Vous aimez la musique de jeu vidéo et vous ne dites jamais non à une sélection qui débarque comme ça, prête à l’écoute ? Vous n’y connaissez pas grand-chose, mais vous êtes curieux·se de découvrir un infime pan des variétés d’univers, de styles et d’ambiances qu’elle peut proposer ? Vous avez juste fait un missclick au moment de valider votre panier Leclerc Drive et vous voilà sur cette page ? Dans tous les cas, vous êtes au bon endroit.
Trop de musiques, trop de jeux, tant de choses à découvrir. Autant vider l’océan avec un seau. Mais il faut bien démarrer quelque part, sinon on ne s’en sort jamais. Alors voici une sélection de 10 morceaux, sans thématique particulière, accompagnés d’une courte présentation pour vous donner un peu de contexte, des anecdotes sympas sur leur créateur·ice, ou le jeu dont ils sont issus. Bonne écoute, bonne lecture.
Brutality Rebuild - Yakuza Like A Dragon Infinite Wealth - Chihiro Aoki
En février dernier, Yakuza Like a Dragon Infinite Weatlh nous a proposé de repartir à l’aventure du côté d’Hawaï, sous les traits du candide Ichiban Kasuga et de l'emblématique Kiryu Kazuma. Zali vous en parlait dans un article dont le titre mérite d’être inscrit au panthéon des meilleurs jeux de mots de circonstance. Oscillant entre le tragique, l’action décomplexée et le ridicule, mais avec toujours un excellent dosage, le jeu proposait une bande-son aussi dense que qualitative. À l’occasion du retour de certains antagonistes du premier Like A Dragon, elle s'autorisait quelques remix de morceaux déjà entendus dans la première aventure d’Ichiban.
C’est le cas de ce Brutality Rebuild, thème de boss qui revient sous une nouvelle forme. Très rock dans sa version initiale, il embrasse, à l'occasion de cette reconstruction, un style électro des plus assumés. Derrière ce thème bondissant, on retrouve Chihiro Aoki, compositrice chez Sega depuis 2009, qui reprend le morceau qu'elle avait composé pour le précédent jeu. Aux crédits de quasiment tous les Yakuza depuis le 3, elle s’est aussi offert quelques travaux en dehors de la licence phare du studio Ryû ga Gotoku. Vous pouvez la retrouver derrière des musiques de Phantasy Star Online 2, Mario et Sonic aux Jeux olympiques d'hiver de Sotchi 2014, ou encore Shin Megami Tensei: Liberation Dx2. Difficile de faire plus éclectique.
Endwalker Footfalls - Final Fantasy XIV Endwalker - Masayoshi Soken/The Primals
Chaque nouveau trailer d’une extension de Final Fantasy XIV est un grand moment, attendu avec impatience par les fans. Nouvelles zones, nouveaux antagonistes, retour de personnages adorés, mais surtout nouveaux thèmes musicaux, voilà la promesse qui les accompagne. Pour Endwalker, la situation était un peu différente. La 4e extension du MMORPG de Square Enix (A Realm Reborn étant le jeu de base) était annoncée comme la conclusion de l’arc narratif engagé depuis 2013 et la renaissance du jeu. Et pour que le doute ne soit plus permis, la musique de sa bande-annonce contient quelques nouveaux thèmes musicaux, mais s’apparente davantage à un medley de certains morceaux iconiques des précédentes extensions. Torn From the Heavens, thème des boss classiques de A Realm Reborn, Revenge of the Horde que l’on pouvait entendre lors d’un combat capital dans Heavensward, Triumph qui n’est autre que le thème principal de Stormblood, et Shadowbringers celui de l’extension éponyme. Comment annoncer au mieux l'imminente convergence des différentes intrigues qui ont démarré 8 ans auparavant ?
Sans surprise, c’est Masayoshi Soken, le directeur audio et compositeur principal sur Final Fantasy XIV qui est crédité pour ce morceau. La partie rock/métal est interprétée par son propre groupe, The Primals, coutumier des apparitions dans les musiques du jeu. Sans chercher à voir dans Soken le successeur d'Uematsu (puisqu’il n’y en a pas), on peut s’amuser de l’appétence des compositeurs phares de Square pour avoir leur propre groupe de rock (The Black Mages et les Earthbound Papas pour Nobuo Uematsu).
