Antagonistes est une série de portraits non-exhaustifs de figures du jeu vidéo qui viennent s’opposer au protagoniste que l’on incarne. Mais plus que de simples vilains, ces « méchant(e)s » retenu(e)s possèdent à chaque fois une ou plusieurs caractéristiques qui les rendent vraiment uniques. Évidemment, puisqu’il s’agit d’aborder leurs actions et leurs parcours, parfois en profondeur, les portraits contiennent très souvent des spoils majeurs. Vous voilà prévenus !
Did I ever tell you what the definition of insanity is? Insanity is doing the exact… same fucking thing… over and over again expecting… shit to change… That. Is. Crazy. The first time somebody told me that, I dunno, I thought they were bullshitting me, so, I shot him. The thing is… He was right.
Parmi toutes les figures d’Antagonistes traitées, il y a des ennemis connus. Des visages et des personnages qui sont immanquables et qui reviennent dans les top 10 de nombreux sites généralistes. Parmi eux, vous connaissez sûrement Vaas Montenegro, car nom récurrent des plus grands méchants vidéoludiques. Si vous n’en avez jamais entendu parler, hé bien sachez qu’on explique surtout qu’il est sadique et connu pour sa fameuse tirade sur la folie que j’ai mise en citation. Vous pouvez d’ailleurs la retrouver ici en anglais et ici en français (oui pour une fois ça me paraît vraiment important, on verra ça en fin d’article). Sauf que, comme souvent dans ces énumérations, ça me semble assez réducteur.
Alors oui, il est effectivement une figure célèbre du jeu vidéo par sa personnalité. Impulsif, sadique, destructeur et pourtant pas dénué d’intelligence. Chacun de ses actes est imprévisible, ce qui fait que l’on reste les yeux rivés sur l’écran, de peur de rater l’instant où il va nous surprendre. Dès qu’il est présent, l’ambiance change, comme affectée par son charisme hypnotique. Cela se comprend. Leader des pirates dominant l’île Rooks, il maintient son emprise sur ses soldats sanguinaires autant par d’étranges élans philosophiques, que par la peur et la violence qu’il fait régner. Mais, d’après moi, il est davantage intéressant de revenir sur le personnage de Vaas Montenegro parce qu’il est une réussite dans le « meta jeu ».
C’est dire que, s’il se hisse aussi haut dans de nombreux classements, c’est parce qu’il est une pièce importante de Far Cry 3. Or, le jeu d’Ubisoft a connu un véritable succès lors de sa sortie. La claque était avant tout graphique par le cadre paradisiaque. Le joueur ou la joueuse se retrouvait avec une sensation de liberté démente, une grande diversité d’environnements et de situations, rendant l’expérience de jeu grisante. A côté de ça, la saga s’était aussi renouvelée en adoptant un gameplay purement vidéoludique. Cela s’est notamment traduit par une refonte de la progression sur la carte, qui s’est calquée sur celle de la saga Assassin’s Creed. Cette révolution dans les fondamentaux de gameplay de Far Cry a fait de l’île où l’on évoluait un bac à sable très fun. Ainsi, l’aspect découverte initiatique perdurait mais s’accompagnait vite, à mesure qu’on débloquait zones et talents, d’une violence décomplexée et jouissive.
Celle-ci, sorte de folie ambiante, trouve son incarnation parfaite dans le personnage de Vaas Montenegro. Au point que sa présence éclipse celle de tous les autres personnages du jeu. Il n’est pourtant que secondaire et ne bénéficie pas d’un passé très développé. Pire que ça, il n’est même pas l’antagoniste final puisqu’il sera tué un peu après le milieu de l’aventure. Pourtant, cela n’altère en rien son image de méchant iconique. Il forge un lien spécial avec Jason, le protagoniste, joue avec lui, au point de préférer vouloir assassiner ses proches, les menacer, plutôt que de l’atteindre directement. Vaas espère ainsi le faire basculer dans la même instabilité qui le caractérise. A ce titre, on pourra le rapprocher psychologiquement du personnage du Joker dans Batman. Par sa psychologie et son aura, il prend le dessus sur tous les autres ennemis et personnages, et ce n’est pas un hasard si c’est lui sur la boite du jeu. D’ailleurs, le choix sera réitéré dans les Far Cry suivants, qui mettront aussi en avant l’ennemi « principal » sur la pochette.
Tout cela ne serait pas possible sans l’excellent doublage du personnage de Vaas par Michael Mando en anglais et en français. En voyant son jeu d’acteur, les développeurs se sont même laissés convaincre de modéliser le personnage d’après lui. Il insuffle en effet ce qui fait l’essence du personnage, à savoir une instabilité explosive, avec des changements d’humeurs et d’envies en l’espace de quelques secondes. Une réussite en termes d’acting et un choix technique intelligent quand on voit l’impact qu’il a eu sur le succès du jeu. Meilleure illustration, s’il en fallait encore une : la mini-série The Far Cry Experience. Une création pour la promotion du jeu à l’époque, où l’on peut découvrir un Michael Mando incroyable dans son interprétation saisissante de Vaas Montenegro. Puisqu’on parle de série, c’est intéressant de constater que, pour Far Cry 6, le choix d’Ubisoft pour son méchant s’est porté sur Giancarlo Esposito. En effet, les deux acteurs se donnent la réplique à de nombreuses reprises dans la brillantissime série Better Call Saul, spin-off de Breaking Bad. Avec sûrement en tête la volonté de créer un nouvel antagoniste iconique cette fois à partir d’un acteur qui en incarne déjà beaucoup au cinéma et à la télévision.
Le personnage de Vaas Montenegro a donc réussi à s’élever dans le panthéon des meilleurs méchants de jeu vidéo en grande partie par une interprétation de haut niveau. Il a largement contribué au succès du jeu et a permis à Ubisoft de faire de Far Cry une de ses sagas majeures. Il faut dire que Vaas Montenegro est la parfaite représentation de ce qui a fait la réussite du jeu : une liberté folle autant qu’une violence hypnotique.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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