Floodland est une nouvelle entrée dans le genre des city builders de survie en milieu hostile. Le milieu hostile étant ici : un monde dans lequel le réchauffement climatique a fini son travail.
Les city builders à la Banished sont à la mode. Adoptant généralement un style médiéval ou médiéval fantastique, depuis quelques années, le genre fait une entrée dans le post-apocalyptique. Après Surviving the Aftermath et Frostpunk, Floodland de Vile Monarch vous propose de construire votre colonie dans un monde ravagé par la montée des eaux. On ne sait pas réellement ce qui a provoqué cette apocalypse et si les mots "changement climatique" ne sont jamais prononcés, les joueurs un minimum attentifs comprendront que le sujet n'est pas "ohlalala qu'est-ce qui a bien pu produire cette catastrophe", mais plus "comment des communautés peuvent se reconstruire après la Chute". Floodland se concentre principalement sur l'aspect sociétal et politique de la gestion de colonie, sur comment des groupes aux idéologies différentes peuvent construire un avenir commun dans un monde détruit. Hélas, le jeu est handicapé par d'énormes problèmes de performance et de rythme.
Politic-eau
Dès le début, Floodland se place de manière quelque peu différente de ses congénères dans le genre du city builder. Là où traditionnellement les seuls choix avant de lancer une partie sont le type de carte et deux ou trois options de difficulté (multiplicateurs de ressources ou régularité des catastrophes), ce jeu vous demande avant tout de choisir votre faction. Chaque faction représente des idéologies différentes dans le monde post-apocalyptique, du traditionaliste à l'utopiste, en passant par l'autoritaire ou l'anarchiste. Le ton est donné : Floodland sera politique. Non pas dans le sens où le jeu cherchera à faire passer un message ou une idéologie, mais dans le sens où il vous laissera le choix de votre politique. En effet, trop souvent les jeux de gestion/survie ont tendance à traiter vos colons comme des stats, des simples machines à récolter des trucs pour faire monter des machins. Pas ici. Ici, vos petits personnages ont des opinions, des avis sur votre gestion et ils n'hésiteront pas à vous le faire comprendre.
Comme dans tous les jeux du genre, au fil de votre partie, vous gagnez de nouveaux colons, ici en explorant la map pour trouver des poches de survivants et des ressources rares. Si dans un Banished, ils ne sont que de la main-d'œuvre en plus, ici, ils sont également une nouvelle force politique. Arrivant de chacune des trois autres factions, plus votre colonie grandira, plus il faudra prendre en compte leurs désirs. Et l'équilibre des forces peut changer du tout au tout par une arrivée massive de survivants d'une autre faction. C'est là qu'entre en jeu ce qui fait la spécificité de Floodland par rapport à ses congénères : le système de lois. Dans le jeu, les bâtiments de loisirs ne remplissent pas qu'un besoin, ils vous donnent de l'influence. Influence que vous pouvez dépenser dans des lois qui vous confèrent des bonus ou des malus. Clairement inspirées de Frostpunk (en un peu moins sombre tout de même), ces lois seront vos outils pour satisfaire les groupes d'intérêt de votre colonie. Si les autoritaires seront contents quand vous mettrez en place une force de police, les anarchistes, eux, ne le seront pas. À vous de trouver l'équilibre entre les factions, en fonction de vos besoins législatifs.
Par exemple : vous avez un manque d'eau potable (ce qui est ironique dans un monde inondé). Vous pouvez faire adopter une loi "Rationnement de l'eau", mais attention, cela déplaira aux survivants qui ne sont pas fans du concept de restriction des libertés individuelles. Mais le fait est que vous êtes en manque d'eau et que si vous ne faites rien, personne ne sera content et les morts commenceront à se multiplier. Comme dans la vraie vie, la politique est un jeu d'équilibriste entre besoins et opinion publique. Un joueur pragmatique, qui ne cherche qu'à optimiser, ne pourra pas avancer correctement, car il verra sa colonie souffrir de troubles publics, voire de départs de certaines catégories de colons. C'est un système très rafraichissant dans le milieu des jeux de gestion qui, comme je le disais, ont tendance à oublier l'aspect humain, qui n'est pas toujours rationnel. Évidemment, ce n'est qu'une modélisation sommaire de mécaniques complexes et pas franchement modélisables dans un simple jeu vidéo, mais c'est un bon système.
