En Garde! s’est révélé au Future Game Show il y a quelques mois de cela. Une production indépendante française dont le premier trailer donnait envie d’en voir plus. Pour certain(e)s (dont moi), la démo a permis de se faire une première opinion plus que positive. Restait à savoir si le jeu complet allait confirmer ou non ces signaux. Alors, prêts ? En Garde!
À noter avant d’en arriver à la critique que En Garde! part d’un projet étudiant. Celui-ci a donc bien grandi, et a même récolté le soutien du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) et de la Métropole de Montpellier. Les 8 co-fondateurs de Fireplace Games se sont tous et toutes rencontré(e)s à Supinfogame Rubika et d’autres personnes ont rejoint le studio afin de prêter main-forte à la conception du jeu. Beaucoup ont des expériences précédentes, mais En Garde! constitue le premier titre commun sous la bannière Fireplace Games et disons-le tout de suite : c’est une belle réussite.
Humour et ambiance
La réussite la plus évidente, c’est au niveau de l’ambiance haute en couleur. Déjà avec les quatre personnages principaux. D'abord l’héroïne que l’on incarne, Adalia de Volador, connue dans toute la ville pour ses talents d’épéiste hors pair, mais aussi pour sa confiance en elle et son sens de la provocation en toute circonstance. On a ensuite son frère, Alejandro, qui apparaît surtout sous le masque du grandiloquent El Vigilante (mais comme il le rappelle régulièrement, ce n’est pas du tout lui, il s’agit d’une tout autre personne bien évidemment). Puis c’est au tour de Zaïda, une mystérieuse épéiste tendance piraterie, qui possède un lien particulier avec Adalia. Enfin, tout héros a son méchant, et ici, il s’agit du Comte-Duc. Vilain caricatural, il n’a qu’une volonté : gagner en pouvoir et en richesses. Son personnage est d’ailleurs basé sur un vrai noble espagnol : Gaspar de Guzman ou Comte-Duc Olivares.
Jusque-là, on a seulement des personnages qui rentrent dans des cases classiques. Ce qui change la donne, c’est l’aspect humoristique. Celui-ci est omniprésent dans les échanges, dans les remarques et références diverses et multiples. Certes, certaines sont récurrentes et se répètent, mais on aura de temps en temps des surprises, avec des gardes parfois apeurés, parfois trop sûrs d’eux, et il arrivera même d’entendre quelques conversations au détour d’un couloir. Le format calqué sur les séries (chaque chapitre est présenté comme un épisode) et les mises en scènes des combats grâce à l’utilisation de nombreux éléments du décor viennent renforcer cette idée.
Hormis l’humour, l’excellente ambiance est également le fruit d’un très bon travail de direction artistique et d’un choix efficace pour la bande-son. Pour la direction artistique, ça passe par des environnements détaillés et colorés et des personnages juste ce qu’il faut de cartoonesques. On se sentirait presque à certains moments dans un spin-off de Sea of Thieves tant cette sensation de comique transpire du jeu. Pour la bande-son, les musiques composées par Jean-Claude Charlier fonctionnent à merveille, avec des sonorités hispaniques faisant la part belle au flamenco. Tout cela donne un rythme sympathique et entraînant, chose qu’on va retrouver encore davantage dans les combats, véritable cœur d’En Garde!.
Combats flamboyants
Plusieurs éléments font des combats de En Garde! quelque chose de vraiment vivifiant en termes de gameplay et de jouabilité. Le premier, c’est tout bêtement la simplicité. Comme cela se fait souvent, le début du jeu s’accompagne d’un petit tuto en même temps que l’histoire est posée, et les premiers déplacements et coups que l’on peut porter avec Adalia s’assimilent très rapidement. Une esquive, une roulade, un coup de pied, un contre et une attaque, voilà pour les bases. On a aussi un saut qui servira surtout pour les phases de plateformes ; mais pas seulement, on en reparle un peu après. Le tout offre une prise en main plutôt arcade, bien loin des standards communs et totalement en adéquation avec l’ambiance générale du titre. Il faudra parfois faire attention quand même lorsque l’on est trop proche de certains murs, la caméra peut avoir tendance à choisir un angle inattendu.
