Dire que j'attendais le Microsoft Flight Simulator 2024 est un euphémisme. Avec mes 150 heures de vol sur la version 2020, et un apprentissage assez pointu des procédures de l'A320, j'étais absolument prêt à me relancer dans les cieux. La nouveauté principale qui m'a particulièrement enthousiasmé est bien évidemment le mode carrière. Mais pourquoi est-ce aussi important ?
Je joue à des simulateurs de vol depuis Flight Simulator 98, que j'avais récupéré je ne sais comment, probablement avec l'achat de mon premier PC (un Packard Bell avec un Pentium 3, qui avait un mal de chien à le faire tourner, à faire tourner quoi que ce soit, et en plus, il était sur Millenium, ceci est ma genèse de méchant). J'ai ensuite récupéré, pareil, j'ignore comment, Flight Simulator 2000 (avec son Concorde sur la jaquette, jamais réussi à le faire voler). Puis je me suis éloigné des simulateurs d'aviation civile. La raison en est simple : l'ado que j'étais manquait de direction, je ne savais pas quoi faire, prendre mon avion et me balader ne suffisait pas à garder mon intérêt et très vite, je m'ennuyais (mon activité principale était d'essayer, je dis bien essayer, de voler sous les ponts de grandes villes). J'ai très vite pivoté vers les simulateurs de combat, en particulier de vieux coucous de la Seconde Guerre mondiale, tout d'abord Combat Flight Simulator 2, également de Microsoft, mais surtout la série des IL-2 Sturmovik, série de simulateurs centrés sur le front de l'Est, où l'on pilote des avions soviétiques. Les simulateurs de combats m'ont attrapé pour une simple raison : souvent, ils ont une campagne, parfois linéaire, mais au moins avec un sens de direction, on te donne des objectifs à accomplir. Ensuite le genre a quelque peu disparu, niveau civil le dernier Flight Simulator avant 2020 fut Flight Simulator X, ensuite le professionnel, et donc encore plus austère, X-Plane prenant le relais sur le marché, tandis que le genre du simulateur de combat est dominé par DCS, la simulation très modulaire de jet, toujours développée à ce jour, avec un nombre ahurissant de DLC. Mais surtout, c'est un investissement de temps et d'argent. Il faut du temps pour apprendre l'opération de ces machines et du matériel, un peu cher (un HOTAS minimum). Puis j'ai acheté le matériel pour Elite Dangerous, et ensuite, je me suis dit qu'il était temps de m'intéresser à nouveau au genre. Microsoft m'a entendu et a annoncé en 2019, Microsoft Flight Simulator (surnommé 2020) développé avec Asobo.
Dans les nuages
Et là, tout a changé. J'avais le matériel, il y avait le Game Pass, et surtout : il y avait le confinement. Sorti en 2020, peu avant le second confinement, j'ai pu consacrer beaucoup de temps à ce simulateur. Il faut dire que ses arguments étaient convaincants : l'intégralité de la planète modélisée par un mélange de génération procédurale (basée sur les données d'Open Street Maps et Bing Maps) et de placement manuel de certains monuments et aéroports, une meilleure accessibilité avec de nombreuses options d'aide, et des tutoriels à foison pour apprendre l'opération de ces coucous parfois complexes. Là, j'ai plus lâché, l'absence d'objectifs ne me manquant pas au début, j'ai appris à opérer un Airbus A320 comme un pro, arrivant même à ATTERRIR (ce qui, fun fact, ne m'était jamais arrivé auparavant). Mais au bout de quelques dizaines d'heures, l'ennui m'atteint et j'ai à nouveau besoin que l'on me dise que faire. Cependant, avec l'âge, j'ai également appris qu'un jeu peut se modifier, et de nombreuses options existent pour donner une impression de progression, en vous confiant, par exemple, les clés d'une compagnie aérienne et en générant des missions, souvent de transport de passager. C'est extérieur à la simulation, et il faut un peu user de son imagination. Par exemple, il ne gère pas réellement les passagers, ils ne sont pas dans l'avion. Ils n'embarquent pas réellement, il faut imaginer que c'est le cas et accepter de passer quelques minutes sur le tarmac pendant qu'ils "embarquent". J'ai joué à ces mods durant une autre dizaine d'heures avant de me désintéresser. Le mal était fait, et grâce à ces mods j'ai passé une bonne centaine d'heures sur Flight Simulator 2020 avant de finalement m'en lasser quand même.
