Avec ce Carnet de Bord sur Crusader Kings 2, Veltar vous narre chaque mois la tentative d’une petite famille noble pour rejoindre les grandes dynasties du Moyen Age. Le principe est simple : chaque nouveau dirigeant contera son règne, avec sa propre personnalité, sa vision du pouvoir, de sa famille, de ses objectifs et de ses craintes. Le tout dans une époque qui mêle complots, conquêtes et héritages. Une nouvelle entrée dans le carnet ne signifie pas forcément une nouvelle personne au pouvoir, la durée des règnes variant très facilement. Bonne lecture et deus vult !
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- L’épée de l’Islam
- L’héritage de Rome
- La République
- Les Anciens Dieux
- Les Fils d’Abraham
- Rajas d’Inde
- Charlemagne
Sommaire :
Chroniques de Metz, épisode 1 : Adahlard et son héritage
Chroniques de Metz, épisode 2 : Adahlard, fils d’Adahlard
Chroniques de Metz, épisode 3 : Succession et rêves de grandeur
Chroniques de Metz, épisode 4 : Calme relatif
Chroniques de Metz, épisode 5 : Guerre à venir
Chroniques de Metz, épisode 6 : Une acquisition inattendue
Chroniques de Metz, épisode 7 : De l’art d’être patient
Chroniques de Metz, épisode 8 : Le réveil du monde chrétien
Chroniques de Metz, épisode 9 : Courte régence
Chroniques de Metz, épisode 10 : Pierre contre Luc
Chroniques de Metz, épisode 11 : Croisade expéditive
Chroniques de Metz, épisode 12 : Hautes ambitions
Chroniques de Metz, épisode 13 : Un nouveau Roi
Chroniques de Metz, épisode 14 : Prendre ses marques
Chroniques de Metz, épisode 15 : Opportunisme et nouvelle croisade
Chroniques de Metz, épisode 16 : Nouvel empire, puissant royaume et héritage
Chroniques de Metz, épisode 17 : Le devoir de s’imposer
Chroniques de Metz, épisode 18 : Vers une domination du continent
Chroniques de Metz, épisode 19 : Nouveaux objectifs
Chroniques de Metz, épisode 20 : Le Sage et le Gardien
Chroniques de Metz, épisode 21 : César et ses envies
Chroniques de Metz, épisode 22 : Succession dans le sang
Chroniques de Metz, épisode 23 : Le poids du passé
Chroniques de Metz, épisode 24 : Un empire comme objectif
Chroniques de Metz, épisode 25 : 867 à 1005, le récapitulatif
Chroniques de Metz, épisode 26 : Consécration ?
Chroniques de Metz, épisode 27 : L’Empire des Chatenois
Chroniques de Metz, épisode 28 : Un complexe fardeau
Introduction :
Europe. An de Grâce 867. L’Europe de l’Ouest, de Bordeaux à Vienne, est carolingienne. Les descendants de Charlemagne se partagent les miettes de l’empire de leur illustre ancêtre, comme le veut la loi Salique. Et évidemment, les revendications de chacun ne manqueront pas de mener à de terribles guerres. Tous aspirent plus ou moins à reformer un nouvel Empire Romain, capable de défendre les valeurs de l’Eglise et devenir ainsi le bras armé de la Papauté.
Au Nord de l’Europe, les Vikings commencent à s’étendre et multiplient les incursions toujours plus en avant sur le continent. Ces navigateurs incontestés pourraient se révéler de terribles adversaires, et encore plus s’ils venaient à s’allier…
La Grande Bretagne et l’Irlande, que ces peuples nordiques pillent de temps en temps, sont composées quant à elles de petits royaumes bien loin de l’unité.
Au Sud-Ouest, la quasi-totalité de la péninsule ibérique (les actuels Espagne et Portugal) est occupée par les musulmans. Le Royaume des Asturies, au Nord-Est des terres, demeure le dernier bastion de la chrétienté sur ces territoires.
Enfin, l’est du continent européen est partagé entre multiples royaumes slaves, et grands royaumes. Celui de Moravie, de Bulgarie, et évidemment l’iconique Empire Byzantin, rempart de l’Occident face aux envies de conquêtes des émirats sunnites.
C’est dans ce contexte que moi Adahlard, Comte de Metz, termine mon règne. A mon âge, je n’ai d’autres prétentions que de voir ma dynastie perdurer et prospérer. Vassal du Roi Lothaire II, Seigneur du Royaume de Lotharingie. je demeure toutefois assez libre de mes actions. J’espère que cela demeurera d’ailleurs possible pour les futures générations de ma dynastie, les Chatenois.
Chroniques de Metz, épisode 1 : Adahlard et son héritage
Je ne suis peut-être pas un génie diplomatique mais si mon âge avancé m’a appris quelque chose, c’est qu’un mariage pragmatique est plus efficace que n’importe quel traité. Et en ces dernières années à la tête de mon comté, je tiens entre mes mains trois opportunités. Le mariage de mon fils, Adahlard déjà. Bien éduqué et d’un caractère tempéré, il est mon unique héritier mâle, et portera donc tout le poids de notre nom. La relative faiblesse de nos possessions ne nous offre normalement pas de prétendantes prestigieuses. Pourtant, il se trouve que Louis II, Roi d’Italie, a deux filles assez jeunes, et non mariées, les princesses Gisèle, 14 ans, et Irmengarde, 8 ans. La plus âgée pourrait m’assurer rapidement des petits-enfants, et surtout, le Royaume d’Italie. Mais la probabilité que Louis II et sa femme n’aient jamais de fils est trop faible pour que je prenne le risque de marier mon fils à une jeune fille au tempérament paranoïaque et partial. Je choisis donc Irmengarde, en souhaitant que l’équilibre du comté tienne jusqu’à ce qu’elle soit en âge de procréer.
Passons maintenant à ma fille, Engeltrudis. Sans prétention à quelconque titre, sauf s’il arrivait malheur à son frère, il sera facile pour moi de la placer auprès d’un Duc ou mieux, et gagner là un pacte de non-agression intéressant. Et c’est toujours ça de prestige en plus pour les Chatenois. Le hasard fait bien les choses puisque le Roi Louis d’Aquitaine, cherche une épouse.
Alors oui, il est surnommé le Bègue, et en plus, serait plutôt cruel. Mais que voulez-vous, le prestige royal efface vite ce genre d’obstacles.
Reste donc le dernier mariage, le mien. Mon épouse est passée de vie à trépas il y a quelques temps, et il ne faut pas négliger l’impact que ce second mariage peut avoir sur l’influence de ma famille en Lotharingie. Je privilégie le titre aux caractéristiques ou à l’âge, je n’ai pas besoin d’une mère, seulement d’une épouse. Hélas, mon grand âge fait de moi un mauvais parti, et je me rabats sur une simple courtisane du comté de Nuremberg, une certaine Liustwind.
Les mariages et les festivités terminées, place à la gestion du royaume. Pendant que mon Roi, Lothaire II, se lance dans une guerre pour obtenir la Frise Orientale, j’économise pour améliorer les fortifications de mon château. Mon territoire n’étant qu’un petit comté, il y a pas mal de chances que je me fasse attaquer à cause des guerres menées par Lothaire II, ou que je subisse les assauts de Ducs qui souhaiteraient me voir leur jurer fidélité.
Les mois passent et je finis par succomber aux charmes de ma nouvelle femme. Celle-ci se retrouve enceinte. Dans 9 mois, je saurai si c’est une fille, ou si c’est un héritier problématique. En attendant, je fais améliorer les murailles de mon château, et garde un œil sur la santé et l’état de mon fils.
Le 10 mai 869, ma nouvelle femme me donne un fils. Je le nomme Liuthard, comme mon père. Espérons que mon 1er fils, Adahlard n’aura pas à lutter pour conserver son titre.
870, la campagne de Lothaire II en Frise Orientale s’éternise, alors même qu’il a fait appel à un Duc gallois. Je cède plusieurs fois aux avances de mon épouse et, le 10 avril 871, celle-ci donne naissance à un autre fils, Ernst. Je suis bien content de ne posséder qu’un maigre comté et qu’ils ne puissent pour le moment tous en revendiquer la légitimité.
Le 5 septembre 871, Lothaire II termine sa guerre et incorpore la Frise Orientale au Royaume de Lotharingie. Fort de cette victoire, il fait approuver une autorité royale limitée, ce qui lui permettra de réclamer à ses vassaux plus de troupes. Etant directement concerné, je décline, tout en sachant que ma voix ne pèsera pas. Mes principes passent avant tout. Lothaire est contrarié et m’offre le poste de Maitre-espion du Royaume. Un titre hautement prestigieux, que j’accepte, même si je trouve la coïncidence avec mon récent refus un peu trop évidente. Pour autant, je vieillis, au point d’être frappé d’infirmité. Mais je ne suis pas devenu inutile, toujours vivant, toujours debout.
Ma fille est désormais Reine d’un immense Royaume. Son mari, Roi d’Aquitaine, a obtenu de son frère la Francie Occidentale en héritage, le mettant aux commandes d’un des plus gros territoires d’Europe.
Décembre 873, après presque deux ans plutôt calmes, Lothaire II, qui aurait pu prétendre au surnom de « belliqueux » s’il ne possédait pas déjà celui de « le gros », déclenche une nouvelle guerre. Cette fois, le Roi gourmand veut obtenir le comté de Palatinat, qui appartient à son oncle, Ludwig II dit le Germanique, en rapport avec son Royaume, la Francie Occidentale, peuplé majoritairement de Germains.
Comme je le pressentais, les querelles entre Carolingiens risquent de marquer le continent pour un bon bout de temps…
875, difficile pour moi de savoir ce qui se passe au-delà des Royaumes voisins. La guerre de Lothaire II semble pour le moment à son avantage. La princesse d’Italie, promise à mon fils depuis presque 8 ans, est enfin en âge de se marier. On m’apprend alors que durant toutes ces années, Louis II d’Italie n’a toujours pas eu d’héritier mâle. La Reine a désormais 40 ans, les chances sont faibles que cela s’inverse. Je me rends compte que j’ai fait rater à ma dynastie une place de choix dans l’Histoire. Irmengarde, ma belle-fille, reste héritière du duché de Modène, ce qui pourrait faire de mon fils un Duc, et de leur possible fils, le détenteur légitime de ce duché, mais quand même…
Je me sens faiblir, plein de regrets… J’ai beaucoup de mal à bouger et, début mars, je sens la fin approcher. Au moins, je n’abandonnerai pas mon comté sans un futur plus glorieux…
Adahlard, 65 ans, décède le 3 février 875 des suites de son infirmité. Son fils, lui aussi nommé Adahlard, lui succède à l’âge de 33 ans.
Chroniques de Metz, épisode 2 : Adahlard, fils d’Adahlard
Les obsèques ont été faites dans le plus grand respect de la tradition chrétienne. Je tenais à ce que le Seigneur accueille mon père comme il se doit. Un homme sage, qui a toujours agit pour le bien de sa famille. Et je compte bien continuer son œuvre. Suivre les préceptes de Dieu, et agir au mieux pour le domaine et les Chatenois, voilà mes prérogatives. Nous décidons avec mon épouse de concevoir un enfant, les signes d’un renouveau sont là et je veux rendre honneur à mon père.
Mais je sais aussi que mes demi-frères comploteront vite contre moi dès qu’ils seront en âge de comprendre la situation. Mon père a fait une erreur en se mariant pour la seconde fois mais je ne peux lui en vouloir. On me propose de me cacher mais je m’y refuse, il me faut assumer mon rôle pleinement.
Ma première mesure sera d’effectuer un pèlerinage. Je pars à Saint Jacques de Compostelle, dans le Nord-Ouest de la péninsule Ibérique. Un voyage en hommage à Dieu, avant de me consacrer à des tâches qui m’amèneront peut-être, parfois, à m’écarter du comportement d’un bon chrétien…
Le pèlerinage fut pour moi une révélation. Dieu va m’épauler durant toutes mes années au pouvoir, j’en suis certain. Et c’est pour cela qu’il ne faudra pas que je laisse les usurpateurs tenter de me voler ma destinée.
Je m’attarde donc à planifier trois choses : ma propre survie, celle de ma lignée, et l’expansion de mes terres.
Même si j’étais quasi sûr de le savoir déjà, ma femme me révèle qu’elle était enceinte depuis quelques semaines avant mon départ. Et le 3 décembre 875 né mon fils. Je le prénomme Pierre, en hommage au premier apôtre. Un héritier mâle, peu de temps après mon retour d’un lieu Saint, cela ne peut être qu’un message du Seigneur.
Les rumeurs d’une attaque surprise du dirigeant de Bretagne, Haesteinn de Breizh, se font de plus en plus grandes. Ivre de conquêtes, il marcherait avec une grande armée pour s’emparer du Royaume de Lotharingie, sans posséder pourtant la moindre revendication légitime sur le territoire. Lothaire II en prend à peine note, obnubilé par sa guerre à l’Est débutée avant ma prise de pouvoir.
Le 19 octobre 876, la guerre entre Lothaire II et Ludwig II se termine par la victoire du premier. C’est le fils de Ludwig II, Karlmann, qui accepte la paix et cède le comté de Palatinat.
Un bel apport à un Royaume qui ne semble que croître. Mais la Lotharingie n’est toujours pas en paix puisque le Duc de Flandres tente désespérément s’approprier le comté d’Hainaut, au nord.
Mais surtout, il y a le Roi Haesteinn de Breizh. Ce dernier a débarqué au nord profitant du chaos total, avec une armée de plus de 4 000 hommes. A quelques centaines de kilomètres, on m’informe qu’un détachement d’environ 1 000 soldats ont réussi à prendre le comté de Bar. Lothaire II est pris de court, il espérait régler en quelques semaines le cas du Duc de Flandres pour mettre sur pieds une armée solide, mais les Celtes sont arrivés bien trop vite.
Je crains pour la stabilité du Royaume, et que nous autres, les petits Comtes, soyons les premières victimes de ces hérétiques qui se prétendent catholiques. Au lieu de s’enfoncer dans les terres, et donc vers Verdun, capitale du Royaume, puis Metz, le milliers de guerriers celtes fonce vers le nord. Ils rejoignent le gros des troupes, et en profiter pour anéantir l’armée de Lothaire II. L’espoir de repousser ces envahisseurs s’amenuise.
Le Roi de Lotharingie tente le tout pour le tout, avec une reconquête du comté de Bar. Mais le Roi de Bretagne a eu vent du stratagème et c’est plus de 4 500 hommes qui arrivent en même temps que les 1 200 du Roi de Lotharingie. La bataille est un massacre, presque toute l’armée lotharingienne est décimée.
Nous sommes le 25 décembre 877 et la guerre est terminée : Lothaire II s’incline et cède la Lotharingie de jure. Il se consolera en conservant le titre de Roi de Lotharingie, grâce au fait qu’il est aussi Roi du Royaume de Bourgogne.
Haesteinn en profite d’ailleurs un mois plus tard pour créer le titre officiel de Royaume de Breizh puis de Bretagne. Ces premières années de gestion de mon côté risquent d’être étranges. Le Roi Lothaire II, malgré ses défauts, restaient à l’écoute de ses sujets. Haesteinn, qui se fait dorénavant appelé « Côtes-de-Fer » suite à la bataille, n’a que pour seuls intérêts la conquête et le prestige de la guerre.
Mais il est un stratège hors-pair, et abandonne vite son titre pour usurper à Louis « Le Gros », le titre de Roi de Lotharingie. Convertissant de fait son Royaume aux lois en place dans les autres grands territoires de l’Occident. Fidèle à lui-même il ne faut pas longtemps pour que « Côtes-de-Fer » reparte en guerre. J’ai ainsi appris que quelques semaines après l’usurpation de ses titres, il avait déclaré la guerre à un comté lointain de Grande-Bretagne, le Sussex. Plusieurs mois s’écoulent et il obtient ce qu’il voulait le 22 juillet 879.
Un calme relatif s’installe et j’en profite pour essayer de m’accaparer davantage de terres, puisque c’est la volonté de Dieu. Je tente donc de me renseigner sur le comté voisin de Nordgau. Ils n’ont rien de franchement inamical mais j’ai le souvenir d’un différend territorial il y a 2 ou 3 générations. Voilà qui pourrait servir de base à des revendications plus solides dans le futur.
