Il était une fois, dans le très lointain Royaume de Suède, un studio composé de deux développeurs, Greena Games, qui lança un city builder sur le thème des contes de fées en accès anticipé et ce fut le début d’une belle aventure. D’accord, c’était un peu facile comme intro, mais ça m’a permis de redécouvrir que la Suède est une monarchie. Trêve de babillages, que vaut l’accès anticipé de Fabledom et est-ce que la suite laisse envisager une fin de type « Ils vécurent heureux » ? Sans prétendre connaître le futur, je dirais que c’est tout à fait envisageable et qu’à l’heure actuelle, Fabledom est un accès anticipé, certes assez court, mais qui possède une base solide et pleine de promesses.
Je ne suis pas très familière du concept d’accès anticipé, j’en connais principalement ce qu’en disent mes camarades sur The Pixel Post, autant le bon, que le mitigé, que les problèmes lorsque le concept est utilisé à mauvais escient. Même si je n’ai rien contre le principe, je préfère que le jeu soit complet, car plus que le fait de ne pas aimer parier sur la réussite à long terme d’un titre, c’est surtout la frustration occasionnée que je gère mal, lorsque l'expérience est prometteuse et je ne suis pas la seule à avoir ce problème. Je me suis donc lancée dans Fabledom avec autant la peur de tomber sur un accès anticipé bancal, voire cassé, que celle d’avoir à attendre la suite. Il n’y a pas beaucoup de suspense, car je l'ai dit en intro, mais la structure d'un conte de fées est après tout très attendue, Fabledom fonctionne très bien. Aucun bug à signaler, le système de base est solide et équilibré et le thème des contes de fées (et du folklore européen), dans une version qui rappelle davantage Shrek que Blanche Neige, bien qu’un peu plaqué sur un système relativement classique, est assumé et lui permet de se démarquer de la masse des city builders.
Pas besoin d'embrasser des crapauds
Sur le principe, Fabledom propose un concept assez classique : il faut abriter ses habitants, cultiver de la nourriture et répondre aux besoins de sa population. À cela s’ajoute(ra) un système de diplomatie/quêtes avec les royaumes voisins et un héros qui peut aller interagir avec les ruines et les personnages fabuleux qui squattent votre carte, rappelant un peu les héros dans Le Maître de l'Olympe : Zeus. Pour rester dans son ambiance de conte de fées, Fabledom nous invite à trouver le prince ou la princesse avec qui vivre heureux et sans doute avoir beaucoup d’enfants si on le souhaite, grâce à un système de cour et de cadeaux à faire parvenir à l’élu·e de son cœur.
Si le système de base est classique, ça ne l’empêche pas d’amener quelques twists modernes. D’abord, et c’est tout bête, Fabledom vous laisse le choix d’être un prince, une princesse ou un·e altesse et de chercher à courtiser le genre de votre choix ou les deux. C’est de plus en plus fréquent, mais toujours bienvenu. Dès le début, Fabledom indique également qu’il est possible de gagner la partie par la guerre ou par l’amour, ce qui amène à penser que la voie diplomatique est envisageable pour les gens qui n’aiment pas tellement se battre et pour celles et ceux qui auraient envie d’essayer autre chose. Ensuite, les habitant·e·s de votre village se divisent en trois castes, les paysans, les roturiers et les nobles et chacun aura besoin d’habitations différentes et chacune de ces castes a un rôle à jouer dans votre cité (du moins les paysans et les roturiers, les nobles ne sont pas présents à ce stade de l’accès anticipé). Pas terrible pour la mobilité sociale, mais ça rajoute un peu de complexité dans la gestion des espaces.
Les événements, le narrateur qui nous accompagne et nous donne quelques conseils ou commente ce qui se passe, brisant à tout crin le quatrième mur, ainsi que les noms et descriptions, tout mise à fond sur l'univers des contes de fées. Si ce n’est pas totalement inédit et que certaines choses sont un peu attendues, ça fonctionne, oui même la blague de la baguette qui rétrécit parce qu’il fait froid. Tout, jusque dans la description des décorations, joue sur ce côté légèrement ironique et loufoque, soulignant parfois l’absurdité inhérente à ce genre d’univers tout en restant bon enfant et en ne cédant pas au mauvais esprit. L’esthétique entre cartoon et pâte à modeler, sans être incroyablement remarquable, est soignée et s’accorde très bien avec le ton et le thème. Il faut aussi noter que Fabledom n'est pas un city builder très punitif et n'hésite pas à vous donner un coup de pouce si les ressources viennent à manquer par le truchement du Père Noël ou d'un bienfaiteur secret, après tout c'est aussi ça l'esprit conte de fées.
Anne, ma sœur Anne, que vois-tu pour la suite ?
À l’heure actuelle, l’accès anticipé ne permet une expérience de jeu que de 3-4 h (ou le double, si comme moi, vous avez tellement mal géré votre premier essai que tous vos fablings ont commencé à mourir de faim), mais l'ensemble fonctionne et propose même la première quête d'une série destinée à séduire le prince ou la princesse de ses rêves. Malgré les bâtiments et les ressources manquantes, il est possible de construire un village qui tourne bien. Il est également possible de s'amuser sans les quêtes avec un mode bac à sable où tous les bâtiments disponibles sont débloqués.
Il faut être honnête, il est assez facile de repérer ce qui manque : la carte du monde est un peu vide, les événements ont tendance à se répéter, le héros n'a pas beaucoup d'utilité et certaines étapes sont un peu longues, car il manque des bâtiments et des quêtes pour agrémenter le tout et ne pas juste attendre bêtement le prochain arrivage de fablings. Ceci dit, le studio a d’ores et déjà publié une feuille de route, sans calendrier, mais avec une description assez précise des étapes devant mener à la sortie d'accès anticipé.
La prochaine mise à jour devrait donc apporter les mécaniques militaires, qui sont pour le moment totalement absentes et des nouveaux souverains sur la carte du monde, ainsi que la quête suivante pour séduire votre grand amour. Par la suite, les mécaniques de commerce, de diplomatie et des nouvelles ressources devraient être introduites, suivies par des nouveaux personnages de contes de fées, le troisième rendez-vous galant et des nouveaux bâtiments, puis le mariage, le château et des nouvelles ressources. La suite des réjouissances n’est pas encore connue, mais ce programme permet d’être plutôt optimiste quant à la suite des choses et même si Fabledom venait à ne pas tenir toutes ses promesses, le résultat final devrait être dans le pire des cas un jeu solide et correct.
Fabledom a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Est-ce que Fabledom sera une révolution à sa sortie définitive ? Peut-être pas, mais à l’heure actuelle, son accès anticipé promet un jeu solide, bien rodé, astucieux et misant sans complexes sur son univers féérique. Avec une expérience ramassée de 3-4 h, cet accès anticipé n’est probablement pas à recommander aux plus impatient·e·s, mais pour les autres, c’est une bonne façon de soutenir le développement en passant un bon moment avec la quasi-certitude que la suite ne devrait pas décevoir.
Les + | Les - |
- Des bases solides et un concept prometteur | - Assez court à ce stade de l'accès anticipé |
- Le thème des contes de fées pleinement assumé… | -… mais parfois un peu plaqué |
- Une DA agréable et soignée | - Manque encore un peu de contenu |
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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