2019 fut une année étrange du point de vue de mes habitudes de jeu. Déjà parce que j’ai dû prendre du recul sur les jeux que je faisais pour TPP, comme je l’ai fait il y a quelques temps sur les films – l’habitude n’a pas été simple à reprendre. Et puis parce que je suis, comme on le dit dans les cercles avertis, un « slow gamer », et ceci sur deux points : premièrement, extrêmement rares sont les jeux qui me font craquer à leur sortie (une habitude prise dès le moment où j’ai payé pour mes jeux, vers le lycée) et il faut attendre au moins une bonne année pour que je me mette à envisager l’achat d’une « nouveauté », si possible d’occasion. Et deuxièmement car si on faisait une moyenne du temps passé sur un jeu apprécié, à avancée égale dans la progression, sans doute me trouverais-je tout sourire en bout de queue. Autant dire que lorsque je me suis retrouvé avec des titres pas encore sortis à tester en deux semaines max, ça m’a fait tout drôle et je n’ai sûrement jamais autant profité de ma période de chômage d’alors…
Par quel tour du destin ai-je appris l’existence de Photographs, je ne saurais dire. Il s’agit sans doute moins de l’œuvre des astres que de celle de Zali, notre préposé au tableau, la vigie de TPP qui, du haut de son mât tourné vers le Japon, nous prévient des beaux soleils ou des grains orageux qui s’annoncent. Quoi qu’il en soit, friand que je suis des « petits » jeux chéris par leur développeur/développeuse, ce qui ne manque pas de nourrir le bruit qui veut que les jeux snobs me reviennent, c’est tout intrigué que je recevais le code du titre, directement fourni par son papa, Luca Redwood.
En est ressortie une expérience originale, au sens où je ne pense pas avoir auparavant joué à quelque chose de semblable, un puzzle game narratif où les puzzles sont menés par la narration, une mise en jeu des situations et des affects des personnages. Le résultat est à la fois émouvant et déboussolant, tout particulièrement lorsque la vie du personnage narrateur bascule et que cela se traduit par une évolution des mécaniques du puzzle qui lui est associé. Si certains passages appuient peut-être un peu trop sur le pathos, cela n’empêche pas une fine écriture portée par un final aussi tragique que libérateur. Bien entouré par Octavi Navarro à la direction artistique et Ben Prunty à la musique, Luca Redwood a signé un jeu parfaitement équilibré et réfléchi qui mériterait d’être joué par un plus grand nombre.
Et, si vous avez peur d’être bloqué, le développeur a récemment ajouté un système d’indices et la possibilité de passer outre un tableau qui paraîtrait trop obtus à votre goût. Faites donc mentir mes compères et jouez à Photographs, un jeu pas snob pour un sou – ou un polaroid.
Seastrom
C'est la Loire qui coule dans les veines de Seastrom, mélangée aux subtilités de la vaporwave. Possibilité de l'amadouer en lui parlant indés et D&D (Dreyer et Digimon).
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