« Quand on arrive en ville, tout le monde change de trottoir… » vous connaissez la chanson ? Bon, dans le jeu qui nous intéresse aujourd’hui, on est plutôt à la campagne et y’a pas de trottoir donc ça marche moins bien. De la boue, du gravier, des flaques, de la terre… Bref, des environnements pas urbains pour vous parler une nouvelle fois d’un jeu de voiture signé Codemasters. Mettez vos bottes et vos cirés jaunes, prenez donc place sur le siège passager, et laissez-moi vous raconter ma virée dans le monde de Dirt 5.
Au commencement était Colin McRae Rally, une série de jeux de voiture sur des revêtements variés avec une vitesse élevée et des pilotes de type rallye. Son positionnement simulation, grâce à l’aide apportée, en tant que consultant, par le champion du monde (Colin McRae de son nom, au cas où), lui avait permis de se faire une place dans le monde de la course sur console assez rapidement, ce qui engendrera un certain nombre de suites (4 pour être précis) jusqu’en 2004 avec Colin McRae Rally 2005. Le marché du jeu de véhicule motorisé avec 4 roues à tendance réaliste ayant perdu de sa superbe, un redémarrage de la série est réalisé avec l’épisode suivant nommé : Colin McRae: Dirt. Un changement de cap, ou un virage, selon la métaphore que vous préférez, dans la licence, puisque ce nouvel épisode sera celui du passage à une nouvelle philosophie plutôt orientée arcade : moins de réglages, plus de fun immédiat. Je vous passe les spin-off et l’arrivée d’une déclinaison qui reprend la simulation en parallèle de la série, et nous voici 4 épisodes plus tard avec DiRT 5, qui est ce pourquoi je suis là.
Bienvenue dans le Loir-et-Cher
De la boue, de la glace, de la terre, des graviers, de la pluie, encore un peu de boue mais aussi de la poussière, des gros cailloux et parfois un peu de bitume. C’est ici, dans ces environnements sauvages, que vous allez patauger pendant des heures en vous lançant dans DiRT 5. Dès la première course, vous affronterez onze concurrents (à bord de votre Skoda) pour tenter de finir à la première place et faire progresser votre carrière encore naissante. Oui, la progression ressemble beaucoup à ce que faisait GRID, l’autre série de jeux de voiture de Codemasters, mais ici point de gratin dauphinois William Saurin en boîte comme l’année dernière mais plutôt une ambiance tektonik dans le choix des couleurs et de l’ambiance. C’est beaucoup moins austère et brutal dans son emballage mais toujours pas à mon goût, malheureusement. Couleurs fluo, tuning encouragé (mais cela reste uniquement cosmétique, ne vous attendez pas à gagner de la puissance en changeant des pièces moteur) et surtout : commentateur et « podcasteurs » présents pour tenter de narrer une histoire de carrière bien peu passionnante, et mal racontée. Finalement, l’austérité de GRID sur ce point avait du bon.
Mais une fois passé l’emballage, c’est plutôt une bonne surprise qui m’attendait dans les courses au niveau des sensations. La prise en main se fait assez rapidement et on trouve ses marques face à des adversaires assez agressifs mais dans un environnement qui s’y prête et avec une conduite qui assume un parti pris complet : du fun rapide, une conduite arcade et peu de fioritures à ce niveau. De quoi passer de bonnes heures agréables à découvrir les différents pays proposés et les types de courses pour chacun des pays. Oui, c’est un jeu qui propose du rallye, mais pas uniquement : des courses sur glace, du rallye-raid, du gymkhana, du off road et quelques autres catégories donnent de la variété à tout ça.
Rallye-raid, FF XIII edition
Oui, il y a de la variété dans le nom des épreuves, mais le jeu se contente de changer leurs noms sans en changer le contenu : ça reste des courses de rallye sur piste avec des tours, et c’est un des problèmes de ce DiRT 5. Il n’existe en fait, derrière ces nombreuses dénominations, que 4 vrais types de courses différentes : des tours de pistes, des spéciales, du gymkhana (donc des figures) et des tours de pistes mais sur la glace, bon en fait ça fait 3. D’ailleurs les deux variantes de spéciales sont basées sur le même mensonge : celui d’une possibilité de faire du rallye-raid, cette discipline principalement hors piste qui demande de relier deux points sans trop avoir à se préoccuper de la route entre les deux. Ici, on est face à des spéciales de rallye, qui sont plutôt des courses avec une route mais pas un circuit, qui permettent effectivement de relier un point A à un point B mais par un seul chemin possible. Toutes ces promesses de liberté et d’embranchements possibles peuvent se résumer en une phrase : il y a des ronds-points sur la route ! Et c’est bien peu par rapport à ce que faisaient miroiter les (mauvais) commentateurs lors de la présentation de la première course du genre. Cacher la vérité pour vendre un produit, je n’adhère pas à la méthode mais elle peut se comprendre quand le produit n’est pas bon, mais mentir alors que le produit est déjà vendu et que le joueur s’apprête à y jouer, ça risque d’être un peu décevant, non ? Surtout que les parcours ne sont pas mauvais, juste ils ne sont pas en hors-piste, contrairement à ce qu’affirme le jeu : tout n’a pas vocation à être open-world, surtout quand ça ne l’est pas du tout, en fait.
Mais revenons à la conduite, c’est bien là le cœur du jeu : elle est donc facile à prendre en main et plutôt agréable dès les premières minutes de jeu. Ce qui est une qualité devient également un souci sur la longueur, le peu de variété des courses amène une maîtrise assez rapide des environnements et des compétitions des modes carrière et arcade. Les heures que vous prendront la carrière de pilote risquent de paraître un peu longues sur la fin, mais tout en gardant un certain challenge par la hausse du niveau des adversaires quand vous arriverez assez loin dans l’aventure. Pour vraiment trouver un peu de variété, et si vous souhaitez poursuivre votre route sur ce jeu, il faudra se tourner vers le mode playground de DiRT 5. La proposition est intéressante : dans un espace limité, créer un circuit avec des éléments assez nombreux qui pourront vous permettre de jouer en 3 dimensions avec les pièces à assembler. Un peu à la manière d’un TrackMania, vous pourrez également parcourir les créations d’autres joueurs mises à disposition, pour tenter de battre le chrono et comparer la longueur de votre temps avec celle du voisin, de vos amis, ou de quelqu’un à l’autre bout du monde. Mais pour ça, il faudra compter sur le développement de la communauté et sa créativité pour alimenter le stock de parcours disponibles, avec un certain renouvellement pour éviter la lassitude.
DiRT 5 a été testé sur PS4 via une clé fournie par l’éditeur.
Si vous cherchez à passer un moment sur une carrière innovante et un mode solo complet, DiRT 5 n’est pas fait pour vous, mais si vous cherchez quelques heures de fun sans besoin d’adaptation ou que la construction de circuits et le parcours des créations d’autres joueurs vous tente, alors il se pourrait que ce soit le bon choix. Doté d’une conduite simple mais peut-être un peu simpliste, avec un manque certain de profondeur, DiRT 5 n’est pas encore ce qui me fera replonger longtemps dans la course automobile virtuelle, son emballage gras et sans saveur ainsi que ses quelques mensonges auront eu raison de mes espoirs.
JoK
J'aime les chiffres, tous les chiffres, et aussi les jeux vidéo mais pas tous
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