Est-il vraiment nécessaire de revenir sur la saga, toujours en cours, qu’est One Piece ? Bon allez pour les trois du fond. Manga le plus vendu au monde ayant commencé en 1997 (et toujours en cours), il raconte les histoires de Luffy, un jeune garçon ayant mangé le fruit du caoutchouc qui lui permet d’étirer son corps, et de son équipage, dont le but est de devenir un jour le roi des pirates en trouvant le One Piece, un trésor laissé par l’ancien roi, dont personne ne connait le contenu (mais qui était sûrement dans notre cœur depuis le début… réponse dans quelques années).
En plus d’être un manga donc, One Piece a été adapté en série animée (et bientôt en live), en film, en restaurant, en parc d’attraction et bien sûr en jeu vidéo. Avant de continuer je dois vous avouer être un vrai fan de la licence, lisant les chapitres chaque semaine à leur sortie, jouant quotidiennement (et plus que je ne le devrais) au free to play mobile One Piece Treasure Cruise et, si vous en doutez encore, je vous invite à regarder mon avatar qui est un mélange de mes squelettes préférés à savoir Murray de Monkey Island (achetez-les), Manny Calavera de Grim Fandango (achetez-le) et donc Brook le musicien de One Piece (lisez-le).
Autant vous dire que l’annonce d’un jeu open world sur Playstation 4 (ainsi que PC, Xbox One et possiblement bientôt Switch), réalisé en plus par Ganbarion, le studio spécialisé dans la licence qui avait fourni notamment le très sympa One Piece : Unlimited Cruise, me remplissait de joie. Et bah ça m’apprendra…
Jeanne, au secours !
Luffy et ses compagnons débarquent au début de l’aventure sur Prison Island, une île qui porte plutôt bien son nom puisque l’on pourra y trouver toute une pelletée d’établissements pénitentiaires (sous l’eau, sur terre et dans le ciel), ainsi que des bases de la Marine, toutes dirigées d’une main de fer par le gardien-chef local, Isaac (que l’on va renommer Tony Stark… parce qu’à part le fait qu’il ne boit pas d’alcool c’est Iron Man quoi). Après une première confrontation (sous forme de cinématique d’introduction), Luffy va être sauvé par Jeanne, fille de l’ancienne cheffe de l’île qui essaye d’assumer son rôle de remplaçante, mais aussi petite sœur de Tony, et qui ne comprend pas très bien pourquoi ce dernier est devenu tyrannique auprès de la population de l’île.
Vous l’aurez compris, votre objectif principal sera donc d’aider Jeanne à reprendre le contrôle de l’île face à la Marine et en calmant les distensions parmi les habitants qui sont soit pro-Marine, soit anti-Marine.
Je me demande toujours, quand une œuvre comme un manga fait l’objet d’une histoire dérivée et que l’on nous explique que l’auteur a participé à cette histoire, quelle est sa réelle part de travail. Ici Eiichiro Oda est crédité au scénario et à la création des deux nouveaux personnages du jeu, Jeanne et Isaac/Tony. Connaissant la qualité du travail du monsieur et le fait qu’il a déjà du mal à trouver le temps de faire son manga, on va être clément avec lui et dire qu’il a vaguement hoché la tête quand on lui a présenté un scénario.
Revenons à l’histoire, l’île est grande et les ennemis, Marine comme pirates, sont nombreux. Heureusement que Luffy dispose d’un équipage complet pour l’aider dans sa mission… Ah attendez, on me dit que non en fait. L’équipage est bien présent, mais vous ne contrôlerez que Luffy tout au long du jeu et ses coéquipiers ne sont là que pour vous faire balader à droite et à gauche le temps de missions secondaires et construire quelques améliorations pour votre personnage.
Heureusement que le dessin animé est respecté avec les voix originales (oui le jeu est en japonais sous titré français)… Ah, on m’explique que les doubleurs reprennent bien leur voix mais que ce n’est que le temps des scènes cinématiques. En effet, le reste du jeu est uniquement constitué de textes ponctués de simples sons comme « ohhh », « luffffyyyy », « Nani??? ». Vous l’aurez deviné, ça tape très rapidement sur le système.
