Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift enquête sur une sombre affaire de salami volé dans Duck Detective: The Secret Salami et Zali esquive les jumpscares dans le redoutable The Stairway 7 - Anomaly Hunt Loop Horror Game.
Duck Detective: The Secret Salami
Ça aura pris un peu de temps, mais ça y est : la descendance de Return of the Obra Dinn est assurée. On aura vu ces deux dernières années fleurir des titres comme The Case of the Golden Idol et ses DLC, The Roottrees Are Dead (qui ressortira prochainement dans une version retravaillée et sans IA générative), le méconnu, mais néanmoins chouette Family, le malheureusement raté Chronique des Silencieux, bref, ça y est, les concepteurs·rices de jeux d’enquête se sont emparé·e·s de cette mécanique de validation par blocs de déductions et de narration par l’observation attentive des indices. Ce qui est amusant, c’est de se rendre compte que la mécanique introduite par The Case of the Golden Idol, celle de la déduction et la narration via des textes à trous, commence également à inspirer d’autres studios, et donne lieu à une sorte de seconde génération de la mécanique.
Détective palmé
C’est de cette mécanique que se revendique ouvertement Duck Detective: The Secret Salami. De la même manière que dans The Case of the Golden Idol, tout le gameplay d’enquête repose sur une exploration des lieux pour débloquer des mots-clefs, classés en différentes catégories, qui permettront de faire des déductions, déductions qui ne seront validées que si tous les mots d’un même bloc sont corrects. La relation s’arrête cependant ici : là où The Case of the Golden Idol proposait une histoire assez sombre et étendue sur de nombreux chapitres, Duck Detective est un jeu assez léger et amusant, et ne propose qu’une seule enquête, qui se boucle en tout juste deux heures. Ce n’est absolument pas un défaut, ni même une surprise, mais l’enquête prend forcément des tournures et structures bien différentes, même en partageant le même gameplay.
Ainsi, même s’il faudra parfois un peu réfléchir pour trouver la solution d’une énigme, on est finalement bien plus proche d’un jeu humoristique et légèrement absurde à la Frog Detective. Si j’ai pu être surpris par quelques retournements, et que je n’ai pas deviné le fin mot de l’histoire avant la conclusion, il faut admettre que Happy Broccoli Games semble plus intéressé par ses dad jokes et situations farfelues que par la création d’un puzzle game solide. C’est assez intéressant, et ça me rappelle un peu les grosses différences de ton entre des titres comme Little Orpheus et Limbo/Inside par exemple : un point de départ identique côté mécaniques, pour des résultats diamétralement opposés en termes d’ambiance et de narration. J’aime beaucoup que l’on puisse dissocier à ce point une mécanique de ses tropes et s’en servir pour proposer des expériences complètement différentes.
Car on ne va pas se mentir : s’il ne présente pas de défauts majeurs, Duck Detective reste, du point de vue réflexion et enquête, assez mineur. Le titre nous tient par la main objectif après objectif, certaines phrases ne sont pas assez bien construites et on se retrouve à brute force les derniers mots à valider alors qu’on a tout à fait trouvé la solution du mystère, et le scope très réduit de l’aventure (peu de lieux, peu de personnages, peu de mots à débloquer) ne permet pas à l’enquête de gagner en complexité. En revanche, comme potentiel premier épisode d’une série de point & clicks d’enquête humoristiques, aux sujets aussi légers que sa difficulté, je trouve que ça marche assez bien. C’est souvent rigolo, les décors et documents sont ponctués de petits détails et de petites blagues, l’histoire est volontairement idiote, mais donne néanmoins envie d’en connaître la fin : c’est agréable à parcourir, c’est drôle, c’est joli, et j’en reprendrai avec plaisir.
Duck Detective: The Secret Salami a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur. Il est également disponible sur Nintendo Switch.
