Si on mettait bout à bout tous les studios de taille moyenne rachetés par l’ogre autrichien THQ Nordic ces huit dernières années, on pourrait en faire une chanson plus longue que le Pokérap. Point commun de l’ensemble de ces studios : une certaine esthétique « Eurotrash » et des jeux souvent austères, un peu moches, et vaguement orientés « True Gamerz PC Master Race » et baignant dans une esthétique oscillant entre Allemagne et monde Post-Soviétique. Dernier repas du studio : Piranha Bytes, les petits génies derrière Risen et -urgh- Elex.
THQ rachète tout de la cave au grenier
Mais d’où est-ce que THQ Nordic sort tout ce pognon ? Ce n’est pas la première fois que nous nous posons cette question, mais force est de constater que studios après studios, développeurs après éditeurs, tous tombent un à un sous la coupe du Mordor des CRPG austères, qui ont, et on ne le niera pas, un public demandeur, fidèle et nombreux entre le Rhin et la Volga. On imagine donc que THQ Nordic est soit une arnaque pyramidale, soit une boîte qui a l’intelligence de réinvestir de manière intelligente le fruit de ses dividendes (bien qu’aucun économiste sérieux ne vous dira qu’une boîte qui grossit aussi vite soit un bon signe de viabilité à moyen terme). On espère qu’il viendront une nouvelle fois nous expliquer tout cela sur un forum à l’audience essentiellement constituée de pédophiles et de nazis.
C’est donc au tour de Piranha Bytes de rejoindre la famille, comme l’a annoncé hier THQ Nordic lors d’un communiqué laissant sous-entendre qu’une suite à Elex et peut-être un Risen 4 étaient en cours de développement. On a hâte de jouer à la nouvelle production garantie sans personnages féminins, mais certifiée modèles 3D carrés de gros bonhommes en train de grogner et gameplay calqué de The Witcher 1 qui sortira de tout ça. Si on peut reconnaître quelque chose à THQ Nordic, c’est de n’avoir jamais spécialement poussé les studios acquis à changer leurs modèles de production et la philosophie de leurs jeux. Le problème, vous l’aurez compris, c’est que le catalogue de THQ Nordic, il est tout de même un peu spécial.
La petite boutique des horreurs
THQ Nordic, c’est une philosophie orientée dès la genèse en 2011 vers la fouille des poubelles de l’industrie avant enlèvement des ordures, le studio ayant littéralement été créé pour racheter des licences en faillite (Spellforce, Painkiller, Gothic, Legend of Kay, Darksiders…). À partir de 2018, le studio sort peu à peu de sa zone « rachat de mauvais studios de RPG » pour commencer à racheter des filiales de distribution (Koch Media) et des éditeurs indépendants (Coffee Stain Games, Bugbear), parfois à la grande perplexité de ces derniers quand au management nébuleux de la maison mère. Le tout en lançant des titres de plus en plus ambitieux qui oscillent entre « c’est pas terrible » et « ah oui c’est encore repoussé de six mois ?« , et sans jamais véritablement avoir sorti le moindre jeu vidéo un tant soit peu marquant en presque une décennie d’existence.
Sur TPP, on ne note pas les jeux, mais le catalogue constitué au fil des années a cette esthétique très 10/20 qui n’est au fond pas sans rappeler le THQ canal historique, celui des années 90 qui faisait des mauvais jeux adaptés du cinéma et des jeux de course en 3D hyper crades. Bref : difficile de dire quels seront les prochains mouvements et les prochains achats de cette société protéiforme à la politique confuse. Mais comptez sur nous pour être vigilants parce qu’au fond, et malgré la perplexité que cela nous cause, c’est toujours quand même un peu rigolo.

zalifalcam
J'aime les jeux double A, les walking simulateurs prétentieux et les JRPG, et plutôt que de me soigner, j'écris à leur propos.
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