2014 : EA se voit confier les droits exclusifs des jeux vidéo Star Wars par Disney, alors que Lucas Art est dissous par la firme de Mickey. 2019 : l’état des jeux Star Wars ne pourrait être plus lamentable. EA n’a réussi à sortir que deux jeux triple A, orientés multi, bourrés de micro-transactions, tandis que des projets solo prometteurs se sont vus annulés, comme le « Projet Ragtag » d’Amy Hennig, madame Uncharted. Arrive alors l’annonce la plus cheap de l’E3 2018 où l’on apprend en deux mots entre la poire et le fromage que Respawn travaille sur un titre solo. Et maintenant Star Wars Jedi : Fallen Order est sorti…et il est très bon.
Tritri
S’inspirer sans plagier
Dire que Fallen Order est un des meilleurs jeux Star Wars qui soit jamais sorti est un pas que je franchirai avec l’allégresse d’un Palpatine devant une salle remplie de padawans désarmés. La faute à un game design d’une intelligence rare. Ce jeu n’invente rien, que l’on soit clair, mais Respawn est un studio qui a suffisamment de bouteille, et de talent, pour savoir prendre tout ce qui est bon dans une liste des jeux les plus influents de ces dernières années et en garder la substantifique moelle. Au programme nous avons donc :
- Dark Souls pour son système de points de sauvegarde et de repos qui fait réapparaître les ennemis, et bien sûr la difficulté. Chose rare : Fallen Order est un triple A qui ne mâche pas le travail. Ceci dit, alors que le débat sur la difficulté et les modes d’accessibilité est revenu avec Sekiro, Respawn prouve qu’un Souls-like peut avoir des niveaux de difficulté sans dissoudre l’expérience. Au contraire : le joueur un peu mauvais (comme moi) aura un challenge à son niveau en facile, tandis que le joueur expérimenté sera comme un poisson dans l’eau aux niveaux les plus élevés. Et bien sûr le combat est également très inspiré des licences de FromSoftware.
- Uncharted : pour l’aspect escalade, mais aussi du point de vue scénaristique assez étrangement, notre Noodles national vous décrira ça un petit peu plus tard.
- God of War : de son côté a fourni l’organisation des niveaux très ouverts, et bourrés de secrets et de chemins alternatifs.
- Tomb Raider : pour les énigmes à la fois tarabiscotées mais aussi transparentes.
Respawn a rendu une copie exemplaire, qui propulse le jeu de son statut un peu opportuniste qui donnait l’air de dire « le voilà votre jeu solo, jouez à Battlefront ça nous rapporte plus de pognon », à l’un des jeux Star Wars les plus maîtrisés de l’histoire de la licence, servi qui plus est par un des levels designs les plus intriqués que j’ai eu l’opportunité de voir, sans que l’on se perde un seul instant dans des niveaux pourtant labyrinthiques. Et franchement, on n’en demandait pas tant. Donc félicitations Respawn, et merci de nous avoir enfin donné le jeu solo moderne Star Wars que l’on attendait tant.
Noodles
De l’aventure à l’état pur
Tristan l’a bien décrit, Star Wars Jedi : Fallen Order a brillamment réussi à rassembler les meilleurs points de diverses séries de jeux, notamment d’aventure, pour nous livrer un titre accrocheur de bout en bout. Et je suis tout à fait d’accord avec lui, c’est un des meilleurs jeux Star Wars jamais sortis.
Je vais m’arrêter sur deux choses qui m’ont particulièrement marqué pendant mes 17 heures passées sur le jeu de Respawn : sa mise en scène et sa direction artistique.
Cal Kestis et sa petite bande partent à la recherche d’un artefact créé par une ancienne civilisation désormais éteinte, les Zeffos. Le jeu nous emmène donc sur plusieurs planètes, dont certaines très connues des fans de l’univers étendu, pour obtenir des indices sur la localisation de ce précieux artefact qui servirait à restaurer l’Ordre Jedi. A l’instar d’un Uncharted, notre héros découvrira des environnements nouveaux à chacune de ses destinations et devra avoir affaire à la faune locale ainsi qu’à un groupe de méchants qui poursuivent le même but que lui. On peut comparer ce Jedi : Fallen Order encore à la série des Uncharted grâce à sa mise en scène spectaculaire et cinématographique (en même temps, Star Wars c’est à la base du cinéma, la boucle est donc bouclée). Entre une scène d’introduction haletante à bord d’un train lancé à pleine vitesse sur les terres désolées d’une planète de ferrailleurs à une conclusion épique dans une base impériale, en passant par des moments plus calmes et intimes, Star Wars Jedi : Fallen Order nous livre un récit puissamment mis en scène par les équipes déjà bien rodées de Respawn (on se souviendra de l’impressionnante campagne de Titanfall 2). Chapeau à eux également pour les chorégraphies des combats de sabre laser que l’on peut voir dans quelques cutscenes, qui font partie des plus jolis combats à regarder de la saga Star Wars à mon sens.
En dehors de ces moments, le jeu m’a beaucoup marqué à travers ses environnements. Un travail tout particulier a été apporté sur les échelles de grandeur. Très régulièrement, on nous offre des arrières plans travaillés et gigantesques qui remettent en perspective la place du héros. Qu’il s’agisse d’un ancien temple ou d’un « simple » arbre sacré, on s’aperçoit que l’univers est grand et qu’il renferme des paysages fantastiques. L’environnement qui m’a sans doute le plus marqué est au tout début du jeu, lorsqu’on se balade dans l’enceinte d’un ancien destroyer clone en train d’être démantelé par les ferrailleurs du coin. On se rend ici pleinement compte de la taille imposante de ces vaisseaux qui était difficilement percevable dans la prélogie. On sent quand même que Rogue One est passé par là puisqu’on peut voir une certaine inspiration du film de Gareth Edwards qui jouait beaucoup sur la taille des environnements et des vaisseaux.
Encore une fois, on en revient à l’inspiration. Que ce soit dans le gameplay, le level design ou au niveau artistique, Respawn a su s’inspirer sans jamais copier afin de nous concocter un jeu d’aventure solide et grisant (les combats au sabre laser, bien que parfois frustrants, sont incroyables à jouer).
Oui, on n’en demandait pas tant, et pourtant, Respawn nous a gratifié du meilleur jeu d’aventure de ces dernières années alors que pas grand monde y croyait. Franchement, bien joué et le studio américain s’installe dorénavant, en tout cas à mes yeux, comme l’un des studios les plus talentueux de cette décennie qui s’achève. J’espère qu’ils continueront de nous surprendre comme cela dans les années à venir et qu’ils garderont cette grande forme dans laquelle ils sont aujourd’hui.
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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