Dans le Backlog de TPP, les rédactrices et rédacteurs du site dépoussièrent leurs bibliothèques virtuelles et viennent vous parler tous les mois de jeux, récents ou anciens, enfin sortis de leurs backlogs et qui les ont séduits. En ce mois de février, Zali s'est plongé dans la caravane infernale de Darkest Dungeon II, Tritri a affronté HYDRA dans Marvel's Midnight Suns et Shift s'est baladé main dans la main avec son ami poulpe dans Promenade.
Zali : Darkest Dungeon II
Si j'avais adoré le très punitif et déprimant Darkest Dungeon de Red Hook Studio paru en 2016, je dois dire que je l'avais lâché avant la fin. Trop âpre, trop décourageant, trop injuste. Mais ce qui m'avait le plus frustré, c'était cette impression de ne jamais vraiment progresser, et de retomber au pied de la montagne à chaque aventure. De ne pas être assez bon pour le dominer, peu importe les efforts investis. En 2023, Darkest Dungeon II tente un compromis assez audacieux : vous allez autant galérer, sinon plus, mais au moins, cette fois, vous avez la quasi-garantie de devenir un (tout) petit peu plus fort à chaque fois.
Car oui, la caravane infernale lançant vos quatre pauvres héros sur les routes vers une mort certaine est impitoyable. Mais elle ne manquera jamais de récompenser chacune de vos expéditions de précieuses "bougies" qui seront autant de bonus permanents qu'il sera possible de réinvestir dans toutes les expéditions ultérieures. Améliorer les stats de base d'un personnage, ajouter de meilleurs objets aux boutiques ou encore diminuer les chances de dépression nerveuse dans la team : autant de trucs qui, une fois débloqués, le sont ici définitivement.
Alors, après un peu de temps passé à tâtonner, on commence à débloquer des compétences vraiment bourrines, à composer des équipes résistantes et complémentaires et à comprendre comment accumuler les bougies pour aller un peu plus loin que la fois précédente. Cela m'aura pris quelques heures pour comprendre la logique permettant de progresser rapidement dans ce qui reste un jeu terriblement retors. Mais une fois cette logique acquise, j'ai pu mesurer les immenses efforts d'accessibilité et d'équilibrage réalisés par Red Hook Studios sur ce deuxième essai. Et cette fois-ci, je suis pleinement convaincu.
Tritri : Marvel's Midnight Suns
J'avais quelque peu ignoré Marvel's Midnight Suns à la sortie. Bien que le jeu soit développé par Firaxis et que ce soit du Marvel, son système de jeu à base de cartes me rebutait. Mais, depuis, j'ai grandi (et surtout, je me suis mis aux jeux de plateau) et je me suis attrapé le titre pour une bouchée de pain. Grand bien m'en a fait, car j'ai alors découvert un des meilleurs tactical depuis XCOM 2.
Pour la première fois dans un jeu Firaxis, le jeu s'essaie quelque peu au jeu de rôle. Il faudra développer les relations entre les divers personnages et votre avatar : Hunter, un demi-démon qui est le seul espoir pour contrecarrer une prophétie ancienne. Hunter est un personnage original, jamais vu dans les comics, ce qui est un très bon choix pour un avatar que l'on peut personnaliser et dont on peut choisir l'alignement. L'aspect jeu de rôle n'est pas le chef-d'œuvre de la décennie, mais reste sympathique, interagir avec les super-héros est très rigolo et certains dialogues sont drôles ou touchants.
Mais, bien que les interactions et les relations entre les héros soient importantes, le cœur du jeu reste d'aller péter des dents d'Hydra sur le terrain. Fini le placement millimétré de XCOM 2 et une liberté totale lors des missions, Midnight Suns propose quelque chose de plus restrictif. Vous ne pouvez bouger vos personnages qu'un nombre limité de fois par tour, sur des toutes petites cartes. Chaque tour, vous piochez dans le deck de cartes de vos héros, avec la possibilité d'en retirer un certain nombre, et les actions par tour sont également limitées.
Si au début ce système parait bien restrictif, on s'aperçoit vite des possibilités tactiques phénoménales qu'offre ce système. Par exemple, les déplacements : si vous ne pouvez pas vous déplacer librement, chaque pouvoir vous fera potentiellement bouger à un endroit, ainsi, vous pouvez tout de même planifier des mouvements. Vous pourrez même pousser les adversaires, sur leurs copains, sur d'autres héros, ou sur des barils explosifs. Finalement, les attaques environnementales s'avèrent dévastatrices et peuvent vous aider à jouer bien plus de fois par tour que votre nombre de cartes autorisé. C'est ainsi qu'au bout de quelques heures de jeu, vous pourrez enchaîner des combos de super-héros qui vous permettront de nettoyer une carte en un ou deux tours et ce sentiment n'a pas de prix.
