J’ai une confession à vous faire. Je n’ai jamais joué à une early access de ma vie. J’imagine que c’est parce que je préfère jouer à des jeux finis (ce qui ne m’empêche pas à l’occasion de m’amuser sur un jeu Ubisoft bien sûr). Et pourtant, quand j’ai vu apparaître Hardspace : Shipbreaker, mon cœur passionné a tabassé mon cerveau logique dans une ruelle pour décider qu’il ne fallait pas attendre plus longtemps pour y jouer.
1 an, c’est le temps que se laisse Blackbird Interactive pour finaliser son jeu avec les retours de la communauté et le sortir sur PC et consoles de salon (bon sauf la Switch parce que… faut que le jeu tourne quoi). Alors mon cœur avait-il raison ou mon cerveau prépare-t-il sa revanche armé d’un pied de biche ? Honnêtement je m’en fiche je serai d’ici là encore loin dans l’espace à découper du vaisseau.
Le recycleur de l’extrême
Quelle idée a eu le protagoniste de Hardspace : Shipbreaker de s’engager chez LYNX ? Une société qui profite de l’expansion de la conquête spatiale à travers tout le système solaire pour récupérer et recycler des centaines de vaisseaux abandonnés. Bon d’accord le travail vendait à priori du rêve : une plateforme personnelle avec vue directe sur notre bonne vieille planète (encore un peu) bleue, du bon matériel et des journées de travail pas trop longues de 15 minutes.
Mais ça c’était avant de savoir qu’en s’engageant, il contractait une dette d’un milliard de crédits qu’il allait devoir rembourser à la sueur de son front et en prenant des risques quotidiens. Ah j’oubliais les frais journaliers… bah oui le matériel c’est pas gratuit, entre la location, le rachat de bombonnes d’oxygène et de fuel, la réparation du matériel et les frais de clonage en cas de décès (un accident est si vite arrivé), vous pouvez compter des dépenses quotidiennes de 500 000 crédits. Autant vous dire qu’il va falloir en recycler du matériel si vous ne voulez pas rester coincé éternellement sur votre lieu de travail.
Alors comment rembourser cette dette ? En découpant du vaisseau et en récupérant le plus d’éléments possibles. Avant chaque journée, vous avez la possibilité soit de choisir un nouveau vaisseau, soit de continuer à bosser sur celui de la veille si jamais vous considérez qu’il y a encore beaucoup d’argent à se faire dessus. Et à partir de là vous avez 15 minutes pour effectuer le plus d’actions possibles. Croyez-moi, un quart d’heure c’est court, il va falloir bien vous organiser.
Ferrailleur 101
Prenons l’exemple d’un nouveau vaisseau. Vous vous retrouvez devant avec la forte envie d’utiliser votre découpeur laser pour péter le sas d’entrée. 1ère erreur, le vaisseau, bien que vide, est surtout pressurisé. Une ouverture violente comme celle-ci risque surtout de lui faire subir les lois de la physique et vous allez vous retrouver avec, au minimum, un vaisseau éventré et son contenu flottant un peu partout dans l’espace, ou pire, avec une réaction en chaîne entrainant finalement l’explosion du moteur et la disparition d’un gros paquet de crédits (et encore je ne vous parle pas de ce morceau de la carlingue éjecté droit sur vous mettant fin précipitamment à votre courte et inutile vie).
Et si vous passiez plutôt par le sas comme un gentil astronaute avant d’utiliser les systèmes du vaisseau pour le dépressuriser calmement de l’intérieur ? Maintenant que c’est fait, la priorité ce sont les pièces qui rapportent le plus (moteurs, réacteur etc) qu’il faut déposer dans une zone située sous le vaisseau à l’aide de votre grappin du futur, un outil très efficace mais qu’il faut apprendre à maîtriser. Oh j’oubliais presque que ces pièces sont bien évidemment fragiles et qu’il vaut mieux avant enlever assez de la coque extérieure du vaisseau pour se laisser un chemin sans obstacles et éviter ainsi les accidents (je vous avais dit que 15 minutes c’était court).
