La sortie d'A Plague Tale : Innocence remonte déjà à 2019… que le temps passe vite. À l'époque, je me souviens de la très bonne surprise que j'avais eue en découvrant les aventures d'Amicia et Hugo pendant une peste vraiment pas comme les autres.
Autant vous dire que j'avais hâte de mettre les mains sur ce nouveau volet des aventures de la fratrie De Rune. Pouvoir retrouver ces deux personnages attachants, les jolis décors d'une France médiévale, les musiques d'Olivier Derivière et puis les milliers de rats, bien évidemment ! Une suite qui s'annonçait avec un budget plus important et qui promettait d'aller plus loin. Et on ne peut pas le nier, A Plague Tale : Requiem est une version +++ du premier volet, dans ses qualités… mais aussi dans ses défauts.
Hugo Délire
L'histoire d'A Plague Tale : Requiem se déroule à peine quelques mois après les évènements du premier volet (que je vous invite toujours bien sûr à faire, si ce n'est pas le cas, d'autant que je suis sur le point de vous le spoiler). Amicia et Hugo, qui se connaissaient à peine, sont devenus inséparables, leur mère est avec eux ainsi que Lucas, leur jeune ami alchimiste avec qui ils ont vécu les pires épreuves. Même la Macula, cette « maladie » du sang qu'a Hugo et qui est à l'origine de l'apparition des rats, semble s'être calmée.
Honnêtement, si le jeu s'était arrêté à ce moment-là, je n'aurai même pas été déçu, juste heureux pour cette famille qui n'a déjà que trop souffert. Mais les gens d'Asobo Studio avaient beaucoup trop envie d'en remettre une couche, alors adieu le bonheur et rebonjour les emmerdes. Une Macula qui se réveille, des milliers de rats qui débarquent, des soldats qui cherchent soit à étouffer le retour des problèmes, soit à capturer Hugo : la vie de la famille De Rune est toujours aussi joyeuse. Mais non seulement Amicia est cette fois plus préparée à affronter les dangers, mais Hugo a aussi la vision d'une île qui pourrait le guérir et qui va vite devenir votre objectif principal, quitte à devoir désobéir à une mère dépassée par les évènements.
Dans ses mécaniques de base, A Plague Tale : Requiem ne change pas grand-chose par rapport à son prédécesseur. On alterne entre les séquences où notre duo (tout du moins Amicia, parfois avec son petit frère, parfois avec un des trois compagnons qui croiseront leur route) va devoir se frayer un chemin au travers de zones remplies d'ennemis qu'il faudra soit éviter, soit tuer, et les séquences où il faudra éviter des marées de rats en jouant avec la lumière ou en leur donnant autre chose à manger que vous. Mais comme je le disais précédemment, si la base est la même, l'échelle des situations et des évènements, elle, est un cran au-dessus.
Et au milieu coule Derivière
Mon Dieu que ce jeu sait être beau. Que ce soit en pleine nature, dans un champ de fleurs au milieu duquel se trouve un arbre majestueux, sur les hauteurs d'Arles avec une vue sur toute la cité, sur le flanc d'une falaise à l'intérieur de laquelle se trouve un temple ou encore au milieu d'un village célébrant le retour prochain d'un sauveur avec moult couleurs : ce nouvel opus donne des étoiles dans les yeux.
Même les déferlements de rats, souvent accompagnés d'une destruction partielle ou totale des lieux sont beaux à regarder. On s'arrêterait presque de courir pour se laisser manger tout en admirant le spectacle. On a envie de croire à ce Moyen Âge qui a fait l'objet une nouvelle fois de vraies recherches historiques, mais qui sait aussi se démarquer de la réalité tout en restant plausible (les nuées de rats détruisant tout sur leur passage mis à part).
On en viendrait presque à regretter l'absence des odeurs pendant qu'on joue… et puis on se retrouve à se balader dans un quartier des bouchers où s'entassent les morceaux de viande en train de pourrir, mais aussi les corps d'animaux et d'êtres humains stockés avant d'être brulés et on se dit finalement que la vue c'est déjà suffisant. Visuellement, je ne peux reprocher au jeu qu'un certain manque de constance sur les expressions faciales de ses personnages, certaines scènes montrant bien leurs émotions pendant que d'autres laissent voir des visages presque impassibles.
Bien évidemment, il est impensable de ne pas parler des compositions d'Olivier Derivière sur la bande-son du jeu, qui livre comme sur le premier volet un travail de haute volée ajoutant toujours plus d'instruments anciens, mais aussi des chœurs qu'on réécoute avec plaisir une fois l'aventure finie. Et quel plaisir de retrouver le bruit strident des instruments à cordes lors de la première apparition des rats à l'écran.
