Best Served Cold - Prohibition core

To do list :

- Faire le ménage

- Arroser les plantes

- Étendre la lessive

- Appeler mamie

- Ouvrir un speakeasy

Cher journal,
Tu sais comment c’est, on se donne un genre, on dit qu’on aime surtout les jeux avec des gens déprimés dans la neige, la gestion et le totalitarisme, et on se retrouve à jouer à des match-3 contre des tout petits dinosaures, à enquêter sur des jeunes filles qui tombent des fenêtres et à gifler le tout venant et au fond, on doit admettre qu’on aime bien aussi les castings hauts en couleur et qu’on nous raconte des histoires. Des histoires au long cours, avec des personnages complexes et attachants, des trahisons et des arcs de rédemption. Bon, au fond, cher journal, ce n’est pas une surprise, parce que la grande passion de mon adolescence et de jeune adulte, c'étaient les séries télévisées, avec un faible pour les séries en costumes et toujours ce déchirement au cœur quand il faut dire au revoir aux personnages auxquels on s’est attachés, voire sur lesquels on a eu des crushes fictifs. Après ça, il faut retourner au morne train-train quotidien et se dire que la vie, c'est quand même un peu ennuyeux parfois. Finalement, je vais p’têt retourner à mes dystopies neigeuses et totalitaires, le retour à la réalité est moins rude.

Qu'est-ce que je vous sers ?

Cher journal,
Deux jours depuis que j’ai terminé Best Served Cold et je suis à deux doigts d’appeler ma conseillère pour annuler mon bilan de compétence et aller ouvrir un bar. Après tout, le monde s’enfonce dans le chaos et la corruption, la xénophobie explose, l’ombre de la guerre plane, donc à une prohibition près, on pourrait presque se croire dans cette Europe fictive des années 1920, non ? Bon OK, ouvrir un speakeasy en 2025, c'est prendre le risque d’avoir comme clientèle des hipsters infernaux et des fans de Peaky Blinders, je sais pas si j’ai les épaules pour ça moi. Non moi ce que je veux, c'est servir des cocktails à des gens de tous les horizons qui se mélangent dans mon bar clandestin. Je veux du mélange des classes façon mon HLM, tu vois ? Ça me paraît compromis cette affaire.

Cher journal,
Trois jours depuis la fin de Best Served Cold. Je sais que j’ai écrit hier que j’avais pas les épaules pour ça, mais est-ce que bon si quand même ? Je veux dire, je suis sûre qu’il y a des librairies avec des sous-sols cosy, on pourrait s’arranger. Bon OK, dans la vraie vie, il faut gérer les gens saouls aussi dans ce genre de contexte, ils n’ont pas l’amabilité de sentir qu’ils dépassent les bornes et de rentrer chez eux tout seuls. Maintenant que j’y pense, je n’ai pas eu non plus à nettoyer des toilettes dans Best Served Cold. Vraiment, la vraie vie est pleine de déceptions. Alors que bon, moi, je me voyais bien déjà à apprendre à faire des cocktails, à les servir dans des jolis verres en apprenant à connaître mes client·es et à voir mon quotidien osciller entre la peur d'une descente de police et la visite d’un policier aussi rigide que désagréable qui m’enrôlerait moi derrière le bar pour l’aider à attraper des meurtriers. ACAB évidemment en tout temps et toujours… mais il a de beaux yeux, non ? Oh pardon. Il est temps que j’aille me coucher, je dis n’importe quoi.

Cher Journal,
Bon OK, j’avoue que jouer les détectives ça m’a bien plu, poser des questions, relier des indices entre eux, voire même d'innocenter des gens, c’était motivant. Bon, après moi, je voulais surtout savoir si mes deux p’tits clients là, ils allaient se pécho et si le charmant gangster et sa cicatrice allaient revenir me voir et si cette très belle actrice allait me raconter sa vie et si je pouvais reprendre mon flirt, ma joute verbale avec cette très riche (et très jolie) héritière… C’est pas ma faute aussi si tout le monde est beau dans ce bar.

Et puis gérer le nombre d’actions et l’alcoolémie, c'était pas mal. Je sais bien que ça ne serait pas comme ça dans la vraie vie, surtout que je ne suis pas un as des interactions sociales, mais j’ai le droit de rêver. Je sens que tu juges cher journal, ça me déplait. Tu ne mérites pas mes pensées, je vais me coucher.