Duck Detective ne va clairement pas révolutionner le jeu d’enquête, et on ne verra probablement pas débarquer une vague de Duck Detective-like comme on le voit désormais avec Obra Dinn et Golden Idol. Ce n’était de toute manière pas le but, et si on le prend pour ce qu’il est, un court point & click d’enquête humoristique sans autre prétention que de faire un peu rire et un peu réfléchir le temps d’une ou deux sessions de jeu, pour ma part, c'est réussi. J’espère en tout cas que le studio a d’autres scénarios de prévus pour leur canard détective fauché et accro au pain, car j’y retournerai avec grand plaisir.
The Stairway 7 - Anomaly Hunt Loop Horror Game
Depuis que Google est tout cassé et ne répond plus vraiment à vos requêtes, quand on tape dans l'onglet vidéo "The Stairway 7 - Anomaly Hunt Loop Horror Game trailer" pour illustrer l'article, on peine à trouver le trailer en question. À la place, on a des pages et des pages de vidéos de vidéastes en train d'y jouer, en criant et en faisant des têtes bizarres. Je comprends l'idée : The Stairway 7 - Anomaly Hunt Loop Horror Game est peut-être ce qui se fait de plus formaté pour Twitch, YouTube et compagnie. Il y a des jumpscares, c'est court, ça fait peur et ça peut se jouer en collaboration avec des gens. Cette intro n'est pas une critique : ce jeu de détection d'anomalies dans un immeuble hanté fonctionne à merveille dans ce cadre précis.
Le jeu des sept horreurs
The Stairway 7 fait partie de ces jeux dont le concept se comprend en quelques secondes, et on l'en remercie. Vous êtes dans un immeuble immonde dont tous les étages sont "presque" similaires, et vous devez en sortir. Si un étage est strictement identique au précédent, vous montez. Si un étage est légèrement différent, vous descendez. Si vous vous trompez, vous prenez un énorme dégât dans votre barre de vie. C'est tout, il n'y a quasiment rien à comprendre d'autre.
Sous ses aspects de creepypasta opportuniste graphiquement assez plan-plan se cache donc surtout un jeu d'observation redoutablement efficace. Les premiers étages laissent pourtant craindre une expérience assez inintéressante et répétitive, tant les éléments qui varient d'un palier à l'autre semblent assez évidents : une chaise qui bouge, une porte qui se met à claquer sans raison, et ainsi de suite. Sauf que passé quinze ou vingt étages sur les soixante-dix que compte le jeu de Steelkrill Studio, les détails modifiés se mettent à être de plus en plus subtils et perturbants.
Très rapidement, on sombre dans une légère paranoïa : est-ce que ce panneau "out of service" sur l'ascenseur n'aurait pas légèrement bougé ? Est-ce qu'il y avait déjà deux feuilles volantes par terre, ou est-ce qu'il n'y en avait qu'une seule ? L'unité de lieu de Stairway 7 finit par jouer en sa faveur : pour progresser, il faut bientôt apprendre l'emplacement de chaque brique, de chaque affichette et la forme de chaque poignée de porte pour espérer s'en sortir.
Il me semble donc qu'il s'agit d'une aventure avant tout conçue et pensée pour une expérience communautaire, dans laquelle chacun va essayer de comparer tel ou tel élément à son souvenir des étages précédents. J'ai personnellement parcouru l'aventure en solo, abandonnant rapidement ma simple mémoire défaillante pour la remplacer par un paquet de screenshots, un carnet de notes et beaucoup d'essais et d'erreurs. J'ai tout de même bondi deux trois fois de ma chaise tant l'aventure réserve quelques surprises amusantes jusqu'à la fin… Et occasionnellement râlé devant une expérience légèrement ternie par quelques gros bugs de collision et une interface assez raide, que ce soit à la manette ou au clavier.
The Stairway 7 - Anomaly Hunt Loop Horror Game a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Dire que j'étais dans ma zone de confort en jouant à The Stairway 7 serait un vilain mensonge, le problème n'étant pas tant les jumpscares ou l'ambiance bizarre que mon sens de l'observation complètement à l'ouest. Mais je me suis rapidement pris au jeu, et j'ai passé deux ou trois excellentes heures sur cette proposition certes très limitée et techniquement imparfaite, mais plutôt astucieuse dans sa manière de mettre en scène son propos. Je serais même très volontiers reparti pour quelques étages supplémentaires !
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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