L’avantage c’est que tout dans le vaisseau peut rapporter plus ou moins d’argent : les écrans et sièges sont à déposer sous le vaisseau, les barres en métal à mettre au recyclage et certains panneaux directement dans les fournaises situées sur les côtés. Et comme tout bon métier, on apprend sur le tas. Au début, les gestes en apesanteur sont fébriles, on hésite à utiliser son laser de peur de toucher une bombonne de fuel, on se force à avoir toujours la tête à l’endroit avant d’agir et on retourne acheter de l’oxygène dès la première alerte alors qu’il reste encore 90 secondes avant de commencer à étouffer.
Et puis rapidement on prend ses marques, on se fixe des objectifs clairs, on apprend à découper la structure d’un vaisseau plusieurs éléments à la fois en étant de travers (et quitte à tourner la tête devant l’écran de son PC comme quand on se penche en tournant dans un jeu de voiture). Passée la découverte du gameplay, c’est vraiment le plaisir d’une bonne journée de travail qui fait continuer le joueur et le plaisir de voir s’ouvrir la coque extérieure d’un vaisseau faisant apparaître son cœur fondant…
En toute Serenity
Alors, est-ce qu’on se lasse arrivé au dixième vaisseau qui, même si la disposition de ses salles n’est pas toujours exactement la même, ressemble beaucoup aux précédents ? Oui et non.
D’un côté oui, l’early de Hardspace : Shipbreaker ne propose pour le moment que 2 classes de vaisseaux avec à chaque fois 2/3 variantes, c’est assez peu. Rajoutons à cela que les objectifs de vos missions, très utiles pour gagner des points permettant d’améliorer votre équipement (meilleure réserve d’oxygène, plus de puissance dans son grappin pour attraper et déplacer de plus gros morceaux de vaisseaux etc), sont toujours les mêmes à savoir récupérer certains éléments précis comme le réacteur, du matériel électrique ou encore une certaine quantité de métal. Enfin, l’obtention des certifications qui permettent de travailler sur de plus gros vaisseaux et de débloquer certaines améliorations sont elles aussi parfois fastidieuses (gagner tant d’argent, récupérer tant de métal et/ou un certain nombre de moteurs etc).
Mais à côté de cela, on a déjà un jeu qui fonctionne (y compris sur un ordinateur comme le mien qui a les genoux qui lui font mal quand il pleut) et une ambiance plus que réussie. J’enchaîne les heures sur Hardspace : Shipbreaker et je ne peux m’empêcher de siffloter le générique de Firefly. Alors oui il y a moins d’action que dans la série de Joss Whedon, mais la musique du jeu, l’univers et l’impression que notre vie n’a que peu d’importance au milieu de tout ça aident à s’y croire. Rajoutez à cela les petits détails sonores comme notre casque qui passe la radio locale en cas de malfonctionnement suite à un coup de jus trop fort, ou le bruit du fuel dans les tuyaux quand on pose la main dessus pour vérifier si on risque ou pas une mort douloureuse et on s’y croirait presque.
La suite dans tout ça ? Blackbird Interactive a déjà annoncé un mode histoire plus fourni (en plus des éléments type rapports que l’on peut trouver dans les vaisseaux), des vaisseaux plus grands (et notamment des vaisseaux de guerre ! *joie intense*) et un mode compétition pour savoir quel est le meilleur recycleur de l’espace. Seule ombre au tableau, l’absence d’un mode coop (tout du moins rien de prévu avant un long moment) alors qu’on avait hâte d’accuser les autres pour l’explosion du réacteur… La retraite du ferrailleur n’est pas pour tout de suite.
L’early access de Hardspace : Shipbreaker a été testée sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Hardspace : Shipbreaker a de beaux jours devant lui. S’il n’est pas le genre d’early access qui vous fera lancer le jeu tous les matins, chacune de ses mises à jour sera l’occasion de replonger dans de nouvelles épaves avec un plaisir non dissimulé. Les bases étant solides, il ne lui manque plus que du contenu et de la diversité. Aucun regret à avoir si vous décidez de craquer avant la sortie officielle.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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