Quand j’ai reçu Vambrace : Cold Soul (appelé simplement Vambrace à partir de maintenant), je ne m’attendais qu’à une simple copie de Darkest Dungeon, et au final j’ai eu un jeu que j’ai préféré à son modèle. Développé par Devespresso Games, un studio coréen qui a créé seulement deux jeux d’horreur en 2D jusque-là, Vambrace arrive un peu de nulle part. Il semble un peu opportuniste au premier abord car Darkest Dungeon 2 sort bientôt et se déroule dans un univers similaire, cependant je pense que l’éditeur Headup Games et les devs sont confiants par rapport à leur bébé. Et ils ont raison, croyez-moi.
Vous avez été retrouvée dans le coma dans la neige. Vous êtes Lyric, une jeune femme dont le père est décédé il y a peu. Il vous a laissé son codex et ses dernières volontés sont que vous vous rendiez en Icenaire et que vous continuiez son travail de recherche. Il semblerait par contre qu’Icenaire ait quelques problèmes avec un groupe de fanatiques au service du roi des ombres, et avec une ancienne guerre civile. Ah et les morts ne le restent pas tous. Yep… C’est un peu le chaos, mais comme de par hasard, vous avez un artéfact qui va vous permettre de remettre de l’ordre dans tout ça. Prête pour prendre part à une guerre qui ne vous concerne pas trop ? Non ? Vous n’avez pas le choix…
Excusez-moi ? Qu’est-ce que je fous là ?
Vous l’aurez compris avec ma petite intro, l’aventure vient à vous de manière assez téléphonée. Par contre, même si le jeu vous présente assez bien ses mécaniques et ses protagonistes, il oublie un petit point : l’avatar du joueur et son entourage direct connaissent bien l’univers dans lequel se déroule l’intrigue, pas le joueur lui-même. Pour tout avouer, j’ai passé les deux premières heures à me poser des questions sur les noms des lieux et des personnes, ainsi que sur les groupes de personnages. Au fur et à mesure, j’ai fini par mieux comprendre les implications de mon environnement, par le biais des dialogues d’une part, et par les pages de codex d’autre part.
Par contre, une fois la confusion dissipée, j’ai découvert un background riche et super bien construit. Forcément on n'échappe pas aux poncifs de la fantasy, avec les nains dans les mines, les elfes dans les forêts, et les humains citadins, mais la construction de l’univers rend ces choix cohérents et réussit à les faire interagir entre eux intelligemment. Un bon exemple de ça est la race elfe noire.
Dans la diégèse, les elfes utilisent une magie liée à la vie des plantes, mais les elfes noirs ont voyagé pour atteindre un désert où ne pousse que peu de végétation. Leur magie des plantes étant inutile dans cet environnement, ils ont décidé d’utiliser la vie animale par le biais du sang. Leur société est donc hiérarchisée autour de la survie du groupe, et ils possèdent une caste dont le rôle est de donner son sang pour le bien commun. Néanmoins, ils ne sont pas belliqueux, car ils respectent la vie et tiennent en haute estime les gens qui galèrent à survivre.
Tout ça ne paie pas de mine, mais permet d’avoir une base solide pour ancrer le joueur dans l’histoire. Selon moi, c'est ce qui rend Vambrace mieux que Darkest Dungeon : l’implication émotionnelle du premier est plus grande, là où le second joue tout sur son gameplay.
Quand l’élève dépasse le maître
Avez-vous joué à Darkest Dungeon ? Si c’est le cas Vambrace ne vous dépaysera pas trop, car comme dans le jeu de Red Hook, vous devez recruter des compagnons de différentes classes pour parcourir des zones labyrinthiques pleines de dangers. Néanmoins, les ambitions scénaristiques de Vambrace font que ses donjons et la plupart des mécaniques de jeu sont simplifiés par rapport à son ainé. Par exemple, là où Darkest propose des fiches de persos un peu complexes, avec des chiffres de partout et beaucoup de compétences, Vambrace est plus minimaliste avec 5 caractéristiques, deux compétences par perso et un équipement par compagnon. Idem pour les donjons, le but de ceux-ci étant juste de parvenir à la fin de la zone avant de se faire ouvrir par les fantômes, et de temps en temps une quête secondaire nous demandera de trouver un endroit secret dans ceux-ci.
