Dans le Backlog de TPP, les rédactrices et rédacteurs du site dépoussièrent leurs bibliothèques virtuelles et viennent vous parler tous les mois de jeux, récents ou anciens, enfin sortis de leurs backlogs et qui les ont séduits. En ce mois de janvier, Zali s'émerveille devant Super Mario Bros. Wonder, BatVador s'adonne au voyeurisme, et Shift se ressert en Portal 2, grâce au mod Portal: Revolution.
Super Mario Bros. Wonder
Le dernier Mario 2D m'a filé un sacré uppercut (métaphorique). Parce qu'autant j'ai globalement passé ma meilleure vie sur les derniers épisodes 3D, autant les épisodes 2D me semblaient ronfler de manière tonitruante depuis pas loin d'une vingtaine d'années. Difficile de discerner New Super Mario Bros. de ses suites, de son DLC consacré à Luigi ou du très oubliable Super Mario 3D Land. Depuis des lustres, toute notion de créativité et de magie paraissait avoir été simplement déléguée à la communauté, via les formidables outils proposés par la série Super Mario Maker. Avec ce nouvel épisode, cette longue sieste touche à sa fin.
Super Mario Bros. Wonder, à l'image d'un Rayman Origins une décennie plus tôt, est un jeu qui a l'audace de vous proposer une idée (généralement stupéfiante) par niveau. Un niveau musical par-ci, une maison hantée par là, une course-poursuite verticale, une chevauchée de dragon horizontale : les tableaux s'enchaînent par dizaines sans jamais cesser de créer ou de proposer des choses absolument réjouissantes. Je me suis même étonné de voir quelques idées super ambitieuses n'être proposées qu'une ou deux fois, sans déclinaison particulière. Là où le recyclage d'idées, d'assets et de gameplay est la norme dans l'essentiel de l'industrie vidéoludique, Super Mario Bros. Wonder n'en a pas besoin. Il a carrément l'aplomb de vous dire "ce truc, on aurait pu le resservir de 15 manières différentes sans que cela soit scandaleux. Mais tu ne le verras qu'une seule fois, parce qu'il faut faire la place à d'autres idées".
Il faut néanmoins le reconnaître : c'est à double tranchant. Si chaque moment particulier du jeu est à couper le souffle, l'ensemble finit par manquer un tout petit peu de chair. On termine l'aventure un peu vite, les niveaux bonus sont un peu chiches, et Super Mario Bros. Wonder donne parfois l'impression d'être un monument dont la largeur surpasse de loin la profondeur. C'est un détail, tant il s'agit avant tout d'une immense réussite et d'un jeu de plateforme qui marquera son époque. Mais on ne m'enlèvera pas de l'idée qu'il s'agit aussi d'une œuvre qui aura besoin d'un gros DLC, voire d'une suite, pour être tout à fait achevée.
BatVador : Do Not Feed the Monkeys
Quand je me promène le soir, j’aime bien, en passant, jeter un coup d’œil rapide par les fenêtres allumées, et je me dis, parfois, que ce serait amusant de pouvoir s’asseoir sur un banc et regarder les gens vivre comme ça. Évidemment, le faire dans la vraie vie, c'est intensément malsain et creepy, mais heureusement, il y a les jeux vidéo. Do Not Feed the Monkeys explore avec entrain le concept de voyeurisme : vous faites partie d’un club qui possède globalement deux règles, ne pas en parler et « do not feed the monkeys ». Pourquoi vous en faites partie et qui vous êtes n’a pas beaucoup d’importance, ce qui en a, c’est qu’à partir de maintenant, vous allez vivre au rythme du club, de ses exigences et surtout de ce qui se passe dans vos « cages ». Cages qui sont en fait des caméras, quatre au départ, qui filment des endroits aléatoires, ici le bureau d’un comptable, là un champ de blé traversé d’une ligne de chemin de fer, là encore un poulailler. Les lieux et les personnes filmés vont vivre leur vie à leur rythme, vous livrant des indices sur ce qui se passe et où ça se passe.
