Lorsque je me balade sur Twitter un jour de sortie de AAA en monde ouvert, je ne peux m’empêcher d’ouvrir les publications de random partagées par les studios ou d’autres personnes que je suis, qui nous font profiter de clichés superbes de leur titre nouvellement acquis. Pendant quelques jours, une déferlante d’images envahit ma timeline et je me mets alors à rêver de ces jeux vidéo au budget colossal qui proposent non pas simplement une histoire à boucler mais un monde plus ou moins riche à explorer. Spider Man, les deux derniers Assassin’s Creed, Forza Horizon 4… Le point commun de ces jeux en plus d’être des AAA en monde ouvert ? Ils possèdent tous leur propre mode photo, qui invite les joueurs à la contemplation pour prendre le meilleur cliché possible. Preuve d’un appel des développeurs à la prélasserie et à la contemplation.
Mais voilà, deux semaines passent et on ne voit déjà plus rien, si ce n’est des messages disant « J’ai platiné le jeu c’est bon », avant de voir quelques jours après une nouvelle déferlante pour un nouveau jeu. Je ne peux alors pas m’empêcher de me dire que ces gens là, finalement, essaient de terminer le jeu le plus vite possible pour passer ensuite sur la prochaine grosse production qui sort dans les backs. Une remarque que d’aucuns pourraient juger absolument idiote puisque ne se basant que sur un ressenti personnel devant un échantillon plus que réduit. Mais c’est comme ça, c’est mon cerveau.
Une immersion avant tout
Je me suis donc mis ces derniers temps à réfléchir à ma pratique du jeu vidéo. A pourquoi je ne participais pas à ces publications multiples sur les réseaux sociaux et à pourquoi je ne possédais pas directement les AAA en monde ouvert dès leur sortie. Si l’argument du portefeuille fut pendant un temps ma seule réponse, il en est une qui a fini par s’imposer : j’aime prendre le temps. Et quand je dis que j’aime prendre le temps de jouer à mes jeux vidéo, je dis bien que J’aaaaaaiiiiiimmmeeee ppprrrreeeennnndddrree llleeee tttteeeeeemmmmmppss (horrible à lire, horrible à écrire, je m’en excuse). Et c’est peut-être aussi pour ça que je n’en finis pas tant que ça.
J’aime profiter un maximum de l’ambiance proposée par les jeux en monde ouvert. J’aime ne rien faire de constructif pendant de longues minutes. J’aime parcourir leur monde et essayer de les comprendre, m’immergeant totalement dedans, sans me soucier des problèmes politiques, sociaux ou démoniaques qui les menacent. J’aime simplement en faire partie, tel un citoyen lambda qui n’a absolument aucune influence dessus. Prenons des exemples de mes expériences passées.
Une expérience de la glande
J’ai passé quelques 165 heures sur The Elder Scrolls V : Skyrim. Si j’ai bien fini l’histoire principale et les missions de la Confrérie Noire sur ma partie principale, je n’ai pas beaucoup avancé les autres quêtes. J’ai préféré passer des heures à visiter chaque recoin de Bordeciel et à me reposer à la scierie Mi-Lune que je m’étais accaparée (vous ne voulez pas savoir comment mais je sais que vous l’avez deviné) pour son cadre bucolique qui me convenait parfaitement. Entre deux massacres de Draugr dans une énième caverne sans fin, j’allais recharger mes batteries à la scierie, me prenant pour un simple habitant de Bordeciel qui ne demande rien à personne. Je coupais du bois, j’allais chasser, j’allais nager et j’allais vendre quelques peaux dans la ville la plus proche.
Je n’ai jamais terminé un épisode de Forza Horizon. Il m’arrivait, fut un temps, de régulièrement lancer le jeu, de choisir la voiture correspondant à mon état d’esprit du moment, et de simplement arpenter les routes du sud de la France ou de l’Australie, juste pour me vider la tête et profiter des paysages. Il ne m’en fallait vraiment pas plus pour pleinement apprécier les jeux.
Je ne compte même plus le nombre d’heures que j’ai pu passer sur GTA 5 à ne rien faire ! Combien de kilomètres j’ai dû avaler en vélo avec Michael sur les pentes de Vinewood ? Combien de quartiers j’ai parcourus encore et encore à Los Santos avec Franklin à pied ? Et combien d’hectolitres d’essence j’ai utilisés avec Trevor en parcourant la campagne de San Andreas ? Vraiment, certaines de mes sessions de jeu sur le titre de Rockstar ne se résumaient qu’à cela, flâner dans cet immense terrain de jeu. Durant ces moments, exit la drogue, les flingues et les gangs. Il n’y avait rien d’autre que la nature, les buildings et les habitants que je regardais vivre dans l’insouciance.
Je pourrais dire la même chose pour Red Dead Redemption. Le ranch MacFarlane m’aurait sûrement proposé un CDI si la mécanique avait existé tant je passais de temps là-bas à observer ce monde tellement vivant. Les cow-boys s’occupant des vaches dans leur enclos, les voyageurs simplement de passage… Idem à Blackwater ou Armadillo. Et les balades à cheval ne sont pas en reste. Longer les falaises surplombant le Rio Bravo pendant le coucher du soleil ou marcher à travers les terres brûlées (au vent… non pardon… désolé c’est sorti tout seul) par le soleil d’Hennigan’s Stead me faisait oublier ce qu’il se passait à la fois chez moi et dans le jeu. De simples moments contemplatifs qui pouvaient durer de très longues minutes, voire des heures.
Embrasser ces petits rien
Je pense qu’avec ces exemples vous saisissez plus ce que je voulais dire. Et vous pourrez peut-être croire que je suis en train de vous faire un laïus condescendant en disant qu’un jeu ne peut pas être apprécié à sa juste valeur si on ne prend pas le temps de s’y perdre pendant des heures, si on ne cherche pas à comprendre ce qu’il est et ce qu’il propose. Non, ce n’est pas ça du tout. Chacun apprécie et profite de son expérience comme il l’entend.
Ce que je veux dire, c’est qu’avec des sorties de jeux vidéo (en monde ouvert ou non) annuelles toujours plus nombreuses et resserrées sur de petits laps de temps (regardez ce mois d’octobre ou le mois de février 2019 et vous comprendrez !), je pense qu’on ne prend peut-être plus assez le temps de nous poser dans les jeux vidéo. Ce média est un formidable moyen d’évasion. Nous avons la chance d’en profiter, alors profitons en. Pourquoi se presser de finir un jeu pour enquiller directement sur le nouveau titre qui sort seulement quelques jours après ? Il ne s’envolera pas. C’est pourquoi je pense que ces moments de glande, de fainéantise (parce que ça joue aussi, parfois j’ai juste la flemme de faire une longue mission donc je préfère marcher et ne pas me prendre la tête) sont importants dans nos jeux vidéo et qu’il faut prendre le temps de les embrasser et de se perdre dedans.
Benjamin "Noodles"
Faire des jeux de mots c’est mon dada. J'aime bien tous les jeux aussi. Sauf les mauvais ou ceux qui nous prennent pour des glands.
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