Comme Windows 10, Flight Simulator 2020 était censé être "le dernier", et devenir la plateforme de référence sur laquelle Asobo, Microsoft et les développeurs tiers devaient travailler pendant les 10 prochaines années. Mais, comme Windows 10, c'était un léger mensonge. Annoncé lors du Non-E3 2023, Microsoft Flight Simulator 2024 sera, lui, promis juré craché, la plateforme de référence, et sera développé durant plus longtemps. Plus beau, plus profond, plus d'avions, plus de tout. Mais, surtout : un mode carrière. Un vrai mode carrière intégré au jeu, avec une progression, des missions, et ça change tout. Encore oui, le changement, c'est maintenant comme on dit. Il faut dire que les modes carrière externes sont amusants, mais manquent quelque peu d'immersion, c'est beaucoup de "jouer à imaginer qu'on fait quelque chose" et ça reste un peu bancal. Un mode carrière prévu par le développeur ? Avec tout ce qui va avec : passager modélisé, animations spéciales, élément affiché dans la simulation ? Là, on parle. Le trailer montrait tellement d'activités : raid de Canadair, safari aérien (avec des animaux piqués à Planet Zoo de Frontier), sauvetage en montagne en hélicoptère, j'en passe. C'était sincèrement impressionnant, et ma hype était à environ 30 000 pieds, en croisière, notre destination est le Game Pass le 19 novembre 2024, la température est de 4°C, le temps est clair, mais l'atterrissage fut rude. Laissez-moi vous conter mes aventures dans Flight Simulator 2024.
Temps perturbé
Comme vous l'avez probablement vu en ligne, le lancement de Flight Simulator 2024 fut quelque peu compliqué. Le jeu reposant énormément sur le streaming, bien plus que son aîné, les serveurs n'ont pas tenu, et les premiers jours, il était simplement impossible de se connecter au jeu, et quand on y parvenait, il pouvait arriver que le décor prenne plusieurs dizaines de minutes à charger, faisant ressembler le jeu à la version 1998 du simulateur. Dans le mode carrière, ça s'est traduit par un très long temps de génération des missions. Comme vous pouvez vous en douter : elles ne sont pas faites à la main, mais sont générées procéduralement, et par les mêmes serveurs qui étaient en panne. Le premier contact fut rude. Les jours suivants, la situation s'est améliorée, mais la génération des missions prenait toujours un peu de temps (cependant le reste fonctionnait mieux, je pense que les développeurs ont privilégié le chargement des décors sur la génération). Mais passons, les problèmes de serveurs sont hélas une constante sur les gros lancements, et Asobo et Microsoft ont simplement mal anticipé l'enthousiasme autour de leur simulation. La vraie question étant : est-ce que le jeu et le mode carrière corrigent le plus gros problème que j'ai avec les simulations ? Est-ce qu'il me donne un but et une raison de jouer ?
D'abord, ce mode carrière est très… gamey ? À défaut de terme, je vais partir là-dessus. Asobo s'est très clairement inspiré de la progression d'un Euro Truck Simulator, où vous commencez tout petit à effectuer des missions simples pour d'autres entreprises pour engranger des points d'expériences qui vous permettent de débloquer des certifications, afin d'accumuler assez d'argent pour fonder votre entreprise et vous acheter vos véhicules. Contrairement aux jeux de camions SCS Software, les certifications passent par un examen jouable qui vous met en situation et vous demande d'effectuer des tâches correctement. Il est très difficile de rater ces certifications, le jeu est très clément, et il suffit au minimum d'arriver à atterrir en un seul morceau pour la valider. Comme son aîné, Flight Simulator 2024 profite de nombreuses options d'accessibilité et d'assistance qui simplifient grandement le gameplay si vous le désirez. Il est bien sûr possible de tout désactiver et de profiter de la simulation en entier. Cependant, si vous ne vous sentez pas, ou si vous manquez du matériel pour le faire, le jeu peut vous aider sur beaucoup de points, ce qui simplifie encore plus les certifications. De mon côté, j'ai activé certaines options qui me paraissaient fastidieuses à gérer avec mon HOTAS plutôt simple, mais le pilotage reste parfois assez difficile pour que j'aie un vrai stress lors de manœuvres (les atterrissages avec vent de travers sont mon Dark Souls).