Mais ce second volet va aussi plus loin dans son histoire. Le jeu étant quasiment deux fois plus long que le premier (comptez 18/20 h pour en voir le bout), il en profite pour faire voyager les enfants De Rune et leurs compagnons aussi bien en ville, qu'en campagne, mais aussi sur la mer, le tout dans des zones plus grandes que lors du premier volet. Une décision qui permet de multiplier les chemins par lesquels le joueur peut passer, mais qui à certains moments, il faut le reconnaitre, casse le rythme de l'aventure. Un rythme qui heureusement se relance sur le dernier quart de l'histoire pour aboutir à un final haletant et aux émotions fortes. J'en profite ici pour dire tout le bien que je pense de Léopoldine Serre, voix française d'Amicia, qui a fait un excellent travail pour donner voix à un personnage qui passe par beaucoup trop d'émotions en si peu de temps.
En parlant d'Amicia, elle aussi a pu profiter d'une upgrade, puisque son arsenal s’agrandit. En plus de sa célèbre fronde à améliorer tout au long de l'aventure et de l'alchimie qui lui permet à la fois de lutter contre les humains et les rats, elle récupère dans ce nouvel épisode une arbalète qui va venir grandement lui faciliter la vie, peut-être même un peu trop…
L'infiltraquoi ?
Vous vous souvenez quand je disais qu'A Plague Tale : Requiem était une version +++ du premier volet aussi dans ses défauts ? On y arrive. L'un des reproches que j'avais faits au premier jeu était le fait de transformer Amicia en une vraie machine à tuer au fur et à mesure de l'aventure, passant le genre du jeu d'infiltration à un TPS. C'est encore plus flagrant avec ce nouveau volet.
Le jeu continue à nous proposer de jouer soit en utilisant l'infiltration, soit en utilisant la violence, ces deux méthodes se voyant adjoindre un système d'expérience permettant de débloquer plus de capacités liées au mode choisi (recharge plus rapide de la fronde pour la violence, personnage moins bruyant à côté des gardes pour l'infiltration, etc.).
Le problème, c'est que rapidement le jeu va donner de plus en plus d'armes pour qu'Amicia choisisse la voie de la violence. Oui, l'arbalète a un nombre de carreaux limités, mais son amélioration permet de passer outre cette limite. Il en est de même pour l'alchimie, qui va permettre de tuer plus efficacement ses ennemis. Même Arnaud, compagnon chevalier qui va faire une partie de la route avec nous a pour principal intérêt de pouvoir être envoyé au combat pour faire le sale boulot à notre place.
Et une nouvelle fois, il n'y a aucune conséquence au mode de jeu choisi par le joueur. Non seulement l'histoire ne bougera pas d'un iota si vous préférez tuer tout le monde, mais les niveaux eux-mêmes ne sont pas changés (on pourrait aisément penser à des soldats supplémentaires si vous prenez la voie de la violence par exemple). Du coup, pourquoi choisir l'infiltration, alors que le jeu est bien plus simple en tuant tout le monde ? D'autant plus que cela permet ensuite de passer au peigne fin les zones et de trouver plus facilement des objets pour améliorer votre équipement (et vous faciliter encore plus la vie). Rajoutons aussi que les phases que l'on pourrait considérer comme des phases de boss ne peuvent être résolues que par le meurtre de masse, ce qui fait que si vous n'avez pas amélioré vos compétences dans le domaine de l'agressivité, vous aurez plus de difficultés à en venir à bout. À partir de là, y a- t-il vraiment un choix à faire ?
C'est d'autant plus dommage que le jeu traite justement du changement de son héroïne en Rambo du Moyen-Âge. On peut voir une Amicia pleine de rage, invitant ses ennemis à venir la chercher avant de leur expédier une nouvelle pierre en plein crâne, on observe d'autres personnages, comme Lucas, le jeune alchimiste, qui s'inquiètent pour elle. À partir de ce moment, pourquoi continuer à proposer aux joueurs ce choix quasi factice plutôt que de continuer à accentuer ce propos intéressant en poussant son héroïne à aller toujours plus loin dans sa folie meurtrière, quitte à proposer des moments où elle ne peut, pour x ou y raisons, que s'infiltrer sans pouvoir tuer (ce que le jeu oblige d'ailleurs le joueur à faire à un moment précis de l'aventure, comme s'il savait que sans cette obligation, le joueur ne le ferait pas et foncerait dans le tas).
Cette critique qui était secondaire lors du premier volet des aventures des De Rune prend malheureusement ici une place trop importante pour ne pas poser un réel problème, pas tant sur l'histoire du jeu en elle-même que sur sa cohérence en termes de gameplay.
A Plague Tale : Requiem a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 5, Xbox Series et Nintendo Switch.
Difficile d'avoir un avis tranché sur A Plague Tale : Requiem, tant il réussit sur beaucoup de points, mais se prend les pieds dans le tapis sur un élément trop important pour le glisser justement sous le tapis. Cependant, si vous êtes passionnés par les aventures de la fratrie De Rune et par le très joli spectacle que le premier jeu proposait, il serait vraiment dommage de passer à côté de cette belle (mais sombre, très sombre) histoire.
Les + | Les - |
- L'univers d'A Plague Tale | - Le manque d'intérêt de l'infiltration |
- Amicia | - Une coupure de rythme au milieu de l'aventure |
- Un final qui prend aux tripes | - Pourquoi tant de souffrances ! Leave Amicia et Hugo Alone ! |
- Les rats |
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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