Se voulant l'héritier direct des Budokai Tenkaichi, DRAGON BALL: Sparking! ZERO était la promesse de combats épiques remis au goût du jour. Les nostalgiques de la première trilogie y trouveront peut-être leur compte, mais il sera compliqué de ne pas y voir un titre trop ancré dans une époque révolue.
En novembre 2007, je recevais une PS2 Slim et Dragon Ball Z: Budokai Tenkaichi 2 (ainsi que Dragon Quest VIII : L'Odyssée du roi maudit à propos duquel je m’épanche dans un Tomberry Musical spécial TPP, d’ailleurs), et c’est ainsi que j’allais passer des dizaines d’heures à faire et refaire le mode histoire, à collecter les Dragon Balls et à participer à des tournois contre l’IA avec des perso improbables. Imaginez donc mon état quand Bandai Namco annonça l’arrivée d’un quatrième opus de la série en big 2024. Allais-je revivre les meilleurs moments de la série et les émotions qu’a su me faire ressentir le Budokai Tenkaichi de mon enfance ? Un peu, oui, avec des images plus belles, mais sans vraiment proposer quelque chose de nouveau, et c’est bien dommage.
Comme un goût de reviens-y
Dans un souci d’harmonisation, la saga Dragon Ball Z: Budokai Tenkaichi a été renommée DRAGON BALL: Sparking! pour correspondre à son nom japonais original (un peu comme les Yakuza qui sont « redevenus » des Like a Dragon). Puis, dans un souci de simplification tordu, le Z a été retiré et un ZERO ajouté pour bien mettre en évidence que l’on a devant nous le quatrième opus de la série. Ainsi, en lançant DRAGON BALL: Sparking! ZERO, on s’attaque à un jeu de combat vieux de 19 ans bien dans son jus.
Maintenant que toute cette question étymologique est éclaircie, il est intéressant de relever que le studio en charge du développement de DRAGON BALL: Sparking! ZERO est peu ou prou le même qui a développé le reste des Budokai Tenkaichi. En effet, le studio Spike a travaillé sur des projets très variés allant de Lupin the 3rd Chronicles sur Sega Saturn, une expérience multimédias bizarre permettant de revoir des clips de l’anime, aux fameux jeux Dragon Ball. En 2012, Spike fusionne avec Chunsoft qui, depuis 1984, avait principalement sorti des Dragon Quest sur NES et des Donjon Mystère à la pelle, et devient Spike Chunsoft. Depuis, le studio a développé une encore plus grande expérience dans les jeux à licence, dont le légendaire Dragon Ball Z: For Kinect (vous l’aviez oublié) et le vite débranché Jump Force (lui aussi vous l'aviez très vite oublié une fois la hype passée) ; ce dernier ayant tout simplement été retiré de la vente trois ans après sa sortie après avoir déçu un bon nombre de fans de shonen et les actionnaires de Bandai Namco. C’est donc assez peu rassuré sur la pérennité du jeu, mais impatient de me jeter à l'eau que je lançais DRAGON BALL: Sparking! ZERO.
On ne peut pas nier que DRAGON BALL: Sparking! ZERO est un titre généreux. Avec des arènes 3D destructibles créées sous UE5, 180 personnages (ou presque), un mode "épisode de combat" pour revoir les moments forts de la licence sous différents angles avec quelques What If, ainsi que du combat en ligne et des championnats, on sent ici la volonté de créer un jeu riche, capable d'engloutir tout le temps libre des joueurs et des joueuses si le titre les accroche. La nouvelle feature du jeu reste la plus étonnante : les combats personnalisés aux conditions de victoires particulières à créer soi-même pour bousculer le canon et à partager en ligne. Si le contenu a du succès et est téléchargé en grand nombre, alors le·a créateur·ice recevra des distinctions et des bonus. La stratégie de Bandai Namco est assez évidente, on cherche à créer de l'engagement sur du long terme, et ce de manière peu naturelle chez celles et ceux qui auront terminé l'histoire et se seront lassés des combats en ligne. Si les joueurs·ses ne se l'approprient pas rapidement, ça ne restera qu'une fonction gadget.