Arrête de ramer, t'attaques la falaise
Par contre, c'est bien beau la politique, mais comment se joue le jeu en lui-même ? Est-ce qu'à côté de cet aspect politique et sociétal, Floodland est un bon jeu de gestion ? D'un point de vue de pur gameplay : oui. On y retrouve tout ce qui fait un bon jeu de gestion/survie. Vos ressources sont limitées et vous devrez équilibrer croissance avec production, en particulier en ce qui concerne la nourriture. Vos points de collecte de nourritures sont limités (mais renouvelables), il faudra donc vraiment varier la collecte au début avant de débloquer des fermes. Se reposer sur un seul type de nourriture est une recette pour un désastre avant même d'avoir réellement commencé votre partie. Pas particulièrement difficile, Floodland peut quand même très vite faire s'effondrer votre colonie sous la pression démographique et il faudra être très attentif à votre équilibre de production en ressources de première nécessité. Ajoutez à cela des mécaniques d'épidémies et vous serez sur le fil constamment, sans pour autant avoir l'impression que le jeu cherche à vous piéger comme dans un Banished.
Contrairement à d'autres jeux de gestion en revanche, Floodland ne vous propose pas concrètement de mode bac à sable. Vous suivrez toujours la même histoire dans des maps similaires. Ce qui est à la fois une bénédiction pour les joueurs qui ne savent pas trop par où commencer dans les jeux de gestion, mais aussi une malédiction pour la rejouabilité. Une fois que vous avez terminé l'histoire, vous n'avez que peu de raisons de relancer le jeu pour recommencer une colonie. Cet aspect narratif provoque aussi un certain ventre mou au milieu de partie. Une fois que votre colonie tourne bien, il ne vous reste plus qu'à finir l'histoire. Cependant, il n'est pas toujours facile de savoir comment remplir les objectifs. J'ai, par exemple, mis des mois en jeu à trouver comment débloquer l'objectif "trouver l'usine abandonnée" alors que je la voyais très bien, mais il fallait attendre que la génération aléatoire accepte de me la mettre comme objectif d'exploration. Du coup, pendant quelques heures, je me contentais de regarder les ressources monter et améliorer graduellement la colonie sans que j'aie grand-chose à faire. Mais je l'ai déjà dit dans mon test de Per Aspera : globalement, je ne suis pas fan de narration dans mes jeux de gestion, je trouve que ça casse toujours le rythme.
Bon par contre, il faut que je sois honnête sur Floodland : en l'état le jeu n'est pas satisfaisant sur les performances. Je n'évoque que rarement ce sujet dans mes tests, car je trouve que trop souvent les testeurs de jeux vidéo font passer le "comment il tourne" avant le "comment il se joue" dans leurs critiques et que je ne trouve pas ça intéressant. Mais là, il faut évoquer le sujet parce que le jeu a des performances absolument abyssales. À titre de comparaison : mon PC fait tourner Flight Simulator ou encore le récent A Plague Tale : Requiem en ultra à plus de 60 FPS et ce sont des jeux très gourmands. Floodland, lui, dépasse à peine les 50. Et ce, quand je suis loin de la colonie. Lorsque je place la caméra au-dessus, ça s'effondre parfois en dessous de 30, voire 20 FPS. Le jeu est joli, mais rien qui ne justifie ce genre de performance. Impossible de réellement savoir d'où viennent ces soucis d'optimisation. CPU, carte graphique, utilisation de la mémoire ? Je ne sais pas, tout ce que je sais, c'est que même en baissant la qualité, ça n'augmente pas vraiment. De manière rassurante, les développeurs ont déjà sorti quelques patchs qui apparemment améliorent la situation, même si je n'ai pas précisément constaté de visu ces changements. Gardez donc à l'esprit qu'en l'état, le jeu ne tournera pas correctement sur des configurations modestes, voire ne tournera pas tout court.
Floodland a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Floodland est un bon jeu de gestion. Les mécaniques de politique et de gestion de la société de votre petit microcosme sont très clairement la meilleure idée du jeu, et c'est un plaisir à jouer. De même, la gestion de ressources et d'équilibre démographique est une mécanique qui fonctionne toujours pour peu que vous y soyez sensible. En revanche, la narration tend à casser le rythme du jeu, mais surtout les performances ne sont pas au rendez-vous. Après quelques patchs, le jeu sera très probablement un très bon jeu pour combler vos envies de gestion, mais en l'état, difficile de réellement le recommander tant il tourne mal sur des configurations qui devraient le faire tourner sans aucun souci.
Les + | Les - |
- Le système politique et de factions | - Les performances |
- La gestion globale | - Un ventre mou en milieu de partie |
- L'exploration est sympa | |
- Le style graphique |
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