Cette fois-ci dans Partie Rapide, Shift a traîné les pieds dans le platformer 3D Disney Epic Mickey: Rebrushed, tandis que Zali accomplit la quête épique du restaurant de Chef RPG.
Disney Epic Mickey: Rebrushed
Parmi les associations assez improbables, celle de Warren Spector (Deus Ex, System Shock, Thief) avec Disney pour faire un jeu de plateforme 3D Mickey était assez haute. C’est pourtant ce qu’il s’est produit dans les années 2010, avec les deux Epic Mickey. Et l’association est plus que visible : de Disney, on retrouve toutes les références et le fan service (Oswald, Horace ou Clarabelle sont autant de PNJ essentiels à l’histoire, les séquences en 2D reprennent des courts de Oswald le lapin chanceux, les environnements 3D sont tirés de Disneyland), et de Spector, cette appétence pour l’immersive sim et le gameplay émergent.
Warren Disney Presents : Immersive Mickey
On peut même voir cet Epic Mickey comme un "mon tout premier immersive sim", qui s’adresserait aux 10-12 ans. Mickey étant équipé d’un pinceau magique pouvant peindre ou diluer environnements et personnages, de nombreux choix s’offrent à nous tout au long de l’aventure sur la méthode à adopter pour résoudre une quête ou battre un boss. Soudoyer un personnage pour éviter un affrontement, diluer tout ce qui bouge, résoudre une énigme ou une phase de plateforme au lieu d'un boss : tout ceci est viable, et aura des conséquences différentes et visibles sur le long terme, à la fois sur le gameplay et le scénario.
Il n’y aura pas une bonne et une mauvaise fin dans Epic Mickey, mais des fins à nuances, selon les quêtes résolues ou non, selon les choix effectués, selon la moralité de nos actes, et la conclusion peut avoir un goût doux-amer si l’on a tout fait selon le bon compas moral, mais que l’on a ignoré les quêtes de certains personnages, qui se retrouvent donc seuls et misérables en fin de jeu. De la même manière, si vous diluez à tout-va, votre jauge de diluant sera de plus en plus grande (et votre jauge de peinture proportionnellement rachitique), et inversement.
C’est, je trouve, très intéressant, même en 2024, d’observer cet étrange objet aux mécaniques que l’on a plus souvent l’habitude de trouver dans un Deus Ex, BioShock ou Dishonored, plaquées dans un jeu pour enfants. Alors, forcément, le jeu s’avère bien plus dirigiste que ses équivalents pour adultes : les PNJ insistent systématiquement sur les options qui s’ouvrent à nous (ainsi que leurs conséquences), la caméra s’attarde sur les niveaux et leur architecture à chaque nouvelle zone et il est finalement quasi impossible de se faire surprendre par une conséquence ou résolution inattendue. Mais c’est une bonne porte d’entrée dans le genre. Un gosse qui accrocherait à Epic Mickey serait paré pour appréhender quelques années plus tard un immersive sim plus complexe, moralement comme mécaniquement.
Mon souci, c’est que nous sommes en 2024, et que cette version Rebrushed, malgré son polish visuel, ses ajouts de moveset, ne camoufle jamais vraiment qu’il s’agit d’un jeu Wii de 2010 marouflé sous une toile next gen. Résultat : la plateforme reste assez rigide et imprécise, le level design est loin d’être honteux mais accuse le poids de l’âge, les quêtes annexes sont assez ennuyeuses (et s’annulent parfois de manière injuste), bref, si le titre reste intéressant en tant qu’objet dans l'histoire vidéoludique, il faut admettre qu’on s’ennuie assez vite devant un jeu aux gimmicks et mécaniques désormais assez ringardes. Si l’aspect remaster est assez propre, et que l’ajout du sprint et autres slams est appréciable, il aurait sûrement fallu un remake un peu plus en profondeur au niveau de la structure, des quêtes et de la plateforme pour nous faire ressentir un peu plus qu’un ennui poli. L’aspect immersive sim donne définitivement envie de refaire le jeu pour tester d’autres fins et résolutions de quêtes, mais les bâillements décrochés par les deux tiers du jeu m’en découragent d’avance.
Disney Epic Mickey: Rebrushed a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur. Le jeu est également disponible sur Nintendo Switch, PlayStation 4 et 5 et sur Xbox One et Series.
