Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray s'emmêle le câble dans Robot Detour et Shift mène l'enquête dans Chicken Police - Into the Hive.
Robot Detour
J'adore jouer aux jeux vidéo. Voilà, je voulais commencer par une surprise pour vous qui pensiez me connaître. Oui, j'adore jouer aux jeux vidéo. Mais je crois que j'aime au moins autant passer un moment devant un écran (de télévision ou d'ordinateur) sans rien faire. Juste à regarder le jeu tourner ou à réfléchir sur ce que je dois faire avant de reprendre la main sur le jeu. C'est d'autant plus vrai devant un puzzle game, où il faut savoir parfois juste s'arrêter quelques instants, reprendre sa réflexion depuis le début, avant de réussir à trouver la solution, profiter du petit shot d'adrénaline, et enfin appliquer la solution.
Salut, il paraît que vous avez des problèmes avec votre câble
Dans Robot Detour, premier jeu sur Steam du couple munichois composant Nozomu Games (meilleur logo de studio de l'année au passage), vous incarnez un petit robot chargé en électricité à l'aide d'un câble, qui a pour but d'apporter des petites batteries à ses camarades sans fil. Comme vous pouvez le voir, on est sur un puzzle game qui n'hésite pas à tutoyer Shakespeare dans son propos. Mais là n'est pas l'intérêt de ce jeu qui se veut un rappel aux jeux Flash.
Vous jouez donc un petit robot tout au long des plus de 80 niveaux du titre, des puzzles limités à un écran, ce qui ne les empêche pas d'avoir leur lot de difficultés. Car, voyez-vous, si vous avez le contrôle total de votre robot (j'ai décidé d'appeler le mien Roby parce que c'est mignon et que je n'ai pas d'imagination), ce dernier est suivi en permanence par son câble d'alimentation. Or, les niveaux sont remplis de petits monstres piquants que vous n'avez pas le droit de toucher.
À vous donc de réussir à éviter que votre câble ne touche ces derniers, essentiellement en tournant autour des obstacles constituant les niveaux, vous permettant de créer des angles. Le genre d'angles que vous détestez habituellement en passant l'aspirateur chez vous (enfin, je parle au bas peuple comme moi, pas aux bourgeois qui ont un aspirateur sans fil qui permet de passer aisément dans tous les coins sans se détruire le dos). Le concept est efficace, compris dès la fin du premier puzzle et il ne change pas jusqu'à la fin. Vous aurez toujours à aller d'un point A à un point B (et parfois C) en faisant attention à votre câble.
Ce qui évolue, en revanche, ce sont les types de puzzles rencontrés. Si, dans les premiers niveaux, vous devez simplement récupérer une pile pour la donner à un autre robot, le jeu va introduire ensuite des blocs qui changeront de position une fois la pile récupérée, pouvant bloquer un accès ou bouger votre câble jusqu'à ce qu'il touche un petit monstre. Le jeu va rajouter ensuite des engrenages qui bougent des blocs d'un endroit à un autre selon le sens dans lequel vous les ferez tourner. Vous aurez même une série de niveaux où vous contrôlerez deux Roby en mode miroir, histoire de vous creuser un peu plus la tête.
Robot Detour est un puzzle game qui arrive à se complexifier à un bon rythme, mais sans jamais rentrer dans une difficulté extrême. Il accompagne le joueur tranquillement, permet de revenir un peu en arrière sans forcément reprendre depuis le début (même si c'est parfois pratique et nécessaire), a un système d'indices plutôt bien fait et propose même une option d'accessibilité permettant de passer certains niveaux nécessitant un peu plus de maîtrise et de rapidité. J'en viendrais presque à ne lui reprocher que sa faible durée de vie (environ 3 heures), tant j'aurais bien pris quelques puzzles et/ou nouvelles mécaniques en plus.
Robot Detour a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Robot Detour n'est pas un puzzle game qui va révolutionner le genre, mais j'ai passé un très agréable moment dessus. Le genre de titre parfait pour se réchauffer un peu le cerveau entre deux séances de massacre d'aliens ou pour s'entraîner en attendant la sortie d'un titre plus complexe. Ça tombe bien, The Rise of the Golden Idol sort le 12 novembre…
Chicken Police: Into the Hive
Quatre ans après le très apprécié Chicken Police – Paint it Red, le studio hongrois The Wild Gentlemen revient avec une suite directe, Into the Hive. Chez nous, c’était Veltar qui avait joué les détectives hard boiled avec visiblement pas mal d’enthousiasme, et c’est moi qui récupère l’affaire suivante. Au programme : toujours plus d’ambiance film noir, avec ce qu’il faut de flics torturés, de gangsters, de rues mal famées, de jazz et de flasques de whisky. Et toujours ces captations chelous d’humains avec des têtes d’animaux, qui donnent définitivement un cachet unique à la licence.
