L’actualité du business des jeux vidéo vu par les chiffres c’est ici : Le free to play n’a jamais aussi mal porté son nom, les risques des jeux porno et la déchéance de trois licences qui ont fait rêver les joueurs, tout ça avec des chiffres.
64 000 000
De dollars, comme souvent, pour les revenus générés par les free to play sur console lors de la période du Black Friday et du Cyber Monday. Les données de SuperData indiquent que cette année les revenus ont été multipliés par trois pour cette catégorie. Champagne, petits fours et Ferrero Rochers en cadeau pour les vendeurs de jeux gratuits. Il serait donc peut-être temps d’envisager un changement de nom pour cette catégorie qui rapporte beaucoup pour quelque chose de gratuit. On apprend également que cette période de fête de la consommation a permis de générer près de 4 milliards de dollars sur l’ensemble du secteur du jeu dématérialisé. Écouler des jeux dématérialisés pour éviter qu’il ne reste du stock n’a jamais paru aussi facile.
Pour ceux qui l’ignorent, le Black Friday est traditionnellement le lendemain de Thanksgiving aux Etats-Unis d’Amérique (qui tombe donc un jeudi si vous êtes bilingues dans la langue de Rick Astley) et permet de lancer la saison des ventes pour les fêtes de fin d’année. Cette fête n’étant pas fêtée ailleurs, il est intéressant de voir que les vendeurs se soient juste emparés de la suite pour promouvoir leurs produits depuis quelques années. On attend donc le lobby des éleveurs de dindes qui sera sûrement la prochaine étape pour nous faire fêter Thanksgiving et pouvoir profiter du Black Friday comme il se doit.
411 000
Utilisateurs victimes d’une fuite de données. Cette fuite de données n’a pas eu lieu chez Facebook ou Sony comme on a pu le voir par le passé mais chez HTH Studios (ou High Tail Hall Studios). Vous ne les connaissez pas ? Moi non plus avant d’écrire ce petit paragraphe. Développeur et éditeur de jeux pornographiques possédant également une chaîne sur un site de partage de vidéos du même genre, ce studio a donc vu plus de 400 000 adresses mails, adresses physiques, adresses IPs (ça en fait des adresses) ainsi que d’autres données de ses clients (plus de détails sur leur page) s’égarer dans la nature, par la faute d’une sécurité défaillante sur leurs serveurs. Dernière précision sur l’affaire, le jeu en cause tourne autour du thème des furries, ces jolis animaux anthropomorphiques.
Les fuites de données chez les vendeurs de jeux porno ont une charge symbolique plus forte pour l’inquiétude qu’ils peuvent susciter chez les utilisateurs. Savoir que ses données Facebook ou Amazon ont pu être piratées pose un problème sur l’utilisation des données par la suite. Ici, ceux qui ont vu leurs données s’échapper ont peut être moins envie qu’on sache qu’ils sont abonnés à un jeu porno de furries.
49, 50 et 55
Les notes Metacritic (sur 100) de Fallout 76 sur, respectivement, Xbox One, PS4 et PC. Après une certaine unanimité autour de la qualité de Red Dead Redemption 2 il y a peu, on retrouve ici une certaine unanimité autour de la médiocrité du dernier Fallout en date. Ce Fallout 76 (vous pouvez retrouver toute la chronologie entre le 4 et le 76 sur cet excellent fil Twitter de Rock Paper Shotgun) arrive à mettre tout le monde d’accord, ce n’est pas un bon Fallout, ce n’est pas un bon RPG, ce n’est pas un bon Open World, bravo. A vouloir créer du contenu solo et multi sans faire de choix clair, aucun des deux n’est bon. La taille de la carte (énorme et demi environ) et la limite de 24 joueurs simultanés permettent de jouer longtemps sans jamais croiser quelqu’un, en bref c’est un échec cuisant pour la licence post apo de Bethesda.
Et c’est encore pire pour les joueurs qui donnent une note moyenne de 2,5 , 2,7 et 2,9 (sur 10 cette fois), sûrement déçus de voir une licence qu’ils ont aimé se faire molester par un éditeur peu scrupuleux. Ajoutez à cela un prix sacrifié lors du Black Friday, seulement quelques jours après la sortie du jeu, et vous aurez vraiment l’impression que les fans ayant précommandé ou acheté le jeu le premier jour se se font avoir et doivent être un peu en colère.
7 180 000
Dollars évidemment, pour le total engrangé par le projet bancal nommé Shenmue 3 à la fin de sa très longue campagne de crowdfunding. Cette somme importante est le résultat des dons de 81 087 contributeurs qui espèrent voir arriver une suite de qualité à un jeu culte du début des années 2000. Alors que l’on fête cette semaine les 20 ans de la sortie du support qui a vu naître cette série, la Dreamcast, il est important de rappeler le contexte de ce financement. Lors de l’E3 2015, toute l’attention des médias se porte sur la conférence Sony avec les annonces fantastiques d’un remake qui n’est toujours pas sorti, d’un jeu déjà annoncé qui sera un échec commercial et enfin d’une suite toujours pas sortie d’un jeu auquel peu de gens ont joué sur une console que presque personne n’a acheté. Ce dernier jeu, c’est Shenmue et la console est donc la Dreamcast. Le culte voué à ce jeu et à sa suite tient de l’irrationnel pur dans un marché qui a énormément changé depuis l’époque de la Dreamcast, une époque où le lancement de jeux sans potentiel commercial était courant de la part des grands éditeurs. Je critique souvent le cynisme froid des géants du domaine, cependant il n’est pas plus légitime de faire rêver les gens avec des espoirs qui seront très probablement déçus. Si vous ne voulez pas mettre un budget conséquent et des équipes compétentes pour faire revivre une licence qui génère autant d’attentes, ne le faites tout simplement pas, ça évitera un grand nombre de déceptions.
J’ajouterais juste que bien qu’irrationnel et élevé, le montant levé pour ce jeu n’est rien en comparaison des sommes que Star Citizen a réussi à capter de ses fans (200 000 000$ pour rappel), même si ce dernier demande de l’argent depuis deux fois plus longtemps.
3 457
Jours qui ont séparés l’annonce d’Agent en fanfare lors de l’E3 2009 et l’abandon des droits sur le nom par Rockstar en toute discrétion, sur l’aire d’autoroute des licences abandonnées. Le jeu qui devait définir un nouveau genre, selon les propos du patron de Take Two en 2009, aura juste perpétué le genre du fumiciel (ou vaporware pour les anglicistes), ce genre de jeu qui existait déjà avant lui. Il l’aura peut-être un peu redéfini sur la manière de ne pas en parler pendant si longtemps avant de ne pas parler de son abandon.
La sortie de Red Dead Redemption 2 et son mode Online devraient suffire pour les 5 à 6 prochaines années au moins. Il ne faut donc pas trop s’inquiéter pour la santé financière de l’entreprise suite à cet échec.
JoK
J'aime les chiffres, tous les chiffres, et aussi les jeux vidéo mais pas tous
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