Cette fois-ci dans Partie Rapide, Zali vous parle des villes nomades de Dream Engines : Nomad Cities – A survival city builder with flying cities (on va abréger en Dream Engines : Nomad Cities si vous voulez bien) et BatVador de cryptomonnaie et vrais billets avec Crypto Is Dead.
Dream Engines : Nomad Cities – A survival city builder with flying cities
C’est à Suncrash, petit studio connu pour le jeu Judgment: Apocalypse Survival Simulation, que l’on doit ce concept de Dream Engines : Nomad Cities très remarqué lors de divers festivals et autres expositions autour des jeux indés. Mélange entre construction de ville avec un fort axe sur les chaînes de production et de tower defense, ce jeu entame à peine son early access… et il lui reste beaucoup de chemin à parcourir entre sa note d’intention et le résultat final.
Je suis à l’apocalypse bisouuuuu je manvol
Dream Engines : Nomad Cities, c’est d’abord une ambiance pas franchement propice à la rigolade. La fin du monde a eu lieu, l’essentiel des terres sont peuplées de monstres et contraignent les rares tribus encore vivantes à se terrer dans des villes volantes à la mode steampunk, errant de région en région pour amasser des ressources avant d’être submergées par les créatures qui peuplent la surface.
Une partie de Dream Engines : Nomad Cities se déroule toujours un peu de la même manière : vous arrivez quelque part, et vous devez créer rapidement une économie viable en montant des chaînes de production acheminant les matières premières vers des usines et des biens de consommation vers des habitations. La plupart des ressources n’étant pas disponibles à proximité, vous devrez régulièrement quitter le mode « construction » pour passer au mode « exploration », une sorte de hack and slash où vous contrôlez le robot gardien de votre colonie qui doit nettoyer des ruines de la présence de créatures hostiles et sécuriser des sites d’exploitation. Les ressources accumulées vous permettent de lutter plus efficacement contre leur menace, qui augmente au fil du temps.
Quoi que vous fassiez dans Dream Engines : Nomad Cities, le résultat est toujours le même, et vous finirez de manière absolument certaine submergé par des hordes d’ennemis de plus en plus forts et de plus en plus nombreux. Passé un certain point de chaos, votre seule opportunité de survie est de faire décoller votre ville pour une nouvelle destination, où vous arriverez avec toutes les ressources et les bâtiments que vous aurez eu le temps d’emporter. C’est là où réside tout le sel du jeu : dans l’équilibre recherché entre amélioration de la ville et prise de risque, dans la mesure où vous ne pourrez placer au moment du départ sur votre plate-forme volante qu’une toute petite partie de ce que vous aurez construit. L’enjeu sera donc d’améliorer assez votre cœur de ville pour progresser lentement mais surement vers la voie de l’autarcie totale.
Rendez-vous dans quelques mises à jour
À première vue, l’idée est très efficace, combinant en quelque sorte des explorations de terres mystérieuses façon Don’t Starve et construction de chaînes logistiques à la Settlers. Le nombre élevé de paramètres à gérer est assez surprenant et demande pas mal d’investissement, mais on se pique assez rapidement de concevoir de vraies petites pépites d’optimisation pour acheminer énergie, matières premières et main d’œuvre aux endroits les plus optimaux. De même, le mode exploration où l’on contrôle le robot est une approche originale qui n’est pas sans rappeler une sorte d’Orcs Must Die vue du dessus. Mais attention, Dream Engines : Nomad Cities vient d’entamer son accès anticipé, et il est encore un peu jeune.
Si on comprend bien l’idée générale, pour le moment Dream Engines : Nomad Cities est encore pour le moment plus riche en bugs qu’en contenu. Ces derniers sont d’ailleurs une priorité des développeurs qui travaillent d’arrache-pied à rendre le jeu beaucoup plus jouable (là c’est encore un peu limite). Autre souci : l’ergonomie générale du titre n’est pas encore très agréable, la navigation dans les menus est un peu confuse, le mapping des touches pas très bien pensé, la caméra est un enfer à contrôler, et des options d’accessibilité manquent. Enfin, des fonctionnalités de gameplay essentielles (l’exploration des ruines, par exemple) manquent encore. Je recommanderais donc d’attendre un peu avant de dépenser la trentaine d’euros nécessaire à l’acquisition de ce jeu plutôt prometteur.
Dream Engines : Nomad Cities a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Dream Engines : Nomad Cities est un jeu hybride, entre city builder, tower defense et simulation d’automatisation. Une proposition intéressante, demandant beaucoup d’investissement de la part du joueur. Est-ce que ça en vaut la peine ? Difficile à dire tant cet accès anticipé arrive tôt dans le développement du jeu. L’ambitieuse feuille de route des auteurs est donc à scruter de près.
Crypto Is Dead
La cryptomonnaie est morte et il faut remettre en circulation des vieux billets. Votre mission : trier les billets et détecter les contrefaçons. C’est en tout cas ce que propose Crypto Is Dead, le second jeu du studio bordelais The Moon Pirates.