Mais pour compenser cela, heureusement, il y a la musique. Vous allez pouvoir profiter de morceaux composés spécialement pour le jeu mais qui pourraient très bien appartenir à des épisodes du dessin animé. De quoi retrouver des moments épiques. Si c’est pas bien ça ! Ah… excusez-moi, j’oubliais de préciser que la musique ne se lance pas toute seule dans le jeu. Il vous faudra d’abord aller dans les menus puis sélectionner les différents morceaux du jeu que vous voulez avant de lancer la lecture (en aléatoire ou non). Eh oui, libre à vous de connaitre les joies d’une calme exploration de l’île aux sons d’une musique de combat ou, au contraire, de vous battre sur un air de grande aventure !
One Piece of crap
Vous savez, j’étais prêt à passer outre tout cela. Je m’attendais à une histoire très moyenne (et je n’ai pas été déçu, tout se voit venir à 20 000 km), et pour le reste je pouvais toujours couper le son et mettre autre chose, du moment qu’on me laissait vivre une grande aventure avec des moments épiques dans un bon open world. Et c’est encore (très) raté !
Dans le jeu vous contrôlez Luffy à la troisième personne et libre à vous de vous balader où bon vous semble avec votre bonhomme en caoutchouc… enfin à condition d’avoir la plateforme nécessaire en hauteur pour s’y accrocher. Oui parce que notre homme élastique ne peut pas se tenir aux rochers des falaises, à vous de faire tout le tour pour trouver le bon chemin, de quoi bien entraver votre exploration. Ceci dit, cela ne m’a pas empêché de découvrir l’intégralité de l’île au bout de 2 heures de jeu. Je me souviens avoir pensé que c’était une bonne nouvelle finalement, cela allait permettre d’éviter le syndrome des mondes ouverts trop grands juste parce que la taille ça compte. Le problème c’est que, à l’inverse de certains jeux comme Assassin’s Creed, trop remplis pour pas grand chose, One Piece : World Seeker est lui terriblement vide.
Il n’y a personne sur cette île à un point où ça en devient triste. Prenez Steel City, la capitale : je pense qu’on peut faire rentrer 3 fois l’intégralité de la population totale de l’île (ennemis compris) dans les immeubles et il restera encore de la place (ceci dit le prix de l’immobilier doit pas être cher c’est déjà ça, j’en parle tout de suite à Stéphane Plaza). Ça parait pourtant pas bien compliqué de rajouter des passants, même sans pouvoir interagir avec eux, juste pour remplir les rues. En plus, bien que le jeu soit joli et tourne bien (sauf bizarrement quand on souhaite charger la map), cela n’aurait sûrement pas entamé les performances du moteur.
Du coup on préfère encore se balader dans les airs en profitant de l’élasticité du héros qui essaye de se la jouer Spiderman. Sauf que le jeu va rapidement nous empêcher de le faire à l’aide des différents snipers de la Marine sur les toits des bâtiments, snipers qui n’ont rien à envier à Lucky Luke, de quoi s’énerver assez pour préférer courir au sol dans les rues vides (et toujours avec une musique sans rapport avec l’action). Heureusement qu’on débloque rapidement la téléportation à différents points de la carte (et encore elle n’est plus disponible dans les derniers chapitres du jeu parce que… ça augmente la durée de vie ?).
Bon l’exploration n’est pas bonne du tout non plus, peut être que les combats vont rattraper le coup ? (je vous laisse quelques secondes pour deviner…) Raté ! Enfin non vous avez raison, je veux dire que c’est raté aussi quoi. La faute à un arbre de compétences très déséquilibré. Vous pouvez choisir entre d’un côté le mode « fluide perceptif », plutôt défensif, il fait moins de dégâts à vos ennemis mais vous permet de vous défendre mieux et plus rapidement. De l’autre côté, vous avez le mode « fluide offensif », vous ferez plus mal mais il sera plus difficile de se défendre correctement. Cependant les lacunes de ce deuxième mode peuvent être rapidement comblées en augmentant sa barre de vie et en faisant un minimum attention à ce qu’il se passe autour de vous. Autant vous dire que le choix est vite fait et qu’on ne passe que rarement d’un mode à l’autre (à moins de vouloir être discret, autre avantage du mode perceptif mais avec un intérêt proche de zéro dans le jeu).
