Avant tout, je préfère préciser que je n’ai jamais rejoué à Metal Gear Solid depuis que j’ai vendu ma PS1 en 2003. Je crois avoir refait le jeu quelques mois ou semaines avant de la vendre mais je n’en suis même pas sûr. Tout ce qui suit reste donc surtout le fruit de souvenirs imparfaits, que j’ai conservés depuis mes 13 ans, sur ce jeu.
Metal… Gear ?!
On est en 1999. Les jeux gravés ou officiels s’étalent devant moi. Des jeux que j’ai terminés depuis un moment ou que j’ai préféré abandonner. Spyro, Medievil, Wipeout, Rayman, Grand Turismo, Soul Blade, et même cette abomination de Croc qu’un ami malsain m’a refilé. Mais je viens de m’acheter un nouveau jeu. Dessus, le nom : «Tactical Espionage Action Metal Gear Solid ». Je pige pas trop le concept, mais le titre bizarre me plait. Ou peut être que j’ai lu quelque part que le jeu est bien. Je ne sais plus. Faut dire que j’ai 9 ans à ce moment-là. Mais je suis plutôt emballé, le fait de devoir apparemment être en infiltration, ça m’intrigue.
Heureux de mon nouvel achat, je quitte tout ce que je fais pour lancer le CD 1 dans la console. Je suis un peu débile (aucun rapport avec mon âge ça par contre, ça n’a pas évolué) et je préfère ne pas lire le manuel pendant les temps de chargement.
Le jeu démarre et affiche « Konami » (une époque où c’était encore synonyme de bons jeux). Puis le générique, de mémoire c’était un sous-marin, des dialogues, et le menu. L’aventure de Metal Gear Solid débute. Je me retrouve dans un entrepôt, sans comprendre vraiment ce que je dois faire, parce que j’ai rien écouté. Je fonce. Un point d’exclamation apparaît sur la tête d’un garde, je me fais tirer dessus, je meurs, une musique se déclenche, et un homme bourru hurle « Snake, Snake ». Fin de partie. D’accord, donc je suis Snake. Mais avant de relancer, je me souviens choisir un autre mode, plus simple. Sûrement le plus simple d’ailleurs.
Je recommence, et là, ça va mieux. Je comprends enfin que le truc de l’infiltration, c’est que je dois me cacher et avancer sans me faire repérer (un vrai génie hein). Évidemment je passe sur toutes les morts parce que je fonce des fois dans le tas, ou tout simplement que je gère mal mes déplacements furtifs. J’enchaîne peu à peu les premiers niveaux, ceux-là même qui me reviendront en plein visage dans MGS4, presque 10 ans plus tard. Arrive très vite le moment du premier boss, Revolver Ocelot, vite interrompu par… Un ninja. Attendez quoi ?
Serpent Liquide et ses potes
Alors avant toute chose, je remarque déjà, en écrivant, l’impact qu’a eu ce jeu sur moi. Je me rappelle de TOUS les boss, j’ai même encore certaines voix en tête, certains dialogues. Bon, avec le recul, j’en suis pas vraiment fier puisque j’avais bien sûr les voix françaises. Ce qui fait que maintenant, quand j’ai besoin de choper des extraits du jeu pour des vidéos ou autre, je trouve ça en anglais. Ma nostalgie a quand même ses limites.
Bref, ouais on tombe en premier boss sur un pistolero muni de 2 revolvers, qui n’hésite pas à se la péter un max en jonglant avec et en les faisant tournoyer. Je ne savais évidemment pas à l’époque que j’allais affronter le seul personnage présent dans tous les épisodes (enfin sauf Peace Walker, je crois). Le boss fight n’est pas hyper compliqué, même si je pense avoir perdu une ou deux fois en en faisant exploser la salle qui était remplie d’explosifs. Un combat qui, comme je le disais plus haut, est complètement interrompu par un ninja. Pas le ninja costume noir et shuriken, le ninja avec un exosquelette high-tech et un camouflage optique. Si évidemment à l’époque j’étais partagé entre un enthousiaste « WAH UN COWBOY ! WAH UN NINJA » et un circonspect « un cowboy ? Un ninja ?! » je trouve aujourd’hui super intéressant de faire intervenir des archétypes un peu anachroniques. Le ninja et le cowboy, dans un jeu qui parle autant des problématiques de la technologie et de la science, c’est foutrement malin.
