Après l'auto battler sur mobile Big Helmet Heroes PVP Arena, les Montpelliérains d’Exalted Studios continuent de développer l’univers des chevaliers à grosses têtes dans un beat’em all solo et coop.
Si vous avez entendu parler de Big Helmet Heroes, il est assez probable que votre premier contact avec le jeu soit un post qui dise en substance "Si vous aimez Castle Crashers, vous devriez vous intéresser à Big Helmet Heroes". C’est en tout cas comme ça que je l’ai découvert, à force de voir ma TL partager ses trailers, toujours avec la même comparaison. "Si vous aimez Castle Crashers, surveillez Big Helmet Heroes". Ma position vis-à-vis de cet argument est on ne peut plus ambivalente. Car oui, j’aime Castle Crashers. J’adore Castle Crashers. Et plus encore : Castle Crashers a une place très particulière, à la fois dans ma culture vidéoludique et dans ma vie familiale. Et donc, pour vous parler de Big Helmet Heroes, il va bien falloir que je vous parle de Castle Crashers.
La princesse était dans le premier château
Car, voyez-vous, Castle Crashers est mon tout premier achat de jeu vidéo indépendant. Jusqu’alors, ma pratique du jeu vidéo était entièrement tournée vers le AAA, Ubisoft largement en tête avec les Prince of Persia et Splinter Cell, et comme seule infidélité aux grosses productions les jeux Flash sur Kongregate. Et justement, c’est la période où mes devs de jeux Flash préférés commencent à sortir des jeux sur consoles, en particulier via le Xbox Live Arcade de Microsoft pour la 360. The Behemoth, qui m’avaient rendu complètement accro à leur fantastique Toss the Turtle sortent Castle Crashers, tandis qu’un certain McMillen adapte son Meat Boy sous Flash en Super Meat Boy sur console. Et après avoir poncé les démos de Castle Crashers et Alien Hominid durant des heures en compagnie de mon frangin, nous décidons de finalement passer à la caisse. À partir de là, c’est une énorme boîte de Pandore qui s’ouvre : sans pour autant délaisser nos Gears of War et autres Assassin’s Creed, c’est tout un pan insoupçonné du jeu vidéo qui s’ouvre à nous, et à Castle Crashers s’ajoutent rapidement des titres comme Limbo, 'Splosion Man ou Braid, dont les directions artistiques, qui tranchent radicalement avec les 50 nuances de teintes maronnasses et grisâtres qui dominent alors cette génération de consoles, marquent durablement les ados que nous sommes.
Mais Castle Crashers, ce n’est pas uniquement notre ouverture au jeu indé, c’est aussi le titre le plus joué sur notre console. Car je l’ai fait en solo. Plusieurs fois. Mon frère en a fait autant. Puis, nous l’avons fait en coop à deux. Puis à trois avec ma frangine. Puis, nous l’avons ressorti à chaque fois que des copains ou de la famille nous visitaient, on y a fait jouer nos parents et nos cousins, jusqu’à ne plus savoir quel personnage confier aux débutant·e·s. Il y avait deux raisons à cette obsession. La première, c’est que le jeu était incroyablement simple et accessible en termes de contrôles : tout le monde, de ma plus jeune sœur inexpérimentée à mon père douloureusement mauvais (mais incroyablement persévérant) pouvait y jouer et s’y amuser. Le jeu était pourtant assez difficile en solo, mais la coopération rendait l’affaire bien plus aisée. La seconde, c’est que le jeu était très, très drôle, et on avait beau le connaître absolument par cœur, nous étions toujours ravis de faire découvrir sa créativité humoristique aux autres, et nous amuser de leurs réactions, qui ne manquaient pas d’arriver face au formidable souci du détail et de la bonne vanne dont regorge Castle Crashers. Et si j’ai pu clamer mon amour pour la coop locale il y a quelques années, c’est bien grâce à lui.
