Aujourd’hui au menu, Zali vous parlera du court jeu expérimental KIDS et Un Rieur vous présentera The Church in the Darkness, un jeu qui parle d’infiltration, de secte, et de haut parleurs.
Kids
« Un jeu des foules ». C’est la phrase d’accroche choisie par Double Fine, courte, mystérieuse et assortie d’un prix fort attractif (3€) pour nous vendre le jeu de Michael Frei et Mario von Rickenbach. Avec une durée de vie annoncée de 20 minutes, des graphismes sous forme de bonhommes-bâton et le refus du terme de jeu pour parler « d’animation interactive », KIDS piquait ma curiosité et agitait mon radar à bullshit. Surprise : c’est un excellent jeu.
Minis-moi, maxi fun
Les fameux Kids, ce sont de petites silhouettes blanches, courant sur votre écran immaculé. Le jeu s’ouvre sur l’une d’entre elle, au bord d’un précipice. Vous cliquez dessus, et le petit bonhomme du titre saute dedans. Fin du premier tableau. Tout est là, parfaitement instinctif : votre objectif, c’est de faire en sorte que les Kids atteignent un objectif, généralement sauter dans un trou, mais aussi ramper dans un estomac, nager à contre courant d’une foule ou se mettre d’accord avec d’autres Kids sur une direction à prendre. Le tout sur plusieurs dizaines de tableaux pouvant durer quelques secondes à quelques minutes.
Le style épuré à l’extrême n’en est pas moins très expressif, et la variété des situations, elles-mêmes déclinées selon pas mal de variantes, étonne. On est d’ailleurs plus proche d’une heure complète que du quart d’heure annoncé. Tout a été pensé pour que chaque énigme constitue un puzzle simple dont les règles s’entendent organiquement en fonction des éléments introduits dans les tableaux précédents. Faire courir un des Kids, le faire sauter, le faire pointer dans une direction, le faire applaudir : tout s’apprend en quelques secondes, avec un seul doigt, et sans jamais buter sur une consigne obscure. Un modèle de game design auquel on ne reprochera qu’un petit manque de difficulté sur la fin. On est davantage sur une expérience sensorielle que sur un véritable puzzle game.
Une expérience à partager
KIDS, comme Plug and Play, le précédent jeu de ses créateurs, pose une bonne question : celle de savoir jusqu’où il est possible d’épurer un concept tout en en préservant le fun. Et la réponse est là : on peut aller très loin. Aucun doute : KIDS est bien un jeu. Je me suis amusé, le gameplay est progressif, il y a des règles à suivre et une interaction qui se déploie petit à petit. Mais plus qu’un jeu, il me semble être une excellente initiation à l’interactivité aussi pertinente à pratiquer avec les plus jeunes sous forme d’initiation au clic ou à la manipulation tactile (le jeu est quasiment muet) qu’avec un public adulte peu accoutumé à ce type de jeu alternatif.
Les besoins en terme de médiation culturelle dans le jeu vidéo sont énormes. Entre les « je n’aime pas » les « ce n’est pas pour moi » et les « je ne sais pas faire », toute personne ayant travaillé la question sait bien que la méfiance et l’incompréhension restent présents chez une partie du public (parents inquiets, personnes âgées victimes de la fracture numérique…). Fun, instinctif, bienveillant et jamais parasité par plus de complexité que nécessaire, KIDS est une expérience à recommander fortement en tant qu’outil pédagogique d’apprentissage de l’interactivité. Les petites pointes d’humour potache plairont aux plus petits sans offusquer les grands. Et les critiques extatiques du jeu sur Steam, ainsi que les prix qu’il a remporté dans divers festivals de jeux vidéo ne trompent pas sur la marchandise : ce titre amusera tout le monde, du vétéran du jeu indé à l’amateur d’art contemporain.
Kids a été testé sur PC via une clé acquise par nos soins.
Idéal pour une petite soirée, à faire seul ou entre amis, KIDS est un excellent petit puzzle game, entre expérience sensorielle et œuvre d’art minimaliste interactive. Michael Frei et Mario von Rickenbach ont livré là un jeu brillant, dont le prix extrêmement modique devrait vous encourager à passer immédiatement à la caisse.
