À l'instar des agents du FBI, des ennuis ou des Demoiselles de Rochefort, les jeux de course vont souvent par deux : l'arcade et la simu. Dans la famille Forza, il y a la sœur surexcitée, Horizon, partie récemment en voyage dans un Mexique en plastique, où elle hurle des "OUAIS ! TROP COOL !" toutes les cinq secondes en lançant des Hummers faire des vols planés de 50 m au milieu des flamants roses. Forcément, à côté, la grande Motorsport a l'air beaucoup plus sage.
Rassurez-vous : même si l'on n'y circule que dans les limites de circuits (réels ou imaginaires), Forza Motorsport aime aussi le vrombissement des V8 et le crissement des pneus à la limite du dérapage. Mais à sa façon scolaire : en faisant gentiment ses gammes, moteur après moteur, de plus en plus vite, et par tous les temps.
Beau comme un camion tout neuf
Jusqu'où ira-t-on dans le jeu de bagnole ? Est-ce que vous n'avez pas l'impression d'avoir déjà vu la bande-annonce ci-dessus, avec un titre différent ? Ça fait bien longtemps qu’on a atteint un cap graphique, proche du photoréalisme sans jamais vraiment l'atteindre, et qui n'évolue qu'à la marge. La sensation d'immersion dépend principalement du matériel du joueur, qu'il joue à la manette ou avec un volant chromé — et/ou en VR ; mais les développeurs de Turn 10 n'ayant aucun impact sur ce facteur, il faut bien avancer des arguments logiciels.
Reste donc l'aspect simulation. Dans Forza Motorsport 8 (officiellement Forza Motorsport-tout-court, c'est la loi des séries, au bout d'un moment on balance la numérotation à la poubelle et on fait n'importe quoi), on apprend que chaque pneu a maintenant huit points de contact avec le sol. Huit points ! À moins d'avoir une thèse en physique des solides déformables, impossible de déterminer ce que ça implique, mais c'est une jolie information à rediffuser. Mais cela ne fait que poser plus de questions. Est-ce que ça fait vraiment une différence ? Peut-être auraient-ils pu en mettre 16 ? Ou bien gardent-ils ça sous le coude pour Motorsport 9 (ou 2, ou Reloaded, selon la numérotation rebootée) ? La pression des pneus sur chaque point varie-t-elle en fonction de la vitesse de rotation de la roue ?
Assez de théorie, prenons le volant. Un peu d'embouteillage dans les menus, car il faut obligatoirement visionner quelques shots. Contre-plongée, effet doppler, comme consigné dans la Charte Officielle du Vidéaste Automobile. Elles sont là, rutilantes et colorées comme d'alléchants petits bonbons. Pourquoi faut-il absolument que les jeux automobiles ressemblent à des boîtes de Haribo ? De mon temps, les jeunes savaient s'amuser avec une boîte de conserve rouillée (littéralement, car le meilleur jeu de course disponible était Pod).
Fauteuil roulant turbo sport injection
Je râle pour le plaisir de faire mon vieux, mais j'avoue être soulagé de constater la relative sobriété de Motorsport par rapport à Horizon. Ce qui ne veut pas dire austérité : sur le marché de la simulation automobile, Motorsport n'est peut-être pas la plus pointue, mais elle a mis le paquet sur l'accessibilité. Au point que la principale difficulté est… de trouver le bon réglage de la difficulté. Elle se décline en deux panneaux : celui de l'assistance qui aide au comportement de la voiture, allant d'un affichage de la trajectoire jusqu'à freiner toute seule dans les virages et celui de la difficulté proprement dite détermine le comportement des concurrents et le degré d'application des règles.
Ne vous laissez pas juger par monsieur Internet, qui va vous dire que vous ne jouez pas correctement tant que vous n'avez pas tout désactivé. Ici, on accueille tout le monde, y compris les gens qui ne savent pas prendre un virage. Au contraire, certains outils ont un aspect pédagogique non négligeable, par exemple l'indicateur de freinage. Il sera toujours temps de le désactiver plus tard, avec la joie de se débarrasser de cette béquille. Personnellement, je n'ai toujours pas désactivé la possibilité de rembobiner, parce que j'ai toujours l'impression d'apprendre quelque chose.
