Dans le Backlog de TPP, les rédactrices et rédacteurs du site dépoussièrent leurs bibliothèques virtuelles et viennent vous parler tous les mois de jeux, récents ou anciens, enfin sortis de leurs backlogs et qui les ont séduits. En ce mois d'octobre, BatVador a découvert de la vie sur une nouvelle planète, Rifampicine a abusé du clic gauche pour tuer des monstres et Zali n'avait visiblement pas encore eu sa dose d'Atlus.
BatVador : In Other Waters
J’ai toujours rêvé d’être xénobiologiste, auriez-vous pu m’entendre dire à qui voulait l’entendre, ce qui, heureusement pour tout le monde, se limitait à mon chat et une poignée d’escargots. Peu importe que je n’aie jamais entendu parler de ce métier avant ni que ça requière visiblement un intérêt pour l’espace et la science que je ne possède pas. Rien à faire, à ce moment précis, j'étais certaine d’avoir toujours rêvé d’être xénobiologiste.
Je suis moi-même surprise de l’effet qu’In Other Waters a eu sur moi. Je ne suis pas très contemplative, je m’ennuie vite et l’hostilité réelle de l’interface aurait pu, aurait dû, me rebuter, mais il y a quelque chose dans ces lignes topographiques et ces points jaunes, qui a retenu mon attention. Juste un tout petit peu au départ et de plus en plus. Ces lignes se sont mises à former des paysages sous-marins fascinants et ces points jaunes et noirs des massifs de coraux et d’animaux extraordinaires. Au fil des explorations, des commentaires du personnage, du catalogage des échantillons, je me suis prise de passion pour ce monde sous-marin si lointain et étrange. J’avais l’impression d’entendre le bruit de la respiration dans le détendeur et celui sourd des mouvements sous l’eau. Même si l’intrigue elle-même n’est sans doute pas la plus passionnante du monde, même si le gameplay est souvent peu intuitif et pesant, In Other Waters sait évoquer en peu de moyens tout un univers qu’on aurait aimé explorer encore un peu plus longtemps.
J’ai conscience que ça ne plaira pas à tout le monde. Trop confus, ennuyeux ou hostile, ces critiques seraient méritées, mais il se peut aussi que la magie opère et que ces défauts ne soient qu’un détail mineur et qu’à la fin, vous aussi, vous ayez envie de dire à qui veut bien l’entendre que vous avez absolument toujours rêvé d’être xénobiologiste. Et non, Pimprenelle, ça m’étonnerait bien que j’ai voulu être maîtresse quand j’étais petite, ma passion a toujours été la xénobiologie.
Rifampicine : Grim Dawn
On était au mois de septembre, c’était la déprime de la rentrée, et je cherchais quelque chose pour m’amuser sans trop solliciter mon cerveau. Au hasard des soldes Steam, je suis tombé sur Grim Dawn à 5 euros (ce qui arrive très souvent). Ce hack & slash développé par d'anciens membres d’Iron Lore Entertainment à qui l’on doit l’excellent, mais poussiéreux, Titan Quest, m’a offert trente excellentes heures de jeu.
Malgré ses 8 ans, le jeu n’a pas à rougir de sa direction artistique, qui, sans être particulièrement novatrice (vous n’échapperez pas aux villages en ruine et aux cryptes souterraines) se permet quelques fulgurances fortes appréciables grâce à son univers steampunk, mélangeant des inspirations de western et de dark fantasy. Côté arbre de compétence, le nerf de la guerre des hack & slash, Grim Dawn possède deux systèmes cumulatifs. Le premier est basique avec des points de maîtrise, dédiés à une classe (parmi les six du jeu de base), qui donnent accès à des compétences que l’on peut débloquer et améliorer. Mais grâce à la possibilité d’être biclassé dès le niveau 10 et avec son système de points de constellations, il est tout à fait permis de s’aventurer dans un monde complexe de synergies et de potentialisation. N'espérez pas pour autant retrouver la richesse d'un Path of Exile dans le domaine. Dans le même esprit de réussir à répondre aux attentes de deux profils opposés de joueurs, Grim Dawn propose une histoire que l’on peut ostensiblement ignorer, mais qui peut aussi surprendre avec des choix à conséquences et un lore bien fourni pour qui s’y attarde. Pour ma part, je voulais ressentir de la puissance simplement en martelant le clic gauche de ma souris et je n’ai pas été déçu. Les sensations d’impact sont un point fort du jeu, et votre cerveau ne manquera pas de larguer un peu de dopamine à chaque attaque puissante provoquant un carnage. Rapidement convaincu, j’ai été définitivement conquis, en tant qu’éternel indécis, quand le jeu m’a permis de redistribuer facilement les points de compétences (mais pas de maîtrise), pour me permettre d’essayer différents gameplay au fil de mes envies.
Sans révolutionner la formule, Grim Dawn m’a offert un bien meilleur moment que les derniers hack & slash de chez Blizzard et sans avoir besoin de sortir du MIT pour réussir à monter un personnage viable. Au départ, je voulais juste faire schplack, boing, crack, boum sur des ennemis avec des coups puissants, faciles à sortir, et tout en satisfaisant ma demande, malgré quelques défauts de lisibilité, Grim Dawn m’a offert davantage sans rien m’imposer.
Zali : Shin Megami Tensei V : Vengeance
J'adore les jeux Atlus, j'adore les ambiances post-apo, mais il faut bien admettre que les Shin Megami Tensei, avec leur gameplay particulièrement punitif et leur narration à la fois edgy et cryptique finissent souvent par me décourager. Après m'être fait brutaliser par Shin Megami Tensei IV il y a déjà 11 ans, j'avais juré de ne pas replonger. Et pourtant, on m'a assuré que la version revue et corrigée du SMT V sorti sur Switch en 2021 me plairait énormément. C'était vrai. Tout est pardonné.
Comme presque toujours avec la saga, dans Shin Megami Tensei V : Vengeance, apparu sur toutes les plateformes au début de l'été, il s'agit d'un mix entre Pokémon, puisqu'on y collectionne des créatures (ici des démons), et un traité d'eschatologie pour les nuls. C'est l'apocalypse, il faut tuer Dieu, ou Satan, ou peu importe, il y a des anges, des démons, des entités surnaturelles et des satyres cornus dans les toilettes de votre lycée. Le tout sur fond de combat au tour par tour absolument impitoyable, où la moindre erreur vous mène à recharger piteusement votre sauvegarde.
Certes, Shin Megami Tensei V : Vengeance, une sorte de version GOTY du jeu de base avec un scénario beaucoup plus abouti, n'a rien perdu de son côté radical. On n'est pas là pour la romance, la vie lycéenne et le levelling permissif : on est venus pour se faire déboîter par le moindre mob un peu motivé qui passe. Mais cette version Vengeance ne fait pas qu'ajouter du lore et des dialogues gothiques édifiants. Elle propose aussi d'énormes options de confort et de qualité de vie, améliore l'interface, retravaille de manière très notable la courbe de difficulté et d'apprentissage. Et, en somme, s'impose comme la meilleure porte d'entrée possible au délire Megaten. Par contre, c'est toujours aussi moche, particulièrement sur Switch, cette dernière étant à l'agonie pour tenter de maintenir un champ de vision clair et un framerate dépassant les 15FPS saccadés dans l'open world pourtant bien vide du jeu. Mais c'est un détail que l'on oublie finalement assez vite.
Retrouvez nos avis sur d'autres jeux du mois d'octobre
BatVador
Traductrice ascendante topiaire qui aime les city builders, les dystopies et les jeux avec des gens déprimés dedans.
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