Nous sommes dans la deuxième moitié des années 90. Pendant que mon frère se passionne pour les mangas et qu'il achète les tomes de City Hunter (mais si, vous connaissez, c'est Nicky Larson), j'ai le droit moi aussi d'avoir une série, histoire de ne pas avoir de jaloux dans la famille. C'est ainsi que je me retrouve avec le premier tome de Fly, dans une édition à la traduction que l'on va qualifier d'approximative et dont l'encre avait tendance à me salir les mains. Les 37 volumes de cette édition, je les ai encore. Fly redevenu depuis Dai (à prononcer Daï), c'est mon premier manga, et au-delà de ses qualités, il a une place toute particulière dans mon cœur.
À l'époque, je ne savais pas que le manga, qui avait connu une adaptation partielle en dessin animé, était un dérivé de la célèbre licence vidéoludique Dragon Quest. Et j'étais loin de me douter que plus de 20 ans plus tard, il allait avoir droit à une nouvelle adaptation animée sur laquelle vient se baser ce Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai dont je viens vous parler aujourd'hui. C'est bon, vous avez bien compris ? On va parler d'un jeu qui adapte un animé qui adapte lui-même un manga basé sur un jeu.
Merci d'avoir mis du jeu dans mon jeu vidéo
Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai (titre que l'on ne va pas remettre en entier une nouvelle fois parce que ce n'est pas comme si j'étais payé au mot de toute façon) est une adaptation extrêmement fidèle de l'animé, enfin tout du moins de la première moitié de celui-ci. Je ne vais pas vous mentir, savoir que tout n'était pas adapté a été une première déception. Mais après avoir joué au jeu, je pense que ce n'était pas plus mal.
Le titre vous met donc dans la peau de Dai, jeune héros doté d'une puissance mystérieuse qui va, accompagné de Popp le magicien, Maam la combattante et d'autres amis rencontrés sur le chemin, lutter contre les forces de l'armée du mal. C'est simple, efficace, cela se prête parfaitement à une adaptation vidéoludique (forcément vu l'historique du titre), notre groupe de héros affrontant des ennemis toujours plus puissants nécessitant de s'entraîner et d'apprendre de nouvelles techniques pour les vaincre.
Comment cela rend en jeu ? Beaucoup moins bien. Dans ce hack'n'slash, chaque chapitre (correspondant à un général/boss à battre) est divisé en 3 types de quêtes/missions. Vous avez les quêtes d'histoire dans lesquelles vous allez en général affronter soit une série de monstres, soit un boss dans des arènes de taille (très) réduite, le tout entrecoupé de scènes reproduisant fidèlement l'animé. Vous avez ensuite des quêtes libres, qui sont des quêtes annexes où vous pourrez dézinguer des monstres à la suite, permettant essentiellement de faire de l'xp pour son équipe de héros. Enfin, il y a les quêtes d'aventures qui portent très mal leur nom puisqu'il ne s'agit que de passages faisant avancer l'histoire à l'aide de screenshots tirés de l'animé avec les voix des doubleurs dessus.
Le problème, c'est que ces dernières quêtes sont en surnombre par rapport aux autres et que l'on passe donc son temps de jeu… à ne pas jouer. Un temps de non-jeu qui n'a été raccourci que parce que je connais les aventures de Dai par cœur et qu'heureusement, le titre permet de passer tout ça. Une impression de passer son temps à ne rien faire devant son écran, renforcée par le découpage des quêtes qui fait qu'on ne passe jamais plus de 10 minutes à jouer sans avoir à repasser par la carte du monde pour choisir la quête suivante. Déjà qu'elles sont rares, les séquences de jeu sont beaucoup trop courtes. Ce découpage donne l'impression d'être en face d'un jeu mobile et non un jeu fait pour une console ou un PC et casse beaucoup trop le rythme de l'aventure.
Mais quand on joue, c'est bien au moins ? Oui et non. Le jeu n'est pas moche et c'est un vrai plaisir de retrouver toutes les attaques de l’œuvre originale. Mais on est face à un hack'n'slash très basique. Un seul bouton d'attaque de base avec lequel on peut faire un combo si on appuie plusieurs fois au bon moment, 3 attaques spéciales (à choisir soi-même), différentes selon les personnages et qui se rechargent passé un certain temps, un coup de grâce qui est une attaque dévastatrice dont la jauge se remplit au fur et à mesure de nos attaques et une aptitude spéciale unique à chaque personnage allant d'une force décuplée pendant un certain temps à une meilleure défense jusqu'à la possibilité de recharger ses attaques spéciales plus rapidement.
Quand on se retrouve dans une mission avec ses coéquipiers, il suffit en général de taper dans le tas jusqu'à ce que les ennemis disparaissent. La seule difficulté du jeu vient lors des combats de boss où l'on se retrouve souvent seul et où il devient vraiment important de savoir soit esquiver, soit utiliser la parade au bon moment pour déstabiliser l'adversaire, surtout quand certaines des attaques ennemies enlèvent 40% de votre barre de vie.