Tout aurait pu se stabiliser, mais deux événements vont empêcher ça : la mort de Louis « Le Bègue » et celle de la perte d’héritage de ma femme. Des changements qui auront de lourdes conséquences.
Chroniques de Metz, épisode 3 : Succession et rêves de grandeur
Avec la mort de Louis « Le Bègue » c’est donc un autre carolingien qui se voit stoppé avant d’avoir atteint le rêve d’un Empire chrétien d’Occident. Ses deux héritiers doivent se partager son immense royaume : de retour donc avec un Royaume d’Aquitaine et un Royaume de Francie Occidentale, mais affaibli.
L’autre nouvelle, plus personnelle, que ma femme a perdu depuis quelques temps déjà son droit sur le duché de Modène au profit de sa sœur cadette. Un affront. Me suppliant d’intervenir, je cède pour trouver une solution, et je réfléchis à tous les plans possibles, même les plus extrêmes. C’est à la fois une question d’honneur, et une nécessité territoriale. Je finis par élaborer un terrible complot qui, s’il aboutit, mènera à la mort de la jeune fille.
Dieu me pardonnera mes péchés puisque c’est pour le bien de ma lignée, et que j’agis pour lui. J’attends quand même un peu avant de lancer cette machination, et garde mon attention sur l’Italie.
L’escalade de la violence sur le continent depuis l’expansion bretonne mène à un conflit ouvert le 10 mai 880. Le théâtre des hostilités est cette fois le très convoité duché de Flandres, et plus particulièrement le comté de Gand, possession du Roi de Francie Occidentale. Le Roi Haesteinn de Bretagne veut le lui prendre, afin de s’étendre au nord, notamment pour contrer une possible reconquête bourguignonne. Les mois passent et le Roi Louis III, fils de Louis le Bègue, semble prendre l’avantage sur mon propre Roi.
Je n’ai rien à perdre ou à gagner de cette guerre et le résultat m’importe assez peu. Ma sœur n’est plus Reine après tout. Continuant dans le même temps à prendre des renseignements sur ce qui se passe au Royaume d’Italie, on me rapporte avec surprise que le deuxième dans l’ordre de succession n’est autre que Pierre, mon propre fils ! J’avais vu petit en espérant obtenir le comté de Modène mais je peux accomplir le rêve de mon père, et surtout, mettre mon fils sur le trône du Royaume qui juxtapose la Cité du Pape. La fenêtre des possibilités est cependant mince : il me faut pour cela faire disparaître au plus vite Gisèle, héritière du Royaume d’Italie, sœur aînée de ma femme, avant que celle-ci n’ait un fils. Ca ne sera pas simple : elle est sous bonne garde et c’est normal, elle est la femme du Roi de Francie Occidentale, l’ennemi du Roi Haesteinn.
Pas question d’attendre cette fois. Heureusement pour moi, de nombreux nobles semblent enclins à la voir disparaître. L’enfant qui naitrait de l’union entre Gisèle et Louis III serait à la fois Roi de Francie Occidentale, d’Italie, et pourrait même obtenir le Royaume d’Aquitaine, tout en possédant des revendications fortes sur le Royaume de Lotharingie. Un empire gigantesque, que les carolingiens cherchent tous à restaurer, mais personne ne veut voir un autre le faire à sa place.
Graissant quelques pattes, de plus en plus acceptent, mais le complot reste hélas encore trop faible pour une personne d’un tel rang. Il me faut faire vite, plus nombreuses sont les personnes impliquées, plus j’ai de chances que le complot soit découvert. Quelques langues bien pendues me rapportent que le Roi Louis III serait lui-même enclin à ce que le meurtre se fasse. Mais pourquoi ?
Chaque jour je suis rongé par ce complot qui ne se fait pas, j’attends les messagers fébrilement, je délaisse de nombreuses affaires du comté, et je ne prie que trop peu…
Ma femme me change un peu les idées en m’annonçant sa grossesse… Mais je retourne vite élaborer de nombreux plans de secours si jamais je suis découvert. Que m’a-t-il pris de m’engager dans une telle absurdité ? Je m’en remets à Dieu.
Et comme par miracle, quelques jours après le début de la nouvelle année, on m’annonce le projet par un intermédiaire de Louis III : la rambarde du balcon sera légèrement sciée, ce qui devrait provoquer la chute mortelle de la Reine lorsqu’elle s’appuiera dessus. Reste à savoir combien de temps avant que cela arrive, et surtout, est-ce que cela arrivera ? L’avenir de ma famille se jouera finalement à une simple rambarde.
Chroniques de Metz, épisode 4 : Calme relatif
Une semaine plus tard, je suis réveillé par un servant. Un homme dit vouloir me voir de toute urgence avec des nouvelles en provenance de Melun, capitale de la Francie Occidentale. Je m’habille et avance en tremblant vers la salle de réception. Je tente de me ressaisir. Si c’était un assassin du Roi Louis III, je serais mort la dernière fois, lorsque le décès de la Reine fut planifié. A moins que mon implication ait été révélée ? Ou que la Reine ait évité le piège tendu et compris qui avait le plus à gagner dans tout ça ? Ma femme serait la première visée, et surtout, derrière, mon fils et moi. Non, je dois chasser ces pensées obscures. Dieu est avec moi, j’ai agi dans son seul intérêt.
J’ouvre les portes de la salle principale et constate qu’il n’y a personne. S’y trouve seulement un parchemin, cacheté, posé négligemment sur la grande table. Le sceau est celui utilisé pour les tractations du complot, un G barré. Je le brise et déroule le parchemin pour le lire. Il est sans équivoque. La Reine Gisèle a fait une chute mortelle depuis son balcon.
Le 21 janvier 882, ma femme est donc l’héritière légitime du trône d’Italie, et par conséquent, ses descendants, MES descendants, pourront prétendre à devenir Roi d’Italie une fois celle-ci décédée.
J’essaye de gérer mon territoire de la manière la plus sobre possible. C’est pour ça que je fais en sorte que la naissance de ma fille, le 3 juin 882, soit un événement qui reste anecdotique. Le moins de regards il y aura en direction de ma famille, le mieux celle-ci s’en portera. Aucun soupçon ne doit transparaître.
Heureusement, très vite, c’est un autre décès qui vient accaparer l’attention des grandes familles.
En effet, le 1er juillet 882, Haesteinn, Roi de Bretagne et de Lotharingie, trouve la mort face au Duc de Flandres, allié du Roi de Francie Occidentale. Celui qui se faisait appeler Côtes de Fer finit donc par succomber à sa soif de conquête. Une bonne nouvelle pour beaucoup, et peut-être pour la stabilité de la région.
Mais un peu plus d’un mois après, le Comte de Sundgau, mon quasi-voisin, fait sécession. Un petit comté mais que beaucoup disent influencé par le Royaume de Bourgogne qui rêve encore à recréer l’ancien territoire carolingien déchu. Le 16 octobre 882, c’est Reginar, Comte de Haintaut qui réussit, sûrement après un tas de manigances et de pressions politiques, à usurper le Royaume de Lotharingie. Le fait que sa mère était la fille de Lothaire 1er a sous doute beaucoup aidé.
Alors qu’on pouvait s’attendre à une suite d’événements similaires, tout se calme. Peut-être grâce au lignage légendaire du nouveau Roi de Lotharingie. Les héritiers de Côtes-de-Fer se concentrent sur la Bretagne avant tout, puisque Louis III de Francie Occidentale est en guerre sainte contre ces celtes, aidé par son frère le Roi Carloman d’Aquitaine. Le Royaume de Bourgogne est étrangement silencieux, alors que Louis « Le Gros » demeure toujours à sa tête après toutes ces années. Et plus au sud, dans ce que j’espère être le futur Royaume familial, Louis III continue d’agrandir la taille de l’Italie.
Son dernier ajout n’est autre que le Royaume de Bavière, un gigantesque territoire équivalent à ce qui reste de la Lotharingie.
Si les carolingiens demeurent encore longtemps au contrôle de l’ancien empire de Charlemagne après toutes ces années, j’ai du mal à croire que si ma famille hérite de l’Italie, cela se fera sans mal. En proie au doute, j’en profite pour écarter un de mes demi-frères de possibles revendications qui m’inquiétaient tant : Liuthard est forcé à devenir moine, le plus jeune y échappera pour l’instant.
Je continue à gérer discrètement mon petit comté messin, en m’informant régulièrement de tous changements en Italie. Les grandes forces en présence, les Royaumes d’Aquitaine, de Francie Occidentale, de Lotharingie, de Bourgogne et surtout d’Italie semblent faire jeu égal. Le Roi Carloman d’Aquitaine reçoit même le soutien du Roi Reginar de Lotharingie lorsqu’il décide de se lancer, en 885, dans une guerre sainte. Avec pour objectif de prendre le comté de Barcelone aux mains des musulmans.
Il s’agit d’ailleurs du seul conflit sur l’Ouest du continent, qui en deviendrait presque calme. Mais il ne faut pas s’y tromper : à la moindre querelle d’héritage, le jeu des alliances dynastiques pourrait bien faire basculer l’Europe dans le chaos. Un chaos dont l’héritage de ma femme, en sera peut-être le premier déclencheur.
Chroniques de Metz, épisode 5 : Guerre à venir
Deux années sont passées et le calme perdure. La guerre contre le Royaume de Bretagne continue et je décide, le 15 janvier 887, de rejoindre l’alliance de Carloman et de Louis III. Cette participation n’est bien sûr que symbolique, n’ayant que peu de forces à proposer et les territoires concernés étant bien éloignés du mien. J’espère surtout qu’ils se souviendront de ça quand ma femme héritera de l’Italie, si héritage il y a.
6 mois plus tard, le 7 juillet 887, la guerre sainte de Louis III se termine par une victoire. Les conséquences sont terribles pour le Royaume de Bretagne qui se trouve réduit à 2 minuscules comtés et un duché. Ces derniers continuent de subir les assauts de Carloman.
Et deux nouvelles années de relative tranquillité se passent. Jusqu’à la terrible date du 11 novembre 889.
Les musulmans de la dynastie Umayyad profitent de la tentative d’obtention de Barcelone pour usurper l’ensemble du Royaume d’Aquitaine, condamnant Carloman à ne plus posséder que les îles de Majorque et de Minorque. Le monde chrétien est sous le choc et seul le Royaume d’Italie paraît pouvoir égaliser en puissance.
Du côté du Royaume de Lotharingie, Reginar a du mal à asseoir son autorité, la rumeur veut qu’une faction se monte pour le renverser et remettre sur le trône l’aîné de Cotes de Fer. Des nobles hérétiques de confession celte à n’en pas douter. Même si je ne porte pas spécialement Reginar dans mon cœur, il a au moins le mérite de suivre la voie du Dieu unique.
Pour moi, peu de changement, si ce n’est la naissance de ma deuxième fille, le 3 décembre 889, une petite Adeline. Par contre, le cas de mon fils me préoccupe énormément. Bientôt en âge de se marier, j’ai beaucoup de mal à lui trouver une prétendante. Le pauvre, malgré tous ses efforts, ne brille pas par son intelligence. J’en profite pour fiancer Marie, ma fille aînée, au jeune Roi Fafila II d’Asturie.
Ce Royaume pourra toujours m’être utile pour faire étau en cas de guerre sainte, une fois l’Italie acquise.
Quelques années plus tard, Pierre atteint sa majorité et je décide de le fiancer à la Comtesse de Blois, un petit comté de Francie Occidentale. La jeune fille n’a que 10 ans mais possède des revendications sur quelques autres comtés de ce Royaume. Une possible porte de sortie en cas de problèmes avec l’Italie. Ma femme met au monde Eva, ma 3ème fille, le 3 février 892. Eva et Adeline me seront bien utiles pour de futures projets d’alliance.
1 mois plus tard, une faction germanique se révolte au sein du Royaume de Lotharingie, afin de revendiquer la moitié du territoire. Le 25 septembre 893 a alors lieu un gros affrontement entre les troupes de Reginar et celles de Tiernoc, le chef de la faction germanique. Une bataille qui se solde par la victoire des germaniques. Mais la guerre continue.
Depuis longtemps atteinte de maladie, la reine d’Italie succombe, le 7 mars 894. Le risque est terrible pour moi, puisque cela pourrait donner au Roi d’Italie l’occasion de trouver une remplaçante jeune capable de lui faire un fils. Et cela évincerait ma femme de la succession. Profitant que Louis II soit mon beau père, je lui propose directement ma nièce de 4 ans, Romilda, en fiançailles. Louis II accepte, à ma grande surprise. Il a 59 ans, elle ne pourra pas lui donner d’enfant avant 10 à 12 ans.
D’ici là, j’ose espérer qu’il ne sera plus de ce monde.
Au 1er janvier 895, la révolte germanique est enfin écrasée par Reginar. Mais ses combats ne sont pas terminés puisque des Vikings suédois bataillent depuis près de 3 mois pour enfoncer les portes de la nouvelle capitale du Royaume de Lotharingie, Bréda.
Mon projet d’obtenir des revendications sur le comté de Sundgau aboutit le 24 mars 896. Après des années d’intrigues et de falsifications, mon chancelier a réussi à fabriquer de faux documents. Il me sera désormais possible de faire conquête de ce territoire en toute légitimité. Un malversation qui reste nécessaire, car Dieu le veut. A moi de tout préparer pour cette guerre et lui faire honneur.
Chroniques de Metz, épisode 6 : Une acquisition inattendue
Nous y sommes, ma première guerre personnelle, pour la première véritable conquête de ma dynastie.
Je prépare mon attaque durant une semaine, même si, à bien y réfléchir, elle se prépare depuis des années. Je fais le point sur ma trésorerie, mais les fonds que j’ai accumulés semblent bien faibles. Tout comme mon armée, inférieure de moitié à celle qui défend l’une de mes cibles principales, le château de Ferrette. Du moins, d’après mon chancelier. Pour palier à ce manque d’argent, je fais appel à des usuriers juifs et leur emprunte 300 pièces d’or.
Me voilà en mesure d’ajouter une grande troupe de mercenaires.
Le 1er avril 896, je déclare la guerre. Je possède au total 2862 hommes dont 2400 mercenaires. La surprise de l’attaque empêche toutefois au Comte Liutfried, mon ennemi sans l’être, de réunir l’ensemble de ses troupes. Un faible contingent de moins de 100 soldats défend l’extérieur du fort. Et la bataille de Colmar est d’une facilité déconcertante.
Le 9 août, après m’avoir longtemps fui, ce qui restait de l’armée est terrassée. Il ne me reste plus qu’à prendre le contrôle du château de Ferrette. Près de 780 hommes d’armes le défendent avec hargne.
Début novembre 896, on m’informe que Liutfried a fait passer un messager jusqu’à l’un de ses alliés au nord du Royaume de Lotharingie, le Comte Alois de Juliers. Ce dernier réussit à lever une armée de plus de 800 soldats et cherche à me détourner de ma conquête du comté. Fin novembre, il assiège le fort de Thionville.
J’envoie un messager pour donner des instructions au capitaine des mercenaires, et général de fait de mon armée. La consigne est simple : il doit à tout prix continuer le siège de Ferrette pour ensuite capturer l’évêché de Murbach, avant de revenir nous aider. Parce qu’une fois le château de Ferrette tombé, il restera peu de forces à Liutfried et impossible pour lui de contre-attaquer.
Les ordres sont suivis. L’armée termine le siège, fonce vers l’évêché de Murbach, en prend le contrôle, et remonte à toute vitesse vers mon comté de Metz. Les troupes du Comte Alois, toujours bloquées sous les remparts, sont prises en tenailles.
Coincés entre le fort de Thionville et le gros de mon armée, les ennemis sont poussés à la débâcle.
Le 29 mars 897, le comté de Sundgau est prêt à se rendre. Je me prépare aux tractations mais le fourbe Chef Comoere de Lorraine, un Comte voisin qui s’est laissé corrompre par les hérétiques bretons, tente de profiter du chaos ambiant pour obtenir avant moi la reddition de Liutfried. Avec la ferme intention d’usurper Sundgau.
Pas de chance pour lui, j’ai été plus rapide. Mais je saurai me souvenir de cet acte lâche et perfide. Les choses se tassent durant les mois qui suivent. Suite à ma conquête de Sundgau, le Roi Reginar en profite pour fonder le duché de Basse-Lorraine en se basant sur ces changements territoriaux. Ce nouveau duché couvre les comtés de Trèves, du Palatinat, de Verdun, de Sundgau et bien sûr de Metz.