Vous savez quoi ? On va aller encore plus loin et tester le mode non-voyant. Car oui, on peut jouer à Motorsport à l'oreille. Il faut ouvrir un troisième panneau, indépendant des deux précédents et encore une fois configurable à l'envi. À commencer par la voix automatique qui vocalise tous les menus (elle galère un peu dans le menu des voitures, lorsqu'il s'agit d'ânonner "2018 Subaru #1 Adrian Flux Subaru Racing Levorg GT"). Sur la route, le joueur est guidé par une panoplie de signaux tous débrayables : le bruit du moteur s'oriente vers la trajectoire idéale ; des bips signalent les limites de la piste, et des tops les virages ; virages qui sont préalablement annoncés par une copilote, comme sur un rallye. N'ayant moi-même pas de handicap autre qu'un bandeau sur les yeux, mon ressenti est évidemment biaisé ; les premiers virages n'ont pas été tendres, même en réactivant une forte assistance. Mais avec un peu de persévérance, on finit par prendre le coup, et c'est une véritable fierté de finir son premier tour. Bref, le système fonctionne véritablement, même s'il n'est pas parfait : il m'est toujours difficile de localiser précisément les concurrents — il est heureusement possible de désactiver les collisions.
Qu'est-ce qui pousse plus vite que cinq troènes ?
Sinon. Que dire. Bah, c'est un jeu de voiture quoi, est-ce qu'on a vraiment besoin de détailler ? On peut jouer contre le monde entier, ou contre des fantômes, ou avaler de la piste en solo. Quoi qu'on fasse, qu'on double un concurrent, qu'on parcoure un bout de route, on est toujours récompensé en "crédits" (pour acheter d'autres voitures) et en "expérience" pour la voiture (parce que tous les jeux sont des RPGs maintenant, c'est comme ça, c'est pas moi qui fais les règles). Le mode solo principal (la Coupe des constructeurs, ça rend moins bien que la Builder's Cup de la V.O.) propose sans surprise une progression dans les différentes catégories de bolides. On peut regretter que ladite progression ne soit pas plus ouverte au début, forçant à démarrer par des catégories bien précises alors qu'on aimerait tester tout de suite les championnats vintages, mais c'est un détail qui se règle assez vite.
Car, en pratique, les courses de la Builder's Cup ne sont jamais bien longues, même en comptant les trois tours d'essai — qui ne sont pas inutiles, ne serait-ce que pour s'adapter aux conditions climatiques. On a donc plaisir à relancer le jeu régulièrement, ne serait-ce que pour une course ou deux. Toutes les 5 ou 6 courses, on passe sur une nouvelle bécane au comportement nouveau, que l'on a plaisir à apprivoiser. Avec ses 500 véhicules de tous âges, la durée de vie est large. On peut discuter de la maigre quantité de circuits (une vingtaine, avant les inévitables DLCs)… mais comme il faut les apprendre par cœur, j'avoue que je suis plutôt satisfait de cette carence. Il deviendrait presque ce jeu-doudou qu'on garde indéfiniment sur son disque… n'étaient ces 130 Go qui pèsent franchement lourd sur le SSD. Ce qui boucle avec la question plus haut : donnez-moi un jeu moche, donc plus léger, et je le garderai avec plaisir.
Forza Motorsport a été testé sur PC via une clef fournie par l'éditeur. Il est également disponible sur Xbox Series.
D'accord : Forza Motorsport pas numéro huit est un bon jeu de voitures. Peut-être pas le plus réaliste, ni le plus rigolo, mais il distribue parfaitement son cocktail d'adrénaline avec un trait de dopamine. Est-ce qu'il vaut pour autant ses 70 € ? Difficile à dire, d'autant qu'on peut s'offusquer de voir que la précédente génération — donc Motosport 7 — n'est plus disponible à l'achat pour des raisons de "licences" opportunément "expirées"…
Les + | Les - |
- Beaucoup de voitures | - Beaucoup trop de voitures |
- L'accessibilité travaillée | - Un prix réservé au passionnés... ou aux abonnés Game Pass |
- La Builder's Cup agréable à parcourir |
glau
Se perd dans des mondes ouverts, dans les rouages de sa propre usine ou dans le fracas des chars, mais trouve toujours un petit chemin de fer pour rentrer.
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