Non, vous ne rêvez pas, Bayonetta 3, le nouvel opus des folles aventures de la sorcière aux cheveux pas comme les autres, est bien sorti. Toujours sous l'égide de PlatinumGames et de son parrain Nintendo, le titre aura su se faire attendre des fans qui vont pouvoir faire face à une nouvelle histoire plus spectaculaire, mais aussi plus sombre.
Commençons par un aveu : Bayonetta premier du nom est un jeu que j'ai en beaucoup d'exemplaires et qui a donc tourné énormément chez moi : Xbox 360, PC, WiiU, Switch (+ mon esprit et mon cœur assez régulièrement). Oui, je fais partie de cette population qui est tombée raide dingue de ce beat'em up sorti de nulle part, de son système de combat et bien sûr de sa protagoniste. Autant vous dire que Bayonetta 3 était attendu de pied ferme chez moi (mais pas trop non plus, pour pouvoir sauter et esquiver c'est important).
Sorcière, sorcière, prends garde au Multivers
Bayonetta 3 commence mal, très mal. Un New York dévasté, notre héroïne aux prises avec une sorte d'ombre beaucoup trop forte même pour elle, et voici que notre sorcière se fait tuer sous les yeux de Viola, jeune femme au look punk et armée d'un katana. Cette dernière n'a que le temps de s'enfuir à travers un portail pour éviter de subir le même sort.
Vous l'aurez compris, il ne s'agissait pas de notre Bayonetta, mais d'une sorcière d'un monde parallèle. La nôtre vit toujours sa meilleure vie avec Jeanne, Luka, Rodin et Enzo. Mais pas pour longtemps, puisque les Homonculus, des créatures semblant avoir été créées par des humains, ou en tout cas ni par les anges ni par les démons, et leur chef Singularity (la menace que nous venions de quitter), viennent de débarquer, causant un énorme tsunami sur New York.
Cette catastrophe n'est que la première d'une longue liste que va affronter notre chère sorcière, elle qui se voit confier comme mission, par l'exubérante et maladroite Viola, de récupérer des engrenages du chaos (le MacGuffin de l'aventure) sur différents mondes, pour pouvoir vaincre Singularity. Un scénario pop-corn qui a pour principal intérêt de faire voyager Bayonetta dans différents pays de mondes parallèles et de rencontrer d'autres versions d'elle-même, pour se terminer sur une fin en apothéose... qui va diviser, pour sûr !
Japon, Égypte ou même encore France : vous allez voir du pays. Même si les décors sont plutôt sages (ce qui n'enlève rien à Paris, modélisée à la perfection, on voit à peine la destruction rajoutée par les développeurs #SaccageParis), le jeu a le mérite de nous faire voyager un peu partout pour que l'on ne s'ennuie jamais. Quant aux ennemis, si les boss sont visuellement réussis et originaux (on y reviendra), les Homonculus de base manquent un peu d'éclat avec leur mélange de gris métallisé et de vert, surtout quand on les compare aux anciens ennemis des premiers jeux que l'on a l'occasion de revoir lors de certains combats et qui ont des couleurs bien plus pétantes et agréables à l’œil.
Ma sorcière bien aidée
Mais ne nous voilons pas la face, Bayonetta, avant d'être une histoire (souvent sans queue ni tête), c'est surtout un gameplay. De ce point de vue, ce nouvel épisode mélange très bien l'ancien et le nouveau. On retrouve bien évidemment les combats dynamiques, avec cette mécanique si appréciée du Witch Time, ce temps ralenti lorsque l'on exécute une esquive au bon moment et qui permet d'enchaîner les combos dévastateurs en toute tranquillité.
Mais là où Bayonetta 3 va plus loin, c'est qu'en plus de proposer de nombreuses armes (pistolets, mais aussi fouet, disques tranchants, éventails et j'en passe), chacune avec ses combos, notre héroïne va aussi pouvoir combattre avec de nombreux démons rencontrés tout au long de l'aventure. D'une simple touche, vous pourrez ainsi invoquer en plein milieu du terrain une araignée géante, une grenouille au poison mortel ou même une tour de la terreur façon PlatinumGames. Ces invocations dévastatrices ont bien sûr un coût. Magique, déjà, puisque les démons ne pourront rester éternellement sur le terrain, votre barre s'épuisant au fur et à mesure. Mais ils représentent aussi un risque pour Bayonetta, qui ne pourra se défendre lors des invocations.
Bien évidemment, ici encore, chaque démon a ses spécificités : certains attaquent facilement de plus loin, d'autres misent plus sur la force brute ou sur l'immobilisation des adversaires. Le jeu ne cesse tout au long de l'aventure de rajouter des démons et armes à l'arsenal de notre sorcière. Et même si l'on aura toutes et tous nos préférences, il est plaisant de découvrir à chaque fois une nouvelle manière d'aborder les combats.