Jean-Marie Bagarre de retour dans les Grosses Têtes
Mais donc, et Big Helmet Heroes, dans tout ça ? Hé bien, pour tout vous dire, il m’est extrêmement difficile de me prononcer, justement, car le prisme Castle Crashers est là, terriblement présent et bourré d’affect. C’était absolument impossible qu’en 2025 un jeu puisse me reproduire l’effet Castle Crashers, ce serait d’ailleurs hautement malhonnête de ma part de lui en faire le reproche, quand bien même il m’a été vendu sur cet argument. Et pourtant, je vois très bien d’où vient ce rapprochement. Alors oui, certes, les chevaliers, mais ne nous arrêtons pas seulement à la couverture.
Si je laisse mes biais et mon affect de côté, je dois bien avouer que les deux titres partagent pas mal d’éléments, et que les formules sont somme toute similaires. Sans en faire une liste exhaustive, on retrouve ce gameplay de beat’em all pas très profond, mais efficace et instinctif, les secrets cachés dans tous les recoins de niveaux, les personnages à débloquer, chacun avec leur pouvoir et arme de prédilection, la différence entre un mode solo un peu corsé et une coop locale qui rend le jeu à la fois plus facile et plus chaotique, l’humour qui prend les attentes à contrepied : tout est là, finalement.
Et ce serait mentir que d’affirmer ne pas avoir ri devant certains twists scénaristiques, devant ce niveau breton où l’on brandit une Excalibur toujours coincée dans son rocher tandis que retentit une reprise de Tri Martolod/La Tribu de Dana (selon votre âge et vos références) en arrière-plan. Ce serait également mentir que de prétendre ne pas m’être investi dans les énigmes et l’exploration dans l’optique de débloquer un maximum de personnages, de ne pas avoir activement réfléchi à la composition de mes équipes avant chaque niveau. Il faut le reconnaître : Big Helmet Heroes est efficace, facile d’accès, drôle, plutôt court, mais très rejouable et je me suis pris au jeu sans difficulté. On lui reprochera bien quelques labyrinthes un peu relous, certaines arènes à l’équilibrage hasardeux, mais, malgré tout l’amour que je porte à Castle Crashers, la difficulté stupide en solo et quelques soucis de level design faisaient également partie de ses défauts et ne m’avaient pas empêché de l’apprécier.
Non, si j’ai un réel reproche à lui adresser, c’est plutôt que je le trouve un peu trop sage. Les armes, les environnements, les blagues, les détails dans l’animation, tout fonctionne assez bien. C’est joli, c’est rigolo, c’est un peu varié, mais, à une ou deux fulgurances près, j’ai globalement déjà vu tout ça ailleurs, et notamment dans Castle Crashers (je pense avoir reconnu une ref à Gang Beasts, mais peut-être que j'extrapole). J’ai un peu de mal à penser que la séquence de sport collectif dans le désert, l’arrivée des aliens ou les chevaliers à sabres laser ne sont pas des citations directes. Et c’est assez dommage, car ça donne vraiment l’impression d’un jeu qui n’arrive pas à se défaire de son inspiration, et qui cite presque ligne par ligne un cahier des charges, atténuant fatalement le plaisir de la découverte. C’était drôle de tomber sur des anachronismes, des ninjas ou des orgues à canons en 2008, car on ne s’y attendait pas du tout, et que chaque niveau réservait une nouvelle surprise. Quand on nous ressort à peu de choses près les mêmes ressorts humoristiques en 2025, fatalement, l’impact est moins saisissant. On atteint ainsi le générique de fin sans déplaisir aucun, mais sans souvenir impérissable à emporter.
Big Helmet Heroes a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Il est également disponible sur Nintendo Switch, Xbox Series et PlayStation 5.
Ne crachons pas dans la soupe : Big Helmet Heroes est amusant, abordable, plutôt joli et peut occuper aussi bien 5 h en ligne droite que le triple si l'on souhaite tout explorer et refaire l'aventure en coop. En y allant avec moins d'attentes que moi, voire sans avoir touché à Castle Crashers, peut-être y a-t-il moyen d'y trouver la touche de folie et d'inventivité qu'il m'a manqué et d'y passer un encore meilleur moment.
Les + | Les - |
- Personnages, armes et environnements variés | - Parfois bizarrement équilibré |
- C'est quand même assez rigolo, en solo comme en coop | - Les quelques phases de labyrinthes sont assez laborieuses |
- Ça cite Castle Crashers | - Ça cite Castle Crashers |
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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