Cher Journal,
Bon, en fait, j'ai une insomnie donc je vais faire comme si tu n’étais pas en train de me juger et reprendre le train de mes pensées. Bref, en laissant mes hormones de côté, j’ai trouvé ça très chouette de voir revenir les mêmes personnages, tu vois. J’ai eu le temps de les connaître, de les apprécier ou pas. De développer une relation avec et de les voir changer aussi. D’apprendre à connaître en filigrane ce nouvel univers et sa géopolitique (déprimante, on ne se refait pas). De réfléchir au sens de la vie, au rôle de la justice et de la police, à l’importance de la communauté et de donner un sens à ses actions. Oui, évidemment, par moments, il y avait des côtés un peu artificiels à tout ça. Des personnages qui ne se rappellent pas ce qu’on vient de leur dire si ce n’est pas leur moment de s’en rappeler, on peut poser douze fois la même question sans agacer personne, certains dialogues sont un peu artificiels. Et puis, il y a ce mini jeu de préparation de cocktails là, où il faut déplacer un curseur plus vite qu’un autre le long de symboles. C’est fastidieux et il ne manque plus que la souris dérape pour servir un cocktail raté. Si je faisais des cocktails dans la vraie vie, je les raterais avec plus de brio que ça, merci bien. Bref, je te laisse cher journal, je vais aller me commander un guide de mixologie et aller me coucher.

Cher Journal,
Bon finalement, je n’ai pas commandé ce guide sur la mixologie, je suis allée l’acheter dans une librairie… je me demande si elle a un sous-sol… évidemment rien ne m’a distinguée de la masse des hipsters qui veulent mettre du romarin dans leur vodka, mais je sais moi que j’ai d’autres aspirations. Je n’arrive pas à me sortir Best Served Cold de la tête. Un peu comme une série tu sais, c’était pas parfait, il y avait des moments un peu creux, des passages un peu frustrants, une forme pas toujours optimale. Tu sais ce grand écran avec plein de beaux dessins et de détails et toi, tu dois lire le texte dans le petit cadre du milieu. Je sais bien que les doublages, ça coûte cher, mais ça aurait été grave chouette et ça m’aurait aidée à me concentrer. Mais malgré ça, j’ai envie de quelques enquêtes de plus. J’ai envie de retrouver mes nouveaux amis (et ennemis), je veux savoir si le pays va s’enfoncer dans la guerre et si la prohibition va continuer. Zut, mon téléphone sonne, j’ai oublié d’appeler mamie visiblement, et si tu ne vas pas à mamie, c’est elle qui vient à toi.

Cher Journal,
J’ai suivi les conseils d’Internet et j’ai été toucher de l’herbe, mais ça n’a rien changé. En plus, j’ai jamais trop aimé l’herbe, y a des insectes dedans. Je suis pour la préservation de la biodiversité, mais on est p’têt pas obligé d’être proches comme ça. J’y repense quand même, comment c’était joli cet univers et ces scènes animées au début et à la fin. Bon OK, il lui manque un système de chapitres pour pouvoir rejouer une enquête en particulier ou tester d’autres interactions, parce que là, il faut tout recommencer ou penser à sauvegarder manuellement aux endroits clés, c'est un peu fastidieux, mais bon. J’ai passé un bon moment et j’y repense encore, allez, il est l’heure de se coucher.

Ok, j’ai dit que j’allais me coucher, mais est-ce que ça ne serait pas une bonne idée de commencer un club de lecture/spiritisme à défaut d’ouvrir un speakeasy ? Oui, j’ai aussi pris l’idée dans Best Served Cold ça va, c’est bon.

Cher Journal,
J’avoue l’idée d’un club de lecture, c’était un peu débile vu que je ne lis presque plus.

Cher Journal,
Bon, je ne vais pas annuler mon bilan de compétences, mais je vais garder ce guide de mixologie et je vais peut-être chercher une nouvelle série à regarder.

Une série en costumes.

J’ai jamais vu Peaky Blinders maintenant que j’y pense.

Best Served Cold a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.

Malgré un côté un peu statique inhérent au genre du VN et un mini jeu qui rallonge inutilement la durée de jeu, Best Served Cold marque par son esthétique rétro, son univers très travaillé et sa galerie de personnages complexes qui dessinent ensemble l'image d'une société qui tente de traverser une période sombre sans y laisser trop de plumes. Dommage qu'il ne possède pas de version française, car il nécessite quand même de lire une très grande quantité de texte.