Bienvenue dans l’Expresso. C’est ici que vous retrouverez un petit condensé de l’actualité de la journée, rédigé par un rédacteur différent à chaque fois. Le rédacteur du jour choisit jusqu’à 5 news qui l’ont marqué et vous donne son avis sur chacune d’entre elles. Aujourd’hui : je vais vous raconter une histoire, celle d’un ministre espagnol qui a jugé bon de couper une procédure visant à relancer l’industrie du jeu vidéo en Espagne… parce qu’il avait mieux à faire.
¡Viva España! (non)
Dans la catégorie « c’est arrivé près de chez vous », Álvaro Nadal, l’actuel ministre de l’Energie, du Tourisme et du Numérique, a rejeté une demande de subvention (fixée à hauteur de 2 millions d’euros) que l’Union Européenne aurait pu accorder aux développeurs de jeux vidéo indépendants concentrés sur le territoire. Une décision politique arbitraire sinon difficilement justifiable qu’un des sites d’actualité populaires, El Espanol, a tenu à mettre en lumière.
C’est donc pas moins d’une vingtaine de studios qui étaient en lice pour bénéficier d’un coup de pouce non négligeable, allant de 50 000€ pour les entreprises de moins de cinq salariés (45% d’entre elles, tout de même), jusqu’à 150 000€ pour celles disposant de plus de 50 salariés (soit 5%). Non, vous ne rêvez pas, l’industrie du jeu vidéo est particulièrement fragile dans cette partie de l’Europe, d’autant plus que la majorité de ces entreprises ne comptabilisent à ce jour qu’entre 2 à 5 ans d’activité.
Ce secteur, en pleine émergence (et difficulté) s’il en est, n’empêche pas de faire de l’Espagne le quatrième plus gros consommateur de jeux vidéo en Europe (avec un chiffre d’affaires de plus d’1,1 milliard d’euros), en plus d’être le premier divertissement culturel du pays (totalisant à ce jour 23,9 millions de joueurs). Un atout qui n’avait pas échappé à Fernando Benzo, secrétaire d’Etat à la Culture, il y a de cela tout juste un an : « C’est un secteur d’importance stratégique en tant que moteur de l’économie numérique du pays, qui détient un grand potentiel de croissance et d’innovation ainsi que des meilleures perspectives d’avenir. »
Une attention forcément bien accueillie par les principaux acteurs du pays qui, le 15 décembre dernier, se sont vue participer à un tour de table avec ce même secrétaire. L’objet de cette réunion ? Exposer la situation économique précaire à laquelle ils font face, relevant d’une véritable tentative de survie à grande échelle. Le quotidien El País rapportait, en septembre 2016, un bilan particulièrement éloquent : un studio de développement sur quatre ne génère aucun revenu, sans pour autant que les trois autres ne parviennent à rouler décemment leur bosse.
Deux jours plus tard, de cet état des lieux est né un premier devis assurant l’impact positif qu’engendrerait une telle aide financière sur les entreprises concernées. Un espoir de relance économique qui a donc été balayé d’un simple revers de la main par Álvaro Nadal, jugeant « qu’il n’était pas nécessaire de venir en aide à des studios en développement ». En gros : « croyez-moi sur parole », « nous avons mieux à faire ». « Bisous ». Rideau.
Et histoire de mettre quelques visages sur les victimes d’une telle inconscience politique, nous parlons de :
- Tequila Works – Rime (2017), Deadlight (2012)
- Pendulo Studios – Yesterday Origins (2016), Runaways (2003 – 2009)
- Fictiorama Studios – Dead Synchronicity: Tomorrow Comes Today (2015)
- Teku Studios – Candle (2016)
Ailleurs dans l’actu
- Shawn Escayg (directeur créatif sur Uncharted The Lost Legacy) quitte Naughty Dog pour œuvrer sur l’adaptation The Avengers chez Crystal Dynamics. J’avoue ne pas trop comprendre, mais eh, il a sans doute de très bonnes raisons.
- C’est désormais officiel, la Nintendo Switch remporte la palme de la console à s’être la plus rapidement vendue sur le territoire américain depuis son lancement : 4,8 millions d’exemplaires à ce jour. C’est quasiment 1 millions de plus que la WII en son temps. Comme quoi, la poudre aux yeux se vend bel et bien… et par palettes entières même.
Yohan Belhadj
Sensible à l'image et aux divers procédés de narration. Je suis peut-être plus vidéo que jeu, mais je ne boude pas pour autant mon plaisir à tenir une manette dans les mains.
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