Cette fois-ci dans Partie Rapide, Murray vous parle de Heavenly Bodies, parce que dans l’espace personne ne vous entendra gigoter, et Zali de Mechajammer, un jeu cyberpunk sorti dans un état hélas lamentable.
Heavenly Bodies
Voilà c’est décidé je vais vous quitter. Non mais c’est pas vous, c’est moi. Je n’en peux plus de la planète Terre, je vais voler la navette de l’un des deux futurs responsables de la fin du monde et partir vivre ma meilleure vie seul dans l’espace. Mais d’ici là, j’essaye de comprendre comment sera ma nouvelle vie. J’avais déjà eu l’occasion de travailler en tant que ferrailleur de l’espace dans Hardspace : Shipbreaker et cette fois-ci, c’est avec Heavenly Bodies de 2pt Interactive que j’ai compris que ma future vie ne va pas être de tout repos.
Jouer sous 2g en 0G
Heavenly Bodies vous place dans la peau d’un astronaute tout ce qu’il y a de plus normal, venant de débarquer dans une station laissée à l’abandon, avec pour mission de tout remettre en marche et de poursuivre les recherches commencées avant son arrivée.
Pas de chance pour vous, le contrôle des mouvements de l’astronaute est… disons semblable au vôtre après une bonne soirée un peu trop arrosée. Chaque joystick permet de contrôler l’un des bras du personnage, les deux grosses gâchettes servent à attraper des objets, ou un mur histoire de pouvoir se stabiliser ou s’envoyer à l’autre bout d’une pièce d’un habile mouvement du bras, et enfin les deux plus petites gâchettes servent à plier vos genoux (utile pour passer dans certains espaces étroits ou pour taper du pied sur une paroi et ainsi se propulser).
Vous l’aurez donc compris, la difficulté du jeu ne vient pas des tâches que vous devrez accomplir (qui sont clairement expliquées avec des ordres de missions joliment dessinés) mais de vos mouvements lors de la réalisation de celles-ci. Si on comprend rapidement où aller dans la station, encore faut-il justement réussir à y aller ! Et je ne vous parle pas des angoisses des sorties dans l’espace (je ne peux que vous conseiller d’être toujours attaché à votre vaisseau, un accident est si vite arrivé).
Ce gimmick humoristique du contrôle indépendant de chaque partie de votre corps n’est pas nouveau, mais contrairement à un Surgeon Simulator (pour ne citer que le plus connu), Heavenly Bodies arrive à faire rapidement passer le joueur d’une sensation de n’importe quoi amusante à un réel apprentissage des mouvements. On comprend que des petites manipulations permettent d’aller plus vite au final et, une fois ces dernières maitrisées, on se surprend à réussir de plus grandes manœuvres (avant de dériver dans l’espace bêtement…).
Rassurez-vous cependant, le jeu propose 3 niveaux de difficultés. Les deux premiers (Soutien et Classique) permettent notamment de nager façon brasse de l’espace pour éviter la dérive vers l’infini et au-delà, de quoi passer un bon moment sans complètement se frustrer. Le troisième (Newtonien) est lui beaucoup moins permissif et du coup aussi plus réaliste et frustrant.
N’espérez pas finir Heavenly Bodies d’une traite. Oui, le jeu n’est pas très long avec ses 7 missions mais vos doigts crispés sur les gâchettes, de peur de lâcher ce câble qui vous empêche de dériver dans l’espace, vous remercieront du moindre moment de pause que vous pourrez leur accorder (chaque mission lors de votre premier essai durant entre 20/25 minutes et beaucoup beaucoup plus longtemps).
Et si pour certains, 7 missions constituent un maigre contenu, sachez qu’elles ont toutes leurs particularités, allant de l’exploration dans des conduits exigus au minage dans un champ d’astéroïdes en passant par la culture de plantes de l’espace et la remise en état d’un satellite. Rajoutez à cela des objectifs bonus pour chacune et vous aurez une bonne excuse pour les relancer aussi bien en solo qu’en duo (oui tout le jeu est faisable à deux mais attention car soit vous êtes bien coordonnés et vous gagnerez du temps, soit… enfin voilà vous avez compris).
Heavenly Bodies a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Je dois reconnaitre qu’en lançant Heavenly Bodies, je pensais passer 5/10 minutes amusantes avant de me lasser. Mais la courbe de progression couplée à des missions vraiment diversifiées ont eu raison de ma crainte initiale. La bonne petite surprise de fin d’année, aussi bien en solo qu’en duo.
