Aujourd’hui Fanny vient vous parler de Comet 64, un jeu de programmation rétro et de Henry Mosse and the Wormhole Conspiracy, un point’n click dans un univers de science-fiction déjanté.
Comet 64
Parfois, il m’arrive d’avoir des idées surprenantes niveau choix de jeux vidéo. Je teste un peu tout et n’importe quoi et même dans des genres que je déteste alors que je sais pertinemment que la manette va finir par me tomber des mains. Cette fois, j’ai eu l’idée brillante de tester un jeu de programmation alors même que je fais déjà ça toute la journée. Et Comet 64 ne s’adresse absolument pas à des personnes comme moi.
Déjà vu, déjà fait
Pour comprendre un peu plus ce que je vais dire par la suite, il faut savoir quelque chose sur moi : j’ai commencé à apprendre la programmation en autodidacte, ce qui veut dire tutos à la pelle, les mêmes exercices en boucle et tout ça à recommencer après une perte de motivation pendant des mois où l’on a tout oublié car on n’est jamais allé assez loin. J’ai fini par sortir de cette spirale infernale où l’on apprend constamment les mêmes choses sans jamais s’en servir réellement et je ne pensais plus jamais toucher à ce genre d’exercices abrutissants à part dans des tests techniques sans imagination mais c’était sans compter sur Comet 64.
La trame de fond est simple : on est en 1984, on a un PC de la même époque et le manuel qui vient avec. Sur notre bureau se trouvent des fichiers, chacun composé de plusieurs énigmes à résoudre. Il s’agit de résoudre chacune d’entre eux pour récupérer un mot de passe pour ouvrir un fichier protégé. Si Comet 64 a attiré mon attention alors que j’ai toujours eu tendance à bouder les jeux de programmation, c’est par son côté réaliste, où l’on est amené à réellement taper du code, en respectant la syntaxe mise en place par le jeu, et non pas juste à créer la logique d’un programme avec des interfaces visuelles. Je pensais également résoudre des énigmes un peu originales, avec au moins un minimum de lien entre elles, une utilité quelconque au sein du jeu lui-même ou au moins la possibilité d’être créative avec les solutions. J’ai très vite déchanté.
Le langage du titre est très basique, aussi bien pour correspondre au côté rétro du thème que pour sûrement ne pas perdre les novices, qui auront donc peu d’instructions différentes à apprendre. Ses limitations, bien que compréhensibles, deviennent rapidement agaçantes et il faut tout de même un peu de temps pour le prendre en main et bien comprendre comment va réagir le programme. Heureusement, pour nous aider, Comet 64 a tout un système qui permet de dérouler notre programme ligne par ligne pour voir facilement là où ça bloque et même plusieurs feuilles pour pouvoir essayer plusieurs solutions sans avoir à tout commenter.
Cependant, le problème principal se pose au niveau des puzzles eux-mêmes : ils ne sont qu’une suite de tous les puzzles basiques qu’on se retrouve à résoudre lorsque l’on apprend un nouveau langage. Rien d’original ou qui pourrait avoir un lien quelconque avec le (minuscule) scénario en fond, juste les classiques « Convertir des nombres en chiffres romains », « Output le nombre le plus grand parmi trois nombres »… D’autant plus que les limitations techniques du langage dans Comet 64 font qu’une seule solution est la plus optimisée, ce qui laisse peu de marge à l’imagination. Si l’on en croit les reviews du jeu sur Steam, il y a un public pour ça et je suis très heureuse pour eux, j’ai juste beaucoup de mal à voir l’aspect ludique là-dedans et l’utilité de faire ça dans Comet 64 plutôt que de juste aller sur Codewars et de faire plein d’exercices de ce genre dans un langage moderne. Non pas qu’un jeu devrait être utile mais celui-là en étant à peine un, autant apprendre quelque chose si vous voulez vraiment passer vos soirées à faire ça.
Comet 64 a été testé sur PC, via une clé fournie par l’éditeur.
Comet 64 aurait mérité soit un peu plus d’histoire et d’emballage soit des énigmes originales pour que je puisse accrocher totalement à son concept qui me semble être adressé à une toute petite catégorie de personnes qui serait les fans d’exercices de programmation basiques qui auraient déjà écumé tout ce que l’on peut trouver gratuitement sur Internet. Je ne le conseillerais même pas spécialement à des débutants qui souhaiteraient se lancer sur un jeu vidéo plutôt que d’aller directement apprendre un langage tellement la logique est parfois beaucoup plus tordue que ce qu’ils pourraient trouver par la suite. Cependant, si c’est vraiment votre truc, Comet 64 a l’avantage d’avoir un design rétro très sympa, que ce soit au niveau des graphismes ou du son, qui enrichira indéniablement votre expérience.
