Développé par le petit studio britannique Knights of Borria, composé d’un trio issu de la Games Academy de l’université de Falmouth, Leximan se vend comme un jeu de combat textuel chaotique où l’incompétence est le maître-mot. Une description à la fois honnête et pas tout à fait suffisante pour décrire cette joyeuse parodie d’action-RPG (et de dungeon crawler, et de platformer, et de…).
BatVador, cette année, vous avez eu des résultats catastrophiques, à peine compris les cours, mis vos petits camarades dans l’embarras, n’avez pas su maîtriser les compétences de base et malgré tout, vous avez été élue déléguée de la classe et tout le monde vous aime. Voilà ce qu’aurait peu ou prou pu dire mon bulletin scolaire à la fin de mon aventure dans le monde magique de Leximan. Et, si le monde avait été bien fait, vous auriez eu une critique de Shift ou de Zali qui auraient pu vous parler de patterns de combats de boss et certainement saisir toutes les références parodiques, mais non, vous êtes coincés avec moi comme j’ai été coincée avec Leximan. Pour moi, c'était une bonne surprise, pour vous, je vous laisse juger.
Dys-leximancie
Pourtant, ça n’avait pas super commencé parce que pour être honnête, si mon personnage s’est appelé Leximanbbbatvador avec trop de b, ce n’est pas tant pour faire de l’humour que parce que je n’ai pas compris ce que je tapais avant qu’il ne soit trop tard, c’est vous dire mon niveau d’incompétence. Mais, être incompétent, c'est heureusement ce que sait faire de mieux votre personnage doté d’une forme de magie que personne ne comprend à base de fragments de mots à assembler. Après un combat textuel contre le très désagréable directeur, mon petit leximan a été admis dans l’académie et euh… ben après, c'était pire, mais là, c’était pas de ma faute. Le scénario a décidé que le leximan était un petit être absolument chaotique, incapable de faire autre chose que mettre le zbeul involontairement, ce qui lui vaut d’être exilé dans les sous-sols du donjon avec tous les autres nullos dans votre genre. Nullos qui s’avèrent être super sympas, même quand vous tentez de les aider et échouez, donnant à leur vie un tournant inattendu et généralement tragique. Ensuite l’académie prend feu, vous sauvez les meubles, mais pas le donjon, puis vous guidez les élèves dans la forêt, puis vous devez vous débrouiller dans une ville où la magie est proscrite, vous évader de prison et trouver la réponse à toutes vos questions dans un donjon final.
C’est très générique tout ça, pensez-vous et quid du gameplay ? Excellente question à laquelle je répondrais, c’est un peu le foutoir. La principale mécanique, ce sont les combats à base de fragments de mots à assembler, mais c’est entrecoupé de mini-jeux, de combats au tour par tour, d’exploration de donjons, de combats de boss où il faut littéralement échapper à des patterns dessinés au sol, de craft et de passages narratifs. Mais, est-ce que ça ne serait pas alors un peu indigeste ? Eh bien non, car Leximan a le sens du timing, aucune blague ne dure trop longtemps, aucun gameplay n’est poussé très loin, aucun chapitre ne s’étire, ce qui fait que même les blagues un peu faciles fonctionnent bien.
Dans Leximan, on est principalement là pour le fun et il n'est pas donc pas vraiment question de faire perdre les joueurs·euses. Il y a des points de sauvegarde toutes les deux minutes, si l’on échoue à un combat, on le recommence au prix très modique d’un commentaire ironique, si l’on échoue dans une zone de plateforme, on la recommence au précédent checkpoint qui nécessite seulement le passage d’un ou deux obstacles. Conclusion : c’est assez facile et extrêmement permissif, on est surtout là pour le chaos et l’incompétence. Bien sûr, tout n’est pas parfait, certains mini-jeux sont assez peu intéressants, voire complètement pénibles, certaines mécaniques ne sont pas hyper intuitives, ça manque un peu de subtilité parfois, mais comme je le disais au-dessus, rien ne dure longtemps et on pardonne assez vite.
Wholesomancie
On le voit venir depuis la première ligne de cette critique, je manque cruellement de références en action-RPG, dungeon crawler, platformer, etc., pour en parler correctement. Cette expérience m’a d’ailleurs confirmé ce que je savais déjà : ce ne sont pas vraiment des types de jeux auxquels j’ai plaisir à jouer. Malgré la simplicité de l’ensemble, j'en ai bavé et une fois passé les obstacles, je n’ai éprouvé que le soulagement de ne pas être coincée.
Néanmoins, malgré mon manque flagrant de références et de talent, j’ai passé un très bon moment et beaucoup ri. Leximan ne fait pas dans la dentelle ni particulièrement dans la subtilité : tout y passe, vos compagnons sont loufoques et pas très adaptés, les ennemis relativement incompétents, les environnements sont régis par des lois absurdes, ça tacle pêle-mêle le capitalisme, la police, les niveaux obligatoires dans les égouts dans les RPG, les final boss rush, etc., mais surtout le capitalisme, tout en ayant de la tendresse pour le groupe de losers qui vous suit. Parce que pour une parodie, le fond est tout de même extrêmement wholesome. Vous mettez le feu à tout ce que vous trouvez et shootez avec ardeur dans tous les objets qui sont sur votre chemin évidemment, mais vous êtes aussi au cœur d'une fable, pas forcément très originale, mais très sincère, sur l’acceptation de soi, de ses différences et de celles des autres et de l’importance de la communauté, car comme dirait l’autre, tout seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin, tout ça.
Leximan a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Servi par des graphismes relativement minimalistes qui rappellent Undertale et une énergie chaotique tout à fait assumée, Leximan équilibre une intrigue plutôt standard et un niveau de difficulté assez bas avec un humour parodique absurde, un enchainement de gameplay et une surprenante sincérité pour un résultat très satisfaisant qui sait parfaitement s’arrêter quand c’est nécessaire. Une expérience pas très difficile, mais plutôt originale par sa forme qui relève du chaos organisé et maitrisé et indique une bonne connaissance des mécanismes du genre action-RPG.
Les + | Les - |
- Un humour chaotique et assumé | - Des mini-jeux pas toujours très inspirés |
- Un gameplay facile et des points de sauvegarde partout | - Des mécaniques pas toujours très intuitives |
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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