Birdman - Pilotwings 64 - Dan Hess
Pilotwings est une licence de Nintendo que j’aime profondément. C’est une simulation aérienne qui a démarré sur Super Nintendo, avec à la tête du projet Tadashi Sugiyama (auparavant directeur sur Zelda II). On pouvait y piloter un biplan, faire du deltaplane, du saut en parachute ou du jetpack dans des jeux d’adresse peu évidents. Le jeu bénéficiait du mode 7 pour créer au mieux une perception de profondeur et d’altitude avec un résultat bluffant. En 1996, le jeu connait une suite, Pilotwings 64, l'ULM remplace le biplan, et un homme canon a pris la place du parachutiste. Le titre est co-développé par Nintendo et Paradigm Simulation, ce qui explique la présence de Dan Hess, compositeur américain pour reprendre le flambeau du duo Koji Kondo et Soyo Oka.
Birdman est l’équivalent d’un mode libre dans le jeu. On y incarne un homme-oiseau qui peut voler sans contrainte de temps ni d'objectif. Pour symboliser au mieux cette liberté solitaire dans les cieux, Dan Hess compose ce morceau devenu culte, à mi-chemin entre les musiques de films érotiques sur M6 le dimanche soir après Culture Pub et un album lounge de relaxation que l'on pourrait entendre en dégustant un café hors de prix à l'Hôtel Costes. Si vous l'appréciez (le morceau, pas le café), la reprise par le talentueux groupe 8-Bit Big Band avec Zac Zinger qui redonne ses lettres de noblesse à l’Electronic Wind Instrument mérite de rejoindre vos playlists du moment.
Pesto Song - Once Upon a Jester - Bonte Avond
Je crois que c’était la première fois que je venais participer à un blind test sur le Discord de The Pixel Post. J’étais loin de penser qu'un jour je rejoindrai la fabuleuse équipe qui fait vivre et prospérer ce site. Quand Pesto Song est arrivé durant le jeu, je n’avais aucune idée de ce qu’était la réponse, mais j’ai tout de suite adoré ce morceau. Simple, entraînant, doux, drôle, il a tout de suite fait mouche. J’ai longuement écouté cette OST composée principalement de chansons de moins d’une minute, comme des vignettes musicales humoristiques. La qualité est forcément au rendez-vous puisque le studio est composé de quatre musiciens. Ce n’est que récemment que j’ai pu mettre du contexte sur tout cela en jouant au jeu. Et je n’ai pas été déçu. Tout ce que je peux vous dire sur Pesto Song c’est qu’elle conclut une enquête policière de haut vol. Pour ce qui est du jeu, c’est Shift qui en parle le mieux.
Sinon, vous saviez que plusieurs blind tests étaient régulièrement organisés sur le Discord de The Pixel Post ? Que tout le monde est le·a bienvenu·e, pour participer, ou juste faire acte de présence sans intervenir et profiter des musiques, du running gag Death Stranding et de certaines reprises indescriptibles 100% à la bouche de Chibi ? Maintenant, oui.
Feelings Risen to the Sky - Xenoblade Chronicles 3 - Yasunori Mitsuda
Je pourrais vous parler longuement de la fin du chapitre 5 et du début du 6 de Xenoblade Chronicles 3. Je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà vécu un tel grand huit émotionnel dans un jeu vidéo. Deux heures intenses, avec des combats mémorables, des cinématiques déchirantes et moi en PLS sur mon canapé à maudire des ninjas coupeurs d'oignons. Une sacrée épreuve, un souvenir impérissable que seul le jeu vidéo peut générer en profitant de nos 70h d’implications préalables pour nous cueillir bien mûrs quand on s’y attend le moins. Et pour couronner le tout il y a ce morceau. Tant de mélancolie et d’espoir dans ces 3 minutes où la flûte, instrument primordial dans Xenoblade Chronicles 3 a une nouvelle fois la part belle.