Henry Mosse and the Wormhole Conspiracy
L’espace a le vent en poupe en ce moment. Le genre de la simulation est incontestablement celui qui en profite le plus : Elite Dangerous, Star Wars : Squadrons ou encore Star Citizen, avec ses revenus indécents basés sur la vente de JPEG de vaisseaux, prouvent en permanence que l’espace et la science-fiction intéressent et rapportent. Mais pour Henry Mosse and the Wormhole Conspiracy, c’est le genre du point’n click qui a été choisi par Bad Goat Studios et une ambiance plutôt « goofy », loin des menaces extraterrestres qui mettent en péril des galaxies et civilisations entières.
Une belle histoire de famille dans un point’n click accessible
Les Mosse, c’est avant tout une histoire de famille. Une famille d’explorateurs, qui a permis de grandes avancées dans l’histoire des Far-Stars et qui s’est reconvertie dans la livraison de biens. Mais bien évidemment, tout ne pouvait pas continuer à être tranquille et les Mosse se retrouvent vite embarqués pour une aventure qui mêle conspiration et histoire de famille.
Henry Mosse and the Wormhole Conspiracy met en scène une famille plus originale que ce que l’on a l’habitude de voir dans le jeu vidéo : déjà, la présence d’une mère parmi les personnages, elles qui sont si absentes du jeu vidéo là où les pères pullulent, poussés par des gérants de studios vieillissants et devenus parents. Et pas n’importe quelle mère : une mère adoptive qui a un jour trouvé un bébé par hasard dans une capsule flottant dans l’espace et qui n’a rien perdu de sa fougue, curiosité et force en acceptant son nouveau rôle. Seren Moose est un excellent exemple de personnage féminin bien écrit, n’ayant sacrifié aucun aspect de sa personnalité pour se cantonner à un stéréotype. Et si on suit une famille extraordinaire, nous ne sommes pas dans un cas typique de capacités transmises par l’hérédité et le sang comme on peut en voir souvent dans la fantasy et la science-fiction (tousse Star Wars tousse) puisque chacun est arrivé là en faisant son bout de chemin, Henry ne devant son talent qu’à lui-même et à l’exemple de sa mère.
Le reste du scénario n’est ni transcendant ni mauvais, avec une aventure classique, des blagues sympathiques mais un peu enfantines pour mon cœur de vieille aigrie, un twist attendu et une fin très convenue. Le ton du jeu est plutôt jeune ado à mon sens, ce qui n’est pas une mauvaise chose et ça se ressent dans le gameplay. Contrairement à un jeu comme Mutropolis, Henry Mosse and the Wormhole Conspiracy se veut très accessible : il est possible de mettre en surbrillance les objets avec lesquels on peut interagir et les énigmes restent plutôt simples, l’une d’entre elles donnant même la possibilité d’être passée si on ne veut pas y réfléchir trop longtemps.
Quant à la direction artistique, elle divisera assurément. Les designs des aliens sont originaux et ont l’avantage d’aller un peu plus loin que « humain mais avec des antennes » mais ceux de nos personnages principaux se découpent un peu trop nettement par rapport au décor et n’ont pas franchement été appréciés par les membres de la rédaction à qui j’ai montré le jeu. A vous de voir par rapport aux screenshots où votre cœur balance. On notera un style un peu plus comics pour les cutscenes, qui sont présentées par case avec une petite animation pour chacune d’entre elles, que j’ai trouvé parfaites pour le thème science-fiction des années 80 un peu pulp. La musique aussi fait écho à cette période puisqu’elle ne détonnerait pas dans un épisode de Star Trek : The Next Generation.
Henry Mosse and the Wormhole Conspiracy a été testé sur PC, via une clé fournie par l’éditeur.
Henry Mosse and The Wormhole Conspiracy a une ambiance bien à lui, que ce soit au niveau de l’humour ou du design des personnages. Tout a tendance à balancer entre l’absurde plaisant (j’ai beaucoup aimé aider un distributeur automatique à draguer mon micro-ondes) et l’enfantin à la limite du stupide, entre de bonnes idées de design pour les aliens et des choses plus discutables au niveau de nos personnages. Il présente malgré tout une jolie histoire de famille et a été un moment agréable, qui a duré juste ce qu’il faut. A vous de voir si ce genre d’ambiance peut vous attirer.
Fanny Dufour
Rédactrice le jour et rédactrice en chef la nuit. J'aime qu'on me raconte des histoires, mais seulement dans les jeux.
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