Mais le 1er octobre, je reçois une missive avec le cachet du Roi. Je l’ouvre et je suis forcé de m’asseoir en lisant la nouvelle.
Reginar m’accorde le duché de Basse-Lorraine en reconnaissance de mes services et de ma noblesse d’esprit.
Me voilà donc Duc de Basse-Lorraine. Sans autre effort que l’acquisition d’un comté quasi voisin. Une intervention divine cela ne peut être que ça. Oui, Dieu me récompense et me prouve que je suis dans le vrai. Si je ne suis plus si jeune, je suis désormais certain que chacun de mes choix ont été approuvés par le Très-Haut. Une déconvenue en Italie ne serait finalement plus tant un obstacle. Parce qu’avec le don d’un duché qui vaut près de la moitié du Royaume, je comprends bien que Reginar est affaibli, et cherche à se faire un allié. Mais le moment serait peut être le bienvenu pour devenir Roi de Lotharingie, non ?
Chroniques de Metz, épisode 7 : De l’art d’être patient
Je suis peut-être présomptueux en me voyant devenir facilement Roi de Lotharingie, je l’admets. Mais la situation est trop belle pour ne pas au moins l’envisager. Toutefois, il me faut raison garder. Plusieurs tâches de taille se présentent déjà devant moi.
Etre Duc, ce n’est pas juste profiter de nombreux avantages, c’est aussi davantage de responsabilités.
Et parmi ces responsabilités, la plus importante va être de gérer mes nouveaux vassaux. En effet, la plupart étaient des Comtes soumis directement à l’autorité royale de Reginar, le Roi de Lotharingie. Je me trouve désormais à la place d’intermédiaire. Cela me permet d’asseoir mon prestige, mais c’est aussi moi qui me retrouve en première ligne s’ils décident de se révolter. Afin de ne pas être taxé d’incompétence, je demande un vote pour une faible centralisation le 6 octobre 897, que les vassaux s’empressent d’approuver deux jours plus tard.
Dès le lendemain, le 9 octobre, un nouveau conflit éclate. Les protagonistes sont Reginar, mon Roi, et Lothar, le Roi de Bourgogne. Reginar souhaite mettre sur le trône bourguignon son frère, Richwin. Ils profitent d’une longue période d’instabilité du royaume voisin et, j’imagine, compte sur mon soutien direct, en plus de celui que je suis obligé de lui fournir en tant que vassal. Mais j’ai d’autres préoccupations.
Je dois par exemple renforcer mon domaine, en améliorant les infrastructures et pouvoir posséder plus de troupes. Mon intendant me rappelle aussi la nécessité de rembourser les usuriers juifs. Deux objectifs opposés hélas, mais qu’il faudra pourtant atteindre. Il me faut aussi veiller sur mon héritage, et surtout la couronne d’Italie. Louis II a beau avoir 62 ans, il mène encore des troupes dans ce qu’on me rapporte être une guerre sainte pour défendre le duché de Provence.
La longévité de mon beau-père commence à être sérieusement problématique.
Mais ce qui occupe toutes mes pensées, c’est la trahison du Comte de Lorraine lors de ma conquête de Sundgau. Cet adorateur de faux dieux se pavane à quelques kilomètres de ma cité. J’envoie donc mon chancelier sur place, prétextant vouloir apaiser les tensions. Mon objectif est tout autre : fabriquer de faux documents et écarter ce minable de son misérable trône.
Le 18 janvier 898, le Roi d’Asturies décède. Ma fille aînée Marie était promise à ce jeune souverain. Il me faut lui trouver un nouveau prétendant. Ma condition de Duc devrait faciliter la tâche. Je lui choisis le jeune Duc de Modène, Silvano. Un bon parti qui devrait être influençable.
Le 23 janvier 898, une troupe d’hommes en armes aux couleurs de la famille Karling et du Royaume d’Italie se présente à moi. Ils m’expliquent avoir été retardés à cause des conflits en Bourgogne et s’excusent. Ils demandent à voir ma femme, Irmengarde afin de lui remettre un message. Je sais déjà ce qu’il dit : son père, Louis II, est mort. Elle est Reine d’Italie et j’en suis le Roi, les pouvoirs en moins.
Cachant ma joie, je repense à mon propre père, qui serait si fier du destin incroyable de sa lignée. Ma femme quant à elle oscille entre peur, tristesse et ambition. J’ai soudain une illumination doublée d’une terrible frayeur : si je meurs avant elle, comme cela sera sûrement le cas, qu’est-ce qui pourrait l’empêcher de se remarier et d’avoir un héritier à son nom ? Les mariages matrilinéaires sont peu communs, mais les familles nobles sont capables de tout pour faire survivre la moindre once de prestige dynastique.
C’est un problème qui est vite éclipsé dans les jours qui suivent. Le 31 janvier 898, des nobles italiens se révoltent et veulent destituer leur nouvelle Reine. Je ne peux assister qu’impuissant à ce spectacle. M’engager militairement pourrait me coûter mon duché, un risque bien trop élevé. J’ose espérer que ma femme saura conserver son puissant royaume…
Chroniques de Metz, épisode 8 : Le réveil du monde chrétien
Le choix de ne pas s’engager militairement en Italie était le bon. En effet, j’apprends le 3 mars 898 l’existence d’une faction menée par un vassal, le Chef Alar de Verdun. Celui-ci cherche à faire pression pour la mise en place d’une succession élective en Basse-Lorraine. Il est un vassal puissant et respecté, et ça sera donc avec plaisir que j’attends sa possible révolte.
Dieu me donnera de toute façon la force nécessaire pour écraser cet insecte.
Peu de temps après, le comploteur Alar ne semble finalement plus vouloir se rebeller. Sage décision. A côté de ça, la perspective d’une dynastie à la tête de l’Italie me pousse à revenir sur ma décision de fiancer ma fille Marie au Duc de Modène. Il lui faut un homme de prestige. C’est chose faite avec des fiançailles arrangées entre elle et le prince Jerolim de Bulgarie, jeune héritier du Royaume de Bulgarie. C’est un orthodoxe, certes, mais elle sera Reine.
Un compte-rendu m’est donné début septembre 898 sur les batailles qui m’intéressaient : les musulmans n’ont pas réussi à prendre le duché de Provence, et la guerre entre Reginar et Lothar continue, avec un léger avantage pour mon Roi.
Fin octobre, je sens mon corps être moins réactif. Et si mon esprit demeure intact, je me retrouve, comme mon père, frappé d’infirmité. Le Seigneur m’appelle près de lui, mais sait que j’ai encore quelques tâches à accomplir. Je continue de me tenir informé de ce qui se passe dans le Royaume de Lotharingie, et dans celui d’Italie. Dans le premier, Reginar crée le duché de Haute-Lorraine, voisin du mien, le 13 novembre 898. Le premier décembre, il fait Duc mon ennemi juré, Comoere. J’en fais informer mon fils, Pierre, toujours Comte de Blois. Un long message en forme de testament, ne sachant pas quand la Mort m’emmènera à Dieu. Entre temps, ma femme m’indique qu’elle est enceinte, et je le précise dans la lettre aussi.
Puis, Reginar me surprend en m’offrant un poste de commandant. Un moyen de se faire pardonner ? En tout cas, même si c’est une place de premier plan dans la hiérarchie du Royaume, je l’estime incompatible avec ma condition physique.
Je décline. Je ne souhaite pas mourir dans sa guerre interminable contre Lothar.
Le 26 avril 899, l’un de mes vassaux meurt sans héritier, et j’obtiens donc sa fortune. Près de 500 pièces d’or. Une véritable aubaine. Je m’empresse de rembourser les usuriers juifs et fais construire des fortifications autour du château de Thionville.
Mon second fils naît le 11 août 899. Je l’appelle Luc, en espérant qu’il s’inspire de l’humilité du célèbre apôtre du même nom. Un possible conflit de succession à venir, mais cela ne devrait pas poser de problèmes, si l’héritage du Royaume d’Italie a lieu.
Et justement début février 890, ma femme a réussi à faire taire la rébellion italienne, tout le Royaume est à nouveau sous son contrôle. Prévoyant, j’ai profité de l’accalmie pour faire construire un camp de miliciens à Thionville. Les vassaux se sont calmés, les impôts sont collectés le mieux possible, et je peux enfin penser à l’amélioration de mon armée.
Du côté de la longue guerre entre Reginar de Lotharingie, et Lothar de Bourgogne, l’avantage est devenu clair pour Reginar. Ce dernier va peut-être enfin offrir un trône à son frère. Une conquête que je dois suivre de près, l’Italie étant au contact des deux royaumes.
Le 6 août 900, je reçois, à l’instar de nombreux autres seigneurs chrétiens, un message du Pape. Sa Sainteté Ioannes VIII appelle à mettre fin à l’expansion des infidèles. Pour cela, il fonde l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem aussi appelé Ordre de l’Hospital.
Il est composé de chevaliers qui protègent les pèlerins qui font route vers la Terre Sainte mais qui sont aussi désormais au service des seigneurs chrétiens dans leur lutte contre les hérétiques et les païens. Des fidèles catholiques se rassemblent, motivés par cet appel, et fondent à leur tour des Ordres : c’est le cas de l’Ordre de Santiago, et l’Ordre de Calatrava. Eux aussi souhaitent soutenir tous ceux qui combattent pour la seule vraie foi. Tout le monde chrétien sent que quelque chose s’organise.
Ca ne sera peut-être pas pour tout de suite, mais une soif de reconquête parcourt les élites du clergé et de la noblesse.
Alors que je tente comme je peux de me ménager, ma santé empire. J’effectue les préparatifs nécessaires, avec des consignes claires. Mais le 22 décembre 900, je me retrouve totalement paralysé, et toujours aussi souffrant. Je laisse la régence à mon fidèle chancelier, Haeran. Je n’ai jamais eu de répulsion quant à ses origines éthiopiennes, au contraire de beaucoup de mes pairs. C’est un catholique qui m’a toujours servi avec humilité et tempérance. Je suis sûr qu’il saura gouverner comme si cela était moi.
Et alors que je sens mon esprit sombrer dans le brouillard, je repense à l’Italie. Qu’adviendra-t-il à ma mort prochaine ? Quelle décision prendra Haeran quant à l’un de mes nombreux textes l’implorant de tout faire pour que mon fils obtienne l’Italie ? Saura-t-il ne pas céder à la tentation de l’assassinat de ma femme ?
Haeran devient régent à compter du 22 décembre 900. Il prendra désormais les décisions en lieu et place de Adalhard.
Les Chroniques de Metz, épisode 9 : Courte régence
Je viens tous les jours ou presque lui conter mes journées. Si je maîtrise l’art de la diplomatie, cela ne fait pas de moi pour autant un véritable dirigeant. J’ai trouvé un moyen d’obtenir les conseils du Duc, ou plutôt, du Roi, grâce à un dispositif assez simple. Seul un de ses doigts semble répondre, et grâce à une petite clochette que je mets à sa portée, il est en mesure de répondre.
Du moins, quand il est assez conscient pour le faire.
Et le 11 avril 901, en début de matinée, j’ai dû y avoir recours. La clochette est posée sous son doigt tremblotant et je lui lis le parchemin reçu plus tôt, en provenance du Vatican. L’appel à la Croisade est lancé : le Pape souhaite la reconquête de l’Aquitaine, depuis plusieurs années aux mains du sultan Al-Mundir. Je lui demande si je dois prévenir son fils. Il fait sonner la cloche.
Il m’est impossible de me lancer dans cette Croisade à cause de l’incapacité du Roi. Mais je tenais malgré tout à l’informer d’une guerre sainte qui pourrait bouleverser le continent dans les années à venir.
J’ai toujours eu une grande sympathie pour Adalhard. Nous n’avons jamais eu une relation maître et serviteur, mais plutôt de quasi-égaux. J’imagine que ma place de régent en est la preuve ultime. Un honneur dont j’aurais parfois préféré me passer. Les regards de travers, les rumeurs, et même, les accusations… Heureusement, j’ai le soutien de son fils. Celui de sa femme par contre, n’est pas aussi clair.
Le Comte de Lorraine, devenu Duc, est pour le moment un adversaire trop compliqué à affronter. Puisque toujours chancelier du duché, je pense que me retourner contre le comté de Juliers, au nord, ne serait pas une mauvaise idée. Certes, à sa tête se trouve une toute jeune fille, là où le duché de Haute-Lorraine est toujours gouverné par l’ennemi d’Adalhard. Mais l’expansion territoriale doit être la priorité.
Adalhard manquait de pragmatisme. Ça n’est pas mon cas.
Concentré sur mes tractations au comté de Juliers, je reste pourtant totalement investi dans la politique interne du duché de Basse-Lorraine. Je suis ainsi informé le 13 juin 901 de la création du duché d’Alsace par Reginar. Regroupant les comtés de Nordgau et de Sundgau, il juxtapose les terres d’Adalhard, et a tout d’un nouvel objectif. Peut-être va-t-il me falloir écourter ma mission pour obtenir le comté de Juliers ?
Le 20 juin 901, une autre nouvelle me parvient, du sceau de la famille du Duc. La femme de Pierre, l’aîné d’Adalhard, se cache. Les nobles français du comté de Blois dont elle est la dirigeante semblent assez mal supporter l’idée que le territoire passera aux mains d’une dynastie étrangère lorsque la Comtesse décédera.
Deux semaines plus tard, le 1er juillet 901, on m’informe par message qu’un émissaire de Reginar est venu à Metz pour rencontrer Adalhard. Un long parchemin a été lu en présence de témoins, où le Roi de Lotharingie donne toute son admiration quant à la bravoure d’Adalhard durant son règne, sa fidélité, et son sens du devoir.
La finalité de tout ça ? Le Roi accorde gracieusement le titre de Duc d’Alsace à Adalhard.
Début décembre, je rentre rapidement à Metz pour fêter Noël et le passage à la nouvelle année. Ça sera pour moi l’occasion de faire le point avec le Duc de l’avancée des tractations à Juliers. Mais celui-ci ne semble plus du tout réceptif. Le 7 décembre, il semble être entré dans un profond coma qui fait craindre le pire. Craintes qui se confirment le lendemain. Le 8 décembre 901, des serviteurs me réveillent en pleine nuit : Adalhard mort. Tout est mis en oeuvre pour prévenir ses fils, Pierre et Luc, des titres qui leur reviennent. Ma régence se termine ainsi dans une relative stabilité.
Adahlard, 59 ans, décède le 8 décembre 901 des suites de son coma. Pierre lui succède et hérite du duché de Basse-Lorraine à l’âge de 25 ans (et Luc hérite du duché d’Alsace).
Chroniques de Metz, épisode 10 : Pierre contre Luc
Je récupère enfin le pouvoir. Si j’ai longtemps été éloigné de mon père par mon mariage, ses dernières instructions me semblent plus que claires. Ma mère est Reine d’Italie et veuve, et mon jeune frère, tout juste âgé de 2 ans, a hérité du duché d’Alsace à cause de nos lois. Il va me falloir mettre de l’ordre au sein de ma propre famille avant de pouvoir voir plus loin.
Et en premier lieu, récupérer le duché d’Alsace. Je n’ai rien contre mon frère mais je ne dois pas laisser le Duc de Haute-Lorraine gagner trop en influence. Je sais bien que mon père avait mis toute l’énergie du monde à faire de l’amour de la famille et de Dieu les piliers de sa politique, mais je ne suis pas lui. C’est pourquoi j’envisage de faire assassiner Luc. Mais il se trouve que dans l’ordre de succession pour obtenir le duché d’Alsace, ma chère mère arrive avant moi.
Alors je ne vois qu’une solution. Prendre le duché par la force.
Comme mon père avant moi, je me tourne vers les usuriers Juifs, et me prépare à combattre. Si les yeux du monde sont tournés vers la grande croisade pour l’Aquitaine, les miens sont focalisés sur l’Alsace.
Le 17 février 902, la guerre est déclarée. 770 hommes sont levés grâce à mon domaine et ceux de mes vassaux. J’en profite pour faire appel à une troupe de mercenaires. Je reçois ainsi l’aide du capitaine Aras et ses 1 800 soldats.
Le 27 mars 902, c’est 2590 hommes d’armes qui sont mobilisés et se rassemblent, en attendant de marcher vers le comté de Sundgau pour me permettre de récupérer la totalité de mon héritage.
