Souvent oubliée dans les listes des grandes sagas vidéoludiques, la série Ace Attorney, qui n'est pas loin de ses 25 ans, compte quand même aujourd'hui 11 jeux, spin-offs compris (dont 1 seul, celui en collaboration avec le Professeur Layton, n'est trouvable que sur Nintendo 3DS). De ses 11 jeux, seuls 2 n'étaient pas encore "facilement" jouables pour le public français. Un diptyque consacré au célèbre procureur ami/ennemi de Phoenix Wright, Benjamin Hunter. Ça tombe bien, on va parler de Ace Attorney Investigations Collection aujourd'hui !
Mais avant de se lancer dans le vif du sujet, petit avertissement. Bien que ce spin-off de la série principale fait en sorte de rappeler à tout nouveau venu ses principes de base, je ne peux que vous conseiller de ne pas commencer par ce titre si vous n'avez jamais touché à un épisode d'Ace Attorney auparavant. Rassurez-vous, nul besoin de tout faire, juste la première trilogie, trouvable un peu partout aujourd'hui. Et encore, de cette trilogie, le 1er épisode semble être vraiment le plus nécessaire à faire, tant celui-ci vous permettra d'apprendre à connaître Benjamin Hunter et son passé trouble, de vous attacher au personnage, avant de le retrouver dans cette collection. Bon et surtout, si vous n'avez jamais touché à la trilogie originale, arrêtez de lire cette critique et partez découvrir 3 excellents jeux... et faites la seconde trilogie ensuite. La vie est trop courte pour passer à côté de bons jeux.
Qu'est-ce qu'il y connait à la justice Hunter ?!
Oubliez Phoenix Wright, l'avocat de la défense jamais sûr de lui et qui finit toujours par s'en sortir grâce à un coup du destin ! Faites place au vrai (sex-) symbole de la justice, l'homme à la coiffure de rêve qui fait trembler les futurs condamnés, le procureur de génie Benjamin Hunter ! Et qui dit nouveau protagoniste au rôle différent, dit aussi nouvelle manière d'aborder les enquêtes.
Quand vous étiez un avocat de la défense cherchant à innocenter votre client, vos possibilités étaient limitées durant votre enquête. Les inspecteurs limitaient les informations que vous pouviez récupérer et tout le monde, y compris la partie adversaire, vous mettait des bâtons dans les roues. Aujourd'hui, en tant que procureur, vous pouvez demander une analyse ADN qui arrive avant que votre café n'ait le temps de refroidir.
La structure globale des affaires d'Ace Attorney Investigations Collection est bien différente de celles des autres jeux de la série. Vous pouvez oublier le classique "phases enquête/tribunal/enquête/tribunal, etc". Ici, tout se fait sur le terrain et non devant un juge, vos affaires se terminant, en général, par un accusé avouant son crime avant le début du procès. Si cela apporte un vrai changement pas désagréable, je dois reconnaître que l'absence du tribunal fait qu'il manque un peu de la théâtralité dont je raffole dans les épisodes classiques, notamment sur la fin des affaires, quand les coupables sont acculés, et que les masques tombent après un 20ᵉ rebondissement.
Ceci étant, et même si les phases d'enquête sont différentes, notamment parce que Benjamin Hunter ne va pas d'un écran fixe à un autre, mais peut se balader dans le décor, on retrouve beaucoup de mécaniques classiques de la série Ace Attorney. On a donc droit à la découverte des indices, les discussions avec les témoins, mais aussi les interrogatoires, avec la possibilité d'insister sur des propos précis et de montrer les failles d'un témoignage à l'aide d'une preuve entrant en contradiction avec ce qui a pu être dit ou vu. Rien de bien nouveau ici, même s'il faut reconnaître que cela reste toujours aussi efficace et qu'on prend plaisir à remettre à sa place un adversaire un peu trop sûr de lui.
Mais les deux titres apportent tout de même leur lot de nouveautés. Dès le premier jeu, Ace Attorney Investigations: Benjamin Hunter, on trouve la "déduction logique", qui permet à notre procureur d'associer des éléments ou des pensées qu'il a pu avoir lors de son enquête pour en déduire quelque chose façon Sherlock Holmes. Si ce n'est pas la nouveauté la plus intéressante apportée par ces jeux, elle permettra néanmoins à certains joueurs de parfois découvrir des pistes qu'ils n'auraient pas forcément envisagées (parce que oui, les enquêtes de ces deux jeux sont parfois au moins aussi rocambolesques que celles du reste de la série).