Un peu comme Age of Mythology: Retold en début de mois, Epic Mickey: Rebrushed est un objet à la fois intéressant et désuet. Je ne le recommanderais pas spécialement pour son aspect ludique, plusieurs générations de platformers 2D et 3D sont depuis passées par là, et Epic Mickey accuse un peu trop le poids de son âge pour être amusant. C'est en revanche un titre intéressant pour qui voudrait parcourir l'un des derniers jeux de Warren Spector et voir ce qui peut être fait pour enseigner les notions de gameplay émergent et d'immersive sim aux enfants.
Chef RPG
Je demande rarement à écrire sur des jeux en accès anticipé pour la simple et bonne raison que j'aime mes jeux comme j'aime mon pain : complet et sans bugs dedans. En revanche, je n'ai pas pu résister à me lancer dans l'accès anticipé de Chef RPG parce que le concept m'intriguait énormément et que j'étais à peu près certain que cet early access allait de toute façon durer des années et des années. Et je pense ne pas me planter en disant ça, vu que World 2 Studio a encore énormément de travail pour rendre son jeu 100% fonctionnel. En attendant, la note d'intention est charmante.
Stardew Avaler
Dire que Chef RPG est une sorte de "Stardew Valley avec un restaurant" serait certes réducteur, mais il y a quand même un peu de ça. À l'image de centaines d'autres jeux chaque année inspirés de ce titre, vous arrivez dans un bled rural où vous ne connaissez personne. Et vous devez ensuite séparer votre temps entre collecte de trucs, sociabilisation et activités liées à la bouffe. Mais, puisque ce pitch a fini en moins de dix ans par devenir un pan entier de l'industrie du jeu indé, l'intérêt est de voir comment celui-ci évolue dans cet exercice de style assez contraint. Et surtout, comment il se différencie de la concurrence.
Et je dois dire que Chef RPG fait des efforts considérables pour trouver à la fois un ton et une esthétique bien à lui. Le scénario, plus directif que dans bien des jeux du genre, tourne autour de la réfection d'un restaurant défraîchi, dans une ville futuriste où androïdes et humains cohabitent en bonne intelligence. La quête principale (du moins ce qui en est actuellement accessible) offre pas mal de rebondissements, et les personnages s'avèrent franchement bien écrits et attachants.
Le gameplay, lui, gravite donc autour de l'idée de collecter de la nourriture ainsi que des améliorations esthétiques et matérielles pour le restaurant. Il propose également une pléthore de petits jeux de cuisine, qu'il est heureusement possible d'automatiser à mesure que l'on peut recruter du personnel. On s'achemine ainsi de plus en plus vers un jeu de gestion et de management, mâtiné d'un RPG d'exploration plutôt fun, notamment par son approche quasiment pacifiste de l'exploration du monde.
D'une manière générale, si vous cherchez un jeu de rôle plutôt cosy doublé d'une petite simulation sociale dans un contexte tranquille, Chef RPG peut déjà vous offrir quelques dizaines d'heures assez satisfaisantes. Mais il faut quand même que je le signale : beaucoup de choses là-dedans sont encore assez cassées et maladroites. Même si le jeu reçoit actuellement un, voire deux patchs par jour, on est encore assez loin d'une expérience confortable.
Outre les quelques bugs classiques inhérents à des titres en début d'accès anticipé (crash, problèmes de sauvegarde, etc.), Chef RPG souffre également pour le moment de menus assez peu ergonomiques, de tutoriels assez expéditifs et de moments un peu redondants dans sa quête principale. On passe beaucoup trop de temps à fouiller dans les menus, à gérer son stock d'ingrédients et à pester contre le mapping des touches pas toujours cohérent. Rien de grave, mais il faut bien cinq ou six heures pour s'habituer à cette expérience un peu raide et austère avant de s'amuser. Rien que ne sauraient réparer quelques grosses mises à jour dans les mois à venir, cependant.
Chef RPG a été testé sur PC via une clé fournie par l'éditeur.
Trois ans après le lancement de son Kickstarter, Chef RPG arrive dans le marché saturé des Stardew-like avec une proposition plutôt intéressante. La quête principale est chouette, l'évolution du restaurant au fil des journées est perceptible, et l'univers est assez travaillé pour qu'on s'y intéresse vraiment. Je vous recommande cependant d'attendre un peu avant de vous lancer dedans, le temps de quelques mises à jour qui le rendront pleinement fonctionnel et agréable à parcourir.
Shift
Camélidé croisé touche de clavier et militant pro-MS Paint. J'aime les jeux indés à gros pixels, les platformers sadiques et les énigmes.
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