Comme bien des années auparavant, la bataille de Ferrette fait rage. Mes forces sont bien plus nombreuses que celles de mon frère, et les combats commencés le 6 juin 902 se terminent le 16 par ma victoire. Avec même comme bonne nouvelle la capture du Bourgmestre Simon de Colmar, le bourgeois aux commandes de la ville. 2 jours plus tard, le siège débute et je prends largement l’avantage.
Cette guerre me semble aisément acquise.
Le 20 novembre 902, je reçois une lettre du Pape Ioannes VIII lui-même. Haeran m’avait prévenu de l’appel à la Croisade. Mon père n’était pas en état pour approuver la participation. Mais moi si. Et la lettre du Pape vient donc me rappeler à mes obligations. Là encore, à la différence de mon père, les questions religieuses ne sont pas ma priorité.
Bien sûr, je crois en notre Seigneur et au bien fondé de la Croisade, mais je sais aussi que je dois tracer ma propre voie. J’accepte de participer, mais l’envoi de troupes attendra. De quoi peut-être espérer quelques retombées politiques positives.
Les conquêtes continuent dans le duché d’Alsace et son acquisition n’a jamais paru plus proche. Le 8 mars 903, la bataille de Lauterbourg a lieu. Mes éclaireurs m’ont renseigné qu’il s’agit là des dernières forces ennemies. 200 hommes, contre 2500. Un combat gagné d’avance.
Le 20 mars, je récupère mon titre de Duc d’Alsace et laisse à mon petit frère celui de Comte. Il aura tout le temps de revenir quémander auprès de moi plus tard. Si son entourage ne juge pas sa présence gênante. Cela ne me regarde plus de toute façon.
Il me reste alors un combat bien plus difficile : m’assurer que le Royaume d’Italie me reviendra. Faire assassiner ma mère n’a que peu de chances d’aboutir. Il va falloir ruser, le but étant de m’assurer que je reste en tête dans l’ordre de succession.
Mais le 24 mars toutes mes machinations sont stoppées : le Pape lance officiellement l’assaut des armées de tous les nobles chrétiens qui se sont engagés pour reprendre le Royaume d’Aquitaine. J’ai ainsi accès à l’ensemble des informations sur les forces chrétiennes en présence. Et c’est impressionnant. L’Europe toute entière parait se soulever comme un seul homme. Le monde musulman pourra-t-il faire face ?
Chroniques de Metz, épisode 11 : Croisade expéditive
Les armées chrétiennes se rassemblent et foncent toutes vers ce qui était autrefois le Royaume d’Aquitaine. De mon côté, ma participation à la Croisade devra attendre. Malgré la récupération du duché d’Alsace, mes finances ne sont pas au mieux. Je démantèle mes troupes rapidement, espérant que le subterfuge passera inaperçu. L’Aquitaine est de toute façon trop éloignée de mon territoire.
Si ce nouveau conflit va à coup sûr avoir un impact énorme sur les forces du continent, un autre continue malgré les années qui passent. Je pense bien sûr à l’affrontement entre Reginar et Lothar II. Toutefois, début juillet 903, l’avantage de Reginar semble accroître.
Cette guerre débutée il y a 6 ans pourrait, peut-être, enfin se terminer.
Sans doute par volonté d’améliorer l’administration du royaume, Reginar crée le 13 avril 903 le duché de Trèves. Un petit duché qui ne contient que le comté de Saarbrücken. Du moins pour le moment. Si l’envie lui prend de me l’offrir, il est évident que je l’accepterai avec joie.
23 octobre 903 : la nouvelle est criée partout. La guerre entre Lothar et Reginar est finie. Ce dernier, qui avait déclenché le conflit, est le grand vainqueur. Cette victoire lui permet de porter sur le trône de Bourgogne son frère, Richwin. Lothar, dont le père avait perdu le trône de Lotharingie contre les bretons, perdure donc une triste tradition en cédant son titre de Roi de Bourgogne. Il n’est plus que le possesseur du duché de Franche-Comté.
Et puisque j’aborde les traditions, parlons du Comte Eguen de Verdun. Celui-ci continue l’œuvre de son père en voulant monter mes vassaux contre moi pour obtenir une succession élective sur mon duché de Basse-Lorraine. De stupides prétentions, à tel point que je choisis de laisser faire. Je sais son comté puissant mais tant qu’il est seul, il ne m’inquiète pas.
Il ne mérite pas mon attention, mais seulement mon mépris.
Quelques mois plus tard, le 31 mai 904 pour être précis, je reçois un courrier en provenance de Rome. Le Pape a remarqué que je ne participais pas aux batailles malgré mes promesses… Sa colère est grande et des proches de ma mère, présents à Rome, me rapportent qu’il ne me le pardonnera pas facilement. Les querelles religieuses m’importent peu, mais se mettre à dos le souverain pontife n’est pas ce qu’on peut appeler une bonne manœuvre politique.
Plusieurs semaines s’écoulent, jusqu’à ce qu’au matin du 1er août 904, tout le Royaume de Lotharingie soit en deuil. Le Roi Reginar est mort. Il laisse la place à son aîné, Reginar II. Ce dernier va avoir besoin de consolider rapidement sa légitimité. Je ne suis donc pas surpris qu’il me fasse parvenir un message au début du mois de septembre pour faire de moi son commandant. Sa naïveté est presque touchante. Je refuse, bien sûr, prétextant des problèmes de dos m’empêchant de mener des troupes au combat.
Au cours des mois qui suivent, je fais de mon mieux pour développer mes propriétés et mes terres. Un nouveau souverain pour le royaume, ça veut aussi dire un risque accru d’instabilité. Il me faut de meilleures rentrées d’argent et des troupes mieux formées. Mais tout ça est finalement occulté à quelques jours de la nouvelle année. Parce que le 29 décembre 904, la Croisade pour l’Aquitaine prend fin. Les forces chrétiennes ont vaincu. Aurait-il pu en être autrement contre ces sauvages ? Je ne pense pas.
Le fait véritablement notable de cette victoire, c’est que la participation éclatante des armées de ma mère lui a permis de passer en tête des bénéficiaires de ce vaste territoire conquis. Un privilège qui lui permet de choisir qui placer à la tête du Royaume d’Aquitaine. Je parcours alors le message avec avidité.
Serais-je le grand vainqueur d’une guerre que j’ai autant négligé ?
Non. Je froisse le parchemin et le jette au feu. Cette idiote a préféré en faire bénéficier un membre de sa dynastie plutôt que son propre fils aîné. Charles IV devient donc Sultan d’Aquitaine, le temps de changer les institutions et qu’il soit Roi. Les carolingiens continuent donc de dominer l’Europe, même après tout ce temps. J’aimerais de plus en plus être capable de mettre un terme au règne si glorieux de la Reine d’Italie. Et ainsi sortir une bonne fois pour toute la dynastie des Chatenois des ombres de l’Histoire.
Chroniques de Metz, épisode 12 : Hautes ambitions
Malgré toute ma rancœur envers ma mère et ce que j’estime être sa trahison, je dois me ressaisir. Tenter quoi que ce soit contre elle relèverait de la folie, tant son emprise sur le Royaume d’Italie est grande. Une prise de pouvoir après une mort suspecte (c’est-à-dire son assassinat) déstabiliserait la région et pourrait au final me desservir.
Je vais devoir m’inspirer de la patience de mon père. Hélas.
Rien ne se passe de notable pendant près de 3 ans. Quelques révoltes en Bourgogne à cause du nouveau Roi, mais c’est tout. Du moins, à l’Ouest de l’Europe. Difficile d’évaluer pour le reste du continent. Les changements débutent le 23 août 907, par le biais de mon nouveau souverain, le Roi Reginar II.
Ce dernier a sûrement compris le besoin de faire jeu égal avec les Carolingiens. Et pour ça, rien de tel qu’une guerre victorieuse. La cible semble toute trouvée : des païens scandinaves établis au nord du Royaume de Lotharingie. Des boucs émissaires parfaits puisque, ne partageant pas notre religion, il aura une parfaite légitimité à les attaquer. En plus de la possible aide des Ordres.
Il faut dire qu’il serait difficile pour lui de se lancer dans une guerre ailleurs : l’Est est occupé par l’imposante Francie Orientale. Le Sud par son frère en Bourgogne et ma mère dans le puissant Royaume d’Italie. Et à l’Ouest, il est bloqué par la Francie Occidentale qui a réussi à se stabiliser au cours des années. Et qui désormais profite même du Royaume d’Aquitaine comme rempart contre de possibles assauts musulmans.
Sa guerre ne me concerne pas vraiment. Au regard de l’administration du royaume, je dois certes lui fournir des troupes, mais rien ne m’oblige à participer officiellement et totalement à ça. Pas question de lever l’ost, c’est-à-dire utiliser mon autorité pour envoyer au combat les troupes de mes vassaux. D’autant plus que tous les vassaux, y compris ceux du duché d’Alsace, commencent à m’accepter comme seigneur.
A part mon frère et sa Cour, évidemment. Mais difficile de faire autrement.
Malgré la guerre au Nord, c’est pour moi une grande période de calme politique. Je garde toujours un œil sur le Royaume d’Italie, évidemment, mais j’ai peu d’espoir que la situation évolue. Du côté familial, à part la haine que me voue mon frère, je dois m’occuper de mes 3 sœurs. Et surtout des 2 non mariées.
Ainsi, le 3 février 908, nous fêtons la majorité de ma deuxième sœur, Eva. J’avais négligé de lui trouver un mari, trop occupé par les aléas de la politique. Et c’est chose faite. Elle est mariée au Roi de Géorgie le 15 février 908. Un royaume orthodoxe à l’Est assez riche pour me soutenir, mais pas trop pour vouloir revendiquer un jour des terres.
Je continue d’améliorer mon territoire du mieux que je peux. Je fais construire le 12 août un bourg fortifié à Thionville. Des infrastructures solides et une administration renforcée, c’est à coup sûr une collecte d’impôts accrue.
En tout cas, c’est ce que j’ose espérer.
Je rencontre par hasard un jour des hommes d’armes de Reginar II qui me tiennent au courant d’une terrible bataille qui fait rage entre lui et Frirek l’Erudit, Roi de Scandinavie. Une bataille qui ne paraît pas s’être bien terminée puisque fin février, elle tourne à l’avantage de ce dernier. Reginar II pourrait y laisser son trône si la guerre pour obtenir le duché de Gueldre, dont il était l’instigateur, devait se solder par un échec…
Heureusement pour lui, le 18 avril 909, la guerre se termine sans vainqueur ni perdant. La raison viendrait de querelles de successions. Le Roi de Lotharingie fait crier partout qu’il était sur le point de remporter une bataille décisive et d’amener une gloire nouvelle pour le royaume. Mais tout ça sonne très faux pour celles et ceux qui ont entendu les rapports des soldats et les rumeurs. C’est-à-dire tout le monde.
Mais aucune faction ne paraît en mesure de lui contester le trône. J’hésite un moment mais cela m’exposerait, surtout vis-à-vis du Duc de Haute-Lorraine. Je préfère patienter. Surtout que l’Italie est toujours dans un coin de ma tête. Et justement, pour m’assurer que tout se déroule comme prévu, j’attends encore la naissance d’un héritier mâle. C’est pour cette raison que, le 3 mars 910, je suis heureux d’apprendre que ma femme est enceinte. Reste une question :
Aurais-je un fils héritier, ou une fille à marier ?
Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, j’apprends, 2 mois plus tard, que la guerre du Duc de Haute Lorraine en Bourgogne s’est retournée contre lui. J’avais commencé à négliger cet infâme et ridicule rival, et le perfide a choisi de s’attaquer au Royaume de l’oncle de notre Roi à tous les deux. Quel idiot. Désormais Tiernoc, fils de Comoere, fait face à l’armée de Richwin. Difficile de connaître les conséquences. C’est en cette période quasi-festive que je reçois un parchemin de l’ex-régent, Haeran. Il m’informe que son travail au comté de Julliers a fonctionné : je possède toute la légitimité pour envahir ce territoire.
Chroniques de Metz, épisode 13 : Un nouveau Roi
Après avoir consulté mon conseil, je décide de reporter mon envie de conquête. L’armée de la Comtesse de Juliers doit être d’environ 1000 à 1500 hommes, et je n’atteins qu’un millier tout au plus. Il me faudra donc lever des mercenaires mais pour recruter, forcément, il faut beaucoup d’or. Or que j’ai déjà dépensé dans la falsification de mon motif légitime à envahir le comté de Juliers. Sans oublier la dette que j’ai envers les marchands juifs.
Tant pis. Ca sera pour plus tard. Commençons par attendre la fin de la grossesse de ma femme. Et faire au mieux pour renforcer la dynastie. La naissance de mon enfant a lieu le 2 octobre 910. Elle accouche d’un merveilleux garçon. Ma femme insiste pour que nous le nommions Louis, comme le Roi de Francie Occidendale. On le surnomme désormais « Le Saint ». J’accepte. Que Dieu voie dans ce geste un acte de pardon pour mon absence à la Croisade d’Aquitaine.
L’important, c’est de toute façon que je puisse lui transmettre le nom de ma dynastie.
Avec l’arrivée de mon fils, je fais le point sur le reste de la lignée familiale. Et je me rends compte qu’il me reste une sœur non mariée. Il s’agit d’Adeline, âgée de 20 ans. Il lui faut un bon parti. Ses sœurs sont quand même les Reines de Bulgarie et de Géorgie. Il se trouve que dans le tout récent Royaume d’Aquitaine, le puissant duché de Toulouse est contrôlé par un jeune prince hongrois célibataire. Voilà qui est parfait. Le 6 novembre 910, le mariage est accepté.
Les grands Royaumes ne paraissent toujours pas vouloir se quereller entre eux. Mais ils n’ont pas renoncé à la guerre pour autant. Ainsi, la Francie Occidentale tente d’occuper les derniers morceaux de l’ancien Royaume de Bretagne présents sur sa côte Nord Ouest. Le Royaume d’Italie de ma mère est aux prises à la fois avec des musulmans occupant la Sardaigne et la puissante cité de Venise. Et le 3 décembre 910, mon Roi, Reginar II de Lotharingie, repart en guerre contre un Roi païen scandinave. Cette fois la guerre sainte aura pour but la conquête du comté de Brabant.
Le 14 octobre 911, Haeran m’informe qu’il a su calmer la colère de mon frère et de sa Cour. Je préfère le savoir amer que dans une haine furieuse. Voilà une crainte de moins qui pèse sur ma vie.
Ne jamais négliger les liens familiaux quand il s’agit d’éviter de se faire assassiner
Début 912, après l’échec de la conquête du dernier territoire breton sur le continent, le Roi Louis III de Francie Occidentale voit la souveraineté de certains de ses territoires lui échapper par le jeu des successions de certains vassaux. L’imposante Francie Orientale récupère le comté de Sens, et l’Aquitaine, les comtés de Ponthieu et de Clermont.
Après plusieurs semaines à me questionner, je décide de contacter ma mère début mai dans l’espoir de forger une alliance. Avec la fragilité apparente de la Francie Occidentale, rien ne m’assure qu’une grande guerre ne va pas se déclencher. Je suis donc ravi d’apprendre, le 19 mai 912, qu’elle accepte.
La guerre de Reginar II est un échec cuisant. Avec près de 7 200 hommes au début de l’année 913 et les armées lotharingiennes à chaque fois écrasées, le Roi Eirikr II semble impossible à stopper. Il faut dire qu’il règne sur le Royaume gigantesque de Suède.
Nous sommes en plein été 913 et j’économise encore et toujours. La conquête du comté de Juliers est mon objectif à court terme. En m’assurant ce territoire, j’aurai de quoi envisager sereinement un futur affrontement avec mon véritable ennemi, le Duc de Haute-Lorraine. Avant de peut-être envisager la révolte contre Reginar II.
Le 6 août, on m’informe qu’un cavalier est entré en trombe dans la Cour du château et qu’il cherche à passer les gardes en hurlant qu’il veut me voir. Je le fais entrer dans la salle du conseil alors que nous sommes en pleine réunion. Pâle comme la mort et couvert de sueur et de crasse, il manque de s’effondrer en s’avançant. Je le reconnais. Je l’avais envoyé avec ma délégation quand j’ai demandé l’alliance avec le Royaume d’Italie.
Sa consigne était simple : servir de messager quand la Reine serait morte.