À la composition et à l’arrangement, c’est quelqu'un dont je risque de vous parler souvent si cette chronique connait des suites : Yasunori Mitsuda. Rien d'autre que le compositeur de Chrono Trigger, qui avait démarré sur les effets sonores de Final Fantasy V et Secret of Mana. On peut ajouter Chrono Cross, Xenogears, Xenosaga Episode 1, et les 3 Xenoblade Chronicles numérotés (donc pas le X), et cela n’est qu’une infime partie de son imposante discographie qui n’est pas exclusive aux JRPG comme cette liste pourrait le laisser croire. En mélangeant du rock stimulant pour ses combats, avec des musiques orchestrales tantôt oniriques tantôt entrainantes pour ses phases d'exploration, les musiques des Xenoblade Chronicles offrent une palette d'émotions au diapason avec tout ce que leurs aventures nous proposent. Le mauvais coté, c'est qu'après je dois choisir parmi 400 morceaux pour savoir ce que je vous propose ici…
Primordial - Industries of Titan - Danny Baranowsky
Qui aurait cru qu’après Crypt of the Necrodancer et son rythme aussi traitre qu'endiablé et capital pour le gameplay, puis Cadence of Hyrule, sa fusion avec l’univers de Zelda, on retrouverait le duo formé par le studio Brace Yourself Games et Danny Baranowsky sur un city-builder ? Connu aussi pour ses compositions frénétiques sur Canabalt et Super Meat Boy, le natif de Mesa, en Arizona, avait déjà montré l’étendue de sa palette créative avec The Binding of Isaac. L’OST du jeu se faisait le parfait écho des aventures d’Isaac via un savant mélange de sonorités percutantes et de passages graves et angoissants.
Avec Industries of Titan, dont les critiques sont mitigées, il est encore plus dur de réduire l'œuvre de Danny Baranowsky à de la simple électro survoltée. Loin des morceaux d’ambiance que l’on pourrait attendre de l’OST d’un city-builder, celle-ci s’offre souvent de surprenantes envolées et se permet de flirter avec les codes de la synthwave. Primordial est mon morceau préféré, où le style du compositeur est très reconnaissable, mais dans une approche qu’on ne lui connaissait pas jusqu’à présent. Un excellent moyen de brouiller les pistes dans un blind test.
The Beginning of the End - Final Fantasy Type-0 – Takeharu Ishimoto
Je voulais juste jouer à la démo de Final Fantasy XV incluse dedans. Voilà pourquoi j’ai acheté Final Fantasy Type-0 au départ. Sans doute par dédain n’étais-je pas intéressé par le portage d’un jeu PSP sur PS4. Une fois la démo terminée, j’ai quand même lancé le jeu. Je l’avais payé après tout ! À l’instar de Liberi Fatali dans Final Fantasy VIII, je me suis fait cueillir à l’improviste par la cinématique d’intro du jeu et surtout sa musique, The Beginning of the End. Un Final Fantasy s’ouvrant sur un massacre sanglant assez graphique et explicite d’étudiants à l’entame d’une guerre entre nations, ce n’est pas dans les habitudes de la licence. Rares sont les jeux qui dès leur démarrage m’ont donné envie de tout cramer et de casser des genoux dans un esprit de vengeance. Et cette musique, héroïque et porteuse d’espoir (on pourrait presque dire nekketsu au dernier degré), y était pour quelque chose. 25 heures plus tard, je n’ai pas été déçu du voyage, et je garde un excellent souvenir de mon temps passé sur le jeu.
Derrière ce morceau, on retrouve Takeharu Ishimoto, présent chez Square depuis 1999 et des débuts sur Legend of Mana en tant que programmeur audio. Son premier poste de compositeur, il l’obtient sur Before Crisis: Final Fantasy VII, la préquelle des aventures Barret, Tifa et Aerith (et l'autre abruti de Cloud aussi, ok). Par la suite, il compose des musiques pour World Fantasista, un jeu de football développé par Squaresoft, en équipe avec Masayoshi Soken. Deux informations improbables que je suis très heureux d’avoir pu placer ici.
1NF3S+@+!0N - Calamity (Terraria) - DM Dokuro
C’est l’heure de faire mon mea culpa. Je n’ai jamais réussi à accrocher à Terraria. Je perçois tout à fait ses qualités, et son potentiel. Je sais ô combien il aurait été mauvais pour moi d’être pleinement réceptif à ce jeu, mais la question ne s’est jamais posée. Pour les aficionados du survival-like bac à sable (ou Minecraft en 2D) de Re-Logic il existe un mod qui enrichit fortement l’expérience du jeu de base (et sa difficulté) : Calamity. Au programme, de nouveaux biomes, presque 50h de jeu supplémentaires, des boss apparemment dantesques (je dois croire les retours sur parole), et tout ça accessible gratuitement pour qui possède déjà le jeu.
