Je suis colère. Oui jusque là rien de neuf. Mais pour la première fois ma colère dépasse les bornes de Star Citizen et de l’enveloppe ressemblant vaguement à un être humain qui a créé le projet, Chris « Je Loupe Tout » Roberts. Car dans tout ce fiasco il y a un acteur qui a tendance à échapper aux critiques, c’est la presse. Presse qui, alors que le projet continue à sombrer, s’acharne à entretenir la hype (au pire) et à traiter du sujet comme n’importe quel jeu qu’on attend depuis des plombes (au mieux).
NB : cet article est un édito reflétant l’avis d’un rédacteur, n’engageant que lui.
L’étrange cas du Docteur Star Citizen
Car soyons clair : Star Citizen n’est pas n’importe quelle arlésienne devenue culte du jeu vidéo. Ce n’est pas un Duke Nukem Forever, un Final Fantasy XV ou un The Last Guardian. Pour nos trois larrons sus-mentionnés nous parlons de trois jeux financés de manière classique. Le seul argent perdu dans l’affaire est celui de l’éditeur, et du développeur. S’il est tentant de comparer le temps de développement de Star Citizen avec ces autres vaporware, ce n’est absolument pas pertinent.
En effet, Star Citizen est un projet financé à 100% par les joueurs (officiellement, on se doute qu’il doit y avoir des investissements privés, on ne fait pas tourner une machine à plusieurs millions de dollars de frais d’opérations mensuels, selon certaines sources, depuis 5 ans, avec seulement 168 millions de dollars. Sans oublier les « partenariats » avec des marques comme Intel qui incluent un vaisseau dans leurs nouveaux SSD). Il n’empêche qu’il y a en jeu l’argent confié à Chris Roberts par des milliers de backers. Si l’immense majorité n’a donné que des sommes raisonnables (ce qui est le cas de votre serviteur) certains ont déboursé des milliers, voire des dizaines de milliers, de dollars dans le développement de ce jeu. Le moins que l’on puisse attendre de ce genre de projet est une certaine transparence, du moins une vague idée d’à quoi est utilisé l’argent au fil des mois.
La presse et sa complaisance
Si les backers, parfois totalement endoctrinés (jetez un oeil aux commentaires sous le moindre article vaguement négatif sur le jeu), ne demanderont pas de compte à Chris Roberts, il faut que quelqu’un le fasse. Et ce quelqu’un devrait être la presse. Et je suis dans le regret de vous informer que vous ne faites pas votre travail de journalistes. Depuis le début des emmerdes pour le projet, qu’on peut dater à 2015, il n’y a eu que deux enquêtes en profondeur sur Star Citizen : une de The Escapist, et l’autre de Kotaku UK. Et quand RSI annonce une nouvelle étape dans l’arnaque, il y en a encore pour s’extasier, sans même relever les énormes problèmes de ce jeu et de son business model (voire même faire un article « astuces » sur le meilleur pack à acheter, alors que le jeu n’existe PAS).
Parlons un petit peu du fameux papier de The Escapist. A l’époque, cet article avait secoué le petit monde de Star Citizen, et Chris Roberts s’était fendu d’une lettre quasi Trumpienne, menaçant, entre autres, le journal de poursuites judiciaires. Entre deux menaces, le monsieur délirait sur les prétendus liens entre la journaliste en charge de l’article et le GamerGate, et le fait que pour lui tout le papier était téléguidé par Derek Smart (obscur développeur indépendant, qui s’est illustré mi-2015, pour ses prises de positions dénonçant l’état du jeu, devenu depuis la Némésis de Roberts et des fans). Depuis que The Escapist a retiré son papier et Chris Roberts sa lettre ouverte ridicule, l’affaire s’est tassée.
Des difficultés de critiquer Star Citizen
Si je suis déçu par le manque d’enquête en profondeur de la presse, notamment francophone, sur le désastre annoncé qu’est Star Citizen, je peux au moins tenter de l’expliquer. Le jeu a visiblement attiré une armada de fans agressifs et véhéments, qui, à la moindre occasion, n’hésitent pas à agresser verbalement, voire menacer et harceler, les voix discordantes dans le doux rêve qu’est devenu Star Citizen. Et quand on voit la réaction du PDG de l’entreprise, un homme logiquement versé dans les arcanes de la communication corporate, à UN article à charge, il n’est pas étonnant que la presse hésite à prendre position.
Mais voilà, le travail de la presse n’est pas de se protéger. Leur travail c’est d’enquêter, d’informer et de creuser des affaires potentiellement importantes. Star Citizen représente une des rares occasions qu’aurait un journaliste jeu vidéo de faire un vrai travail d’investigation, et surtout de faire un coup important pour toute l’industrie. Car ne nous y trompons pas : Star Citizen est le plus gros scandale qui menace l’industrie depuis très longtemps, voire même de son histoire. Le jour où ça va péter, et croyez moi ça va éclater à la face de tout le monde, beaucoup de journalistes devront se regarder droit dans le miroir et revenir sur leur couverture de cette débâcle, eux qui ont participé à l’excès de hype et au manque de recul de beaucoup de gens concernant ce projet. Il y a beaucoup trop d’argent en jeu pour se complaire dans la posture du « encore un vaporware, c’est rigolo ».
Journalistes, camarades et autres grattes papier à la solde des islamos-gauchistes, il serait temps d’enfiler votre meilleur cosplay d’Elise Lucet et d’aller donner un gros coup de pied dans la fourmilière toxique qu’est devenu Star Citizen. Le premier qui dégainera aura le droit à un cookie (et à un vaisseau exclusif).
Tritri
Paradox, trains, Paradox, city builder, Paradox, espace, Paradox. Je suis un homme simple, aux goûts simples. Paradox.
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