Bien évidemment, en progressant dans l'histoire, vous pourrez gagner de l'expérience permettant de monter de niveau, mais aussi d'obtenir de nouvelles attaques plus puissantes, que vous pourrez renforcer à l'aide de matériaux trouvés lors des missions. De la même manière, vous pourrez associer à vos personnages de plus en plus de "souvenirs", des cartes symbolisant des pages emblématiques du manga qui procurent divers bonus en fonction de leur rareté et qui font le job classique des pièces d'équipement.
Mais voilà, on s'ennuie quand même ferme devant ce mode histoire, à la fois très facile dans ces niveaux basiques de destruction de monstres à la chaîne, et parfois bien plus compliqué contre des boss qui peuvent vous tuer en 3 coups bien placés, nécessitant parfois de refaire d'anciens niveaux en boucle pour gagner de l'expérience et des ressources permettant d'améliorer ses attaques. Mais attendez, il faut que je vous parle du mode Sanctuaire.
Quand l'annexe devient le plus intéressant
J'ai une théorie. Je pense que quelqu'un dans le studio de développement un jour a dit "bon notre jeu de hack'n'slash où on ne joue pas assez n'est pas incroyable, faudrait qu'on rajoute un mini-jeu annexe dessus qui serait une sorte de roguelite". Et bah ça marche ! Enfin au début tout du moins.
Dans ce mode de jeu secondaire, vous plongez dans un sanctuaire (qui aurait pu se baser sur un élément tardif du manga qui s'y prêtait très bien, mais non parce que… voilà) dont les niveaux se débloquent au fur et à mesure de votre avancée dans le mode principal. Le but est d'aller le plus loin possible, sachant que vous ne pouvez quitter le sanctuaire que toutes les 5 salles et que chacune d'entre elles comporte au choix des monstres de base, des mini-boss ou des boss de l'aventure.
À chaque fois que vous recommencez le sanctuaire, vos personnages reviennent au niveau 1 et c'est en progressant de salle en salle qu'ils pourront regagner de l'expérience et donc de meilleures statistiques. En plus de cela, vous avez un choix entre 2 portes avant chaque salle permettant de personnaliser vos personnages avec différentes améliorations une fois la salle finie : attaque/défense/magie augmentée pour toute l'équipe ou pour un seul personnage (mais de manière plus importante), temps de rechargement des attaques spéciales réduit, etc. Il y a même un système de portes entourées d'une aura qui cachent une salle plus difficile à finir, mais avec forcément une meilleure récompense.
Et vraiment, au début, ça marche plutôt bien. On se prend au jeu, on hésite entre les bonus à prendre, quand la difficulté augmente on se demande s'il ne faudrait pas s'arrêter, au risque de perdre tout ce qu'on a récupéré. Mais surtout… on joue ! Et en plus, il y a un vrai intérêt à faire ce sanctuaire puisque c'est l'occasion d'obtenir certains des "souvenirs" qu'on applique à notre équipe et de récupérer des doubles des souvenirs déjà obtenus, seul moyen de les améliorer pour les rendre plus puissants et donc fortifier notre équipe.
À tel point qu'on finit par passer bien plus de temps dans ce mode que dans l'histoire principale. Jusqu'à ce qu'on se rappelle qu'il ne s'agit que d'un jeu annexe et qu'il n'est pas aussi développé qu'il devrait l'être. La difficulté est très mal dosée avec des salles où l'on se balade suivies d'une beaucoup trop difficile où l'on se fait enchaîner par 10 ennemis sans pouvoir vraiment réagir. Tout se répète beaucoup trop, même pour un roguelite et jusque dans le décor puisque tous les combats se déroulent dans une arène carrée ultra-classique (seul le fond change en fonction de certains étages). Et si l'on peut enfin jouer au jeu, le fait que chaque salle finie implique un premier choix d'un bonus, la montée en expérience des membres de l'équipe puis un nouveau choix de porte pour la salle suivante fait que les sessions de jeu sont très hachées et que cela ne donne vraiment pas envie de lancer 3/4 sessions de sanctuaire à la suite.
Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Infinity Strash: DRAGON QUEST The Adventure of Dai est un titre long à dire. Malheureusement, l'impression de longueur est plus grande encore manette en main. Coincé entre un jeu dans lequel on ne joue que trop peu et un roguelite qui aurait pu être intéressant, mais qui s'enlise trop vite, le titre ne trouve son intérêt que dans la licence qu'il adapte. Si vous ne la connaissez pas, je ne peux que vous conseiller de plutôt lire le manga ou regarder sa dernière adaptation en animé.
Les + | Les - |
- 2 jeux en 1... | - ... mais aucun n'est abouti |
- Visuellement fidèle à l'animé et au manga | - Le découpage du mode histoire |
- Le système de souvenirs en guise d'équipement | - On joue quand ? |
- J'ai envie de relire le manga | - Le mode histoire qui s'arrête en plein milieu de l'œuvre |
- Niveau gameplay, on est sur du hack'n'slash très très basique |
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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