Il n’y a pas grand-chose à dire sur les origines d’Eastshade car il y a peu d’informations. On peut dire que c’est un jeu d’exploration fait par un studio bien discret qui porte le même nom que son oeuvre. Il semblerait aussi que ce soit une suite plus développée de leur premier titre, Leaving Lyndow, qui parlait du départ d’une jeune fille pour intégrer la Guilde d’Exploration Maritime et où il s’agissait de visiter une dernière fois ses lieux préférés et faire ses adieux à des êtres chers. Un concept que l’on retrouve dans Eastshade, mais différemment : l’adieu est déjà fait et les lieux préférés à visiter sont ceux de quelqu’un d’autre.
Car l’on joue une artiste itinérante, qui visite Eastshade pour la première fois afin d’honorer la mémoire de sa mère et peindre ses endroits préférés. Il s’agira en chemin de faire connaissance avec les habitants, leurs lois, leurs coutumes, leurs traditions et de les aider à résoudre quelques petits problèmes. Un concept simple donc, sans violence, sans surprise désagréable. Juste une balade dans un univers calme. En principe en tout cas.
L’hospitalité, c’est pas votre fort
Notre arrivée à Eastshade n’est pas de tout repos. Le bateau qui nous transportait a coulé, mais fort heureusement, nous sommes sauvée par un habitant qui nous fait trouver refuge dans une caverne. Mais soyez rassurés, tout ce que j’ai dit auparavant reste vrai : pas de violence, pas de surprise désagréable. Il se trouve que tout le monde va bien et que la caverne n’est qu’un prétexte pour que nos premiers pas sur Eastshade soient aussi surprenants que possible. La première sortie, sous le soleil radieux et dans la végétation foisonnante, fait directement son petit effet et on ne peut que se dire que l’on va vivre une aventure fort agréable. Enfin, jusqu’à ce que l’on arrive à Lyndow et que l’on parle aux premiers habitants (qui sont au passage des animaux anthropomorphes). Je suis peut-être un peu susceptible, mais la moitié des habitants de cette ville sont imbuvables. Entre la voisine qui souhaite qu’un gamin soit retiré à son père, ledit père qui a la tête coincée dans une jarre et qui nous envoie directement balader après l’avoir aidé et la capitaine de notre bateau échoué qui dit très directement qu’elle aurait préféré nous voir mourir plutôt que de voir son cher véhicule transformé en épave, la première impression agréable se transforme vite en un amas de questions confuses. Pourquoi ? Je n’étais pas censée passer un bon moment ? Certes, certains habitants font preuve d’un peu plus d’hospitalité, mais la moindre question en trop peut vite vous valoir une réponse acerbe.
Mais l’on oublie à nouveau tout cela en continuant notre exploration dans les zones somptueuses de la région. Car, sans être l’exemple du jeu le plus réaliste et aux textures les plus raffinées, Eastshade arrive à être beau, dans ses paysages magnifiquement faits, dans sa lumière toujours bien placée, dans ces moments où l’on voit des papillons s’éparpiller sous nos yeux éblouis, dans cette végétation dans laquelle on se perd, dans cette chouette (ou hibou ?) perchée sur un arbre et qui nous regarde avec son air éternellement ébahi et dans les bruitages, donnant vie à ce qui nous entoure. Et puis l’on rencontre d’autres personnes, pas si horribles que ça bien que parfois un peu bizarres, on leur rend des services, on gagne de l’argent. On se met au craft aussi, en créant quelques objets à partir des recettes apprises auprès des locaux, pour avoir de nouvelles toiles à recouvrir de couleurs par exemple. Et l’on essaie de sauvegarder… Ah bah non. Non on ne peut pas.
Ah, je crois que mon bateau est coincé dans une montagne
Eh oui, mon premier bug sur Eastshade était donc un problème de sauvegarde. Le pire que l’on puisse avoir quand on commence un jeu et puisqu’on s’est laissée un peu trop emporter en oubliant le principe de sauvegarde. J’ai donc fini par quitter le jeu de rage, perdant au passage au moins une heure. Il semblerait que ce bug n’apparaisse plus maintenant, mais au cas où, il y a des solutions dans les discussions Steam. Ce que je ne savais pas, c’est que ce n’était malheureusement que le début. Dormir peut vous donner un écran noir et vous obliger à faire crasher le jeu, parfois vos véhicules peuvent se retrouver bloqués sans aucune raison, des freezes et chutes de FPS rythmeront votre voyage, quand le jeu ne décide pas de se fermer de sa propre initiative. C’est récurrent, insupportable et ça transforme une expérience sympathique en quelque chose d’incroyablement stressant. Je vous conseille donc de sauvegarder régulièrement, enfin, quand vous en avez la possibilité.