The Church in the Darkness
Avez vous déjà entendu parler du temple du peuple ? C’est une secte qui a sévi aux USA dans les années 70 et dont l’histoire s’est tragiquement terminée par un suicide collectif de plus de 900 personnes. Quand on a entendu parler d’un jeu inspiré par cet évènement, les réactions chez nous étaient on ne peut plus mitigées, surtout avec le passif qu’a le jeu vidéo vis à vis de ce genre de cas. Cependant j’ai pris mon courage à deux mains pour essayer ça. J’aime bien les jeux d’infiltration et après MGS V, une expérience plus light m’attirait bien. Me voilà donc avec le premier bébé de Paranoid Production, édité par Fellow Travellers.
Allez viens, on est bien
C’est avec circonspection, que j’ai lancé The Church in the Darkness. Je m’attendais à tout, du jeu mal foutu qui tente de faire de la provoc, au jeu juste cassé injouable et bâclé. Donc quand j’ai lancé ma première partie, j’ai été très agréablement surpris. Tout d’abord le titre nous demande de personnaliser vite fait notre avatar, puis nous présente gentiment le contexte de notre courte aventure. Ensuite on nous largue en pleine jungle amazonienne en nous expliquant que notre frangine est inquiète pour son fils et aimerait qu’on tente de le ramener à la maison. C’est à partir de là que j’ai commencé à tiquer : on est pas là pour stopper la secte, ni même pour faire quoi que ce soit contre eux, on est là pour ramener le neveu à la maison ou au moins rapporter de ses nouvelles à sa mère.
Après cette entrée en matière surprenante (je m’attendais à être un agent de la CIA ou un truc du genre moi), je tente de m’infiltrer dans ce « paradis socialiste et chrétien ». Pendant mon aventure j’ai croisé pas mal de gardes armés, quelques civils sympas, et surtout une flopée de haut parleurs distribuant la bonne parole de partout. Cependant, j’ai vite perdu cette première partie par manque de connaissance de mon environnement, et en recommençant, le jeu m’a demandé si je voulais que les deux leadeurs du culte aient la même personnalité que lors de ma précédente partie. C’est là la grosse feature du titre. A chaque partie les gourous peuvent avoir un caractère différent, tantôt belliqueux et véhéments, tantôt apaisés et aimants leurs fidèles. La fin de chaque partie, le comportement des PNJ et le décor de l’aventure changent bien sûr selon cette donnée et d’après les actions du joueur.
Tu seras bienvenu chez moi
Vous l’aurez compris j’ai bien aimé parcourir l’église dans les ténèbres. Le jeu étant court mais ayant une bonne rejouabilité, il m’a rappelé par certains aspects Metal Gear Solid V Ground Zeroes (mais si rappelez vous). Le village que vous explorerez aura toujours la même géographie, cependant les PNJ, eux, auront changé de place, additionné aux différentes personnalités des leaders et aux méthodes possibles pour arriver à vos fins, il y a donc de quoi faire. J’ai d’ailleurs eu la bonne surprise de débloquer un peu de contenu une fois que j’ai fini ma première partie.
Le titre est-il pour autant exempt de défaut ? A part un manque de visibilité, et une IA un peu limite, je n’ai pas envie de le bâcher plus que ça. D’ailleurs je ne sais pas si les développeurs ont été touchés personnellement par l’affaire du temple du peuple, ou s’ils voulaient montrer que même avec une apparence bienveillante, l’endoctrinement est une mauvaise chose, mais je sens une envie d’éduquer le joueur à travers cette expérience. D’une part on y voit une critique des dogmes assez évidente, mais le jeu n’hésite pas à faire ressentir au joueur que son comportement n’est pas sain lorsqu’il abuse. Néanmoins comme le titre ne force pas son propos avec de gros sabots, on passe quand même un moment simple et intéressant manette en main.
The Church in the Darkness a été testé sur pc via une clef fournie par l’éditeur.
Pour conclure je dirais que The Church in the Darkness est un jeu qui tient ses promesses, et qui se permet d’avoir un gameplay très simple mais terriblement efficace. On en fait vite le tour, mais on peut y revenir facilement histoire de tenter une nouvelle fin. C’est une expérience parfaite pour le jeu mobile donc tentez l’expérience sur Switch si vous pouvez, mais sur PC c’était aussi très agréable.
Un Rieur
J'aime tous les jeux, surtout les jeux un peu nazes ou cassés. C'est pas parce que c'est nul que c'est pas bon, et puis j'aime aussi la bouffe, et le JDR
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