Plus intéressant en revanche, le mini-faussaire. Le procureur Hunter va rapidement être assisté dans ses enquêtes par Cléa Faradet, une (adorable) apprentie voleuse dotée d'un appareil très pratique. Celui-ci permet de reconstituer des scènes de crime en hologramme, en fonction des informations données à l'appareil. Une façon visuelle et pratique de revoir une situation et de mettre en avant les contradictions des différents témoignages. Ici encore, cette nouveauté permet de rendre plus visible l'évolution de l'enquête et de passer moins souvent à côté d'un élément perdu au milieu des différentes preuves que l'on récupère durant nos pérégrinations.
Avocat par procuration
Le deuxième titre du diptyque, Ace Attorney Investigations 2: Le pari du procureur (oui, c'est long comme titre), ajoute une dernière mécanique aux deux autres : l'échiquier mental. Il arrive à Benjamin Hunter, face à des témoins ayant quelque chose à cacher, de rentrer dans une phase de joute verbale, symbolisée par des pièces d'échecs. Ces phases (avec un timer, pour rajouter un peu de pression), durant lesquelles il doit savoir quand presser un témoin ou quand garder le silence pour que ce dernier craque de lui-même et dévoile une information, sont l'occasion de montrer que le meilleur atout de notre procureur reste sa maîtrise des mots et des sous-entendus qu'une phrase peut cacher. Mais elles manquent malheureusement d'un réel intérêt, la faute à une mécanique un peu trop simple une fois qu'elle est comprise, et qui rend ces séquences un peu rébarbatives.
Concernant les histoires globales des 2 titres, il faut reconnaître que la formule reste diablement efficace, avec des enquêtes aux nombreux rebondissements, et des affaires intéressantes prises séparément, mais qui finissent toujours, en plus, par être liées lors d'enquêtes finales durant desquelles on a du mal à poser la manette/souris. Une chose dont on commence à avoir l'habitude aujourd'hui, notamment avec des titres comme The Great Ace Attorney Chronicles, mais qui était assez nouvelle lors de la sortie originale des titres de la collection en 2009 et 2011. Bien évidemment, on retrouve aussi des têtes habituelles de la série, que ce soit du côté de la police comme de celui des témoins et amis (se retrouvant toujours dans des situations compliquées...).
Le réel problème que j'ai eu avec Ace Attorney Investigations Collection est dû à une promesse que le jeu semblait faire face à la réalité de ce à quoi j'ai joué. En incarnant Hunter, je m'attendais à des histoires vraiment différentes où j'allais jouer l'accusateur, mener une réelle enquête plus libre (contrairement aux affaires de Phoenix Wright), avec les moyens qu'un procureur peut avoir à sa disposition. Sauf qu'en réalité, on retrouve rapidement les habitudes de la série principale. Hunter se retrouve à devoir disculper une personne clairement innocente (souvent un/une proche) face à son adversaire du moment (policier/autre procureur), et ce n'est qu'en disculpant cette personne que le réel coupable va apparaître.
De la même manière, les phases d'enquêtes qui semblent plus libres, notamment parce qu'on déplace visuellement notre personnage sur l'écran, restent très limitées. On est, en général, dans une seule salle et on ne peut pas avancer tant que tout n'a pas été étudié/résolu. D'ailleurs, la collection se rend compte elle-même de ce problème global dans son deuxième titre, quand tout un pan de l'histoire amène Benjamin Hunter à se poser des questions sur ce qu'il souhaite faire de sa vie et de sa vision de la justice. Doit-il continuer à chercher des coupables ou plutôt à se mettre à défendre les innocents, comme le faisait feu son père (qu'on a l'occasion de jouer aussi dans des passages qui feront plaisir aux fans).
Ace Attorney Investigations Collection a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4 et Xbox One.
En tant que fan de la série Ace Attorney, je suis content d'avoir enfin pu jouer aux 2 spin-offs consacrés à ce bon vieux Benjamin Hunter ! J'aurais cependant clairement plus apprécié de réelles différences dans le déroulé des affaires dues à la condition de procureur du personnage principal. Si cela fait de cette Ace Attorney Investigations Collection des moins bons jeux Benjamin Hunter que ceux espérés, ils n'en restent pas moins de très bons jeux Phoenix Wright, et il m'est difficile de dire non à une telle proposition.
Les + | Les - |
- Hunter, un personnage plus en maîtrise que Wright | - Moins un procureur qu'un avocat |
- Une formule dont l'efficacité n'est plus à prouver | - L'absence des phases de tribunal se fait sentir au niveau du suspense |
- L'ajout du mini-faussaire | - L'échiquier mental, une bonne idée mal réalisée |
- L'univers Ace Attorney toujours aussi cool et drôle (malgré les meurtres CONSTANTS) | |
- Le mode histoire pour ceux qui veulent profiter des rebondissements sans être bloqués |
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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