The Pixel Post Airlines
Je ne saurais pas exactement juger du modèle de vol, s'il est bon, si la simulation est réaliste, et tout. Je ne m'y connais pas assez, je suis monté dans un avion en tout et pour tout deux fois dans ma vie. Pour moi, la simulation, c'est mettre pleins gaz, baisser les volets, décoller, remettre les volets et suivre le plan de vol. Néanmoins, certains avions me paraissent un peu… étranges. Ils souffrent d'une oscillation assez gênante, qui n'empêche pas le vol, surtout avec le pilote automatique activé, mais tout de même, c'est très déstabilisant. J'ai pensé qu'il s'agissait de la météo, mais même en faisant un vol rapide avec la météo absolument calme, il y avait cette oscillation. En revanche, la progression que j'ai évoquée plus haut est franchement le point fort du jeu. Ce sentiment de passer d'un petit Cessna 172 à des avions plus grands, plus puissants, plus rapides, est grisant. Le seul souci que je vois, c'est un léger grind avant de pouvoir passer à d'autres choses, et notamment tant que l'on ne peut pas se payer ses propres avions. Les employeurs prennent 80% du paiement, donc en faisant la mission en entier, on gagne tout au plus 1500 crédits, et quand les avions coûtent dans les 300 000... Ça prend du temps. La première compagnie que l'on peut fonder est une entreprise de tourisme aérien. Ainsi, on peut passer plusieurs heures à faire des missions de visite aérienne pour avoir le paiement complet et engranger de l'argent, mais il s'agit probablement des missions les plus lassantes du jeu (c'est : décoller, voler autour de trois points d'intérêt générés procéduralement, atterrir). Mais, au moins, on profite du paysage, c'est déjà ça.
Globalement, comme dans d'autres simulateurs avec un mode carrière, l'aventure dans Flight Simulator 2024 peut vite devenir répétitive. Vu de l'extérieur, ce genre est très étrange. Encore plus que les Euro Truck Simulator et autre Farming Simulator, dans ce jeu, 80% du temps, on ne fait pas grand-chose. Sauf dans les missions nécessitant un pilotage précis (attaque de Canadair ou vol touristique) on décolle, puis on enclenche le pilote automatique jusqu'à l'approche de l'aéroport d'arrivée. Bien sûr, le jeu peut déclencher des avaries aléatoires ou la météo peut se dégrader (en temps réel, comme dans le précédent) qui obligent à réagir, mais comme dans la vraie vie, ça reste relativement rare. Qui sait, peut-être que si je finis par arriver à piloter un Boeing, j'aurai de très mauvaises surprises et le jeu deviendra une course contre-la-montre, mais j'en doute. Mais sur moi, ça marche, je lance le jeu, me mets un petit podcast, et effectue quelques vols dans des endroits exotiques (plus ou moins, j'ai commencé à l'aéroport près de chez moi), et ça me détend beaucoup. Cette itération de Flight Simulator n'est pas parfaite, loin de là, il y a encore beaucoup de bugs et les serveurs sont toujours en PLS, toutefois la base est solide, et cette fois l'on espère que ça sera la bonne et qu'il n'y aura pas de Flight Simulator 2028, pas besoin, Asobo et Microsoft ont la base de ce qui peut devenir la nouvelle référence de la simulation grand public (X-Plane restant la référence professionnelle).
Microsoft Flight Simulator a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Xbox Series.
Est-ce que ce mode carrière change ma relation vis-à-vis des simulateurs de vol civil ? Est-ce que je m'en suis lassé aussi vite ? Oui et non. J'ai arrêté un peu rapidement pour des raisons extérieures au jeu (S.T.A.L.K.E.R. 2 quoi), pas le jeu en lui-même, le planning des sorties aurait été moins dense, j'aurais probablement passé des heures à développer mon entreprise et ma carrière. Toutefois oui : le mode carrière est très fondé sur le grind. Il faut ainsi faire beaucoup de missions avant d'amasser assez d'argent pour progresser (c'est-à-dire s'acheter un avion). Théoriquement, les avions que l'on possède peuvent rapporter de l'argent lorsque l'on est hors-ligne, mais ça semble ne pas fonctionner. Cette répétition peut vite lasser. Personnellement, j'avais prévu de faire beaucoup de missions avec mon avion pour gagner beaucoup d'argent, cependant, au bout de la troisième ou quatrième mission de tourisme, j'ai décidé de continuer à travailler pour les autres et effectuer des vols plus variés. Globalement, je ne pense pas que j'y passerai 150h d'affilée, mais ça sera mon jeu de temps mort quand je veux me changer les idées. Ça me prendra peut-être six mois pour pouvoir me payer un avion de ligne, mais en attendant le monde est à moi, et je compte bien l'explorer au maximum.
Les + | Les - |
- Magnifique | - Des gros problèmes de serveurs |
- Un mode carrière bien pensé | - Mais parfois répétitif |
- Un énorme variété d'avions | - Mais encore de nombreux bugs |
- La planète entière en terrain de jeu | - Les commentaires des passagers générés par IA |
Tritri
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