Loin de se reposer sur ses lauriers et sur sa fidèle fanbase, Tekken a su adopter une approche plus moderne pour accueillir de nouveaux·elles joueur·euses. En renouvelant complètement le style, Tekken 8 a réussi à imposer son rythme nerveux et offensif pour le plus grand bonheur des soirées entre copains·pines.
Je n’avais pas touché à un Tekken depuis presque 20 ans. À l’époque, je squattais chez mon copain Fabien après l’école pour profiter de sa PS2 et des jeux de son frère, dont Tekken 5 faisait partie. Je me souviens des parties endiablées à masher les touches dans tous les sens pour essayer de sortir des combos qu’on ne comprenait pas. Si les années ont passé et que mon expérience en jeux de combat s’est étoffée, je peux encore assurer une chose : je ne comprends toujours rien à Tekken. Bien loin de ma zone de confort de par son tempo et ses mécaniques, l’entraînement n’y fait rien, je reste un joueur médiocre. Malgré ce sinistre constat, j'ai passé un bon moment devant Tekken 8, et j’ai même beaucoup apprécié les aspects plus « secondaires » du titre, bien loin du PvP en ligne. Sans plus de cérémonie, je vous enjoins donc d'oindre vos pectoraux et de prendre votre air le plus contrit pour suivre les affres de la famille Mishima.
Le diable au corps
Comme je l’écrivais en intro, l’histoire et les enjeux de la franchise Tekken m’étaient majoritairement inconnus. Bien heureusement, Tekken 8 a pensé à moi. Une fois passées les cinématiques condensées et plutôt low cost résumant les intrigues à base de violence parentale des anciens opus de la saga, l’histoire de Tekken 8 démarre sur les chapeaux de roues, à base de conflit mondial contre Kazuya Mishima, l’un des principaux antagonistes de la série et possesseur d'un gène démoniaque. Les choses se passent mal et Jin Kazama, notre héros et accessoirement fils de Kazuya, se retrouve dans l’incapacité de le battre. Les 14 chapitres suivants alternent entre de longues cinématiques et des combats jusqu’à la résolution finale, en passant bien évidemment par le tournoi d’arts martiaux traditionnel. L’intérêt du mode histoire ne tient pas tant à son scénario, très classique, qu'à la qualité du rendu des cinématiques et de la modélisation des personnages. J’ai sincèrement été happé par la réalisation et j’ai souvent eu envie de faire mille screenshots à la seconde sur certains plans (que je me retiens de mettre dans cette critique pour éviter tout spoiler). Je n’ai pas vu passer les deux bonnes heures entrecoupées de combats et d’une séquence de musô peu inspirée pour en arriver au bout. L’expérience se prolonge encore un peu avec le mode histoire de chaque personnage, et je n’ai pas boudé mon plaisir.
À côté de ça, Bandai Namco a essayé de créer une sensation de progression et une cohésion entre les joueur·euses, la première grâce au mode Arcade et la seconde avec « salon de combat ». Malheureusement, ces deux parties sont, à mon sens, les points les plus faibles du titre. Le mode Arcade essaie de nous apprendre les ficelles en nous faisant nous balader avec notre petit avatar ici et là tout en complétant des quêtes, mais surtout en nous bombardant de pop-up de conseils qui ne se taisent jamais. De même, le salon de combat fait péniblement office de hub ultra gadget qui n’a pas vraiment d’intérêt à part personnaliser notre avatar rigolo, et défier les autres joueur·euses que l’on pourrait croiser. Deux choses que l’on peut faire bien plus rapidement en passant directement par le menu principal. À part ces deux faux pas mineurs, Tekken 8 reste un jeu de combat avec des bases très solides, mais qui apporte un peu de nouveauté à la formule.
