Oui, le roi de la merguez est de retour, Rico Rodriguez en personne pour un 4ème épisode de Just Cause sur consoles et PC. Dernière cartouche de Square Enix dans la catégorie AAA pour cette fin d’année, la franchise open world qui fait dans la démesure revient après un troisième opus qui avait déçu. Avalanche Studios, responsable de la licence Just Cause depuis ses débuts, nous propose une nouvelle fois de parcourir des vastes étendues accompagné des outils indispensables que sont le grappin, le parachute et la wingsuit.
Just Cause c’est avant tout l’histoire d’un homme, Rico Rodriguez, un homme qui aime tout casser sur son passage et renverser des dictatures pour aider des rebelles sympas. Il aime surtout le faire dans des archipels, parce que c’est pratique pour les créateurs pour limiter l’open world de mettre un océan autour, mais ce n’est qu’un détail. Cet homme l’a déjà fait en Amérique du Sud, à San Esperito, avec des armes et un parachute. Il a remis ça dans le Pacifique, à Panao, avec des armes, un parachute, un grappin et c’était bien. Et en Méditerranée, à Medici, avec des armes, un parachute, un grappin et une wingsuit. Aujourd’hui, il vient débarrasser Solis de son dictateur local avec des armes, un parachute, un grappin, une wingsuit et … des améliorations pour le grappin. Rico travaillait pour l’AGENCE, une organisation secrète des États Unis d’Amérique faite pour contrôler le monde, une structure originale donc, mais tout ça c’est fini, il a quitté l’organisation tout en continuant à faire dans la révolution de rebelles. Une sorte d’auto entrepreneur de la rébellion armée.
Solis, mais pas en solo
L’entrée en matière est un peu brutale : Rico attaque seul, sans préparation et sans aucune forme d’infiltration la base du gros méchant de l’épisode en pensant que ça va passer, parce que Rico, il pense toujours que ça va passer. Et surprise, ça ne passe pas. Une scène d’exposition des grands méchants plus tard, Rico devient le leader d’une armée de guérilleros acharnés et surarmés, qui étaient de simples villageois opprimés et inoffensifs 5 minutes plus tôt. Oui, cette fois Rico a compris qu’il n’y arriverait pas seul et il va constituer une armée pour abattre le méchant. Voilà, c’est le scénario dans sa version presque exhaustive. La suite est simple, trois objectifs sont définis afin de réduire la puissance des méchants et il faut faire grossir l’armée de Rico pour conquérir les territoires et libérer le peuple de l’infâme oppression d’Oscar Espinosa.
Oscar Espinosa qui se révèlera être le descendant d’une dynastie de dictateurs de presque 5 siècles, ce qui est un joli score, et le fils d’un dictateur sympa qui voulait aider son peuple. Lui, il préfère ne pas les aider et devenir riche et puissant en construisant des armes climatiques, chacun son truc, mais ça attire Rico ce genre de chose. Le destin des deux personnages est d’ailleurs lié puisque l’intrigue, sans intérêt, relie le père de Rico, la technologie de contrôle des tempêtes, l’AGENCE, l’épisode 3, Tom Sheldon, la cousine et l’oncle de notre principale alliée et tout un tas de trucs, mais on est pas là pour réfléchir dans un Just Cause, on est là pour tout casser et c’est ce qui va se passer.
Boum tatatatatatata BOOUUMM
Dans Just Cause 4 on retrouve donc un scénario de nanar épique avec des dialogues de nanar épique. Le 3 avait tenté d’être plus complexe et sérieux sans y arriver, donc retour aux bases : un scénario nul prétexte à tout faire exploser. Et ça marche ! Seulement 3 grandes missions à faire avant de pouvoir en finir avec le méchant. C’est bien peu, mais le jeu n’est pas là pour nous raconter des choses et il donne l’impression d’avoir compris ce qui avait fait le succès du 2 et l’échec du 3. En moins de 30 heures, on aura le temps de parcourir tous les environnements de l’archipel, la côte, les montagnes, le désert, la forêt, les villes et villages grâce aux équipements de Rico. Cette grande balade de la destruction vous permettra de faire sauter des réserves d’essence, des antennes de communication, des transformateurs électriques et tout objet présentant une partie rouge sur sa surface, la nature est si bien faite.
La liberté de mouvement apportée par le trio grappin, parachute, wingsuit et la meilleure répartition des objectifs, par rapport à Just Cause 3, entraîne le joueur dans un flux assez constant avec des pics d’activités/difficulté lors de la résolution des 3 quêtes principales. On passe d’une base à une autre en détruisant tout sur son passage, tout en n’oubliant pas de laisser des dizaines de cadavres à chaque endroit. La difficulté augmente à mesure que les zones sont libérées mais il restera toujours possible d’utiliser une méthode d’infiltration bien connue des meilleures armées : foncer dans le tas en tirant dans tous les sens en se déplaçant avec un grappin.