Dès le début de DRAGON BALL: Sparking! ZERO et de son tuto, j'ai eu la sensation de retrouver des chaussons confortables. Bien sûr que la gâchette gauche me permet de recharger mon ki, évidemment que je sais me téléporter à l'envi dans le dos de l'adversaire, bien naturellement que je sais me servir des attaques spéciales des personnages que je connais, la mémoire musculaire fait son œuvre et en quelques minutes je me retrouve à enchainer les mêmes combos qu'il y a quinze ans. Avec un bon coup de patte, la progression reste relativement aisée malgré une IA qui impose une courbe de difficulté très raide et étonnante pour un jeu qui vise un public large. Elle présentera un bon challenge aux néophytes dès les premiers niveaux du mode histoire, faute de pouvoir profiter du scénario par manque de contexte entre deux diapos de roman-photo. Pour les vieux briscards ayant connu les Budokai Tenkaichi, il n'y a en réalité pas grand-chose de nouveau à se mettre sous la dent.
Et une sensation de déjà-vu
S'il a été agréable de retrouver un quasi-clone d'un jeu d'enfance pendant quelques heures, je n'ai pas pu m'empêcher de comparer DRAGON BALL: Sparking! ZERO aux précédents opus et aux autres jeux de combat en général. La facilité de la prise en main, pour qui a un peu d'expérience de la série, démontre aussi un échec du renouvellement de la formule. Le jeu se repose complètement sur le gameplay, certes éprouvé, de ses prédécesseurs sans ajouter de nouvelle pierre à l'édifice, se rapprochant davantage d'un simple remaster sous UE5 qu'un jeu à part entière. De même, le roster de 180 personnages (à la sortie) que l'on nous vend comme exceptionnel dégonfle très vite lorsqu'on se rend compte qu'il est composé à 20% de Goku ou de Vegeta sous une forme ou sous une autre. De la même manière, le reste des personnages jouables sonne bien creux si on se penche sur leur liste de compétences, un peu trop semblables pour ne pas faire penser à un reskin un peu élaboré. Avoir tous les personnages de la série c'est une chose, arriver à les exploiter intelligemment pour les rendre mémorables en jeu en est une autre.
À l'instar de son gameplay, l'expérience utilisateur générale de DRAGON BALL: Sparking! ZERO semble être bloquée quelque part dans les années 2010. La navigation dans les différents menus est médiocre la plupart du temps, voire irritante dans certains cas (je n'ai jamais vu un lobby de combat en ligne si mal organisé). Même la sélection de personnage n'est pas ergonomique, un comble pour un jeu de combat. L'aspect textuel laisse aussi à désirer avec des sous-titres bourrés de fautes d'orthographe, et certaines phrases qui ne veulent parfois rien dire.
De par tous ces éléments, j'ai du mal à imaginer DRAGON BALL: Sparking! ZERO s'imposer sur la durée. Pas aussi exigeant et orienté versus fighting qu'un DRAGON BALL FighterZ pour faire de la concurrence à d'autres licences bien installées (on regrette le manque de paramétrage du mode entrainement qui ne permet pas de travailler ses combos en solo) et trop succinct dans son mode histoire pour conquérir de nouveaux fans comme DRAGON BALL Z: KAKAROT !, il semble destiné à rester un mashing game que l'on ressortira à l'occasion lors d'une soirée entre copains, malgré un beau potentiel sur lequel Spike Chunsoft et Bandai Namco n'arrivent à capitaliser qu'en tirant sur la corde sensible de la nostalgie.
S'il a été un succès immédiat par rapport aux jeux Dragon Ball sortis ces dernières années, DRAGON BALL: Sparking! ZERO risque tout de même de subir un sort identique aux dernières itérations de jeux de combat de son studio si le public ne se fidélise pas dans les semaines à venir, et de se faire simplement débrancher à cause des sévères coupes budgétaires de son éditeur. Bandai Namco ne reculant devant rien pour réaliser des économies en ce moment, y compris faire pression sur ses salariés.
DRAGON BALL: Sparking! ZERO a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 5 et les consoles Xbox.
Si la nostalgie me pousse à relancer le jeu, je ne peux pas passer à côté des nombreuses approximations de DRAGON BALL: Sparking! ZERO. En voulant ressusciter les Dragon Ball Z : Budokai Tenkaichi, Bandai Namco aurait pu redonner un nouveau souffle à l'une des séries les plus populaires auprès des fans de Dragon Ball, mais s'est contenté d'un remaster bien tiède. Si vous n'êtes pas un fan hardcore, vous pouvez passer votre chemin.
Les + | Les - |
- Le gameplay est quasiment identique à celui d'il y a 15 ans | - Le gameplay est QUASIMENT IDENTIQUE à celui d'il y a 15 ans |
- Les cinématiques des attaques spéciales sont impressionnantes | - Un sérieux manque de polish sur l'experience utilisateur au global |
- Les musiques sont en DLC payants ??? |
Kalkulmatriciel
Cc c Kalkul. J'adore parler à tous les PNJ, mettre des mandales et saboter les coop.
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