Il me tend un parchemin. Les sceaux officiels sont dessus. Un message qui indique sobrement que le 4 août 913, la Reine Irmengarde d’Italie est morte dans des circonstances suspectes, à l’âge de 54 ans. Ainsi donc, la Reine Glorieuse, héroïne de la Croisade d’Aquitaine, a perdu la vie suite à un indéchiffrable complot…
Une tactique pour que je sois désigné comme coupable et donc affaiblir ma légitimité, déjà fragilisée par ma condition d’étranger ? C’est mal connaître ma détermination. Oui, je suis l’arrière-petit-fils d’Adahlard, Comte de Metz, membre d’une dynastie jusque-là à peine mentionnée dans les pages de l’Histoire. Mais aujourd’hui, tout cela change. Aujourd’hui, moi, Pierre Chatenois, je suis le Roi d’Italie. Contemplez mon Royaume, et désespérez.
Chroniques de Metz, épisode 14 : Prendre ses marques
Mon arrivée à Pavie, capitale du duché de Milan et du Royaume d’Italie, se fait en fanfare. Je ne cache pas mon plaisir d’être aux commandes d’une grande armée et soutenu par des finances conséquentes. Tout ce temps passé à économiser pour rembourser les créanciers Juifs est oublié. C’est la première chose que je règle. Je ne souhaite plus avoir ce poids financier.
Il reste qu’un blocage important se fait à cause de ma culture. En tant que Comte de Metz, mon éducation était allemande, teintée désormais de français grâce à ma femme. Mais la culture italienne est diverse. J’attends de savoir si cela va me causer plus de problèmes.
Espérons que mes vassaux ne s’en offusqueront pas.
Il est temps que j’aborde les affaires du royaume. A commencer par le paiement d’impôts par les nobles. Ceux-ci ne paient rien alors qu’ils bénéficient de nombreux privilèges. Il ne me reste plus qu’à attendre que la réforme soit acceptée.
Le 3 septembre 913, mon vassal du comté de Verdun se décide à entrer en guerre contre Reginar II, toujours Roi de Lotharingie. Cela en dit long sur la faiblesse de ce royaume.
Quelques jours plus tard, je suis informé d’un gigantesque complot contre moi, dont le Roi Charles IV d’Aquitaine serait à l’origine. Ce grossier personnage, en plus d’avoir réussi à récupérer son royaume grâce à ma mère, veut désormais déstabiliser mon règne ? Je soutiens sa guerre sainte pour l’Aragon, au sud de ses territoires.
Cet idiot laissera peut-être tomber en pensant que je veux être son ami.
Au 6 mai 914, sa guerre semble se porter vers une victoire. Voilà qui me rassure. J’envoie donc quelques troupes afin de ne pas passer pour un lâche profiteur. Une guerre qu’il finit par remporter à la fin de l’été 915, rendant son territoire au moins aussi important que le mien désormais.
Mai 916, j’apprends les manigances du Duc Unruoch IV de Frioul, un duché puissant à l’Est du Royaume. Assuré de ses intentions meurtrières envers ma personne, je décide de le faire arrêter. C’est chose faite. Hélas, ce dernier est en guerre contre un autre de mes vassaux, et je ne peux donc pas en profiter pour lui retirer son duché. Du moins, pour le moment.
Je commence à me faire aux lois du Royaume. Ainsi, je remarque que les vassaux ont enfin voté la loi poussant les nobles à payer des impôts faibles. Je peux donc à nouveau tenter de faire passer une loi. Cette fois, je souhaite que le vote se porte sur une nouvelle loi d’autorité. Celle-ci doit interdire aux vassaux de se battre entre eux, ce qui me permettrait en même temps de lever plus de troupes. Encore une fois, il me faudra attendre qu’ils se mettent d’accord.
Le 22 mars 917, un de mes vassaux déclenche une guerre contre le Roi Richwin de Bourgogne. Une possibilité pour moi de profiter du chaos ambiant pour récupérer enfin le comté de Juliers que j’avais mis de côté. J’engage des tractations mais l’actuelle Comtesse m’explique être prête à devenir ma vassale. De sages paroles qui l’honorent. Tout cela est acté le 27 mai 917.
Ces 4 premières années à la tête du Royaume d’Italie se sont donc déroulées dans un calme relatif. Je ne dois pas perdre de vue que ma position de Roi est convoitée, même par certains proches. Voilà qui risque de mettre entre parenthèses mes envies de conquêtes pour quelques années. Mais la soumission de la Comtesse de Juliers à mon autorité poussera peut-être d’autres petits comtés indépendants à faire de même.
Chroniques de Metz, épisode 15 : Opportunisme et nouvelle croisade
25 juillet 917 : quelques mois ont passé, et tout va bien. Je passe beaucoup de temps à restructurer les duchés afin d’harmoniser l’administration du Royaume et que la récolte des impôts soit plus efficace.
Un règne calme, où il me faut donc jongler entre l’aménagement de mes territoires et l’entretien de bonnes relations avec mes vassaux. Et 10 ans se passent ainsi. Je tente du mieux que je peux de gagner en influence auprès des autres grands dirigeants.
Mes envies de conquêtes sont toutefois ravivées début janvier 928
A cette date, c’est officiel, l’Aquitaine retombe sous le joug musulman. Personne n’a vraiment su d’où cela venait, mais c’est pourtant arrivé. Un bouleversement géopolitique qui me met au contact direct avec ces hérétiques. Mais ouvre aussi la possibilité d’une nouvelle guerre sainte, et pour moi, l’acquisition d’un gigantesque royaume qui m’avait auparavant échappé.
Du côté de ma famille, ma belle-fille accouche 12 octobre 928. J’assiste à la naissance de ma petite-fille, Rosa. Il me faudra vite la marier. Je pourrais laisser mon fils s’en charger mais j’aime être sûr que la lignée suive le chemin que j’ai en tête.
Le 15 août 930, ma fille Berta rejoint ma Cour à la suite du décès de son mari. Ce dernier a succombé à une étrange maladie. Elle n’est plus toute jeune et il lui faut un nouvel époux. Et de préférence un italien. Je choisis le Duc Cassio de Modène. Ce dernier accepte le 1er septembre 930. Un problème vite résolu.
Toujours dans ce besoin d’assurer la stabilité de ma lignée, je dois continuer à me faire une place auprès des grands noms d’Europe. Et puisque les carolingiens ne sont plus autant sur le devant de la scène, je compte étendre mon cercle d’alliance. Je parlais plus tôt de garder ma petite-fille Rosa pour une occasion utile : je la propose donc en fiançailles au jeune roi Geirr du Danemark. La Cour danoise accepte le 2 novembre 930.
Je tente une loi de centralisation faible pour le Roi, me permettant d’agrandir le royaume et de mieux gérer mes vassaux. 12 mai 932, naissance d’un petit fils. Il s’appellera César, en l’honneur du grand conquérant romain.
Lotharingie, septembre 932. Cela fait plusieurs années qu’il y a une guerre pour renverser la lignée des Reginar. Mais ceux-ci s’accrochent au pouvoir. Ce chaos pourrait m’être profitable.
Le 17 février 933, je constate que le proche duché de Transjuranie est toujours victime de guerres intérieures. Je m’en vais donc quérir le Pape afin d’obtenir une revendication légitime sur ce territoire. A ma grande surprise, il accepte. Le Nord et le Sud de mon Royaume pourraient désormais être reliés. Tout ce qu’il me reste désormais à faire, c’est le conquérir.
Voici donc venu le temps de la guerre.
Le 18 juin 933, j’ai réuni mes troupes personnelles ainsi que 1500 mercenaires à la frontière entre le comté de Grisons et celui d’Aargovie. J’ai préféré éviter de demander l’aide de mes vassaux, un coup d’Etat en temps de guerre est vite arrivé. J’aimerais le plus possible ne pas leur donner des justifications.
Le 16 mai 934, après presque un an de siège, la victoire est proche. Les armées du Duc sont en déroute, et j’ai réussi à capturer le Comte Adalgoz d’Aargovie. Le siège de son comté devrait clôturer cette guerre expéditive.
Le 5 octobre, je propose la paix au Duc Etienne de Transjuranie. L’adolescent, sans repère ni soutien, n’a pas d’autre choix que de se rendre. Et j’obtiens donc cette passerelle entre les deux morceaux de mon Royaume. L’Italie rayonne.
Je constate vite que ma domination représente une menace pour mes vassaux qui craignent que mon règne ne vire à la tyrannie. Ces êtres si stupides… Est-ce donc ma faute si je sais mieux qu’eux ce qui leur est bénéfique ? Essayant de calmer cet élan de haine et de complots, j’adopte la culture italienne locale. J’avais longuement hésité à le faire mais que voulez-vous, aux grands maux, les grands remèdes.
Je me fais nommer désormais Pietro, et mon fils Lodovico.
Terminant à peine d’éteindre la révolte laissée par le Duc Etienne, des messagers du Pape m’informent que ce dernier veut que l’Aquitaine soit récupérée. A 59 ans, je sais que je ne suis pas sûr de voir la fin de cette Croisade. Mais m’y engager pourrait permettre à mon fils de récupérer ce grand Royaume. Et faire de l’Italie une puissance incontestée sur l’ensemble du monde connu. Nous sommes le 20 novembre 935, et je décide d’accepter. La Croisade débutera le 10 novembre 937. Que périssent les Infidèles !
Chroniques de Metz, épisode 16 : Nouvel empire, puissant royaume et héritage
Ainsi donc une nouvelle Croisade débute. Et c’est encore l’Aquitaine qui sera le théâtre des batailles. Avant toute chose, je m’assure du soutien de mes vassaux. Je constate aussi que mon Royaume est bien stable comparé à celui de Francie Occidentale, pourtant déjà pas mal morcelé.
Pourtant, la mobilisation est exceptionnelle. D’autres que moi ont compris l’importance stratégique d’obtenir ce vaste territoire. Mes conseillers me signalent que cela sera mal perçu si, en tant que Roi chrétien, je participe à cette croisade dans un intérêt personnel. Mais j’ai déjà vu ce Royaume disparaître sous mes yeux lors du règne de ma mère.
Je refuse que l’Aquitaine tombe entre les mains de quelqu’un d’autre, fut-il un allié redevable.
La Croisade se termine. Les prouesses de mon armée ont été remarquées lors de nombreux combats, et j’en sors évidemment grand vainqueur. Le Pape m’autorise donc à gouverner le Royaume d’Aquitaine. Me voilà devenu le Roi Pietro « Le Glorieux ».
Hélas, les musulmans réussissent à conserver de nombreux comtés. De plus, profitant des combats, le Roi de Francie Orientale a réussi à prendre le dessus sur le Royaume de Francie Occidentale, et possède désormais un gigantesque Royaume rivalisant avec le mien. A la différence que le sien prend en étau mon territoire d’une façon inquiétante.
Début janvier 939, la Francie Orientale effectue d’importants changements administratifs et symboliques. Par vanité, le Roi Norbert modifie les lois de son Royaume pour le transformer en un Empire. Empire qu’il décide de dénommer Saint Empire Romain.
Quel titre abject. Ils n’ont rien d’un Empire, rien de saint, ni rien de romain.
Je dois à tout prix éviter que les deux moitiés de cette ignominie impériale ne se rejoignent. Et il est clair que tous les regards se portent sur le fragile Royaume de Lotharingie. Il va falloir que je sois plus rapide que l’Empereur Norbert.
Début novembre 939 j’obtiens une revendication légitime sur le duché de Haute-Lorraine. Si mon calcul est juste, en réussissant à conquérir ce territoire, j’aurai la capacité d’usurper le trône de Lotharingie. Mais je sais que, là où la Croisade fut plutôt expéditive, Reginar II, lui, s’accrochera à son trône jusqu’à ce que mes soldats l’en arrachent. Peu importe. La guerre est déclarée.
Le Duc de Haute-Lorraine est démuni et Reginar II, Roi d’un territoire morcelé et affaibli, n’a pas les moyens de me contrer. Il fait son possible pour opposer un peu plus de 700 hommes, là où mon armée en contient 7700. Sans allié dans les familles d’Europe, il est condamné à la retraite, laissant le champ libre à mes soldats. J’apprends, le 12 avril 942, en pleine guerre, la naissance d’un second petit fils, Hugo. Les bonnes nouvelles s’enchaînent.
Il faudra attendre le 12 septembre 942 pour que s’achève la guerre. Bien entendu, c’est une victoire totale. J’acquiers le duché de Haute-Lorraine. Et, comme prévu, cela me permet de posséder plus de 50% du Royaume de Lotharingie. C’est sans hésitation que je signe les documents que mon chancelier me remet. Me voilà légitimement en possession du titre de Roi de Lotharingie.
Apparemment ébranlés par ma nouvelle victoire, des rebelles du Saint Empire Romain font sécession. Je ne vais pas m’en plaindre. De mon côté, un grand nombre de mes vassaux m’admire pour mes multiples victoires, et mes anciens alliés de l’est de l’Europe ont renoncé à rejoindre la coalition qui s’était récemment montée contre moi. J’en profite pour me créer un titre royal supplémentaire, celui de Roi de Corinthie, recouvrant un duché situé dans l’Est de l’Italie.
Les couronnes s’accumulent autant que ma gloire.
Cependant, des espions me rapportent que des forces à l’intérieur de l’Italie souhaitent me voir mort. A cela s’ajoute la menace croissante d’une guerre à grande échelle entre mon Royaume et celui du Saint Empire Romain. Nos aspirations communes à la domination du continent rendent tout dialogue impossible. J’ai beau savoir que l’avenir de ma dynastie est assuré, je ne peux me résoudre à appréhender, chaque jour, qu’on s’en prenne à moi. A mon grand âge, s’ajoute désormais une anxiété qui me ronge…
Pierre, appelé aussi Pietro, 69 ans, décède le 15 octobre 945. Luc, désormais Lodovico III, son fils aîné, hérite du Royaume d’Italie, du Royaume de Lotharingie, et du Royaume de Corinthie. Suite à des conflits dans les lois de succession, César, petit-fils de Pietro, hérite du Royaume d’Aquitaine.
Chroniques de Metz, épisode 17 : Le devoir de s’imposer
Mon père est mort. Dois-je me comporter comme un arriviste et m’imposer ? J’ai toujours admiré mon grand-père, Adalhard et sa foi. Quelque chose que mon père avait parfois oublié dans sa quête sans limite du pouvoir.
Suivant la tradition familiale, je pars en pèlerinage en mars 946. Cette fois, ce sera pour moi Jérusalem. Et ça n’est pas pour rien. Pour moi, la foi purement catholique ne me parait plus correspondre à la Vérité. La Ville Sainte me permettra peut-être d’y voir plus clair.
Je laisse le pouvoir à un régent. Je reviens 2 mois plus tard. Je n’ai pas eu l’illumination que j’espérais mais je sais que Dieu m’accompagne. Je me rends compte peu à peu que mes anciennes croyances relevaient de l’hérésie. Je préfère m’éloigner de ces gens qui cherchent à m’amener vers eux et leurs idées. De toute façon mon attention est accaparée par les problèmes du quotidien.
Au 26 juillet 946 je me vois conseiller de reconstituer le Royaume de Bourgogne. Mais je sais qu’il s’agit d’une manœuvre de conseillers intéressés. Rendre légitime le Royaume de Bourgogne sous ma domination, c’est aussi permettre que ce Royaume puisse être revendiqué par des forces extérieures à ma dynastie. Mais je sais aussi qu’une nouvelle Couronne royale, c’est assurer un héritage à ma dynastie. Je cède.
Me voici Roi de Bourgogne. Un titre parmi désormais tant d’autres.
Je sais ce qu’il faut faire. Mon fils, César, possède le Royaume d’Aquitaine. Un vaste territoire. Il est voué à récupérer le mien par la suite. Selon mon père et mes propres analyses, il ne cherchera pas à récupérer mon territoire avant de s’être assuré la stabilité du sien. Et pour ça, il lui faut l’assurance d’avoir empêché les Musulmans de reprendre des comtés. Heureusement pour lui, les menaces venant du monde chrétien sont inexistantes. Le St Empire Romain est encore pris dans la guerre civile en août 947.
Avril 948, on me rapporte que mon fils fait face à une Guerre Sainte car les Musulmans cherchent à récupérer le duché de Toulouse. Le royaume de mon fils est en danger car il s’agit là d’une possession centrale. Mais impossible pour moi de participer sans me rendre vulnérable pour les autres grandes puissances.
