C’est encore avec notre petit sourire content après avoir joué à Rage 2 que Chibi et moi nous sommes mis en direction de Raw Fury, le petit (plus si petit) et sympathique éditeur indé suédois, pour y voir Mosaic et Nightcall. Nous avons donc pu passer une heure dans un petit booth calme en compagnie, pour Mosaic, du norvégien Jon Cato Lorentzen et pour Nightcall de Laurent Victorino. Tous deux nous ont présenté des jeux extrêmement intéressants dans ce qu’ils avaient à proposer, que ce soit en terme de gameplay ou d’approche vidéoludique. On débrief.
Mosaic
Nous avons donc commencé cette heure avec la présentation du jeu de Krillbite Studio, l’entreprise derrière Among the Sleep. Très vite, on comprend de quoi il s’agit. Mosaic, des mots mêmes du développeur présent, est un titre sur les masses qui vivent en ville et l’extrême individualisme que cela entraîne. Le personnage principal de cette aventure contemplative et narrative ne représente qu’une petite chose au milieu d’une immense machine. Une chose enfermée dans sa routine, comme tous les habitants de cette ville terne, grise et construite dans un seul but : l’efficacité. L’objectif de Mosaic et de son personnage est simple : casser le système. Non pas en menant une grande révolution armée ou en distribuant des pamphlets contre la vie que les habitants mènent. Non. Simplement casser le système en choisissant de le refuser.
Notre personnage, arborant une chemise blanche qui déteint avec le gris et la morosité ambiante (les bâtiments, les costumes gris des employés de bureau en route pour le travail, etc), se réveille pour une énième journée à effectuer les mêmes tâches derrière son ordinateur. Il se prépare, sort dans la rue et se met en route vers son entreprise. Arrivés au bord d’une route, nous voyons les employés se diriger vers la droite, en direction du métro. Le développeur s’interrompt alors et nous explique posément que l’on peut très bien prendre cette direction et aller directement travailler. Dans un plateformer, le joueur a pour réflexe premier de se diriger vers la droite non ? Eh bien lui décide d’aller à gauche, en nous expliquant que le choix est laissé au joueur : suivre les chemins de la société ou en dévier et découvrir ce qu’il se passe alors.
Le personnage arrive enfin dans une petite zone arborée, affichant de belles couleurs chaudes, entre le vert de l’herbe, le rouge orange du soleil levant au loin et la fourrure délicate des chats présents dans ce petit terrain vague. Un de ceux-ci est coincé dans un arbre et saute dans les bras du personnage alors que celui-ci approche. Quelques petites gratouilles et un câlin mérité et nous reprenons la route du travail, non sans avoir senti une certaine paix.
C’est alors que le développeur nous introduit à l’utilisation du téléphone portable. Bien qu’on puisse y recevoir des messages et consulter les nouvelles, l’application qui aura retenu notre attention à Chibi et moi, c’est bien le Blip-Blop. Une parodie de clicker sur smartphone sur lequel le joueur doit cliquer le plus possible sur sa manette pour faire monter son nombre de Blips. Plus on a de Blips, plus on peut acheter de bonus pour avoir encore plus de Blips. C’est simple et c’est drôle. Autre point intéressant, plus on passe du temps sur cette application, ou sur son téléphone en général, plus le monde autour va se flouter, les sons s’étouffer, pour ne laisser que le joueur, seul et déconnecté sur son téléphone. Une idée astucieuse.
Et ces idées étaient nombreuses dans la petite démo que l’on nous a présentée. Chacune apportant un regard différent sur un point « dénoncé » dans le jeu.
Mosaic invite le joueur à l’aventure, à sortir des sentiers battus avec pour promesse de découvrir un gameplay différent, une mise en scène différente et des morceaux cachés à la vue de tous de cette grande mécanique bien huilée. Mosaic est un titre vraiment prometteur, qui ne semble pas tomber dans le « forçage » de la dénonciation bête et méchante mais plutôt dans la poésie, le calme et le recul.
Nightcall
Développé par les Français de BlackMuffin Studio, Nightcall est un jeu narratif mettant en scène un chauffeur de taxi de nuit parisien. Le joueur, dans une carte à l’échelle 1 de la Ville lumière, devra effectuer diverses courses nocturnes pour remplir son porte-monnaie mais aussi enquêter sur une série de meurtres en interrogeant ses passagers.
Ce qui fait le charme de Nightcall, outre sa patte graphique inspirée des films noirs de la grande époque, c’est son système de dialogues avec les diverses personnalités que nous allons rencontrer au fil de nos courses. En tout, il sera possible de converser avec 76 personnages venus de tous horizons, soit pour faire passer le temps, soit pour en apprendre plus sur le tueur en série qui effraie la ville. De nombreuses possibilités de dialogues nous sont offertes déjà par le nombre de lignes de dialogues écrites, mais aussi par le fait que les actions du personnage vont influer sur ceux-ci. Mettons que l’on décide de faire arrêter la cigarette à notre chauffeur. Si son porte-monnaie se sentira mieux à la fin de chaque journée, le chauffeur, lui, se retrouvera stressé et aigri, lui proposant alors différents choix d’interactions que s’il avait continué de fumer.
Nous venons de parler argent. C’est aussi un des enjeux de Nightcall. Dans le titre, il va falloir être attentif à l’état de ses finances et réussir à trouver une juste balance entre les courses rémunérées et les phases d’enquête, qui ne rapportent pas d’argent. Si notre compte en banque tombe à 0 : Game Over. Si on traîne trop à démasquer le tueur parce qu’on a préféré se remplir les fouilles : Game Over. Le jeu encourage aussi à bien dialoguer avec les passagers puisque, des mots de Laurent Victorino, si la conversation est agréable, l’interlocuteur n’hésitera pas à laisser un pourboire généreux.
Après les courses, le chauffeur rentre chez lui et une deuxième phase commence. Il est possible de consulter tous les documents et les indices glanés depuis le début pour essayer de recouper les informations et ainsi se faire une meilleure idée de qui est le tueur.
A la fin du jeu, le joueur, nous promet-on, a deux choix : recommencer pour avoir affaire à un autre tueur et voir de nouveaux personnages (il y a trois tueurs différents en tout) ou faire une session libre, dans laquelle on ne prend que des passagers pour ainsi profiter pleinement des dialogues, des personnalités et du véritable Paris que les développeurs ont voulu présenter aux joueurs, plutôt que le Paris fantasmé et romancé.
Si la sortie de Nightcall ne devrait pas arriver avant le début d’année prochaine sur PC et Switch, il me tarde de voir ce qu’il a réellement à proposer et découvrir les passagers que l’on peut avoir dans le véhicule. L’écriture promet de belles choses, les mécaniques sont simples mais malines et la direction artistique me plaît énormément. Allez allez plus vite !!
Benjamin "Noodles"
Faire des jeux de mots c’est mon dada. J'aime bien tous les jeux aussi. Sauf les mauvais ou ceux qui nous prennent pour des glands.
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