L’enfer est pavé de jolis pixels
Un bureau en pixel art soigné, une radio diffusant une musique douce et jazzy et un store cassé, voilà votre décor pendant les trente jours de votre mission. Après un tutoriel globalement inutile, vous êtes en charge du tri de billets et c’est là que le premier problème de Crypto Is dead vous fait un croche-patte vicieux : comment discerner une contrefaçon si vous n’avez jamais vu de vrai billet ? Vous disposez bien d’un manuel qui décrit les différentes parties des billets (couleur, motif, bordure, etc.), mais d’aucune image de l’ensemble. Dès lors, comment savoir lequel du billet entièrement coloré ou celui qui l’est seulement aux trois quarts est la contrefaçon ? Au bout de trois erreurs, la Banque Centrale ferme votre succursale pour la journée et après deux jours dans le rouge, vous perdez la partie. Qu’à cela ne tienne, après un premier essai vous pouvez recommencer et mettre à profit vos connaissances durement acquises… sauf que non. Les billets générés de façon procédurale ont changé de couleur, de motif, de disposition, si bien qu’à part le fonctionnement de votre équipement, vous devez tout réapprendre. Censé augmenter la rejouabilité, ce système procédural m’a surtout permis de tester l’étendue de mes connaissances de noms d’oiseaux, car il m’a fallu recommencer une bonne demie-douzaine de fois avant de passer le troisième jour.
Mais mettons que vous ayez réussi à prendre le coup de main, vous triez de jour comme de nuit vos billets et malgré un système de notation, de taxes et de clients franchement obscurs vous réussissez à avancer dans le jeu, à acquérir les machines requises et à réparer votre store : vous n’êtes toujours pas au bout de vos peines. Des sceaux mal placés empêchent fréquemment de lire les codes et les dates, et la mise à jour récente n’a pas complètement réglé ce problème. Les équipements ne peuvent pas être fixés sur votre plan de travail, ce qui fait qu’au moindre clic de travers c’est votre microscope que vous embarquez à la place du billet, la radio remplace aléatoirement la musique par du bruit blanc et si vous avez des problèmes pour discerner les nuances de bleu et de rose passez votre chemin. Le jeu est pourtant beau et pas dépourvu de bonnes idées, comme les motifs dessinés en grand et en petit pour être plus facilement comparables, la fenêtre qui peut remplacer l’une de vos machines pour peu que vous ne travailliez que le jour, la possibilité de travailler la nuit qui vous permet de prendre de l’avance. D’ailleurs, si l’on s’acharne un peu, le bon et le moins bon finissent par s’équilibrer et j’aurais même pu le recommander chaudement à tous les amateurs du genre, mais hélas, Crypto Is Dead présente un autre problème autrement plus ennuyeux.
Bullshit job simulator
Le principal problème de Crypto Is Dead réside dans son absence absolue de narration et si vous pensez que j’exagère je vous propose un exercice. Ouvrez la page Steam du jeu et lisez le résumé. Allez-y. C’est fait ? Très bien, voilà vous savez tout de l’histoire du jeu. En fait non, vous en savez même plus, car le jeu part du principe que vous avez lu le résumé et ne se donne pas la peine de le reprendre dans le tutoriel, pas même sous la forme d’un journal ou d’un flash radio. Au bout de cinq jours à prendre mon rythme de croisière et à trier mes billets de jour comme de nuit, sans aucune interaction, j’ai commencé à me demander ce que je faisais et pourquoi : « À quoi servent ces billets, que se passe-t-il si je perds ? Est-ce que cela a des répercussions dans l’univers ? Mais quel univers ? Qui suis-je ? Qu’est-ce que je fais là ? Si mon job disparaissait, quelqu’un s’en rendrait-il vraiment compte ? » Et c’est ainsi que malgré lui, Crypto Is Dead devient un excellent simulateur de bullshit job (tâches inutiles, superficielles et vides de sens effectuées dans le monde du travail), ce qui n’est pas une expérience particulièrement plaisante.
Ce jeu qui s’inspire si clairement de Papers Please dans son esthétique et ses mécaniques oblitère complètement ce qui fait de son modèle un jeu intéressant : sa narration et surtout ses enjeux. Après une partie terminée et une bonne douzaine d’échecs à différents stades, je m’interroge sur ce choix. Si Papers Please propose un mode sans scénario, celui-ci est débloqué à l’issue d’une partie terminée en mode histoire, afin de prolonger l’expérience. Si, personnellement, je n’estime pas qu’une narration omniprésente soit nécessaire à la réussite d’un jeu, Crypto Is Dead demande trop de concentration pour permettre une autre activité en parallèle et n’offre pas assez d’enjeux pour donner envie de s’y remettre une deuxième fois.
Crypto Is Dead a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Crypto Is Dead n’est pas un mauvais jeu à proprement parler, mais un jeu à qui il manque quelque chose. Le gameplay pourtant très fonctionnel est alourdi par une multitude de petits détails mal pensés et l’absence d’enjeux le rend difficile à recommander.
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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