Je me rends compte que les jeux de pouvoirs ne sont pas simples. Bloqué entre l’Empire Byzantin, le Royaume de Bavière et le Saint Empire Romain, difficile pour moi de m’imposer sans risquer la naissance d’une coalition. Mais je ne suis pas idiot. Si je sais que mon règne ne sera pas le plus impressionnant, je peux tout faire pour que celui de mon fils se passe aisément. Il faut donc détruire tous les territoires qui posent une frontière entre l’Italie et l’Aquitaine.
C’est pour cette raison que je déclare la guerre pour vassaliser Lyon en janvier 949. Dès le 13 mars 949 mes armées sont réunies. Facile de me rendre compte que j’écrase mes adversaires et je ne lève qu’un peu moins de 4000 hommes.
Et le 25 décembre 949, le comté de Lyon est bientôt obtenu. Hélas, c’est à cette date qu’on m’annonce la fin de la rébellion au sein du St Empire Romain. Alors oui, Lyon est quasi conquis et les sièges se poursuivent mais quand même…
Je suis proche de la victoire, et mon allié le Commandant Murdoch de Gallura, décide de s’assurer de mon avance pour se joindre à ma guerre. La victoire est inévitable. Devant ma domination sans limite, le 1er février, je propose la paix au Duc du Dauphiné.
Il accepte et j’ajoute Lyon comme nouveau comté vassalisé.
Assuré de cette nouvelle source de revenus, je lance la création d’une nouvelle ville, la Cité d’Alexandrie. Elle est créée le 24 février 953. Hélas, ma belle et merveilleuse femme ne pourra en profiter. Elle décède au début du mois de février 954, rongée par le stress de sa vie de Reine…
Meurtri mais pas stupide, je décide de vite me remarier. L’important, c’est la dynastie et le prestige. C’est pour ça que le 24 février 954, j’épouse la Duchesse Annabella de Hébrides, un duché écossais.
Pendant que je gérais mon royaume, j’ai oublié de superviser les manœuvres contre le Saint Empire Romain. Sa rébellion s’est éteinte et je retrouve un adversaire continental dangereux. Je sais ce qui me reste à faire. Je sais le but de mon règne. Je dois tout faire pour que le Saint Empire Romain ne soit pas un territoire uni.
Chroniques de Metz, épisode 18 : Vers une domination du continent
Avec cette idée en tête je décide, le 30 juillet 954, de déclarer la guerre au duché de Hollande pour obtenir le comté de Vaud. C’est une guerre gagnée d’avance pour appuyer mon emprise sur des territoires que le Saint Empire pourrait vouloir obtenir.
Dès août 955, je lance la conquête du comté de Vaud. Hélas pour moi, le duché de Hollande, lointain et improbable détenteur du territoire, ne lâche rien. Un contretemps. Je me dirige donc vers ce duché pour « négocier ».
Moi, un naïf diplomate, je me retrouve chef de guerre. Et finalement tout va très vite.
Le 17 novembre 955, c’est une victoire totale. Surprise, les troupes finissent même par emprisonner le Duc de Hollande. Et évidemment la guerre s’achève à ce moment. Un nouveau territoire s’ajoute au Royaume d’Italie.
Fort de cette victoire, je célèbre en grandes pompes les fiançailles de ma fille, la princesse Léonide avec le Duc Gundemar de Porto. Une cérémonie qui fait réfléchir au-delà même de mon Royaume, puisque le Prince-évêque Reinhold de Wallis décide de se vassaliser le 17 août 956.
Il est désormais clair que je ne peux échapper aux aspirations de conquérants de mes prédécesseurs. Je demande conseil à mon Chancelier et j’attends ses avis avant de me lancer dans des guerres sans fondements. Je sais que de toute façon le Royaume d’Italie aspire à de grandes choses. De grandes choses pour lesquelles le Saint Empire Romain n’est pas légitime.
Pendant ce temps, mon fils est aux prises avec une révolte dans le sud de son Royaume. Une révolte qu’il ne réussit pas à contenir et il finit par perdre le duché de Barcelone.
Il va falloir que je surveille dorénavant de près ses actions militaires… C’est pour cela que je forge une alliance avec lui. Et il ne tarde pas à m’appeler à l’aide.
Le 8 novembre 958, il se lance dans une Guerre Sainte contre les musulmans qui occupent le reste de l’Aquitaine. Je lui viens en aide, à contre-coeur. J’ai en effet beaucoup à faire pour déjà contenir les prétentions des ducs et duchesses de mon gigantesque royaume. Mais il faut que je pense au-delà de mon règne.
C’est le prestige de la lignée qui doit compter, voilà ce qu’on m’a toujours appris.
J’en appelle à des troupes saintes. Ces armées de plusieurs milliers de soldats prêtent leurs services à ceux qui défendent la Chrétienté. A cela, j’ajoute mes propres troupes.
J’essaye toujours, dans la mesure du possible, d’éviter d’en appeler aux armées de mes vassaux. La dernière chose dont j’ai envie, c’est qu’ils profitent des combats pour se soulever.
Les victoires s’enchaînent. La rapide mobilisation, et la puissance des armées combinées de mon fils et de moi-même surprennent les Musulmans qui sont dépassés.
Tout porte à croire à une victoire bien plus rapide que je ne l’imaginais. J’ai même le bonheur d’apprendre qu’une rébellion fait rage dans le Saint Empire Romain.
Mais c’est à ce moment que le Duc de Hollande se décide à entrer en guerre contre moi. Il espère récupérer le comté de Vaud qui lui avait été ravit.
Ce petit territoire participe à l’unité territoriale et, par conséquent, me paraît vital pour que mon Royaume se porte au mieux. La guerre de mon fils s’achève par sa victoire, et j’ai donc tout le loisir de reporter l’ensemble de mes troupes sur cette nouvelle guerre.
Une tentative, il faut le dire, pour le moins assez pitoyable de la part du Duc de Hollande.
Les combats sont au départ plutôt équilibrés. En effet, les troupes religieuses que j’avais pu solliciter pour la guerre contre les musulmans ne sont pas utilisables pour une guerre entre seigneurs chrétiens. Mais je ne souhaite toujours pas faire appel à mes vassaux. Mon armée personnelle suffira.
Je repousse son armée aux portes du comté de Vaud, et je décide d’aller chercher le fourbe hollandais directement dans ses terres.
Mes troupes foncent vers le Nord, afin de rejoindre le comté de Bruges au plus vite. Les troupes du Duc de Hollande étant en déroute, elles ne m’opposent aucune résistance. J’en profite pour rallier à mon armée personnelle un millier de soldats sur ces terres de mon Royaume que je n’avais jamais foulées.
Près de 3500 hommes font le siège du comté de Bruges. Le Duc de Hollande ne tente même pas de venir le défendre, assuré d’envoyer ses troupes à la mort. Je remporte la victoire et conserve le comté de Vaud.
Dans le même temps, la rébellion au cœur du Saint Empire Romain s’achève par l’indépendance du Duché de Flandres. Mon rival perd encore de sa puissance. Au 1er octobre 962, mon emprise sur l’Europe de l’Ouest est plus vraie que jamais.
Chroniques de Metz, épisode 19 : Nouveaux objectifs
La guerre de mon fils César, même si elle a été gagnée, a toutefois eu une conséquence : la perte du duché de Barcelone. Un territoire important, d’autant qu’il permet un accès supplémentaire sur la mer Méditerranée. C’est pour cette raison que je décide d’entrer en guerre contre les nouveaux dirigeants de ce territoire. Dès mars 964, je lève mes armées dans l’espoir de récupérer ce qui revient désormais de droit à ma famille.
La guerre s’engage très rapidement sur le territoire contesté. Je sais que je ne serai pas en mesure de reprendre l’ensemble du duché à cause de la légitimité relative de mon fils sur ce territoire. Mais il y a toujours l’espoir de récupérer les comptoirs commerciaux et l’argent des ports.
J’apprends après 2 années de bataille au duché de Barcelone que le mari de ma plus jeune fille Livia, le Duc Sergio de Toscane, est décédé au combat contre le Roi de Bavière. Il faut donc que je la remarie rapidement.
Je lui choisis le prince Magnus, héritier du titre de Roi du Danemark. Il est jeune mais ça pourra m’être utile.
Nous sommes au 31 décembre 966 quand je reçois soudainement une missive de mon fils César. Il m’implore de lui venir en aide pour un conflit contre l’émir de Fès, qui soutient activement la revendication d’un Cheik (l’équivalent d’un Comte). Je n’ai pas envie d’intervenir, mais je ne veux pas que l’héritier de la lignée soit en difficulté. Une menace contre un territoire qui nous revient désormais légitimement.
Ma participation aux combats paraît calmer les ardeurs de l’Emir. J’en profite pour finir au plus vite ma guerre au duché de Barcelone, qui hélas s’éternise. Nous somme en 968 et ce territoire indépendant résiste toujours à mes assauts. Mais j’admets avoir négligé de soulever une force conséquente. A mes presque 3000 soldats, j’en ajoute près de 3300, afin de couper les renforts de l’armée barcelonaise. Et c’est un succès.
J’écrase rapidement cette armée. Mais très vite, l’Emir lève des troupes et tente de prendre dans le dos mes armées. Fort heureusement, je suis vigilant et j’arrive rapidement à contrer ces troupes peu organisées. Après un siège de près de 2 ans, je suis en mesure de remporter la guerre. Le Duc Roland de Barcelone est affaibli après de nombreuses batailles. Je remporte donc la victoire un magnifique 13 mai 968, sans hélas pouvoir clamer la légitimité des terres conquises.
Les combats continuent malgré tout contre l’armée de l’Emir de Fès. Ce dernier est belliqueux et ne lâche rien malgré les défaites. Ils ont même tenté de prendre Bordeaux pendant que je faisais le siège de Barcelone.
Mais l’armée que j’avais levé pour contrer les troupes barcelonaises a un nouvel objectif : contrer les soldats musulmans de Fès.
Les victoires s’enchaînent, mais l’Emir refuse encore de se rendre. De quoi faire naître des tensions religieuses, qui de toute façon s’accumulaient depuis des années. Je ne suis donc pas surpris de voir un messager du Vatican m’apporter une lettre pour une future croisade. Mais je suis surpris de voir que le territoire défendu n’est autre que l’Aquitaine, et que le bénéficiaire de la croisade à venir ne sera nul autre que mon propre fils. Là où j’attendais l’appel à un ancestral bénéficiaire carolingien, il semble que ma lignée se soit imposée comme parfaitement légitime.
Peut-être que des espions sont tombés sur le message mais l’Emir, devant ma domination, décide de rendre les armes. Mon fils voit son territoire rester intact. Désormais, on m’appelle Lodovico le Sage. Un titre qui me gêne tant ce qui m’arrive est plus le fruit des politiques de mes aïeux que de ma propre sagesse. Afin d’être digne de ce lourd héritage, je vais devoir briller à la Croisade qui débutera le 4 novembre 970.
Chroniques de Metz, épisode 20 : Le Sage et le Gardien
Avant même le début de la Croisade, je découvre que l’immense duché de Toulouse est passé sous le contrôle du Royaume d’Ecosse. Il faudra absolument que mon fils se charge de récupérer cela. Il se passe près de 8 mois où mes armées s’entraînent pour la Croisade à venir. L’objectif est clair : remporter la Croisade, et que mon fils, bénéficiaire, soit effectivement le vainqueur. Lorsque que celle-ci débute, le 13 août 970, je tente donc de paraître comme un simple participant. Je préfère que le Pape décide en sachant que, évidemment, son choix me convient parfaitement.
Le jour fatidique arrive : je fais lever une armée modeste dans un premier temps. Celle-ci est composée de mercenaires, d’une troupe provenant d’un ordre religieux, et de mon armée personnelle. Si cette guerre s’éternise et que la Croisade est menacée, alors j’en appellerai à mes vassaux. Mais cela ne devrait pas arriver.
En effet, les armées musulmanes ont depuis longtemps perdu en force dans le sud de la France. La faute à des querelles intestines à en croire les rumeurs. Ce qu’il faut retenir, c’est que, quelle qu’en soit la raison, les soldats du Sultan n’opposent effectivement que peu de résistance. Et il suffit d’un peu moins d’une année pour que cette campagne militaire catholique s’achève.
Cette 3ème croisade pour l’Aquitaine est une victoire et le Pape Marinus célèbre cela en grande pompe. Loin d’avoir été une figure essentielle des batailles, je suis rassuré en apprenant qu’il confirme accorder à mon fils César les terres reconquises. Ce dernier en ressort par ailleurs auréolé du prestige d’avoir fait triompher la chrétienté.
Il est désormais surnommé « le Gardien » ce qui risque d’empirer ses problèmes d’égo.
A peine ai-je eu le temps de revenir des festivités à Rome que mon épouse tombe subitement malade et, dès le lendemain, décède. Je n’ai jamais été un cynique, mais mon Conseil me pousse à me fiancer à la toute jeune duchesse de Frioul, âgée de quelques mois. Un coup politique soi-disant intéressant sur le long-terme. En me fiançant avec elle, je ne risque pas d’avoir de nouvel héritier mâle, j’évite qu’un Roi étranger se fiance avec et déstabilise son duché, et, une fois que je serai mort, elle pourra devenir un parti de premier choix pour l’un de mes petits-fils qui viendraient à naître.
Proche du Pape, j’en appelle à lui le 25 février 974 pour obtenir une revendication sur le comté de Saarbrücken. Une semaine plus tard, réponse positive du souverain pontife. Et le 5 mars, sans attendre, je déclare la guerre. Évidemment, celle-ci est expéditive. Elle s’achève le 13 mai 975. Comme mes conseillers me l’avaient indiqué, l’obtention de ce comté me permet d’usurper le titre de Duc de Trêves. Ce que je m’empresse de faire.
Me sachant au crépuscule de mon règne, je fais lancer le 31 octobre 976 la construction d’une grande statue en l’honneur de ma famille. Si je serai représenté dessus, je souhaite qu’elle serve avant tout à représenter ma lignée, les Chatenois. La question s’est ainsi posée de la faire construire à Metz, mais le royaume de Lotharingie où se trouve ce comté est encore trop menacé par l’instable Saint Empire Romain. Elle se trouvera donc au cœur de la capitale, Pavie.
Même si je me sens de plus en plus fatigué, cela ne m’empêche pas de rester à l’écoute de mes conseillers. Cela fait plusieurs années que je tente de vassaliser par la négociation le comté de Viennois. Voyant que cela ne se fera pas, je décide, le 17 juin 981 de lui déclarer la guerre en légitimant l’intervention par les prétentions d’une comtesse de mon territoire.
La guerre s’annonce rapide mais le 19 août 981, mon fils m’appelle à l’aide pour sa guerre sainte. Ce dernier me jure dans une longue lettre qu’il s’agit de légitime défense, que l’oppresseur musulman menace chaque jour un peu plus ses terres mais je ne suis pas dupe. Il vise la conquête de l’imposant duché d’Aragon.
Obligé par de vieux traités d’alliance et par mon devoir envers ma famille, j’accepte.
Cette guerre ne modifie cependant pas tant que ça mes plans. Il faut que j’écrase rapidement le comte de Viennois afin qu’il se rende et que je puisse envoyer mes armées aider mon fils. Et heureusement, le siège du comté s’achève rapidement. Le 23 avril 982 c’est la victoire. Direction le sud du royaume d’Aquitaine désormais.
Le mois de mars 985 débute et la guerre sainte lancée par mon fils continue. De mon côté, je tente d’apaiser les tensions au sein de mon royaume. Mon âge avancé rend les prétentions des vassaux plus virulentes que jamais, et des factions complotent déjà pour préparer l’avenir. Je jette un dernier coup d’œil sur l’avancée de l’imposante statue familiale en construction et je pars rejoindre ma chambre afin de prier, et m’endormir. Mon fils va gouverner de multiples royaumes que j’ai tenté d’unifier pendant des dizaines d’années avec diplomatie et parfois sévérité. Qu’en sera-t-il pour celui que l’on appelle partout « le Gardien » ?
Lodovico III décède le 6 mars 985. Son fils unique, César, Roi d’Aquitaine, hérite du Royaume d’Italie, du Royaume de Lotharingie, du Royaume de Bourgogne, et du Royaume de Corinthie.