Tous les cinq jours, il faudra avoir fait l’acquisition de caméras supplémentaires pour ne pas être viré du club. En plus, il va falloir payer le loyer, dormir, manger, faire ses courses et travailler tout en tentant de suivre au maximum ce qui se passe dans les cages, de plus en plus nombreuses. Dans certaines cages, il ne se passe rien, dans d’autres si. On ne vous force à rien, si ce n’est à acquérir des cages, pour le reste, c’est à vous de décider ce que vous allez faire des informations recueillies. Parfois absurde, parfois caricatural, parfois touchant, Do Not Feed the Monkeys propose un concept ultra-simple, facile à prendre en main, qui se révèle être ultra-addictif en plus d’être extrêmement rejouable, car chaque cage peut être gérée de plusieurs manières et il y a plus de cages qu’il n’est possible d’en avoir dans une partie.
Do Not Feed the Monkeys a bénéficié d’une suite, Do Not Feed the Monkeys 2099, qui apporte plusieurs options de confort de jeu (notamment la possibilité d’accélérer le temps) et transpose le concept dans le futur. Un peu moins réussi que le premier, ce second volet propose cependant un élargissement de l’univers et quelques chouettes heures de jeu. À noter qu’ils ne sont pas disponibles en français et nécessitent un niveau d’anglais correct.
Shift : Portal Revolution
Je l’avais mentionné dans les bonnes nouvelles : Portal: Revolution, le gigantesque mod créé par Stefan Heinz et son équipe, Second Face Software, est enfin sorti début janvier, après quelque huit ans de développement. Par gigantesque mod, je veux dire un mod avec une page Steam, des succès, facilement 7/8 heures de jeu, des nouvelles mécaniques, un scénario, du voice acting : c’est très généreux et c’est surtout très très qualitatif.
Comme pas mal de fan games, Portal: Revolution se place en préquel de Portal 2, avec des personnages inédits. C’est une bonne manière de construire son propre lore et de le raccrocher au canon sans interférer avec une éventuelle suite ou contenu additionnel officiel. Mais on ne va pas se mentir : question structure scénaristique, péripéties, thématiques, humour, c’est Portal 2. C’est bien, on aime Portal 2, et sans être tout à fait aussi virtuose que le jeu de base, il faut bien reconnaître à Revolution qu’il a parfaitement compris et assimilé la recette du puzzle platformer de Valve et qu’il la retransmet avec beaucoup d’application. C’est drôle, bien écrit, bien interprété, bien rythmé.
D’autant que côté mécaniques, si le premier tiers ronronne un peu – notamment en passant peut-être un peu trop de temps avec un Portal Gun qui ne peut tirer qu’un seul portail – la suite se rattrape avec énormément de talent, en ajoutant des briques de gameplay vraiment malignes et surtout, qui s’intègrent parfaitement avec la logique et le level design de Portal 2. C’est bien simple, les ajouts de Portal: Revolution – permis par le Strata Source, une version bricolée et améliorée du Source Engine par la communauté – auraient pu être imaginés et implémentés par Valve, et on oublie régulièrement qu’on est en train de jouer à du contenu fanmade. Je ne spoilerai aucune nouvelle brique de gameplay, mais après l’effet pantoufle des premiers chapitres, le jeu passe à une vitesse supérieure inattendue.
Il est ainsi assez difficile d’en dire beaucoup plus : une grande partie de l’intérêt réside dans la découverte des nouveaux personnages et des nouvelles mécaniques, que je m’en voudrais de gâcher. Je me contenterai donc d’insister lourdement. Si vous aimez Portal 2, et que, comme 98% des utilisateur·ices de Steam, vous possédez Portal 2 dans votre bibliothèque, foncez. C’est gratuit, c’est généreux, c’est brillant, faites-moi plaisir et jouez-y. Et enchaînez avec Portal Reloaded, autre immense et génial mod sorti en 2021 qui ajoutait un troisième type de portail, et qui s’est vu agrémenter d’une campagne coop en 2023.
Retrouvez nos avis sur d'autres jeux du mois de janvier
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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