J’aimerais apporter un petit bémol à la jouabilité. Même si la difficulté et la complexité du jeu sont très bien pour des joueurs pas ultra confiants dans leurs compétences, un point pèche pourtant. Vambrace peut se jouer à la manette ou au clavier souris. Je n’ai pas essayé avec une manette mais en mode clavier-souris, les touches ne sont pas paramétrables. Donc obligé de rester en QWERTY.
Dans un autre registre, il est impossible d’accéder de nouveau aux tutos, et les compétences ne sont données que par des petites icônes. Du coup si on oublie à quoi correspond telle icône, et à quoi sert telle compétence, on se retrouve comme un con. Pour ma part, il a fallu attendre que je puisse améliorer le personnage principal pour me rendre compte que la stat de vigilance détermine l’ordre d’action en combat.
Je ne cracherai pas plus dans la soupe, car à part ces légers défauts, Vambrace ne souffre d’aucun gros problème. L’interface de combat est assez claire. Le fait de voir l’ordre d’action des personnages permet un certain niveau de stratégie, et la simplicité du tout rend l’expérience très accessible (et c’est cool).
Beau comme un lac gelé
Si je vous ai parlé de l’univers et du gameplay, il reste un point que je veux aborder pour pouvoir être exhaustif : la direction artistique. N’ayant pas joué aux autres jeux de Devespresso, j’avais demandé son avis à un ami qui m’a affirmé que niveau ambiance et DA, leurs précédents titres tiennent bien la route. Mais dans Vambrace, on atteint un très beau niveau. Je ne crois pas avoir vu d’aussi beaux effets de lumière en 2D à part chez les jeux de Vanillaware (un studio spécialisé dans les jeux d’action aventure 2D sublimes). Même si certains décors se répètent lors de l’exploration des donjons, le reste est magnifique.
Idem pour l’ambiance sonore. Dans le hub, chaque zone a un petit thème très entraînant qui nous plonge dans l’ambiance. Dans les donjons, même si le sound design laisse plutôt place à des bruitages, on sent tout le froid et l’hostilité de la zone.
Enfin, j’aimerais revenir à l’écriture des personnages. Plus tôt je parlais de construction de l’univers qui nous fait bien rentrer dans l’histoire du jeu, mais j’ai omis l’écriture des personnages. Au cours de l’aventure, vous serez amené à croiser pas mal de gens, que ce soit des donneurs de quêtes, des compagnons de voyages, ou des PNJ juste là pour habiller le monde. Tous sans exception vous feront avoir le sentiment d’être dans un endroit assiégé. Tous ont l’air d’être au bout du rouleau depuis un moment, et chacun à sa manière tente de vivre malgré tout. C’est d’autant plus flagrant quand on doit côtoyer deux factions qui se détestent ouvertement, mais essaient quand même de coopérer pour éviter que tout le monde meure.
J’ai adoré mes moments autour d’un feu de camp, à discuter un peu avec mes compagnons de route histoire de me remotiver à avancer à travers une cité gelée et pleine de fantômes. J’ai aussi adoré revenir à la planque des survivants pour discuter avec eux et tenter de trouver de nouvelles pages de codex pour obtenir plus de connaissance. Bref j’ai aimé être pris dans le jeu, car en plus d’un gameplay cool, j’ai eu un monde cohérent et beau.
Vambrace : Cold Soul a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur
Voilà j’ai dit ce que j’avais à dire. Si vous avez beaucoup aimé Darkest Dungeon pour sa difficulté et sa complexité, je pense que vous devriez passer votre chemin. En revanche, si vous souhaitez un petit RPG sympa avec de la gestion et un peu de Rogue, allez-y tranquillement. De même si vous êtes plus un littéraire qu’un joueur, je pense que Vambrace saura vous plaire dans une certaine mesure. Évidemment tout n’est pas parfait, mais un petit jeu pas prise de tête et joli, ça fait du bien quand même.
Un Rieur
J'aime tous les jeux, surtout les jeux un peu nazes ou cassés. C'est pas parce que c'est nul que c'est pas bon, et puis j'aime aussi la bouffe, et le JDR
Articles similaires
Great God Grove - Queer et élastique
nov. 11, 2024
Windblown - Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
nov. 10, 2024
Clock Tower : Rewind - Quelque chose cloche
nov. 03, 2024