Vous avez toujours rêvé d’incarner une fille du peuple, gentille, avec un cœur en or, qui malgré sa maladresse (et son incapacité à faire des trucs, genre passer le balai ou lacer ses chaussures) fait chavirer le cœur des hommes qui l’entourent ? Hommes qui sont d’ailleurs incroyablement hot, avec des abdos bien dessinés et une volonté à toute épreuve de vous rendre la vie plus facile ?
Moi non, si on est honnête, ce genre de trope me fait hurler, mais, et San Macareno de los Rosales m’en est témoin, j’ai absolument adoré le faire dans Destino Indomable. Mais, me direz-vous, BatVador, c’est une parodie donc tu n’as pas vraiment incarné ça et je vous répondrai par… une gifle, car si j'ai appris quelque chose dans cette aventure, c’est que quand on est une femme, la réponse adéquate en toutes circonstances est une bonne gifle, ça impose le respect, ça accepte les offres d’embauche, ça fait office de CV et ça sert aussi de préliminaires… je suis en train de me demander si ces enseignements sont vraiment applicables dans la vraie vie.
Une gifle et ça repart
Bref, vous l’aurez compris, on part en direction de l’Amérique centrale pour se mettre dans la peau d’une actrice qui incarne le rôle principal de la nouvelle télénovela Destino Indomable. Il n’y a pas de budget, le scénario est à peine écrit, mais pas de panique, tant que vous improvisez et faites à peu près illusion ça pourra être amélioré en post-prod. Enfin ça, c’est ce que dit le réalisateur, mais est-ce que vraiment, il y a de la post-prod là-dessus ? Pas sûr.
D’ailleurs, laissez-moi vous en dire plus. BAT VADOR, car oui, les personnages de télénovela ont deux prénoms et moi aucune imagination, est une mignonne jeune fille un peu ronde aux cheveux verts, habillée d’une salopette qui s’en va acheter des papayes pour que son gentil papa resté à la maison avec BESTBOY le chien (j’ai laissé toute mon imagination dans les titres de The Executive). Chemin faisant, elle se demande comment trouver de l’argent pour payer les médicaments dont son papa a besoin. Visiblement, l’idée de chercher du travail n’a pas traversé l’esprit de cette adorable bécasse, mais ce n’est pas grave, car sur le chemin, elle rencontre un cowboy giga sexy en débardeur blanc qui laisse voir ses jolis muscles et sa peau bronzée ainsi que ses cheveux longs. Pas trop le temps d’être thirsty, car le cowboy veut jouer aux devinettes et lui dit qu’elle le connaît. Elle se le rappellerait BAT VADOR si elle connaissait un cowboy giga sexy comme ça, parce qu'elle est sotte BAT VADOR, mais aussi giga horny. Après le pire jeu de devinette du monde et les pires dialogues, vraiment personne n’écrit ce soap, il s’avère qu’il s’agit du fils des voisins qui a bien grandi et qui sans rien connaître des qualifications de BECA… je veux dire BAT VADOR lui propose un job là où il travaille. Là, la réponse la plus appropriée m'a semblé être une bonne gifle, ce qui visiblement sert de CV. Donc BG pardon Gabriel appelle son patron qui, ça tombe bien, se trouve dans la cafétéria du bâtiment en face, mais si celui-là, là, et l’attend donc là maintenant pour un entretien d’embauche.

Inquiète à l’idée que les papayes ne pourrissent subitement (je ne suis pas experte en papayes, mais je ne crois pas que ça marche comme ça), elle part à la recherche dudit patron après avoir outrageusement flirté avec Gabriel. Bécassine cherche donc le patron dans un décor aussi aseptisé que peu intéressant quand soudain un giga bellâtre aussi lisse que gominé arrive, chemise entrouverte laissant apercevoir un torse poilu et sexy (ce n’est pas moi qui fais les règles, c'est comme ça) et des pectoraux à tomber. Il porte une chemise pastel parce que ça va bien avec ses cheveux, c’est lui qui le dit, pas moi. C’est le patron et Bécassine, enfin BAT VADOR, sent ses hormones qui se trémoussent pendant que les dialogues ne sont pas hyper clairs sur la raison pour laquelle on veut l’embaucher elle, alors qu’elle n’a clairement pas deux neurones alignés et aucune qualification, mais on s’en fiche. Vous avez vu ce torse, y’en a une qui l’a bien vu en tout cas. Bref, elle est engagée et Jorge Campos, le seul personnage masculin jeune à être autre chose qu’un tas de muscles à moitié nu lui dit où venir le lendemain.