Qu'est-ce qu'on va faire, on va s'envoyer en l'air
Tekken 8 est un titre généreux, nerveux et extrêmement agressif. Il ne se moque pas du monde en proposant un roster de 32 personnages dès sa sortie, assurant ainsi à quiconque de trouver son bonheur. Si le mode histoire permet de les tester à peu près tous, il faudra vite trouver son main et se mettre à l’entraînement, car on aura du mal à maîtriser plusieurs personnages avec une bonne centaine de coups différents à mémoriser. Du point de vue du gameplay, Tekken 8 mise tout sur l’offensive et le déballage de puissance. Ce parti pris est ce qui fait la force du titre, très impactant et tape-à-l’œil, mais qui peut laisser des joueur·ses sur le carreau, faute de temps mort et de lisibilité. Appuyé par sa nouvelle mécanique du Heat, accordant entre autres un bonus de dégâts, et le Rage Art de Tekken 7, qu’on pourrait résumer par une attaque ultime disponible lorsque la santé du joueur·euse est faible, ce gameplay laisse très peu de temps de répit lors des combats et devient très punitif.
Même si le timing est un peu moins exigeant que celui d’un Street Fighter, Tekken nous forcera à mémoriser de longues séquences de combos pour maintenir notre adversaire dans l’impossibilité de contre-attaquer. Le but est de le maintenir le plus longtemps possible en l’air après une attaque de type « launcher » le faisant décoller. Dans cette phase, le jeu devient alors un rhythm game dans lequel il faut composer avec l’environnement de l’arène. Celle-ci se déployant en 3D et parfois sur plusieurs niveaux, il vaudra mieux optimiser ses déplacements pour coincer l'autre contre un mur et enchaîner les coups. Ceux-ci peuvent d’ailleurs faire très mal : un combo bien optimisé peut vite enlever 50% de la barre de vie. Raison de plus pour ne pas se faire avoir. Plusieurs mécaniques sont à connaître obligatoirement pour pouvoir s'en sortir, que ce soit les punitions, ou encore les counters qui récompensent une bonne vision de jeu. Un combattant qui se fera contrer proprement perdra l’initiative et ne pourra plus agir pendant de longues secondes avant de retoucher le sol, il sera donc forcé de regarder l’autre s’amuser tout seul.
On ne va pas se le cacher, l’apprentissage des combos est long et fastidieux, et peut rebuter les nouveaux venus (moi le premier). Heureusement, Tekken 8 propose des outils pour passer outre cette difficulté. Le jeu introduit la mécanique du « Special Style », des commandes simplifiant les inputs nécessaires aux combos et aux attaques spéciales. Une option d'accessibilité semblable au mode « moderne » de Street Fighter 6 pour les personnes qui n'ont pas la mobilité nécessaire ou l'envie d'utiliser les commandes classiques. C’est un bon point d’entrée pour apprendre à connaître le style d’un personnage et ensuite prendre du temps pour mieux l’appréhender. En effet, tous les coups ne sont pas disponibles avec ces commandes simplifiées et le Special Style devient vite prévisible à plus haut niveau. On peut aussi souligner la finition du mode d’entraînement et de ses défis combos qui signalent le timing des inputs par du son lors des démonstrations, ce qui simplifie sa mise en pratique. Tekken 8 se pose donc comme un jeu exigeant, mais qui s'efforce d'accompagner au mieux les néophytes.
Tekken 8 a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 5 et sur les consoles Xbox.
Alors que je pensais qu’il allait me laisser de marbre, Tekken 8 a su me prendre par surprise et m’accompagner dans ma redécouverte de la saga. On se réjouissait déjà de l’approche plus inclusive des fighting games de ces dernières années et Tekken 8 n’y fait pas exception. Le nouveau titre de Bandai Namco assure le spectacle avec un gameplay très agressif, mais qui ne laisse pas les joueur·euses moins expérimenté·es sur le bord de la route de la bagarre. Il nous offre une expérience solide qui s’adapte au profil de chacun et on lui pardonnera même l’esthétique My Sims de son mode Arcade.
Les + | Les - |
- Le Special Style, permettant au plus grand nombre de jouer confortablement | - Nécessite d'apprendre les moves de son personnage favori par cœur |
- Le mode histoire généreux | - Vincent Cassel joue si mal que c'en est douloureux |
- C'est BEAU |
Kalkulmatriciel
Cc c Kalkul. J'adore parler à tous les PNJ, mettre des mandales et saboter les coop.
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