditionnel pour celui-ci. À peu près une fois par semaine, je les saoûle avec Warhammer et je sais que s’ils me répondent poliment, au fond d’eux, ils veulent que ça s’arrête. Cet attachement remonte à très loin, quand mon grand frère tout content s’était fait prêter un des livres qui permettent de jouer au wargame éponyme, et qu’il m’a expliqué en long et en large qui étaient les Space Marines, l’Empereur et autres Tyranides (best faction de W40k avec les Orks, don’t @ me). N’étant pas particulièrement riches, on n’a jamais eu l’occasion de jouer pour de vrai aux jeux de Games Workshop, et par conséquent on s’est concentré sur la partie lore et background de ceux-ci. C’est comme ça qu’à environ 13 ans, j’ai entendu parler de Necromunda (le jeu de plateau) et que j’ai pu rêver dans ma tête de gamin de ces guerres de gangs dans les sous-sols d’un monde surpeuplé et pollué pour s’accaparer le peu de richesses qu’il y a afin de pouvoir, peut-être, partir vivre dans les sommets de la Cité-Ruche.
Vous comprenez donc que le jour où, par hasard, en me baladant sur le site de Focus, je découvre qu’une adaptation vidéoludique du jeu qui m’a tant fait envie étant enfant est en préparation, forcément je suis monté dans le train de la hype sans demander mon reste. Évidemment, une fois le jeu reçu, j’étais comme un gamin à Noël, malgré les signes évidents que le titre n’allait être pas terrible : temps de développement hyper long, assez peu de marketing et premières images molles et assez éloignées du gameplay. Mais une fois manette en main, j’étais de nouveau cet enfant heureux de pouvoir enfin jouer à un jeu qu’il n’avait pu qu’imaginer pendant tout ce temps. Voilà pourquoi j’aime bien ce jeu Necromunda. Maintenant, passons à pourquoi il est naze et ne mérite ni votre temps, ni votre argent.
Shorty wanna be a thug
Necromunda se présente comme un tactical RPG, dans lequel vous aurez la possibilité de monter votre propre gang et de le personnaliser, pour ensuite aller piller les bas fonds de la Cité-Ruche. Pour la personnalisation de son gang, ça va de l’apparence des différents membres à leur fonction, en passant par leurs caractéristiques et leurs compétences jusqu’à leur équipement ; un peu comme dans le premier XCOM, en somme. La partie combat quant à elle se déroule dans un environnement en 3D et, contrairement aux autres jeux tactiques, celui-ci n’est pas divisé en cases comme un damier. En effet, les mouvements sont libres pour les personnages et limités par un score de mouvement qui diminue au fur et à mesure qu’ils s’éloignent de leur point d’origine. De plus, chaque personnage possède des points d’action qui sont utilisés pour tout ce qui n’est pas un mouvement. Ça donne au final une énorme emphase sur la maitrise et l’appropriation du terrain ainsi que du déplacement, qui, si elle était parfaitement maîtrisée, ferait de Necromunda un tactical intéressant.
Évidemment, plusieurs gros problèmes viennent vite plomber les mécaniques énoncées plus tôt. Tout d’abord, l’intérêt d’avoir une arène en 3D avec déplacement libre est qu’il faut d’abord l’apprivoiser et anticiper le placement des ennemis à chaque angle de mur, sauf qu’il existe une mini-map, qui donne en clair le placement de ses propres personnages (normal pour éviter de se perdre), l’emplacement des objectifs, et l’emplacement de TOUS les ennemis en temps réel. D’ailleurs, la mini-carte donne aussi des informations comme les buffs et débuffs appliqués aux ennemis, leurs fonctions, et leurs points de vie. De plus, si vous avez un contact visuel avec un adversaire, vous pouvez activer une vue tactique qui vous donnera en plus de sa vie, buffs et debuffs, des infos sur s’il est en mode vigilance/embuscade, ainsi que son rayon d’action le cas échéant. Par conséquent, on perd beaucoup de l’aspect surprise et embuscade, et simplement de la stratégie. D’ailleurs, un autre énorme défaut d’une part pour la stratégie, et d’autre part pour l’expérience utilisateur, est qu’on voit les adversaires jouer leur tour en détail. On sait où se trouvent leurs persos, ce qu’ils ont fait, etc… C’est un peu naze pour un jeu qui essaie de jouer sur la vigilance et la géométrie de ses niveaux pour faire de la stratégie, et ça le rend hyper lent, car il est impossible d’accélérer les actions de l’IA. Si on ajoute à tout ça le fait qu’elle soit stupide à en crever, vous obtenez une expérience lente et dont la majorité du temps est passé à regarder des personnages faire des choses incohérentes. Un autre clou dans ce cercueil sentant le caniveau : les personnages se bloquent entre eux, et possèdent tous une zone impénétrable d’environ 1m20 autour d’eux qui empêche tout le monde de passer. Ce qui veut dire que parfois, vous serez bloqué par vos propres personnages car un couloir est trop étroit. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est peut-être l’aspect qui m’a le plus fait râler pendant que je jouais. Je ne suis évidemment pas exhaustif dans l’énumération des problèmes, ce ne serait intéressant ni pour vous ni pour moi, mais sachez que ce dont j’ai parlé plus haut n’est qu’une partie de tout ce que le jeu a à vous offrir en termes de défauts.