Alors je vais pas détailler non plus tous les combats. Mais je pense que celui-ci donnait le ton. Il y en a des moins biens, le combat contre Raven dans le tank, celui contre le ninja (dialogues cringe en français), et celui contre Raven tout court (dialogues méga cringe en français). Mais il y en a aussi des meilleurs : le combat contre Psycho Mantis bien sûr, celui contre Sniper Wolf ou tout simplement celui contre le Metal Gear Rex et Liquid Snake, notre frère-clone adoré.
Et à mesure que j’avance, je me rends compte que finalement, ceux que mes potes gentils dans le Codec me désignent comme « méchants » ne le sont pas tous tant que ça. Ils ont tous des histoires et n’hésitent pas à raconter des morceaux de leurs passés à Snake, donc à moi. Moi qui avait l’habitude de tirer dans le tas, la mort de Sniper Wolf, une des boss du jeu, m’a complètement choqué par la manière dont elle est présentée. Il ne s’agit pas du vilain qui meurt dans une explosion de sang. C’est une fin lente, douloureuse, et sentimentale. On peut donc avoir de l’empathie pour elle ? Est-ce que je suis le méchant en suivant les ordres ? Une proto-réflexion chez le pré-adolescent que j’étais. Mais clairement, ce jeu est en train d’aller plus loin que de me proposer du fun. Et ça a été un peu le déclic.
Metal Gear Solid : l’héritage
Parce que je n’étais qu’un gosse qui aimait le foot, les Lego, les jeux de tirs et ceux de plateformes, rien sur le papier devait me permettre d’accrocher à un jeu qui aborde géopolitique, nucléaire, génétique ou encore complot. Le tout enrobé dans un jeu d’infiltration, et dont l’avancement de l’histoire se fait pour moitié avec des cinématiques ultra-référencées, et pour l’autre via un écran fixe de communication où ça parle de presque tout sauf de ce qui se passe dans la mission.
Mais pourtant ça a été le cas. Évidemment à l’époque je ne comprenais pas le quart de toutes ces grandes thématiques. Ce qui fait que le jeu était assez bien foutu pour me captiver même sans que je réfléchisse à tout ça. Notamment parce que le gameplay se suffisait à lui-même.
Metal Gear Solid ne me raccroche pas à un moment spécifique de mon enfance, c’est donc pas vraiment pour ça qu’il est si important à mes yeux. Sa vraie valeur, c’est d’avoir réussi à imposer dans mon inconscient l’idée que le jeu vidéo c’était pas simplement appuyer sur des boutons pour que ça fasse des trucs à l’écran. Metal Gear Solid est bourré de petits passages d’apparence anodins qui ont marqué les joueurs pour la vie : Psycho Mantis qui fait bouger la manette, le changement de port pour qu’il ne prédise pas les attaques, la fréquence de Codec de Meryl à trouver sur la boîte du jeu, etc. Ces choses-là, elles n’étaient des faits de jeu, elles poussaient à penser le jeu vidéo autrement que comme uniquement le résultat d’actions effectuées en jeu par le joueur.
Tout comme les cinématiques et phases de Codec construisaient une narration solide. On pouvait comprendre les grandes lignes de l’histoire, et si on poussait, on avait accès à des tas de discours humanistes, anti-militaristes, mais aussi des petites histoires personnelles et les motivations de chacun. Le tout était appuyé par un gameplay intelligent, qui poussait à être inventif pour ne pas se faire repérer, sans pour autant devenir rébarbatif (même si RIP les doigts dans les phases de torture). Enfin Metal Gear Solid est une œuvre vidéoludique qui a le mérite d’avoir des suites qui atteignent au moins les standards incroyablement élevés posés par ce premier opus 3D (je ne compte donc pas Metal Gear, ni Metal Gear 2).
Si objectivement, c’est un monument du jeu vidéo, personnellement, ce jeu me marque parce qu’il est la source de toutes mes réflexions sur le jeu vidéo en général. Un attachement que j’ai conservé à chaque nouvel épisode de la saga (sauf Survive, évidemment). Alors merci Hideo Kojima.
Veltar
Joueur de jeux vidéo qui aime la politique. Du coup j'écris surtout des trucs qui parlent des deux. Stratégie, Outer Wilds, Metal Gear Solid et indés en pixel art.
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