Les chroniques de Metz épisode 21 : César et ses envies
Enfin. Des années que je contiens la menace de ces barbares musulmans. Mon vieux père n’avait pas la décence de mourir pour que je puisse récupérer ce qui me revient de droit : son immense royaume. Une nécessité, d’autant que j’en venais à me sentir menacé par l’idiot Roi d’Écosse qui a, il y a des années, arraché à mon territoire d’Aquitaine le puissant duché de Toulouse. Quant au St Empire Romain, autrefois adversaire dangereux de ma famille, il ne fera pas le poids. Et pour m’assurer de cette supériorité, il me faudra agir avec force et puissance.
C’est pour cette raison que, à peine la nouvelle de la mort de mon père reçue, je prépare les fiançailles de mon petit-fils de quelques mois avec la jeune duchesse de Frioul, un temps reine d’Italie. Personne ne doit pouvoir profiter de ses multiples titres.
Mon faible de père avait réussi à récupérer le Viennois avant de mourir. Cela me permet de créer le Duché de Dauphiné et d’asseoir un peu plus mon pouvoir. Et à peine un mois après, j’en termine avec ma petite querelle contre cet idiot de Sultan Fadil III.
Cet enfant incapable est obligé de me céder son « émirat d’Aragon ». Quelle faiblesse.
J’inspire la crainte au point que nombreux sont les dirigeants qui s’allient pour former un pacte défensif. Et cela même en dépit de leurs opinions religieuses et politiques contradictoires. Pathétiques. Je ne compte de toute façon plus faire de conquêtes. J’ai bien d’autres soucis à régler au niveau de ma succession.
Sans empire unique, il est extrêmement difficile de gérer ces royaumes tous différents. Je choisis donc d’abandonner le royaume d’Aquitaine comme titre principal au profit de celui d’Italie. Il ne s’agit pas d’une quelconque nostalgie familiale, mais de pur pragmatisme. Le royaume d’Italie risquait de tomber entre les mains de mon 2ème fils, Louis. Au lieu de ça, c’est Alberich, mon fils aîné qui en héritera. Si mon pouvoir personnel compte, je n’oublie pas de penser à la portée de mon règne dans l’Histoire.
Tout le but est désormais d’équilibrer le pouvoir avec mes vassaux avares. À force de tractations et de changements administratifs, je transfère des vassaux à la plupart des Ducs faibles. Ceux-ci seront honorés de tels cadeaux, tout en évitant de se voir trop puissants après ces acquisitions. Le 12 juillet 985 tout ça est achevé.
Pour améliorer mon image, je pars en pèlerinage. La moitié de l’Europe m’admire, l’autre est trop occupée à craindre mon courroux, un peu de religion calmera peut-être ces idiots. Sur la route, je donne de l’argent à des gueux, je fais aider une femme qui a perdu son fils, et je promets même de tout faire pour améliorer les conditions de vie des paysans. J’adore voir leurs regards emplis d’admiration en pensant que je dis la vérité.
On me considère même charitable désormais. Après tout, ne suis-je pas « Le Gardien » ?
La duchesse de Frioul gagnant des titres, et les fiançailles avec mon petit-fils risquant de prendre du temps, il serait peut-être intéressant de la marier à un de mes fils. Hélas, les deux sont mariés et mon fils aîné a même déjà un héritier mâle. Cela pourrait poser de lourds problèmes pour l’héritage. Mon choix se porte plutôt sur Louis, le cadet. Mes conseillers ont réussi à faire en sorte qu’il arrive un « accident » à sa femme. Elle a toujours été assez détestable et apprendre son décès quelques jours plus tard, le 30 décembre 985, me ravie. Le chagrin de Louis finira par passer. Le voilà prêt à prendre en épousailles la Duchesse. Une décision de mort pour une de vie. Deux actes fondamentaux pour la gestion d’un royaume immense. Qui, à part Dieu, peut se prévaloir d’autant de pouvoir ?
Chroniques de Metz, épisode 22 : Succession dans le sang
L’année 986 débute dans la réussite. Mes vassaux se sont calmés. Mes fils sont en bonne santé, et le Saint Empire Romain paraît s’affaiblir de semaines en semaines. Et puisque les travaux de l’imposante statue de mon père continuent, j’estime qu’il est opportun de déplacer officiellement la capitale là où elle se trouvait. Le chef de la dynastie Chatenois est de retour à Pavie. Le royaume d’Italie et ses dépendances font, plus que jamais, frémir le monde.
Je continue de renforcer mon pouvoir, avec des travaux militaires importants dans les territoires que je contrôle personnellement. Preuve de cette puissance incarnée, le comté de Brabant accepte de se vassaliser le 23 juin 988.
La duchesse de Frioul, devenue ma bru par ses fiançailles avec mon fils Louis, possède des revendications sur Aquilée, territoire situé dans le royaume de Bavière. Si je veux pouvoir augmenter mon emprise sur l’Europe, il faut aussi que je diminue la force des royaumes rivaux. Après presque 3 ans de guerre, la victoire est remportée en octobre 991.
Afin de fêter cela, j’organise un grand tournoi et y invite de nombreux nobles et leur cour. Au-delà du tournoi, il s’agit de répondre au pacte défensif formé depuis longtemps contre mon influence. Avec la tenue d’un événement grandiose, je montre au monde occidental que je n’ai que faire de leur piètre tentative d’intimidation.
L’avenir de l’Europe se fera sous la main ferme des Chatenois ou ne se fera pas.
Plusieurs années passent. Je suis ravi d’apprendre que le Comte d’Innsbruck accepte, le 25 septembre 997, ma proposition visant à l’intégrer dans mon immense territoire. Mais des éléments vont mettre fin à ces réjouissances. Déjà la maladie. Atteint depuis peu d’un mal inconnu, je tombe souvent malade et, avec l’âge, ces périodes de souffrance semblent s’accentuer et se prolonger. Les médecins royaux ne savent pas combien de temps il me reste. Ce qui m’amène à l’autre problème, ma succession.
En effet, cela fait plusieurs années que je réfléchis à une solution pour éviter de morceler mon royaume. Il me paraît évident que fonder un empire ne se fera pas pendant mon règne, ni même celui de mes fils, mais pour envisager le long-terme, il faut stabiliser les territoires. J’ai deux possibilités.
Soit je cède le royaume de Lotharingie, ainsi que les légitimités qui vont avec, à mon petit-fils, évitant ainsi que mon cadet en hérite. Cette solution présente un risque puisque, tant qu’Alberich ne sera pas mort, son fils, qui aurait donc récupéré les royaumes, pourrait perdre des terres. D’autant que Louis héritera quand même des royaumes de Bourgogne et de Carinthie.
Soit j’emprisonne Louis, et je le fais exécuter. De fait, le seul héritier vivant sera mon aîné. Il en sera terminé du rempart de la chrétienté que j’incarne. L’Histoire se rappellera de moi comme d’un tyran. Et pire, comme l’auteur d’un atroce infanticide. Je suis à la tête de 5 royaumes que je gouverne tant bien que mal sans jamais avoir eu les moyens de créer un pouvoir pour les rassembler. Et tout ce que mon nom évoquera sera celui du Roi qui a fait assassiner son fils…
Et il ne faut pas plus de quelques mois pour que je sois poussé vers la seconde option. Rongé par une soudaine pneumonie, je sais cette fois que la fin est proche. Je n’ai plus le temps. Il me faut choisir. Au 1er janvier 998, mes gardes arrêtent Louis. Je le fais condamner dans la journée. Poète, intellectuel et amateur des arts, il est de mes deux fils le plus aimé du peuple. Je sais que je commets là un sacrilège terrible. Il hurle pour sa vie, m’implore de le garder prisonnier plutôt que de le tuer. Je refuse et lui dis :
« Je n’ai pas réussi à unir les couronnes, ton frère pourra peut-être le faire. Mais ton existence rend tout cela quasiment impossible. Puisse Dieu t’accueillir auprès de lui ». Il vociféra des insultes en pleurant, et quelques secondes plus tard, le bourreau fit son office.
Le Duc Louis dit « Le Troubadour » est mort.
Affaibli, je ne fais pas l’effort de prier pour mon âme ou la sienne. Mon acte est impardonnable. Une longue lettre est envoyée à Alberich pour le tenir au courant des événements. Lui et son frère étaient proches et il m’en voudra sûrement. Mais je ne doute pas qu’il saura utiliser au mieux la position favorable dans laquelle je l’ai placé. Je n’ai désormais plus qu’à attendre la mort et les sentences de l’Au-delà.
Le Roi César décède le 22 janvier 998 à 65 ans. Son fils Alberich, Comte d’Agen, hérite des royaumes d’Italie, d’Aquitaine, de Bourgogne, de Lotharingie et de Carinthie, ainsi que tous les titres possédés par César.
Chroniques de Metz, épisode 23 : Le poids du passé
Il s’est passé près d’un an depuis que je suis arrivé au pouvoir. J’ai eu beaucoup de mal à prendre la suite de ces écrits tant il est difficile pour moi d’assumer un tel héritage. Parce qu’au-delà du poids politique, c’est un poids moral que je ne souhaite à aucun souverain.
Comme les récits de mon père vous l’ont sûrement appris, il n’était pas quelqu’un d’aimant. Piètre chef de famille, il a longtemps vécu dans l’ombre de la réussite de son père, mon grand-père. Ce qu’il souhaitait avant tout, c’était d’avoir le pouvoir. Ce ressentiment a fini par obscurcir son jugement, et a changé un dirigeant distant en dirigeant tyrannique.
Malgré ses justifications, je ne pourrai jamais lui pardonner d’avoir tué Louis, mon frère…
Devoir être le Roi d’un royaume aussi divisé n’est pas une tâche simple, et mes puissants vassaux me le font directement comprendre. Le meurtre de mon père m’a peut-être permis de récupérer la totalité de ses titres, mais elle n’a rendu ma légitimité que plus fragile.
Je dois donc me montrer digne de mon rang. En tant que plus grand souverain de l’Occident, la guerre est évidemment une option tentante. Et en ces temps troubles, favorables aux révoltes et aux trahisons, je me vois forcé de céder à cette solution de facilité. C’est le royaume d’Écosse qui en fera les frais. Au 1er juillet 999, je débute les hostilités.
Le Roi d’Écosse avait acquis à la surprise générale le duché de Toulouse et les terres adjacentes. Un scandale, fruit à coup sûr d’un imbroglio diplomatique. Récupérer ce territoire calmerait assurément les vassaux qui, dans mon dos, attendent le moindre signe de faiblesse. Je lève rapidement une puissante armée, tout en prenant soin d’utiliser au maximum mes troupes personnelles.
Le gros de ces armées doit faire le trajet depuis la Grande-Bretagne. Un temps suffisant pour que je sois proche de l’emporter au début de l’année 1002. C’est alors que me parvient une nouvelle bouleversante : Le 9 février 1002, le Pape demande aux rois chrétiens de se préparer à une nouvelle croisade. Celle-ci aura pour cible l’Égypte et débutera dans un an.
Voilà qui me place dans un terrible embarras. L’opportunité d’une prestation éclatante en croisade résoudrait à coup sûr ma légitimité toujours chancelante. Mais pour être certain d’y jeter toutes mes forces, il me faudrait terminer au plus vite la guerre contre l’Écosse. Et de préférence avec des pertes minimes. Ou alors proposer une paix blanche, synonyme pour moi de défaite sur le plan moral.
Je décide de m’entêter face à l’Écosse, même si cette guerre est surtout symbolique.
Je loue les services de mercenaires, bien décidé à réduire à néant les forces écossaises. Grâce à des sièges rapides et des contre-offensives habiles, je reprends l’avantage. Sans cesse poussées dans leurs retranchements, les troupes ennemies faiblissent, les places fortes tombent et le 29 janvier 1003, c’est la victoire. Si je n’ai pas pu récupérer la totalité du territoire, j’ai au moins repris l’essentiel, le duché de Toulouse.
Il ne me reste que quelques mois de préparation pour la croisade. Celle-ci débute le 26 août 1003. Mes chances d’obtenir quoi que ce soit sont faibles, mais ça n’est pas mon objectif principal. La conquête que je vise, c’est celle du cœur de mes sujets.
Chroniques de Metz, épisode 24 : Un empire comme objectif
Avant de poursuivre mon récit, il me faut revenir sur deux décisions difficiles que j’ai dû prendre avant le départ en croisade. Elles ne sont pas fondamentales, mais pourraient se révéler importantes pour la suite de mon règne…
La première fut mon remariage. Ma femme étant décédée en juin 1002, j’ai dû trouver une nouvelle femme. Et le hasard a bien fait les choses car, par chance, la Duchesse de Frioul, longtemps un parti envisagé par mon père, se trouve être célibataire depuis quelques jours. L’unique problème tient au risque qu’un remariage pourrait faire peser sur mes héritiers. Mais compte tenu de son rang et de la pression lorsqu’un souverain reste célibataire, je me suis proposé. Il ne faut jamais oublier que l’on vit à une époque où le mariage relève peut-être de l’acte diplomatique le plus important.
La seconde décision difficile, elle est arrivée peu de temps avant le départ en croisade. Il me fallait décider quoi faire des possibles terres conquises. Je pouvais choisir un bénéficiaire, et de cette façon me faire un précieux allié redevable. Ou tout conserver pour moi. Peu convaincu des chances de remporter cette nouvelle guerre sainte, je n’avais pas grand chose à perdre en choisissant la deuxième solution. Sur la forme, cela me faisait au moins paraître comme un Roi motivé.
Avec mes troupes en Croisade, je tente de prouver ma valeur en bataillant le plus possible. Me montrer au front, avec elles, est une astuce connue du moindre dirigeant. Mais en risquant ma vie, j’espère leur prouver ma valeur de souverain. C’est aussi dans cette idée de proximité que j’ai décidé d’adopter la culture italienne. Un hommage au premier royaume acquis par ma famille.
Les combats font rage depuis près d’un an et les armées de la chrétienté sont en bon chemin pour remporter la victoire. Un soir, un messager m’apprend dans un murmure que mon propre fils veut ma mort. Je ne suis pas surpris. Il se sent menacé par mon nouveau mariage et le risque d’un héritier concurrent. C’était hélas ce que j’avais présagé, mais je dois rester concentré sur les combats.
À la surprise générale, le 16 mai 1005, les Musulmans cèdent et la Croisade s’achève. Il aura fallu moins de deux ans. Plus surprenant encore, c’est moi, Alberich, qui sort grand vainqueur. Comme convenu, le Pape me laisse le contrôle des territoires acquis. Les festivités sont de mise, mais j’ai la tête ailleurs. J’ai beaucoup de mal à réaliser. Le gigantesque royaume d’Égypte vient s’ajouter à ce qui semble de plus en plus être une collection de couronnes.
À la tête de terres que je ne foulerai probablement jamais, l’avenir me paraît plus que jamais incertain. Le prestige toujours croissant de la lignée des Chatenois ne présage-t-il pas d’une chute terrible ? Comme l’indiquait mon père dans ses mémoires, la clé de la stabilité se trouvera dans l’établissement d’un empire capable de réunir toutes ces couronnes sous une bannière unique.
Pourrais-je réussir à devenir cet Empereur, rayonnant sur une immense partie du monde tels les Antonins à l’apogée de l’Empire Romain ?
Pour l’heure, je reste un Roi assis sur un trône instable, menacé par des vassaux belliqueux, par une famille jalouse et envieuse, et par des ennemis puissants, alliés contre moi, et attendant la moindre la faille. Mais surtout, je crains que si je n’arrive pas à créer mon empire à temps, tous les acquis de plusieurs générations, les sacrifices et les conquêtes dans le sang, tout cela ne soit condamné à s’effondrer. Le temps est compté.
Chroniques de Metz, épisode 25 : De 867 à 1005, le récapitulatif
Près de 140 ans se sont écoulés depuis que Adhalard a commencé à poser sur papier ses mémoires. Un manuscrit que se transmet la dynastie Chatenois et qui a connu de multiples plumes. Un seul objectif semble pourtant toutes les rejoindre : la quête de prestige. Du petit comté de Metz, la famille est désormais à la tête d’un empire s’étendant au delà de la mer Méditerranée. Une étendue incroyable qui n’a pas toujours été une évidence. D’autant que durant toutes ces années, de grandes puissances se sont effondrées quand d’autres ont émergé.
Ainsi, le comté de Metz était un petit territoire du royaume de Lotharingie, lui-même étouffé entre Francie Orientale et Francie Occidentale. Désormais, il est un infime îlot au cœur d’un assemblage éclectique de royaumes sous l’autorité du Roi d’Italie.