Mechajammer
2021 fut vraiment l’année des jeux sortis dans des états lamentables. Un effet conjugué de la pandémie ayant perturbé le cycle de développement des jeux, de la surproduction poussant, dans un cercle vicieux, les éditeurs à sortir de plus en plus de choses pour se tailler une place, et sans doute aussi d’un accès toujours plus facile aux systèmes de publication, permettant à des jeux complètement mi-cuits d’arriver au prix fort sur nos étals virtuels. C’est simple : depuis l’ouverture de The Pixel Post, nous n’avions jamais vu une telle proportion de jeux sortir dans des versions quasiment injouables. J’écris ces lignes le 5 décembre 2021, et j’espère vraiment que Mechajammer sera le dernier du lot.
Meh-Chajammer
Mechajammer c’est quoi ? Un jeu cyberpunk (de plus) développé par Whalenought et édité par les anglais de Modern Wolf nous promettant des graphismes retro, du tactical RPG au tour par tour et une expérience immersive où il sera question d’évacuer une bande de survivants d’un crash de vaisseau hélas survenu au beau milieu d’une horrible ville dystopique marécageuse. Du moins, ça, c’est la théorie.
La pratique, c’est que Mechajammer c’est, dès le tutoriel, un combat contre une interface rigide et pensée en dépit du bon sens, une vue isométrique brouillonne où il est impossible de distinguer les objets les uns des autres, un système de fiche de personnage opaque que nous devons prendre en main quasiment à l’aveugle, des phases en véhicule parmi les plus atroces jamais vues dans un jeu du genre, etc. Comme dirait un commentaire sous le trailer de lancement pourtant prometteur « ce n’est pas vraiment ce que j’ai téléchargé sur Steam« . Et encore : après quelques heures, on peut espérer arriver à prendre en main ce jeu où rien n’a de sens et accepter que oui, pour franchir un muret de 50cm il faut maintenir la touche espace et dresser un arc avec la souris pour voir le personnage faire un bond de cabri malade dans le vide. Mais encore faudrait-il que Mechajammer fonctionne.
Buggy buggé
Mechajammer c’est aussi et avant tout le plaisir d’offrir des hurlements de frustration quand le jeu décide soudain que les rats peuvent ouvrir les portes ou qu’un NPC vous attaque sans raison après un dialogue où il se montrait amical, et la joie de recevoir des freezes et des retours Windows à peu près tous les deux combats. C’est simple : il n’est pas une porte, une rencontre, un dialogue ou une quête dans Mechajammer qui semble fonctionner comme les développeurs l’ont conçu.
Le bug le plus symbolique et le plus paralysant du jeu (à part ces moments où votre protagoniste sera effectivement paralysé et dans lesquels il faudra relancer le bousin) concerne le respawn des ennemis et des puzzles : rechargez votre sauvegarde, mourez même après une quicksave ou éloignez-vous ne serait-ce que d’un écran d’une porte ouverte ou d’un pont baissé et tout sera « rebooté » : les ennemis sont à nouveau en pleine forme, les serrures à nouveau fermées, vos compagnons semblent vous avoir purement et simplement oublié, etc. Pendant ce temps, vous galérerez avec vos armes qui refusent une fois sur deux d’être rechargées (les munitions n’étant pas toujours reconnues comme telles par le jeu), quand vous ne vous retrouverez pas simplement définitivement pris.e au piège dans une situation inextricable, votre point de sauvegarde étant détruit par un script foireux.
Je pourrais continuer longtemps : le système de visée des parties du corps qui fonctionne mal, l’équilibrage inexistant de la difficulté, le tour par tour qui n’en est qu’à moitié et vous conduit une fois sur deux à frapper dans le vide des ennemis qui se sont déjà déplacés, les lancers de dés basés sur les compétences qui fonctionnent en complète opacité… C’est comme si ni Fallout, ni XCOM, ni Baldur’s Gate, ni Diablo, ni Divinity, ni aucun RPG n’avait existé avant Mechajammer et que tout avait fait un bond de 30 ans en arrière. Les développeurs ont annoncé travailler à l’amélioration du jeu et essayer de corriger les bugs les plus critiques, mais en attendant, moi je fais avec ce qu’on me donne, et en l’état il s’agit du jeu le plus injouable qu’il m’ait été donné d’essayer en 2021.
Mechajammer a été testé sur PC via une clé fournie par l’éditeur.
Mechajammer a une direction artistique qui se tient, un excellent sound design et quelques bonnes idées de gameplay, on ne peut pas lui enlever ça. Par contre, dans son état actuel, il s’agit d’un véritable cauchemar, truffé de bugs bloquants, avec une interface hostile et des règles internes contradictoires. On en ressort avec l’impression que les développeurs (et encore moins l’éditeur) n’ont pas essayé leur titre avant de le mettre en vente. A fuir comme la cyber-peste.
Murray
J'aime me prendre la tête, mais uniquement quand c'est dans un jeu vidéo. Sinon j'aime aussi la vie, mais ce n'est pas un amour réciproque.
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