Ruche Hour
Avec Into the Hive, la série Chicken Police emprunte le même chemin que le deuxième épisode d’une autre série de polars animaliers, Blacksad, en traitant frontalement de racisme et ségrégation. Des sujets importants à traiter, à condition de les traiter correctement. On ne compte plus les exemples de maladresses, voire de ratages complets en la matière, et ce même avec les meilleures intentions du monde, tant on a tôt fait de s’embrouiller dans son propos ou sa métaphore, de se laisser dépasser par son intrigue et ses personnages, jusqu’à parfois donner un sens très douteux à sa morale ou tout simplement l’abandonner en cours de route.
C’est donc assez prudemment que j’ai abordé ce Chicken Police: Into the Hive, à l’affût d’un dérapage sur cette pente constellée de traces de bottes. D’autant que l’omniprésence de l’humour pas hyper fin du premier opus a été conservée dans cette suite, alternant blagues de daron, humour absurde, jeux de mots animaliers et cynisme grinçant avec finalement peu de temps morts, ce qui me faisait un peu craindre du traitement de son sujet.
J’ai finalement trouvé le résultat assez réussi. Rien de très révolutionnaire, on reste sur du pastiche de film noir avec des animaux et le sujet tient plus du gimmick du film noir que de la vraie prise de position politique et sociale, mais ça a le mérite d'éviter les écueils que l’on rencontre généralement dans ce genre de scénarios. Paradoxalement, je pense que c’est l’absence complète de subtilité en la matière qui évite le ratage. Into the Hive ne prend aucune pincette quand il s’agit de parler racisme, ségrégation et misère sociale provoqués par un gouvernement irresponsable, des conséquences sociales dramatiques que cela implique, et en profite même pour poser un rapide discours sur les violences policières que nos deux poulets de protagonistes ont bien du mal à nier.
On aurait aimé que le tout aille un peu plus loin (surtout dans son final, qui a bien du mal à condamner le pouvoir en place) et développe un poil plus certaines thématiques intéressantes qu’il met en place (particulièrement sur la ségrégation et les dynamiques sociales inhérentes), mais pour un VN d’enquête humoristique dont le but premier est de parodier le genre du film noir, je dois admettre qu’il s’en sort avec les honneurs. On aime que les opprimé·e·s souhaitant s’extraire de leur condition ne soient pas antagonisé·e·s, que le milieu underground ne soit finalement pas si menaçant et hostile, que la révolte soit un moyen légitime d’arriver à ses fins. Tout ceci est réduit à un fil conducteur qui s’efface régulièrement derrière l’enquête et les relations entre personnages, mais c’est au moins correctement réalisé.
Pour le reste, on garde peu ou prou la même formule que dans le premier Chicken Police : énormément de dialogues, un système d’interrogatoire assez sympathique, un peu de puzzles, un peu de point & click, c’est assez désuet, mais ça marche. On pourra s’étonner de trouver des mécaniques aussi ringardes quand ces dernières années ont vu le jeu d’enquête complètement se réinventer en s’engouffrant dans la brèche de Return of the Obra Dinn et The Case of the Golden Idol : Chicken Police est un gros retour en arrière sur la manière d’amener et résoudre ses mystères. C’est cependant un système qui continue de fonctionner, de manière assez pataude et dépassée, certes, mais qui ne va jamais bloquer ou ralentir la progression de l’attraction principale que sont les personnages et l’intrigue du titre, et va jusqu’à lui conférer un certain charme.
Chicken Police: Into the Hive a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur PlayStation 4 et 5, Nintendo Switch et Xbox Series.
Loin d'être parfait, avec ses petits problèmes de rythme, ses dialogues parfois trop longs, ses mécaniques datées et son humour un poil lourd par moments, Chicken Police: Into the Hive reste cependant un jeu charmant et sincère, porté par des personnages attachants et charismatiques, un scénario prenant, des thématiques correctement traitées et une DA remarquable. Avec ce deuxième opus, The Wild Gentlemen confirme que l'univers étendu de World of Wilderness mérite d'être développé, et nous suivrons avec intérêt le spin-off Moses et Plato et leur enquête à la Agatha Christie.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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