Bref, après ça, Bécassine a une discussion émouvante avec son papa et BESTBOY et c’est parti pour la découverte de l’hacienda. La cheffe des domestiques (et également la quasi seule domestique) est une charmante madame replète appelée Carmen qui semble tout savoir avant tout le monde et passe son temps à prier San Macareno, un saint avec un masque de luchador. Elle lui présente tout le monde avant qu’une bimbo aussi blonde que sa jupe est courte n'arrive et ne l’agresse à moitié. Ce qu’au fond, je comprends, parce que si mon mari avait embauché une jeune femme sans qualifications pour s’occuper de notre fils et qu’en plus, il flirtait sans vergogne avec, devant tout le monde, je ne sais pas si je le vivrais bien non plus (mais il faut s’en prendre au goujat, pas à Bécassine madame). Mais Doña Esmeralda est clairement méchante et donc on va la détester, c’est comme ça. Arrive ensuite le summum du drama, la matriarche de la famille toute de rouge vêtue avec un cache-œil et l’air de pouvoir tuer n’importe qui d’un claquement de doigts, une énergie que j’aspire à avoir dans mes vieux jours si on est honnêtes. Drama, drama, drama, puis Carmen charge Bécassine de passer le balai et visiblement même ça elle ne sait pas faire, mais par contre écouter aux portes ça, c'est bon. Elle va se reposer dans le jardin, car être inutile ça fatigue et elle rencontre une armoire à glace en costard qui lui dit un truc et… OMG, vous avez vu ces muscles ? Pas sûr que Bécassine ait compris ce qu’il disait, mais de toute façon, c'était giga cryptique donc on ne saura pas pourquoi il était caché dans les rosiers.

Nous voilà à peine à la moitié du premier épisode des cinq de Destino Indomable et seigneur dieu et San Macareno, je suis claquée par toute cette énergie, mais j’ai gloussé comme une pintade tout du long.
Twists dans tous les sens
Destino Indomable va donc à fond les ballons sur l’autoroute de l’excès, deus ex machina, protagonistes aussi hot que horny à tous les coins de rue, personnages qui reviennent d’entre les morts, secrets, meurtres, personnalités over the top, tout y passe. Il faut dire que le genre de la télénovela n’est pas particulièrement facile à parodier tant il est déjà quasiment une parodie de lui-même. On y va donc joyeusement avec les tropes (sur)utilisés dans les épisodes en intercalant des scènes avec le réalisateur et le cast pour souligner l’absurdité des conditions de tournage et du scénario, ainsi que la surprenante candeur et bonne volonté des gens qui les réalisent et c’est vraiment charmant, car au-delà de la parodie, c'est quasiment une lettre d’amour à un genre assez méprisé, mais qui ne se laisse brider par rien, pas même le bon sens ou la cohérence scénaristique.

Rien n’a vraiment de sens, rien n’est très sérieux, les dialogues sont drôles, et qui n’a pas rêvé de régler un dialogue par une gifle sans en subir de conséquences dramatiques ? Les choix faits au cours de l’épisode influent sur la suite et permettent de romancer différents personnages et de débloquer différentes fins. Plusieurs parties sont donc nécessaires si on veut voir la plupart des histoires et une option d'avance rapide ( pas hyper maniable) est disponible pour les passages déjà faits.
Un léger regret peut-être, c'est que pour tout ce que Destino Indomable souligne d’absurde dans le genre de la télénovela, il ne se penche pas vraiment sur la dimension si incroyablement sexiste des rôles où les femmes sont soit des ingénues au grand cœur soit des succubes aussi sexy que vénéneuses. J’exagère un peu évidemment et ce n’est pas une grosse critique, dans le sens où la télénovela est sexiste, mais le jeu lui ne l’est pas.


Mes p'tits chamallows.
Destino Indomable a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch, PS4 et PS5, Xbox One/Xbox Series.
À 3000 à l’heure sur l’autoroute de l’excès, Destino Indomable jongle joyeusement avec tous les poncifs et les absurdités des télénovelas pour un résultat qui ressemble autant à une parodie qu’à une lettre d’amour à un genre aussi stupide que divertissant et créé par des gens qui méritent qu’on les respecte un peu plus. C’est absurde, c’est too much, c’est rigolo et honnêtement gifler des gens ça détend.
Les + | Les - |
- On peut gifler les gens | - L'option pour passer les dialogues n'est pas ultra maniable |
- Exploite à fond son thème | - Pas de version française |
- Hyper divertissant | - Décors un peu génériques |
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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