Luffy est un pirate qui combat avec ses poings, on a donc envie de foncer dans le tas. Le problème est que la principale difficulté du jeu vient du nombre d’ennemis qui vont vous attaquer de loin avec leurs pistolets : de quoi stopper vos enchainements et vous martyriser continuellement s’ils sont nombreux. Résultat, on se rend rapidement compte que le meilleur moyen de jouer est d’utiliser l’une des techniques du personnage lui permettant d’attaquer de loin, utilisant ses poings comme d’un pistolet lui aussi, transformant le jeu en une sorte de TPS hyper facile.
Et les combats de boss ? Défendez et contrez. Cela ne devrait pas durer trop longtemps ne vous inquiétez pas. En effet, vous disposez d’une jauge spéciale qui vous permet de lancer différentes attaques bien connues des amateurs du pirate au chapeau de paille. Chacune de ces attaques permettant de quasiment one-shoter les boss (y compris le boss final tellement facile et ennuyeux que je n’osais croire qu’il ne lui restait pas encore 2/3 formes).
Quelque chose est-il réussi dans ce jeu ? Oui. Le craft est réussi, et pourtant je déteste le craft. Vous savez pourquoi ? Parce qu’il ne sert à rien. Vous pouvez récupérer des objets, des tissus et herbes un peu partout sur l’île et vous en servir pour préparer des plats pour que votre équipage récupère lui même d’autres objets à votre place, ou encore pour fabriquer des nouvelles tenues (pour les fans) et des bracelets augmentant vos statistiques. Mais vous allez en récupérer de toute façon lors des nombreuses quêtes du jeu (principales comme secondaires) donc pas besoin de vous embêter avec ça.
Piece and Hate
Ne reste plus que le fan service pour sauver ce jeu. Vous devinerez jama… bon ok c’est pas réussi non plus. Par quoi commencer… ah si les tonneaux. Rapidement dans l’aventure on vous explique que Luffy peut se cacher dans des tonneaux pour ne pas se faire repérer (vive l’infiltration). J’ai un gros problème avec ça dans le sens où c’est la dernière chose que le personnage ferait dans le manga, disons qu’il est plutôt du genre à détruire la porte d’entrée en gueulant « COUCOU C’EST MOI ». Fort heureusement UNE seule mission du jeu vous demandera d’être vraiment discret sous peine d’échouer (une de trop cela dit… même si je n’ai même pas eu à me cacher dans un tonneau pour ça). C’est d’autant plus dommage que ce genre de mission aurait pu être sympa si elle était réalisée par… un autre membre de l’équipage comme Sanji, Chopper, Robin ou même Brook (quelle idée de ne pas se servir de l’équipage quand même… ne serait-ce que pour des attaques de groupe).
Vous aimez le manga ? Vous allez adorer retrouver l’intégralité (ou presque) des personnages de la série, intégrés de force dans l’histoire parce que ça fera plaisir aux fans. Et c’est pas grave si ça fait perdre toute logique à l’intrigue ou si ça donne des scènes de combat, avec certains des pires ennemis de Luffy, qui se finissent par un « bon j’ai un appel je dois y aller tu t’en sors bien pour cette fois, allez salut je m’envole ».
Sinon, pour approfondir les relations, le jeu propose un système de Karma, qui consiste à réaliser certaines missions ou actions du type éliminer des adversaires, trouver des trésors etc. Cela n’apporte strictement rien si ce n’est une petite scène supplémentaire pour chacun (donc absolument rien je confirme).
Sachez enfin que si vous en voulez encore après la vingtaine d’heures du jeu, déjà voici un lien pour vous aider à trouver les psychiatres proches de chez vous, ensuite des DLC sont prévus tout au long de l’année, ajoutant des missions et des tenues supplémentaires pour Luffy (j’ai besoin de dire que c’est payant en plus ?).
One Piece : World Seeker a été testé sur PS4 via une clé fournie par l’éditeur.
Est-ce que je suis plus dur avec le jeu parce que je suis un fan de la licence ? Oui c’est tout à fait possible je dois le reconnaitre. Mais dans ce cas je dois aussi avouer que s’il n’y avait pas marqué One Piece sur le jeu, je ne serai jamais allé au bout de l’aventure. Si vous êtes fan de la licence, ressortez plutôt Unlimited World Red, si vous ne l’êtes pas, lisez plutôt le manga.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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