Nouveauté intéressante dans l’atteinte des objectifs, il n’est plus nécessaire de détruire chaque base à 100% pour la libérer de la dictature. Cette fois, des objectifs clairs seront assignés dans chaque endroit. Détruire des générateurs, détruire des turbines, détruire des ordinateurs, … et ces points seront indiqués grâce à l’une des nouveautés, la vision de l’aigle, du sorceleur, du détective lentille de réalité augmentée de Rico Rodriguez. Autre amélioration dans l’arsenal, il est maintenant possible de modifier le grappin dans sa fonction secondaire. Il peut permettre d’attacher des éléments qui se rapprocheront, comme avant, mais on peut également y ajouter des ballons gonflables ou des propulseurs. Ces upgrades vont permettre de varier les plaisirs sur les méthodes de destruction des bases qui n’en seront que plus créatives. Faire se rapprocher une citerne d’essence et un transformateur ou faire s’envoler la citerne pour la faire retomber sur le transformateur ? Et pour l’envol, on y va au propulseur ou au ballon ? Tant de questions légitimes pour savoir comment mettre le feu dans ce terrain de jeu pour gosse surarmé.
Just Conséquences
Cet entrain et cette joie de procéder à une destruction méthodique de l’adversaire nous fera cependant oublier que ce monde est habité. Les villes sont bien pensées, l’architecture est travaillée, parfois, les villages semblent cohérents et de tailles variées, les ponts, tunnels, structures sont bien là mais à aucun moment il ne semble prévu de s’y intéresser. Les épisodes précédents de Just Cause nous donnaient comme missions de libérer les villes et villages en plus de la destruction des structures militaires. Ici ce n’est pas le cas. Rico et son armée contre Oscar et son armée, la vie de ce monde ouvert n’est pas intégrée ou très peu. Il existe bien un nombre considérable de micro missions (proches de collectibles) mais elles n’apportent que quelques améliorations mineures à l’arsenal du héros. Faire sans est tout à fait envisageable, et même conseillé pour ne pas se lasser d’une trop grande répétition.
D’un certain côté, il n’est pas une mauvaise chose d’éviter de s’attarder sur cette partie puisqu’elle pousse à se servir des véhicules, et ce n’est pas rendre un service aux créateurs que de juger la conduite des différentes savonnettes qui nous sont proposées. Les bruits de moteurs sont ridicules, la conduite est désagréable (mention spéciale pour les bateaux militaires qui penchent dans les virages comme une moto de course), bref, rien ne va une fois sorti de l’équipement qui donne tant de liberté à Rico.
D’un point de vue plus technique, on pourra regretter les nombreux bugs ainsi que le visuel très daté de certains détails, ou les visages très très uncanny valley dans leur genre. Mais les paysages et les explosions compensent tant il est plus agréable de survoler les environnements et de tout détruire que de regarder le détail des textures ou de s’éterniser dans des scènes de dialogue. La limitation du scénario et donc des personnages tend à prouver que ces limites étaient connues et qu’il n’était pas question de mettre en valeur ces points.
Just Cause 4 a été testé sur PS4 via une clé fournie par l’éditeur
Just Cause 4 reprend donc ce qui aura fait la réussite du 2, le nanar d’action décomplexé qui se rapproche des films d’action des années 80 et 90. Un héros qui balance de la punchline ridicule régulièrement, des personnages secondaires caricaturaux, un méchant vraiment très méchant avec des motivations très méchantes. Les errances techniques et les défauts de son monde ouvert sont les conséquences logiques de ce choix et également la part la plus visible de la limitation du budget pour ce genre de jeu. Et c’est une réussite au sens où privilégier un axe de développement quand on n’a pas les moyens de tout faire est la meilleure des solutions. Just Cause 3 tentait de tout faire sans en avoir les moyens, le 4 se rapproche de la vision du 2 en se concentrant sur les explosions et la balade tout en étant conscient de son profil de nanar du jeu vidéo. On n’a pas affaire à un Red Dead ou autres jeux qui se permettent de tout faire, mais si vous aimez quand ça explose et que le réalisme n’est pas un objectif indispensable alors vous pourrez passer un bon moment avec Rico Rodriguez, le roi de la merguez.
JoK
J'aime les chiffres, tous les chiffres, et aussi les jeux vidéo mais pas tous
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