Marvel's Midnight Suns est un excellent jeu. Dommage qu'il soit un peu passé inaperçu à sa sortie, ce qui s'est reflété dans les ventes décevantes pour l'éditeur. Une scène post-générique nous tease une suite, mais je doute que ce soit dans les plans immédiats de Firaxis, qui doit probablement se concentrer sur Civilization 7. Si vous avez aimé XCOM 2 et que vous appréciez Marvel, foncez, c'est un excellent jeu et peut-être une des meilleures adaptations de comics auxquelles vous pouvez actuellement jouer. Et, qui sait, si Firaxis et 2K voient que le jeu fonctionne plutôt bien sur le temps, peut-être que d'ici quelques années, nous aurons le droit à une suite de la trempe de ce que fut XCOM 2 pour XCOM.
Shift : Promenade
Je ne vais pas mentir : devant les vidéos de gameplay de Promenade, encore plus sur les premières minutes de la démo, le tout premier titre de Holy Cap m’a laissé dubitatif. Il faut dire que si on le juge à sa couverture, Promenade est certes très mignon, avec son esthétique cartoon et ses couleurs pastel, mais aussi assez mou. Sauts qui ne vont pas très haut, déplacements lents, j’ai failli passer à côté à cause d’une grossière erreur de jugement. Car Promenade est déjà dans ma petite liste des meilleures expériences de 2024.
Le titre est un fidèle héritier des collectathons, ces jeux à la Super Mario 64/A Hat in Time qui consistent à ramasser un maximum de collectibles dans différents biomes, afin de débloquer les zones suivantes. Un genre très facile à rater, tant sa réussite repose sur de micro-réglages de game feel et de confort de jeu. Et c’est là que les craintes initiales s’envolent immédiatement, car Promenade est bien plus rapide et nerveux qu’il n'en a l’air. Le moveset de base est très restreint et les nouvelles capacités sont ajoutées au compte-gouttes et c’est une excellente chose. Déjà parce qu'en limitant le nombre d’actions, Holy Cap a pu peaufiner et régler chacune d’entre elle – le titre est incroyablement bien polish – , il peut se permettre une plateforme parfois très technique et exigeante avec pourtant un minimum de boutons, et surtout que sa variété provient non pas des capacités de notre héros, mais de leurs interactions avec l’environnement.
Comme dans tout bon platformer de recherche de collectibles, tout est prétexte à cacher un objet : une énigme, une phase de plateforme, un combat, une blague parfois, il y en a pour tous les goûts, et surtout, tout s’adapte parfaitement aux quelques mouvements disponibles pour notre héros. Un aspect particulièrement bien réglé : hormis pour les complétionnistes acharnés (ce que je vais être pour Promenade, j’ai plongé trop profond pour ne pas tenter de le platiner), il n’est pas obligatoire de trouver tous les objets pour débloquer les zones suivantes, ni même pour finir le jeu. Ainsi, qu’il s’agisse des séquences de plateforme les plus hardcore, des chasses au trésor, des contre-la-montre, de ce mini jeu de basket ou de cette infiltration dans un terrier de taupes : à peu de choses près, presque tout est optionnel, et vous pouvez picorer selon vos affinités de gameplay (enfin, sauf si vous haïssez de tout votre être la plateforme 2D, là ça risque d’être compliqué) ou envie du moment, à peu près dans l’ordre de votre choix. Et le plus beau, c’est que l’on veut quand même tout faire, tant tout est agréable.
Je m’en voudrais de trop dévoiler les quelques surprises de moveset – chaque nouvelle capacité est une petite révolution dans l’appréhension du level design et dans la manière de collecter les fragments – ou les environnements, aussi variés que sublimes et recelant un paquet de zones secrètes, aussi, je ne rentrerai pas dans les détails. Je vais seulement me contenter d’insister derechef : Promenade est un excellent collectathon, proposant une plateforme 2D d’une maîtrise et technicité rares (au point de parfois flirter avec le masocore, sans rougir face à ses modèles) et un level design particulièrement fin et intelligent, appelant sans cesse à l’aventure et l’exploration. Je n’en attendais pas tant.
Retrouvez nos avis sur d'autres jeux du mois de février
zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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