La Francie Occidentale, un temps force puissante de l’Europe, avait tout pour s’imposer. Échouant à annexer le royaume d’Aquitaine à cause des invasions musulmanes successives, les frontières de la Francie Occidentale se stabilisent plus ou moins jusqu’à la croisade de 937. A partir de cet événement, les révoltes internes vont morceler le territoire. Un affaiblissement qui finira par causer sa chute. C’est sa rivale de toujours, la Francie Orientale, qui va en profiter.
Car au moment où faisait rage cette fameuse croisade pour l’Aquitaine, et que les rébellions divisaient la Francie Occidentale, la Francie Orientale s’était décidée à passer à l’action. La Lotharingie, longtemps tampon entre les deux Francie, n’était plus et il devenait alors aisé pour la Francie Orientale d’agir. Elle a attaqué la Francie Occidentale sous couvert d’une faute dans la succession, et a vaincu. Cela a permis au Roi de Francie Orientale de l’époque, Norbert, de fonder le “Saint Empire Romain Germanique”, par la fusion des deux Francie. Un monstre continental, dont la croissance n’avait pour obstacle que les restants de la Lotharingie, désormais sous domination de l’Italie. Et les Chatenois, possesseurs de ces morceaux survivants, ont jusque-là réussi à détruire les rêves d’une grande unification territoriale. A cause de cela, le Saint Empire Romain s’est affaibli, et même s’il existe encore, il est loin de ce qu’il aurait pu devenir.
Et puisqu’on parle d’Empire, impossible de ne pas revenir sur le destin de l’Empire Byzantin. Haut-lieu de la culture et du savoir, il a subi à la fois les assauts des forces musulmanes au sud comme ceux des pays slaves au nord. Le Royaume bulgare attend toujours son heure et n’hésitera pas à se jeter contre l’Empire Byzantin une fois celui-ci proche de l’effondrement. Et cela pourrait arriver rapidement. L’Est de l’Empire Byzantin, soit près de la moitié de la superficie de l’Empire, est déjà tombé aux mains des musulmans de Tabalid. Si quelques territoires ont été récupérés, cela ne compense que faiblement cette perte gigantesque. Et encore plus sachant qu’à l’Ouest, l’Italie, plus puissante que jamais, bloque toute perspective d’expansion. L’avenir paraît plutôt sombre pour les Byzantins.
Le Royaume Tabalid n’est pas la seule terre musulmane dont les frontières ont été bouleversées. Toutefois pour les musulmans, qu’ils soient chiites ou sunnites, les guerres et rivalités ont davantage été source de défaites que de conquêtes. Surtout à l’Ouest. Les Umayyad, possesseurs de la quasi totalité de la péninsule ibérique et d’une grande partie de l’Afrique du Nord au départ, ont été même jusqu’à voler la couronne d’Aquitaine. Menace pour l’ensemble du monde chrétien, ils ont finalement été repoussés et tentent comme ils peuvent de conserver leur emprise sur ce qu’il leur reste en Espagne et au Maghreb. Et justement, les Tabalid, devenus souverains dans l’Est du Maghreb, ont récemment subi un terrible revers : la dernière croisade a morcelé leur royaume. Mais l’Italie, qui a ainsi récupéré le royaume d’Egypte et d’autres terres liées, doit s’attendre à une revanche imminente. Car le royaume Tabalid demeure puissant dans cette partie du monde…
Et qu’en est-il des autres grandes puissances ? Malgré la montée en gamme du royaume de Suède, les Vikings du Nord de l’Europe ne sont pas une menace sérieuse pour le continent. Le Royaume d’Ecosse sort du lot dans les îles britanniques, mais enchaîne les défaites sur le duché de Toulouse, obtenu au grand dam du royaume d’Italie. Dans l’Est de l’Europe, la Hongrie étend son emprise et devient une menace de plus en plus sérieuse.
Ainsi, l’équilibre des pouvoirs en ce début de millénaire est bien différent de celui qui prévalait en 867. Le petit comté de Metz a servi de tremplin aux Chatenois pour asseoir leur domination sur l’Europe et au-delà. Mais cette insolente croissance a un prix : l’instabilité. Car les acquisitions successives de la famille messine ne forment pas pour autant un ensemble politique uni. Alberich, actuel chef de famille de la dynastie, possède toutes les couronnes des royaumes conquis. Mais il lui en manque une, la seule capable de prouver sa légitimité à diriger des territoires si différents. Une unique couronne impériale.
Chroniques de Metz, épisode 26 : Consécration ?
Afin d’asseoir la légitimité d’une couronne impériale, c’est celle d’Italie qui paraît la plus accessible car c’est là que ma famille y possède le plus de terres de jure. Ces comtés et duchés sont ceux capables de justifier la fondation d’un Empire historiquement cohérent.
Or, une des conditions juridiques de la constitution de cet empire est la possession de 3 couronnes : celle d’Italie, celle de Corse et celle de Sicile. Et là se trouve le problème : la couronne de Sicile n’a pas été revendiquée car le territoire sicilien est noyauté par l’Empire Byzantin. Ce dernier paraît de plus en plus affaibli mais il n’est pas à sous-estimer.
Une guerre avec cet ensemble toujours puissant condamnerait à coup sûr à des années d’affrontement. Il semble donc que rien ne puisse me faciliter l’acquisition de cette dernière couronne essentielle. D’autant que les nombreuses et récentes possessions autour du Nil et de la Mer Rouge rendent la gestion de mes terres quasi hors de contrôle et pèsent sur mes finances.
Or, sans Empire, sous la pression des Ducs et Duchesses en colère, je serai forcé de céder peu à peu territoires voire royaumes. Tout cela causera un effondrement de mon autorité et de celle de ma dynastie et, à terme, la fin du rayonnement des Chatenois en Europe et dans le monde. Un stigmate dans l’histoire de ma famille et des ambitions qu’elle s’est donnée.
Faut-il que moi, Alderich, l’Épee de Dieu, je devienne celui qui causa la chute du plus bel « empire » chrétien depuis celui de Charlemagne ?
Il n’en est pas question. Me vient donc une idée. Un pari sur l’avenir mais probablement unique solution. Alors que je commence la rédaction de la missive qui pourrait sceller le destin d’un continent, un conseiller m’interpelle. Un aventurier se prénommant Jawad, dont on m’avait prévenu il y a quelques temps les revendications, a décidé de passer à l’action.
Ce dernier n’est pas un simple rebelle. Il a d’importantes troupes, et même une flotte de navires. Ces derniers lui permettent de débarquer directement en Italie et, pendant un temps, de menacer mes possessions. Je ne le connais pas. Et sûrement que lui ne me connaît pas non plus. La Croisade égyptienne semble avoir attisé les appétits de tous les opportunistes. Je ne lui en veux pas cependant. Je ne me sens pas légitime sur ces territoires. Ils sont encore d’ailleurs pour moi des territoires en suspens. Je connais leur valeur, je sais tout leur poids politique et même militaire, mais je sais aussi qu’un Roi chrétien ne pourra pas du jour au lendemain y être bien vu. Je lève donc mes armées pour terrasser Jawad et ses troupes. Les batailles s’enchaînent et surtout les victoires. Je me permets même de participer aux combats.
Avec mes généraux, nous comprenons vite qu’il a fait une grave erreur stratégique. Convaincu d’avoir les forces nécessaires pour que l’effet de surprise lui permette d’enchaîner les sièges victorieux et les conquêtes, il a jeté le gros de ses forces sur le territoire. Mes soldats expérimentés ont pu se déchaîner. Par chance, nous réussissons à capturer Jawad et à le mettre aux geôles. Je pourrais faire de lui un exemple et le faire exécuter. Je décide pourtant plutôt de le relâcher. Je ne souhaite pas que l’ombre de mon tyrannique de père ne vienne obscurcir encore plus mon règne.
Me reste alors à structurer mes royaumes. Des grosses factions existent et menacent à tout moment de se soulever et de me destituer. C’est pourquoi il est d’autant plus urgent que je continue dans ma lancée. Je convoque ainsi les meilleurs juristes de mes royaumes pour me sortir de mon impasse. Une grande réunion a lieu et leur verdict est sans appel. J’envoie une missive au Pape pour avoir son avis. Ce dernier, sans pour autant soutenir le projet ne s’y opposera pas. Tout est en place.
Me voilà seul dans la salle du trône. Dans les mains, le parchemin qui confirme que je fonde officiellement un Empire à partir du 26 mai 1010. Un gouvernement nouveau, supplantant aux héritages territoriaux de l’Histoire un Empire moderne aux frontières neuves et aux perspectives sans limites. Je le signe d’un titre nouveau : l’Empereur Alberich 1er d’Italie. Le fondateur de l’Empire légitime des Chatenois.
Chroniques de Metz, épisode 27 : L’Empire des Chatenois
Ainsi donc commence un règne différent. La première preuve de cela, c’est que mes vassaux semblent honorés. Après tout, un nouvel échelon politique leur laisse espérer plus de perspectives d’évolution. La seconde, c’est la construction de nombreuses structures dans l’Empire, afin de le moderniser et de l’armer. Avec l’autorité impériale, tout cela est plus simple. Mais il y a un revers à cela : le manque de finances. La guerre contre Jawad, bien que de courte durée, a eu un coût. Et les projets impériaux ont augmenté le manque d’argent. Ce sont des investissements, certes, mais cela effraye.
J’entrevois donc de stabiliser mes finances pendant que l’administration du territoire se réorganise. Tout commençait presque à se passer à merveille mais c’était sans compter la gêne que ma présence dans la région égyptienne continuait de soulever. Les grandes puissances de la région, sûrement mises au fait de mes difficultés de trésorerie, souhaitaient reprendre en main le territoire le premier jour de la fin de la croisade.
Je ne fus donc pas si surpris donc de subir le déclenchement d’un Jihad : le 21 septembre 1012, le Calife Ghiyasaddin lance l’appel. De nombreux nobles musulmans se joignent vite à la bataille. Fort heureusement, je peux compter sur le soutien de quelques mercenaires chrétiens et de rares seigneurs de confiance. C’est une maigre compensation puisque, comme je le pressentais, les grandes noblesses chrétiennes d’Europe ignorent mes appels à l’aide. Même le Pape reste silencieux.
J’en connais la raison : mon passage au statut d’Empire les a surpris et, pour beaucoup, fait de moi une menace terrible. Avec des finances problématiques et une administration à peine renouvelée, cette guerre va être difficile à contrer. Mais je refuse de céder déjà ce que j’ai acquis par la foi en Dieu. Je lève à nouveau des troupes, voyant que les combats prennent une mauvaise tournure. Je finis par faire appel à quelques alliés apparemment faibles mais dévoués. Leur amour de Dieu les fera combattre mieux que n’importe quel roi calculateur. C’est le cas du Duc de Navarre dont j’admire encore la bravoure !
C’est grâce à des hommes comme lui que, après presque 2 ans à temporiser et cela grâce en grande partie au soutien sans faille de ces alliés, la paix blanche est signée. Me voilà enfin libre de la pression de la guerre. J’en profite pour finaliser quelques nouveaux bâtiments sur mes territoires mais très vite, je me rends compte que mes vassaux ne sont plus aussi unanimes à me laisser vivre la vie impériale sans problème.
Je dois sûrement quelques concessions de circonstance. Je décide ainsi d’accorder à un évêque récalcitrant et à mon propre fils des terres. Le seul problème, c’est que ce dernier n’est pas le meilleur récipiendaire de mon cadeau. En effet, il me déteste. Tout a débuté à la mort de son oncle Louis adoré, mon frère, dont il est persuadé que je suis le responsable.
Si je peux comprendre ses craintes, cela a empiré à cause de son égoïsme. La faute sans doute à mon père.
Mais j’ai compris avec le temps que les Chatenois sont comme chaque grande dynastie. Ils ne peuvent se permettre d’avoir en vue autre chose que la prospérité de leur lignée et la stabilisation de leurs territoires. Voilà pourquoi je vais passer les années qu’il me reste à changer l’image de notre nom. Mon père était devenu un tyran, aveuglé par l’ambition. Peut-être était-ce là aussi la poids des attentes de ses aînés et donc des miens aussi.
Je refuse que cela devienne la marque de notre famille. Régner par le meurtre et la terreur, cela n’est pas digne du rang auquel on aspire. J’ai accompli ce que mes ancêtres ont commencé mais osaient à peine envisager. Entacher cela serait un affront à la mémoire des innocents morts sur notre route comme de notre dynastie. L’autorité toute puissante de l’Empire ne doit viser qu’un seul but : la paix pour les siècles à venir. Une paix garantie par un Empereur bienveillant.
Chroniques de Metz, épisode 28 : Un complexe fardeau
Je me suis confié pour la dernière fois il y a bientôt 3 ans. J’ai usé de tout mon pouvoir pour faire progresser les choses, pour prouver que mon Empire n’était pas une imposture. J’ai calmé autant que je pouvais comtes, duchesses et nobles de toutes les régions que je possède. J’ai vu défiler des hommes et femmes de tous les genres et de tous les rangs. L’euphorie des premiers temps a laissé place à une certaine forme de désillusion. Pour m’éviter la déprime, je reviens donc verser mes pensées sur du parchemin.
Nous sommes le 31 août 1019, je pousse ma fille au mariage avec le Roi Knutt II du Danemark. Un garçon plutôt sympathique et intelligent. Le Royaume du Danemark s’est assez bien étendu sur le continent, dans une zone houleuse. Ce mariage me permet de garder un œil sur une partie européenne encore largement sous l’influence de ce qui reste du Saint Empire Romain et du Royaume de Hongrie.
La Hongrie justement… À mesure que ce royaume a gagné en puissance, il a pris de plus en plus pied à l’Ouest. Et par le jeu des alliances et des mariages, a récupéré des terres, y compris au sein même de mon Empire. Évidemment, tout cela est légal. Mais je ne peux m’empêcher de craindre que cela ne devienne un levier pour les Hongrois, leur permettant ensuite une intervention armée et une conquête pure et simple. Sous mes ordres, un assassin est envoyé tuer le Comte d’Artois, Árpád Gyula, un adolescent de 15 ans, héritier du Royaume de Hongrie. J’espère ainsi que cela causera du désordre au sein de ce dernier. C’est une réussite, il meurt le 18 février 1021.
Hélas, et la faute incombe à mes conseillers autant qu’à moi, le royaume est électif. Une incidence donc mineure.
Deux événements importants ont lieu cette même année. Le premier se passe le 20 juin 1021 : j’apprends que le Duché de Capoue, dans l’Italie du Sud, s’est séparé de l’Empire Byzantin. Une excellente nouvelle et peut-être la perspective d’une future expansion afin d’extraire les Byzantins hors de la botte italienne. Même si le duc de Capoue s’est pour cela accaparé un de mes comtés dès 1019. Le second, moins réjouissant, c’est l’arrivée prochaine d’Amadeus, un mystérieux mercenaire et son armée. À l’instar de Jawad, ses motivations sont peu claires, si ce n’est un désir de conquête. Mes troupes l’accueilleront à coup d’épées et de flèches.
Mes projets de réformes n’avancent pas. Pire encore, à partir de 1023, il y a un regain d’animosité à mon égard des nobles qui espéraient plus du Nouvel Empire. Les discussions ne donnent rien et ils campent sur leurs positions. On m’apprend ce que je craignais : une faction est en place et cherche à m’évincer. Sans surprise, c’est un descendant Karling, un membre de la dynastie des Carolingiens, qui mène ces traîtres. Menacé et sans autre perspective diplomatique, je me tourne à nouveau vers mes assassins. Le plan est mis en place le 11 juin 1024 et le 28 juillet 1024, Walram Kalring trouve la mort.
Voilà donc à quoi se résume mon règne en tant qu’Empereur ? Assassiner des opposants et contenir les menaces intérieures pendant que d’autres font bouger les frontières ? En quelques années, mon optimisme et ma soif de grandeur ont été effrités. Frappé depuis quelques jours de maladie, il devient difficile pour moi de gérer les affaires courantes. À 67 ans désormais, il ne me reste donc que peu de perspectives, si ce n’est continuer à me battre pour préserver ce dont j’ai hérité et ce que j’ai obtenu. Car une chose est sûre, l’Empire Chatenois doit tenir.
Le Roi Alberich I décède le 22 janvier 1025. Son fils, Alberich II, hérite de l’Empire, ainsi que de tous les titres possédés par son père.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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