Mais vous savez quoi ? Tout ce que je viens d’énoncer n’est pas le pire étron dans cet océan d’excréments qu’est Necromunda. Il est possible que ma description du jeu ait réveillé des souvenirs chez certains, et ce serait tout à fait normal, car Necromunda n’est en fait qu’un reskin du précédent jeu de Rogue Factor : Mordheim: City of the Damned.
Gimme the Loot
Voici un peu de contexte pour que vous puissiez voir l’ampleur de l’escroquerie : Mordheim, comme Necromunda, est une adaptation d’un jeu de plateau de Games Workshop et a été réalisé par Rogue Factor. Pour être franc, c’est d’ailleurs le seul autre jeu qu’ils aient fait et il date de 2015.
Comme Necromunda, Mordheim nous met à la tête d’un petit groupe de personnages dans un tactical en 3D. Comme Necromunda, on devait y mener notre gang/bande dans des niveaux vides et tortueux, où il fallait récupérer des ressources et combattre des bandes rivales. L’interface y était globalement la même, les mécaniques de jeu étaient strictement les mêmes, les missions étaient aussi globalement les mêmes à la différence près qu’on était dans un univers médiéval et pas futuriste. On est donc face à un reskin honteux et mal fait d’un jeu de 2015 avec une meilleure ergonomie pour le jeu à la manette (qui est curieusement plus confortable que le jeu clavier-souris).
La plus grosse différence dans cet auto-plagiat, mis à part l’apparence, c’est que dans Mordheim, il était possible d’incarner 4 factions très différentes les unes des autres, alors qu’ici on est limité à seulement 3 (contre 6 dans le jeu de plateau original). D’ailleurs, je soupçonne fortement qu’à l’instar de son grand frère, Necromunda propose les factions manquantes en DLC, parce que 40 balles la copie du précédent jeu du studio c’était pas assez cher payé. Il semblerait en plus que je sois relativement chanceux, car en lisant les différents forums du jeu et les patch notes, je me suis rendu compte que de nombreux joueurs ont subi des crashes, des bugs bloquants, voire des corruptions de sauvegarde (dans un jeu qui, je le rappelle, est si lent qu’une mission nulle dure plus d’une heure), alors que de mon côté, je n’ai eu surtout que des bugs graphiques non-bloquants. Quoique, je me demande si l’IA des ennemis ne peut pas être considérée comme un bug, au vu de sa stupidité phénoménale.
Vous l’aurez compris, dans Necromunda on s’ennuie et on perd du temps. On cherche aussi, car certaines informations sont difficiles d’accès, la faute à une ergonomie pas terrible. Néanmoins, je pense qu’avec du travail, ce jeu aurait pu être a minima correct. Je ne sais pas quand est-ce que ça a foiré au niveau du développement pour qu’on se retrouve avec un résultat pareil, mais en l’état actuel des choses, je ne comprends pas comment il a pu être commercialisé en se faisant passer pour une version finie.
Au final, je ne concèderai à ce jeu que quelques qualités : il respecte quand même bien l’univers de Warhammer 40k et du jeu de plateau dont il s’inspire, la traduction et le doublage français sont quand même très corrects, et graphiquement, le titre s’en sort pas trop mal. Pour le reste, c’est naze dans les grandes largeurs.
Necromunda: Underhive War a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Le jeu est aussi disponible sur PS4 et Xbox One (mais sans déconner vous infligez pas ça).
Ma conclusion sera : « ce n’est pas parce que ça m’amuse de jouer avec du caca et un bâton qu’il faut que je vous le conseille ». Je pense que ça résume parfaitement la relation entre Necromunda, vous et moi. Franchement, oubliez que vous connaissez ce jeu à moins que vous ayez un affect particulier à l’univers du jeu original. Sans exagérer, même faire la vaisselle sera plus amusant, et si vous cherchez vraiment à jouer à une sorte de Necromunda le jeu de plateau en jeu vidéo, vous pouvez vous tourner vers n’importe quel tactical, et si c’est l’ambiance qui vous attire, peut-être Satellite Reign pourra-t-il faire l’affaire.
Un Rieur
J'aime tous les jeux, surtout les jeux un peu nazes ou cassés. C'est pas parce que c'est nul que c'est pas bon, et puis j'aime aussi la bouffe, et le JDR
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