Antagonistes est une série de portraits non-exhaustifs de figures du jeu vidéo qui viennent s’opposer au protagoniste que l’on incarne. Mais plus que de simples vilains, ces « méchant(e)s » retenu(e)s possèdent à chaque fois une ou plusieurs caractéristiques qui les rendent vraiment uniques. Évidemment, puisqu’il s’agit d’aborder leurs actions et leurs parcours, parfois en profondeur, les portraits contiennent très souvent des spoils majeurs. Vous voilà prévenus !
Pendleton was willing to go farther than I thought. He served up his own flesh and bone to the cause, and I can see that he is truly loyal to the Empire. Could I have done the same if my brother was still alive today? Probably. Undoubtedly. Many innocents must be sacrificed for the good of Dunwall. (…)
Trahie par des membres éminents de Dunwall, l’Impératrice Jessamine est assassinée et sa fille Emily est enlevée. Corvo Attano, son agent le plus proche, assiste à la scène, impuissant. Les instigateurs du complot ne mettent pas longtemps à se servir de sa présence sur les lieux pour en faire le bouc émissaire idéal. Emprisonné, il refuse de signer des confessions truquées qui viendraient aider Hiram Burrows à asseoir son pouvoir. Ce dernier dirige désormais Dunwall sous le titre de Lord Régent et maintient cachée chez des alliés la jeune héritière de l’Empire. Dans une situation désespérée, condamné à la mort, Corvo reçoit finalement de l’aide et parvient à s’enfuir. Car le meurtre de l’Impératrice n’a pas seulement bouleversé la vie de l’ancien conseiller, il a aussi dynamisé les ambitions personnelles de certains et surtout d’un homme, Farley Havelock.
Après s’être échappé, Corvo arrive au Hound Pits, pub d’un quartier confiné, et découvre qui sont ceux à l’origine de son sauvetage. Appelés les Loyalistes, ils se présentent comme des opposants au coup d’État et disent vouloir tout faire pour retrouver Emily et l’amener sur le trône. À la tête de cette résistance, plusieurs personnalités fortes. Déjà, Lord Treavor Pendleton, cadet de la famille Pendleton. Ses frères aînés, les jumeaux Curtis et Morgan, sont tous les deux des soutiens éminents du Lord Régent au Parlement. Ensuite, le Superviseur Teague Martin. Ce dernier, manipulateur habile, se fait d’ailleurs rapidement libérer par Corvo, car retenu par les forces de Burrows. Enfin, évidemment, Farley Havelock. Âgé d’une cinquantaine d’années, celui qui fut un temps amiral a un lourd passif guerrier et est à la tête de ce rassemblement de conspirateurs. Il explique d’ailleurs avoir été évincé après son refus de servir le nouveau pouvoir. S’il a décidé de faire évader Corvo, c’est pour une bonne raison : il est la pièce maîtresse d’un plan habile visant à faire chuter Hiram Burrows et ses alliés.
Au sein du Hound Pits, les trois piliers loyalistes vont se servir de Corvo pour se rapprocher toujours un peu plus du pouvoir. Jusque-là, il est difficile de douter de leurs intentions. Havelock semble s’impliquer pour le bien-être d’Emily et qu’elle puisse pleinement jouir de son statut d’héritière légitime. En plus de cela, il est entouré de gens tous plutôt sympathiques et avenants, mis à part Pendleton. Après avoir accompli avec détermination les missions périlleuses qui lui sont imposées, Corvo peut enfin annoncer à ses alliés la fin de l’emprise du Lord Régent. La joie semble gagner les résistants mais elle est de courte durée pour Corvo. Quelque chose ne va pas et il comprend bien vite pourquoi : il a été empoisonné.
Laissé pour mort, il s’en sort de très peu. Il se rend compte alors de l’horreur de la situation : Havelock, Pendleton et Martin, maintenant débarrassés de Burrows, vont s’emparer du pouvoir et le garder pour eux. Pire, ils ont fait assassiner un grand nombre des gens présents sur place au Hound Pits, expliquant avoir découvert le repère des complotistes à l’origine de tous les meurtres depuis celui de Jessamine. Havelock espère ainsi en retirer toute la légitimité nécessaire pour faire accepter son nouveau statut de Lord Régent et chef des armées. Un titre qu’il possède car, même si Emily est sur le trône, elle n’est qu’un pantin. La réalité du pouvoir est entre les mains des trois cerveaux de la conspiration.
Mais ça n’est pas assez pour l’ambitieux Farley Havelock. Il se nomme Commandeur Suprême des Armées Combinées de l’Empire ainsi que Grand Amiral de la Flotte. De quoi lui assurer le contrôle des armées de l’Empire sur terre comme en mer. Mais cette arrivée au pouvoir mêlant trahison et meurtres a un contre-coup : Havelock est peu à peu gagné par la paranoïa. Il finit par apprendre que Corvo a survécu et sait donc qu’il va venir pour lui. Il se renferme dans le phare fortifié de Burrows, et craignant pour son pouvoir chancelant, va même jusqu’à empoisonner ses deux alliés. Quant à Emily, elle n’est plus seulement son pantin, c’est devenu son otage.
Farley Havelock n’est donc pas l’homme bon qu’il prétend être et on aurait pu s’en apercevoir avant. Les entrées dans son journal intime dévoilent ses inquiétudes grandissantes vis-à-vis de Corvo. Des craintes devant son efficacité et ses capacités à remplir chacune des missions qui lui sont assignées, au point qu’on comprend bien que cela vient menacer le plan qui germe dans son esprit depuis le départ. Le Cœur, objet empreint de magie, apprend ainsi à Corvo des détails sur Havelock. Qu’il a vu plus de corps que tous les gens présents au Hound Pits. Qu’il a tué des baleines et des hommes pour le profit et pour le plaisir. Et surtout qu’il ne s’est pas fait renvoyer de la marine impériale pour son refus de soutenir Hiram Burrows, comme il le prétend. Non, il a en fait tenté de s’emparer du contrôle de toute la flotte pour effectuer un putsch peu de temps après la mort de l’Impératrice Jessamine. Devancé par Hiram Burrows, il s’est donc replié sur un plan complexe, amenant à ses côtés un financeur, Pendleton, et un agent de l’intérieur, Martin.
C’est bien cette ambition profonde, cet appât du pouvoir et les moyens mis en place pour l’obtenir, qui font la particularité de Farley Havelock. Pour cela, il trompe le protagoniste autant que le joueur ou la joueuse pendant une grande partie de l’aventure. Trop focalisé sur les missions et les objectifs à atteindre, on passe sur certains indices qui auraient pourtant pu nous faire réagir. Que ce soit des détails sur sa personnalité profonde au travers de son journal, des bribes de conversations, ou même des comportements, on pouvait avoir des suspicions sur les réelles intentions de cet homme avant même qu’il n’apparaisse comme antagoniste.
Farley Havelock a donc trahi Corvo, ses propres alliés dont les plus fidèles, et s’est révélé être, depuis le départ, l’exacte représentation de ce qu’il disait vouloir combattre. Unique moteur de tout cela, son ambition, qu’il a laissé le consumer. Des meurtres de sang froid et un plan depuis longtemps réfléchi. C’est pourquoi ses regrets, dans une des fins de Dishonored, ne suffisent pas. D’ailleurs, la fin canonique du jeu ne s’y trompe pas : Corvo lui tranche la gorge avant de secourir la jeune Emily, car pour lui, c’est la seule réponse légitime aux multiples crimes d’Havelock.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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