La toxicité dans le jeu vidéo est une problématique qui fleurit régulièrement, elle prend différentes formes allant des streamers aux joueurs en passant par les influenceurs. Mais elle est également présente dans le joyeux monde de l’entreprise et celles et ceux qui sont dans l’industrie du jeu vidéo n’y échappent pas. Ces derniers temps, un fleuron français a vu quelques articles détailler des pratiques assez malvenues, mais regardons les chiffres pour détailler tout cela.
Lundi : 15 et 2 000 000$
Pour le premier, c’est le nombre de témoignages recueillis par Libération dans le cadre d’un article sur Michel Ancel chez Ubisoft Montpellier. Le créateur de Rayman est notamment accusé de toxicité par ses anciens employés chez Ubisoft dans le cadre du développement de Beyond Good & Evil 2. Il est à noter que M. Ancel nie tout lien entre les agissements qui lui sont reprochés et son départ surprise une semaine avant la publication de l’article en question. Mais lundi dernier, c’est surtout la réponse de ce dernier qui nous vaut ce petit paragraphe. Il a en effet choisi une défense très osée : en se faisant interviewer par son personnage de Jade dans Beyond Good & Evil (donc par lui-même en fait), et en niant tout en bloc sur son compte Instagram, tout en rappelant ses très nombreuses qualités et mérites au passage. Dans ce contexte, il n’a pas franchement éteint les doutes sur ses compétences de manager ni sur sa potentielle toxicité.
Le second est le montant supposément investi par l’US Navy pour financer des campagnes de marketing dans l’esport via l’entreprise Young & Rubicam. Après avoir été remarquée dans ces efforts de recrutement sans le dire sur Twitch, l’armée américaine a choisi un nouveau biais pour convaincre les jeunes gamers (dont certainement la frange la plus touchée par la toxicité est la cible) de servir sous les drapeaux pour aller se faire trouer la peau, un peu partout autour du monde. Landing pages, logo sur des objets promotionnels liés à l’esport et autres outils classiques du marketing ont été déployés pour associer l’image de l’US Navy à ce loisir compétitif. Bien que la Navy ait nié utiliser ces canaux pour recruter, le contrat passé avec l’agence de marketing donnait comme objectif la création de prospect en vue d’un engagement avec l’armée.
Mardi : Rien
Non, vraiment, pas de sujet intéressant pour moi donc repos et on passe directement au jour suivant.
Mercredi : 10%
Pour le pourcentage des bénéfices qui sera redistribué aux employés de CD Projekt Red pour 2020. Mais en quoi cela parle-t-il de la toxicité me demanderez-vous ? Eh bien cette annonce est faite au même moment que celle d’une nouvelle période de crunch dans l’entreprise pour la fin du développement de Cyberpunk 2077, avec l’obligation de travailler 6 jours sur 7 pour les employés selon Jason Schreier. Ce n’est pas la première fois pour le studio que ce problème revient dans la presse mais c’est plus difficile de communiquer dessus quand on a annoncé il y a quelque temps que ces pratiques ne seraient plus obligatoires et que les développeurs seraient bien traités chez CD Projekt.
Alors les employés pourront être contents de ce bonus de fin d’année, mais il faut voir quelle sera la répartition de ces 10%. Il est assez courant dans ces situations que le haut de la pyramide salariale de l’entreprise capte la majorité de l’enveloppe et laisse des miettes aux personnes en bas, ce qui avait déjà été le cas chez Rockstar il y a peu. Espérons donc que cette répartition sera bien faite pour rétribuer les nombreuses personnes qui ont dû sacrifier une partie de leur vie dans des heures bien trop étendues pour nous fournir un jeu qui critique la société capitaliste.
Jeudi : 50 000$
Comme la différence de revenus entre deux propositions d’Ember Labs envers Brandon Popovich. Cet élément est un des nombreux reproches fait par le développeur au studio responsable du développement de Kena : Bridge of Spirits (prévu sur PS5 pour 2021 et sur lequel Popovich était lead designer). Impayés, promesses non tenues, bonus supprimé… la liste est assez intéressante et met en avant les problématiques de toxicité entre les entreprises et les freelances. Le principal problème provient d’une promesse d’embauche lors de la période difficile du studio qui se serait transformée en proposition bien moins intéressante lorsque l’argent fut venu. Ce qui aurait permis entre-temps de faire travailler plus que de raison M. Popovich.
Bien entendu, l’entreprise a tenu à réagir et nie tous les faits qui lui sont reprochés, l’inverse aurait été surprenant. Il reste à savoir la réalité des propositions et des échanges mais Brandon Popovich ayant conservé tous les échanges par mail, il est probable qu’une partie de ses dires soit vérifiable assez facilement.
Vendredi : 25%
Des employés chez Ubisoft ont subi ou ont été témoins de comportements inappropriés dans le cadre du travail lors des 2 dernières années. Ce ratio impressionnant est issu d’une lettre adressée à l’ensemble des employés par Yves Guillemot et qui a été rendue publique. Cette information fait suite aux révélations du mois de juillet, qui ont permis de rendre visibles les problèmes de culture d’entreprise toxique qui avaient cours chez Ubisoft. 14 000 employé(e)s ont répondu au questionnaire créé pour l’occasion en interne pour connaître l’ampleur des problèmes de toxicité et ne pas se limiter à quelques mesures très visibles qui ont été prises après les révélations. En plus de ce chiffre, le patron d’Ubisoft s’engage à des améliorations et une prise en compte de la parole des victimes pour améliorer les conditions de travail au sein des différents studios touchés. Nous ne manquerons pas de suivre la suite pour savoir s’il s’agit uniquement d’annonces sans lendemain ou si cela augure un véritable changement dans un des leaders de l’industrie.
JoK
J'aime les chiffres, tous les chiffres, et aussi les jeux vidéo mais pas tous
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