Tout ce que je connais de Calamity, c’est sa bande-son, The Tale of a Cruel World, composée par DM Dokuro. Pour être honnête avec vous, j’écoute en boucle avec grand plaisir depuis presque deux ans, et je le place dans cette sélection pour continuer mon forcing à son sujet. De nombreuses musiques de l’album sont des thèmes de boss si mémorables qu’ils donneraient presque envie de lâcher 200h dans le jeu juste pour les vivre manette en main. C’est le cas d’1NF3S+@+!0N (qui ferait un excellent mot de passe), thème du combat contre Crabulon, d’où les sonorités de castagnettes rappelant les pinces de l’antagoniste. Pour information, les gamers étant ce qu’ils sont, DM Dokuro a coupé toute communication sur son travail et ses projets en raison d’une pression constante et de nombreuses critiques vis-à-vis de ses créations pour le mod, pourtant saluées par l'extrême majorité des joueurs. Qui est encore étonné ?
Yo-Kai Disco - Mamorukun Curse! - Yousuke Yasui
Vous connaissez Naomi ? Non pas Campbell (pour les vieux), ni Watts (pour les un peu moins vieux), mais New Arcade Operation Machine Idea, le système d’arcade développé par Sega en 1998 et duquel découlera une partie de l’architecture de la Dreamcast. C’est sur ce support qu’est sorti initialement Mamorukun Curse! (ou Mamoru-kun wa Norowarete Shimatta! en version originale si vous voulez frimer à table à Noël), un shoot ’em up (ou SHMUP) pédestre vu du dessus. Nerveux, mais assez abordable, Mamorukun Curse! possède une direction artistique colorée et très sympathique inspirée du folklore japonais. Je ne suis pas adepte des SHMUP, mais c’est un des plus agréables auquels j’ai pu jouer. Et cela est en partie lié à sa musique.
L’OST de Mamorukun Curse! est un petit bonbon sucré, qui fonctionne parfaitement en jeu, mais se savoure encore plus en dehors, loin des bruits de tirs en continu et de l'agaçante logorrhée des avatars au moindre bonus ramassé. Cette bande-son, on la doit à Yousuke Yasui, dont il s’agit du travail le plus connu et sur qui il est difficile de trouver des informations, si ce n’est sa participation à des albums caritatifs du collectif de compositeur·ices GeOnDan, et son travail pour un autre SHMUP, Eschatos.
Predestined Fight - Mobile Suit Gundam U.C. ENGAGE - Ryota Nozaki
C’est l’heure d’emmener le chat chez le vétérinaire. Mais pour ça il faut déjà qu’il accepte d’aller dans sa caisse de transport. Et si vous pensez qu’il va y aller seul, vous vous fourrez le doigt dans la litière. Il va donc falloir l’attraper. Et pour accompagner cette activité des plus festives, Predestined Fight est de loin la meilleure musique possible. Revenons au jeu dont elle issue, Mobile Suit Gundam U.C. ENGAGE, un free-to-play pour smartphone développé par Bandai Namco. Le principe est celui d’un jeu de combat stratégique en 6 versus 6 avec des graphismes sympathiques et quelques cinématiques. Sûrement un gouffre temporel et piège à microtransactions pour qui est fan de l’univers Gundam.
Pour ce qui est de la musique, c’est Ryota Nozaki qui a été embauché. Ce ne sont pas ses débuts dans cet univers, puisqu’il avait déjà composé des musiques pour Gundam Build Real, un live action méta où de jeunes adultes, fans de la licence, fabriquent des Gunpla avec minutie avant de les utiliser dans des combats au style tokusatsu via un système de casque VR. Loin d’être affilié à l’univers des gros robots (et je dis ça avec tout l’amour que je porte aux gros robots !), Ryota Nozaki est au départ un jazzman, fondateur du groupe Jazztronik, avec lequel il a réalisé des remix pour Atlus sur Persona 5 Dancing in Star Light, mais aussi des albums plus personnels. Donc si vous n’êtes pas fan de son travail pour l’univers Gundam, ça peut valoir le coup de découvrir celui qu’il réalise avec son groupe en parallèle.
Rifampicine
Je vous dirais bien ce que j'aime comme style de jeux mais ça change toutes les 6 heures. Alors disons que j'aime aussi beaucoup les musiques de jeux vidéo et écrire dessus.
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