Ces ajouts donnent un jeu dans l'ensemble plus accessible et moins punitif que ses prédécesseurs (ce qui n'empêchera pas certains joueurs d'augmenter la difficulté pour souffrir avec plaisir tout en cherchant à obtenir le meilleur score), même si l'utilisation des démons au milieu des arènes entraîne aussi un côté parfois brouillon aux combats. Difficile de voir qui est où quand un lézard géant balaie le terrain d'un souffle de feu.
Mais là où le jeu souffre peut-être le plus, c'est dans sa partie exploration. Si les zones sont plus grandes et fourmillent de récompenses à trouver et de défis à réaliser, le plateforming laisse parfois à désirer, voire, pour certains défis nécessitants vitesse et précision, donne envie de s'arracher les cheveux (vous ne voulez pas aller dans les sables mouvants). Précisons tout de même que l'exploration est l'occasion de découvrir des objets cachés derrière des cascades, ce qui fait automatiquement de ce Bayonetta 3 un bon jeu.
Viola, l'apprentie sorcière
Si je ne devais donner qu'un qualificatif à Bayonetta 3, je dirais que c'est un jeu généreux. Déjà, comme nous l'avons vu, avec son héroïne et ses nombreux outils pour combattre, mais aussi avec son rythme qui ne s'arrête jamais vraiment et qui amène notre sorcière à combattre des menaces toujours plus impressionnantes et de manière différente.
Chaque combat de boss est l'occasion de voir quelque chose de nouveau : ici un shoot'em up, là un combat de Kaijus, sans oublier un rail shooter et d'autres surprises qu'il serait dommage de dévoiler. On ne s'ennuie jamais et cette action constante permet presque d'oublier les graphismes vraiment limite de certains décors et cutscenes.
Mais la générosité du titre ne s'arrête pas là. Le jeu fourmille de combats optionnels, de défis plus difficiles à débloquer grâce à certains objets pouvant être trouvés dans les niveaux. Et je ne vous ai même pas parlé du fait que l'on ne contrôle pas que Bayonetta dans le jeu. Vous pourrez ainsi vous retrouver aux commandes de Jeanne, sa fidèle amie sorcière, dans des petits intermèdes en 2D façon jeu d'infiltration entre les actes principaux de l'intrigue.
Et n'oublions pas non plus la petite nouvelle, Viola, qui a droit à plusieurs chapitres rien que pour elle. Si ces chapitres fonctionnent de la même manière que ceux de Bayonetta, les combats diffèrent un peu, Viola combattant avec son katana et ne pouvant déclencher son Witch Time qu'en parant au bon moment et non en esquivant. Un timing bien plus difficile que pour notre sorcière adorée. Viola a aussi son propre démon que vous pouvez invoquer en combat, mais dont vous ne contrôlerez pas les attaques, vous laissant du coup la possibilité de bouger et de continuer à vous battre aussi en même temps que lui.
Mais si cette nouvelle arrivée dans la franchise permet de rajouter un peu de sang neuf, Viola reste malheureusement une petite déception à mes yeux. Déjà, le personnage en lui-même est un peu too much (et pourtant on parle d'un jeu Bayonetta...), trop souvent dans le surjeu. Ensuite, sa manière de combattre est soit trop semblable, soit juste trop différente de notre sorcière habituelle. À chaque chapitre aux commandes de Viola, je me retrouvais à utiliser des automatismes que j'avais avec Bayonetta. Des automatismes qui parfois fonctionnaient et parfois pas, donnant des combats assez frustrants. Résultat, quand le jeu me laissait le choix entre les deux lors d'un combat, je me suis toujours porté sur cette chère Bayonetta.
Bayonetta 3 a été testé sur Nintendo Switch via une clé fournie par l'éditeur.
Bayonetta 3 est un jeu généreux, aux combats fluides, aux systèmes gratifiants quand on apprend à les maîtriser pour détruire des ennemis, accompagné par des musiques qui donnent la pêche. C'est aussi un jeu parfois brouillon et pas toujours très joli. Vous l'aurez compris, il s'agit bien d'un jeu Bayonetta, et une aventure que j'ai eu plaisir à parcourir. Dans tous les cas, on ne pourra pas lui reprocher d'offrir toujours plus à ses joueurs, jusqu'à l'overdose. Est-ce qu'il signifie aussi la fin de la franchise ? Seul l'avenir nous le dira, mais si cela devait être le cas, nous aurons toujours Paris, ma chère Cereza.
Les + | Les - |
- Un spectacle ininterrompu | - Parfois brouillon surtout de loin |
- La générosité des armes et des démons | - La plateforme parfois imprécise |
- Un jeu plus accessible, moins pénalisant | - Pas toujours très joli quand même |
- Toujours aussi fluide | - Viola qui peine à soutenir la comparaison |
- Bayonetta |
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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