Il me semble qu'on l'a déjà relu hier, mais c'est à nouveau l'heure de rappeler le cahier des charges : si le titre de votre jeu commence par SteamWorld, alors ce doit absolument être une adaptation d'un genre populaire, voire une copie d'un titre à succès. Il ne doit surtout pas être trop imaginatif ni trop long, mais relativement bien ficelé. Une moyenne lissée, quoi, comme si chatGPT développait un jeu vidéo entier. Ah, et tous les rôles seront joués par des robots ambiance country : les gentils seront des machines à vapeur, tandis que les méchants rouleront à l'électrique ou au diesel. Voilà, je crois qu'on a fait le tour, c'est tout pour ma critique de SteamWorld Heist II. Quoi, qu'est-ce que vous voulez dire par "plus de détails" ?
Bon… si vous insistez. Comme le précédent SteamWorld Heist (sorti en 2016), ce numéro deux est un jeu de tactique avec la particularité d'être en vue de côté. Une sorte de platformer au tour par tour, si vous voulez. Comme dans quasi tout tactical moderne, on part d'un quartier général qui va progressivement évoluer pour améliorer notre équipement et nos braves soldats, on se promène sur une carte pour choisir nos missions, et en avant la vapeur, au son d'une BO entraînante – composée par les Steam Powered Giraffe, bien entendu.
Le sous-marin sifflera trois fois
Alors, Cambriolage MondeVapeur Deux continuera-t-il le scénario du premier opus ? Question que se pose absolument personne. D'abord, parce que je mets au défi quiconque de me résumer ce qu'il s'y passait. Ayant moi-même joué et terminé le jeu à l'époque, mes souvenirs se résument à "hmm shooter des trucs hmm dans l'espace hmm tout rouillé". De manière plus générale, aucun jeu de la franchise ne parvient ni même essaie de raconter quoi que ce soit d'intéressant. C'est presque de la pudeur à ce niveau-là, comme s'il était impossible de raconter une vraie histoire avec des robots.
Contrairement aux aventures spatiales du précédent, cet épisode se passe entièrement sur une seule planète, puisque l'on dirige à présent un sous-marin. Mais objectivement, ça ne change pas grand-chose. On y suit les péripéties nautiques d'un capitaine antihéros, écrasé par la réputation de sa mère et forcé malgré lui de résoudre une "crise de l'eau" qui ne sera jamais vraiment explicitée, si ce n'est que cette eau-là fait rouiller (euh... okay). Curieusement, SteamWorld Heist II est tout de même bien bavard pour un jeu qui ne raconte pas grand-chose. Ça papote, ça blague (enfin, ça essaie), bref, c'est beaucoup de remplissage.
Clic clic pan pan
Mais qu'importe le holster, tant qu'on a la pétoire. Lorsqu'il s'agit de faire la bagarre, il faut reconnaître que Thunderful sait mettre en place un gameplay agréable et propre. Alors que la quasi-totalité des tacticals du marché se déroulent en vue de dessus, SteamWorld Heist II prouve à nouveau que la vue latérale est une solution tout à fait valable, pour peu que le champ de bataille soit suffisamment vertical pour des choix tactiques intéressants. Ce qui est le cas ici, avec de nombreuses échelles, portes, trappes et couvertures variées qui nous font réfléchir à chaque mouvement. Au moment du tir, c'est au joueur de viser lui-même, ce qui est alternativement très frustrant lorsqu'on rate complètement, ou particulièrement satisfaisant lorsqu'on réussit son tir à 7 bandes – certaines balles rebondissent en effet sur les murs, ce qui permet d'atteindre un ennemi planqué derrière un baril. Même si l'on rage un peu contre le zoom fixe de la caméra lorsqu'on veut tenter un tir à plusieurs écrans de là.
Après quelques missions tutorielles, on aura même le plaisir de découvrir un système de multiclassage assez inédit. La classe de nos bonhommes est en effet déterminée par son arme, ce qui fait qu'on peut la changer à chaque mission, tout en gardant une partie des compétences acquises sur les autres classes. On peut ainsi partir d'une classe d'ailier (l'éclaireur local), débloquer un point de déplacement supplémentaire, avant de basculer vers une classe de corps-à-corps qui profitera de ce mouvement accru pour balancer des pains dans des mâchoires situées un peu plus loin. Surprenant au début, ce système s'avère assez malin et très souple, puisque l'on peut re-changer à chaque mission.
Malheureusement, tout ceci est plombé par une quantité d'imperfections. Certes, définir l'interface d'un tactical est une opération spécialement délicate ; on se souvient par exemple de l'effort déployé pour créer celle du chef-d'œuvre Into the Breach. Notre SteamWorld Heist II ne prétend pas être du même acabit, et il y manque en effet des informations parfois essentielles ou qui mériteraient au moins un rappel, notamment sur les armes qu'on utilise : elles sont toutes différentes, et je ne parviens jamais à me souvenir si celle-ci tire une ou plusieurs munitions, si la balle va traverser les ennemis ou non, si elle rebondit sur les murs, et si oui sur quels murs… des détails qui viennent avec l'expérience, et qui pourraient probablement être plus explicites avec un patch.
Des hoquets dans la machine
Mais c'est surtout le rythme général qui s'avère gênant. Pour commencer, chaque personnage n'est utilisable qu'une fois par jour, après quoi il doit aller faire un gros dodo. Mais pas n'importe où ; il faut nécessairement retrouver son chemin vers le bar le plus proche. Ludiquement, ce système se justifie : le nombre de missions plus ou moins réussies par jour détermine les récompenses auxquelles on peut prétendre, ce qui incite à bien utiliser tout son équipage une fois. En pratique, c'est quand même un peu relou, et ça hache sérieusement la progression.
En combat, c'est le problème inverse : ça va un peu trop vite. C'est-à-dire que la grande majorité des missions se font sous la menace d'une alarme qui envoie de plus en plus d'ennemis sur le champ de bataille. D'accord, c'est pour nous faire avancer plus vite… mais je ne suis pas vraiment fan de ce genre de systèmes, en tout cas pas de façon si systématique. Certes, il suffit de baisser la difficulté, il y a même un curseur spécifique pour baisser le rôle de l'alarme, mais on se rend bien compte que le jeu est calibré pour jouer avec. Disons juste qu'il faut être prêt à accepter ce genre de proposition : à ce moment-là, oui, SteamWorld Heist II offre un gameplay efficace, qui pousse à enchaîner les missions en essayant de gratter toutes les étoiles à chaque fois.
SteamWorld Heist II a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Scénario quasiment vide, problèmes de rythme… Et malgré tout, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver une certaine affection pour SteamWorld Heist II comme pour tous les jeux de la famille. Ça tient probablement à leur absence de prétention, qui excuse beaucoup de choses. Même si SteamWorld Heist II n'est pas le haut du panier, on ne peut pas dire qu'on y passe un mauvais moment. Est-ce suffisant ? À chacun de voir, mais j'ai quand même envie de voir les prochaines propositions de la franchise.
Les + | Les - |
- Quelques bonnes idées tactiques | - Les fichues alarmes |
- La BO ! | - À la recherche du scénario perdu |
- La valeur sûre SteamWorld | - Pas toujours très clair |
glau
Se perd dans des mondes ouverts, dans les rouages de sa propre usine ou dans le fracas des chars, mais trouve toujours un petit chemin de fer pour rentrer.
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