Mais malheureusement encore une fois, les bugs ne sont pas les seuls problèmes. On se rend rapidement compte que le jeu a un souci de rythme lorsque l’on doit récupérer des recommandations auprès d’habitants de Lyndow pour rentrer dans la deuxième ville, Nava. Il en faut trois et j’ai peut-être joué de malchance, mais j’ai eu le don pour faire en premier les quêtes des personnes qui ne pouvaient pas m’en donner. Du coup, beaucoup d’allers-retours, au point de connaître la première région comme ma poche (et je n’ai aucun sens de l’orientation, dans la vraie vie comme dans les jeux). Outre ça qui est peut-être uniquement de ma faute, certaines quêtes que l’on trouve au début du jeu nécessitent de remplir certaines conditions qui ne sont pas dites et qui ne pourront être satisfaites qu’après un certain temps. Il est par exemple surprenant que l’on nous apprenne à faire un radeau, en nous précisant qu’on peut avoir l’enduit nécessaire en utilisant des bougies, alors que l’enduit en question est en vérité une récompense de quête bien plus tard dans l’histoire. Et quand on a enfin le fameux radeau et que l’on peut visiter les autres lieux précédemment inaccessibles, on est déjà pratiquement à la fin du jeu, on y trouve peu de choses à faire, et toute l’attente à leur sujet est inévitablement déçue.
Sans oublier des problèmes de texture qui nous font passer à travers des montagnes et collines qui avaient pourtant l’air solides, des murs invisibles à des endroits où le design semblait pourtant indiquer qu’ils étaient explorables, bref, des choses que l’on ne veut pas voir en 2019 dans un jeu axé sur l’exploration. Mais je crois que le pire reste quand la belle surface se craquelle en arrivant dans la deuxième ville, le premier endroit vraiment habité du jeu. En parcourant les habitants du regard, j’ai vite ressenti un malaise que j’ai rapidement compris en les observant de plus près. Ils manquent incroyablement de vie. Cette vieille dame penchée depuis un peu trop longtemps sur cet étalage sans bouger pour que ce soit naturel, ces gens qui vous fixent d’un regard mort quand vous entrez dans un bâtiment et qui commencent à peine, et uniquement, à se mouvoir lorsque vous vous approchez d’eux, ces groupes toujours présents au même endroit de jour comme de nuit… Une impression de musée de cire renforcée par le fait que les personnages soient des animaux et qui m’a presque fait des frissons dans le dos.
Mais c’est joli chez vous quand même
Je ne cache pas une certaine déception, toujours de mise avec ces jeux bourrés de potentiel mais aussi de problèmes techniques handicapants. Eastshade reste passionnant et on en oublie même l’absence de combat, tant ce n’est pas nécessaire ici. Ce titre a réussi à être plus qu’un walking simulator grâce à une certaine interactivité, sans pour autant noyer le joueur sous des actions non-nécessaires. Même si certaines de vos rencontres seront à la limite du désagréable, d’autres vous feront relativiser, comme lorsque vous aidez une histoire d’amour à se concrétiser ou que vous devenez complice d’une blague stupide entre deux frères. Certaines de vos actions seront plus cruelles, comme enlever un fils à son père. Mais le point commun de tous ces moments, c’est qu’ils sont une bonne imitation de la vie, dans un lieu malgré tout un peu plus sympathique que ma grande ville.
Contrairement à la plupart des jeux sortis récemment, Eastshade appelle à la contemplation, aux screenshots, à la balade sans but, presque à l’ennui. Je ne pouvais m’empêcher de m’arrêter dans les différentes plages, de monter sur un rocher juste pour regarder la mer, si chère à mon âme de bretonne. Peut-être que d’autres se perdront dans la vision de l’éclipse quotidienne et du ciel rouge qui l’accompagne ou seront charmés par une balade à bateau entre deux glaciers. Et même si tout est un peu trop rigide, on quitte ce monde avec un pincement au coeur, en espérant secrètement que ça ait duré un peu plus longtemps et que tout se soit passé de façon un peu plus fluide.
Ce test a été réalisé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
A cause de ses problèmes techniques, je ne peux décemment pas recommander Eastshade pour le moment. Pourtant j’aimerais, tant sa beauté et ses histoires simples m’ont charmée. Mais il y a malheureusement eu beaucoup trop de soubresauts dans cette balade pas si tranquille que ça et si les bugs sont résolus un jour, même les problèmes de design devraient devenir acceptables. Surveillez le jeu, regardez dans quelques mois et si les choses ont l’air d’aller mieux, là vous pourrez y aller. En attendant, je reste déçue qu’une expérience qui pourrait avoir été si sympathique ait été gâchée à ce point.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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