Football Drama est sorti le 18 septembre dernier. Un jeu qui souhaite à la fois proposer une façon alternative de parler football, mais aussi en faire une subtile critique. De belles promesses difficiles à tenir.
En effet, au rang des projets improbables sur le papier, Football Drama remporte un magnifique trophée. La raison : un speech de base qui le présente comme une aventure narrative sur l’univers du football, le tout saupoudré d’un petit côté gestion. Pas de chance, le trophée est en fait une coupe en plastique achetée sur Wish. Résumé du match.
Première mi-temps :
J’affronte aujourd’hui Football Drama dans le magnifique Pixel Post Stadium.
L’optimisation est faite sur mobile mais les développeurs ont bien adapté le jeu à la version PC, avec quelques informations supplémentaires. Aucun changement par rapport à la narration qui est quand même censée être centrale, donc c’est cool. À noter, il est possible d’ailleurs de lancer uniquement un mode match plutôt que le mode narratif, mais comme vous le lirez plus tard, ce n’est pas quelque chose que vous aurez envie de faire, croyez moi.
La partie démarre et Football Drama débute une belle phase de jeu. De bons efforts sur la direction artistique. Des graphismes plutôt sympas typés bande-dessinée, qui dénotent déjà avec le sujet sportif choisi. Cet avantage se confirme par une ambiance sonore très jazzy qui me charme.
Un bel échange de passes qui termine par un plat du pied, je suis battu. 1-0 pour Football Drama. Il y a de l’envie et le jeu paraît s’être donné les moyens d’obtenir la victoire.
On arrive au cœur de la première période et le travail tactique de Football Drama se dévoile dans la narration. Celle-ci est introduite par le personnage principal parlant à son chat. Il lui lance des phrases un peu mystico-philosophiques sur la vie et le football. Le chat répond. Pourquoi pas. Quelques choix viennent ponctuer les premiers dialogues. Puis on rencontre certains des autres personnages. Le propriétaire du club, un milliardaire russe, déjà. Puis sa femme. Là encore, quelques choix à effectuer mais rien ne vient directement indiquer une orientation ou une autre dans le jeu.
Des références rapides à l’univers réel du football sont parfois proposées. Le but ? Une critique du milieu du football, et notamment les pratiques douteuses qu’il y a autour. Le plus évident est le personnage de Septic Splatter, président de la THIEFA. Vous aurez sûrement reconnu ici Sepp Blatter, président déchu de la FIFA. D’ailleurs le terme « THIEFA », remplaçant dans le jeu la FIFA, vient de THIEF, voleur en français. La relation tendue entre notre personnage et Septic Splatter sert de fil rouge au fond polémique du jeu, mais ça n’est jamais très subtil ou développé.
Quelques moments mystiques viennent parfois s’incruster, notamment avec le Livre des Changements, dont l’intérêt semble être de pouvoir modifier notre alignement pour ajouter un point en Karma (bon) ou en Kaos (mauvais). Deux voies dont on ne saisit jamais vraiment l’impact. Surtout qu’il y a normalement 24 fins différentes…
Percée dans les lignes adverses et les filets de Football Drama tremblent, j’égalise, 1 partout.
Mi-temps
Présentons pendant la pause l’aspect purement football de Football Drama. Ainsi, on retrouve les graphismes minimalistes chers à de nombreuses simulations sportives. Mais la comparaison s’arrête là. Les développeurs l’avaient annoncé, le côté gestion est minimal et les consignes tiennent à deux commandes qui changent de nom selon que notre équipe a la balle ou non.
La partie football a à peine montré ses premières mécaniques que l’on sent un problème arriver. L’ultra simplification pourrait ne pas être un souci si tout n’était noyé dans une mer de variables inutiles dès que l’on y regarde de plus près. Si on prend l’exemple de la puissance, elle est censée être augmentée par les entraînements d’avant-match (un rapide choix d’options). Sauf que je n’en ai jamais vu les conséquences réelles et la puissance paraît varier un peu de manière aléatoire, y compris pour l’adversaire. Mais ce n’est pas si gênant, l’incidence que cela a sur le déroulement du match ne m’ayant pas sauté aux yeux.
L’utilisation à ce titre des cartes que l’on remporte après les matchs est une véritable blague. Elles sont censées offrir des bonus qui agissent sur les nombreuses variables des matchs, mais dans la réalité, c’est impossible d’en ressentir les effets. Surtout que ces fameuses variables ne sont pas non plus très claires…
Faisons le point avant que les joueurs ne reviennent sur la pelouse. La narration souffre de certaines limites de conception. Le tout est heureusement sauvé par des graphismes sympas et une bande sonore jazzy qui m’a plu. Mais le départ sur la partie purement football laisse craindre le pire.
Retour au match. Le score est Football Drama 1, Veltar 1.
Seconde mi-temps
Dès le début de la seconde période, impossible de ne pas voir les failles dans la défense de Football Drama.
Comme je l’ai dit, la découverte du jeu laissait présager une vision totalement alternative du football, mais ce n’est pas le cas. Pire, sur certains points, les poncifs du jeu de foot sont repris en pire. Et il y a un point sur lequel il dépasse en agacement Fifa ou PES : les commentaires. Immanquablement répétitifs dans ces derniers, la boucle de remarques des deux commentateurs tient ici quasiment à une petite dizaine de répliques. Mention spéciale au mec avec la chemise à fleurs qui atteint le rang Jean-Luc-Reichmann-dans-Fifa-98 sur 20.
Superbe action qui se termine par une reprise de volée. Elle part en pleine lucarne. 2-1 pour moi.
Tant que je suis sur l’aspect répétition, j’en profite pour revenir sur l’enchaînement des matchs. J’ai évidemment tout donné pour terminer le championnat (18 matchs, un cauchemar rébarbatif). Par chance, j’ai réussi à atteindre la première place du premier coup. Le système de fatigue m’a semblé être le seul que l’on puisse de façon claire influencer donc j’ai fait mon maximum pour l’utiliser au mieux. Comme pour l’utilisation des cartes de techniques, peut-être que ça a joué. Peut-être pas. Oui, on en est à ce niveau de gameplay hasardeux.
Frappe de 30 mètres et but. Je mène 3-1.
Le match se termine et Football Drama est à bout.
Pour le beau jeu, j’ai laissé une dernière chance à Football Drama, en relançant une partie. Mon objectif était d’accéder à une autre fin en me faisant virer, mais rien que l’idée de devoir subir à nouveau de nombreux matchs avant que cela n’arrive finit par me faire stopper le jeu.
Une contre-attaque menée avec efficacité et c’est le but. 4-1. Une belle victoire mais une purge vidéoludique.
Football Drama a été testé sur PC, via une clé fournie par l’éditeur.
Fin du match : quelle déception ! Je ne l’attendais pas comme la grosse surprise indé de l’année, mais quand même… D’autant que sa direction artistique typée BD et son idée de proposer autre chose pour le football que de la simu ou de la gestion pure laissait au moins quelques espoirs. Sauf que sous ce bel emballage, on a un gameplay douteux, des interactions lentes sans intérêt et enfin une intrigue inintéressante. C’est pas toujours facile d’être dur avec des petits studios, mais là, difficile de faire autrement.
Bilan : Relégation.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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