Le deuxième élément, c’est le dynamisme. En Garde! n’hésite pas à vous mettre face à des petits groupes d’ennemis qu’il faut gérer habilement si vous ne voulez pas être dépassé. D'autant que la focalisation sur un individu précis peut, de temps en temps, être capricieuse. Heureusement, toujours dans cette idée du côté arcade des affrontements, les duels s’enchaînent vite et on peut facilement s’extraire d’un combat dans lequel les coups deviennent difficiles à parer et à esquiver. Les différents types d'adversaires (avec armure, avec plusieurs styles de combat : au corps à corps, à distance, etc.) obligent à être toujours en mouvement et à s’adapter dans la manière de combattre. Tous ne demandent pas les mêmes esquives et contres par exemple, et il faut parfois user du saut pour atteindre de meilleurs endroits. Quelque chose qui nécessite ainsi d’être inventif dans la façon de se servir de l’environnement.
Le troisième et dernier élément, c’est la créativité. Comme je l’ai expliqué au-dessus, n'hésitez pas à vous sortir d’une mêlée dangereuse plutôt que de forcer le combat. Et pour cela, dans En Garde!, votre capacité d’adaptation sera régulièrement sollicitée : utilisation d'un seau pour aveugler un ennemi et vous focaliser sur un autre, mettre un coup de pied dans une grande table pour repousser deux adversaires trop agressifs, étourdir une grenadière qui bombarde la zone le temps d’arriver à porter, faire exploser un canon pour vous défaire d’un groupe de soldats trop rapprochés, et bien d’autres idées. Cela dépend des objets disponibles et aussi de l’endroit lui-même, car l’approche pourra différencier selon que vous êtes dans un espace exigu ou non. Toute cette inventivité est en plus récompensée puisqu'elle fait croitre votre jauge de panache, offrant des compétences spéciales : l’une est un coup de pied puissant, une autre est une attaque de zone qui met au sol les ennemis qui se trouvent devant vous, et la dernière est une attaque puissante sur un adversaire précis.
Nouvelle passe
On a vu l’ambiance et le gameplay. Terminons un peu sur ce qu’En Garde! nous propose comme expérience globale. Comme expliqué au début de cette critique, le titre de Fireplace Games a une narration découpée en épisode. À la fin de chacun d’eux, on a un petit récapitulatif de statistiques avec, par exemple, le temps passé dans le niveau, les secrets découverts ou le nombre de morts. Un potentiel de rejouabilité voire de speedrun intéressant, d’autant que la difficulté peut aussi être augmentée ou diminuée selon que l’on veut plus ou moins de défi, peu importe le moment de l’aventure (trois niveaux de difficulté). Que celles et ceux qui veulent une expérience la plus accessible possible ne craignent rien, vous trouverez dans les paramètres de quoi vous faire plaisir et vous amuser en niveau bébou.
À côté de l’aventure principale, un mode arène est disponible. Offrant plusieurs degrés de difficulté à débloquer : cadet, maître, héros et enfin légende. Ce qui change, c'est le nombre d’arènes à enchaîner sans mourir, leur niveau de difficulté global et la puissance du boss final. Un petit côté hasard est également présent puisqu'à chaque arène les ennemis bénéficieront d’un bonus aléatoire et il nous faudra choisir un avantage parmi trois. C’est un ajout vraiment cool pour quelque chose qui pourrait être juste un bonus de contenu, même si ça peut vite être frustrant de mourir à la fin de la dernière arène et de devoir tout enchaîner (mais ce n'est pas là un peu le but de ce mode ? Je crois que si).
En Garde! a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Avec sa sortie mi-août entre Baldur’s Gate 3 et Starfield, et sa durée de vie contenue (entre 6 et 8 heures environ), En Garde! offre un peu de fraîcheur en cette fin d’été. D’une part dans ce qu’il est : pas d’arbres de compétences, de quêtes infinies ou de gestion d’inventaire. On est là pour de la bagarre virevoltante et c’est ce que le jeu nous offre. D’autre part, dans son style : exit l’heroic-fantasy et la SF, on est sur de l’humour récurrent et bien dosé, le tout dans un cadre insulaire aux décors colorés. Clairement un excellent jeu, en plus totalement adapté à l’ajout de potentiels futurs contenus (ce que j'espère).
Les + | Les - |
- Humour léger et bien dosé | - Aventure un peu courte |
- Direction artistique colorée | |
- Combats funs et dynamiques |
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